Why? - Minsung [pause]

Lettre à Minho - Jisung

« Mon très cher amour,

Je me souviens encore de notre première rencontre comme si c'était hier...

C'était une rentrée comme toutes les autres, avec des élèves se promenant et se bousculant à bout portant, comme si personne autour d'eux n'existait. Hwang Hyunjin, mon meilleur ami, et Jeongin, son petit frère, avaient réussi à se frayer un chemin parmi les meutes d'élèves pour se rendre aux tableaux d'affichage.

Du haut de ma petite taille, je les avais bien évidemment perdus de vue. J'ai tenté de me lever le plus que je le pouvais sur la pointe de mes pieds quand quelqu'un est passé derrière moi et, sans faire gaffe, m'a bousculé avec son sac. Je suis tombé à la renverse sur le sol, et le contenu de mon propre sac s'est répandu partout sur le sol.

Tout le monde autour de moi m'ignorait ou bien me jetait un regard méprisant, me jugeant sans même que je ne comprenne pourquoi. Personne ne souhaitait m'aider. Bien évidemment, c'était normal, dans ce lycée pour jeunes enfants de familles riches, où personne ne pensait à son prochain.

Un autre élève est passé, projetant mes cahiers et mes papiers dans tous les sens d'un balayement de pied. Le suivant a fait rebondir mon coffre à crayons sur le mur d'en face, l'ouvrant et en répandant les crayons et autre matériel qu'il contenait, et un troisième a volontairement répandu son jus de fruits sur mon sac sans aucun remords, une grimace mauvaise sur le visage.

Alors que j'étais sur le point d'éclater en sanglots, c'est là que tu es apparu. Tu t'es penché vers moi, et tu as commencé à regrouper mes cahiers sans une once d'énervement.

- Ça va? m'as-tu demandé en pointant ce capharnaüm que formaient mes fournitures sur le sol.

- Disons que ça pourrait mieux aller, ai-je répondu d'une toute petite voix en essuyant discrètement mes yeux.

Tu as continué à ramasser mes cahiers et mes crayons sans broncher. Je t'ai observé, ne sachant quoi dire ni faire. Tes yeux étaient marrons et clairs, plus limpides que l'eau des sources. Tes cheveux, ce jour-là d'un roux immaculé, cachaient une petite partie de ton visage, et ton sourire en coin semblait pouvoir illuminer le monde entier. Ta peau d'albâtre était si pâle qu'on t'aurait cru sorti tout droit d'un conte de fées.

Tu t'es rapidement tourné vers moi, m'as regardé dans les yeux et m'a fait le plus grand et le plus chaleureux des sourires que j'aie vus de toute ma vie.

- Tiens, as-tu fait en me tendant gentiment mes cahiers.

Tu t'es relevé, toujours en me souriant, et moi, un air niais étampé sur mon visage, j'ai fait de même après quelques secondes. Tu as posé mes possessions dans mes bras, et tu m'as souri à nouveau, de ce sourire charmeur que tu as toujours fièrement exhibé. Tu t'es détourné et es reparti d'où tu venais, non sans me lancer :

- Je m'appelle Lee Minho, tu peux venir me voir si jamais d'autres problèmes te courent après!

Tu m'as fait un clin d'oeil, puis tu as continué à marcher, comme si rien de tout cela n'était arrivé. J'ai ramassé mon sac, dans lequel j'ai tout remis, et me suis dirigé vers le mur, les jambes tremblantes. Je ne comprenais pas ce qui m'arrivait. J'ai serré mon sac contre moi, sentant un étau me comprimer la poitrine tandis que des papillons virevoltaient dans mon estomac, et je me suis laissé choir sur le sol, le dos collé contre le mur, le regard vague.

Je n'ai jamais compris pourquoi mon coeur a flanché face à toi, Minho hyung. Jamais encore ce genre de chose ne m'était arrivée. Je me suis mis à paniquer, me demandant pourquoi je flancherais pour un garçon, qui plus est que je voyais pour la première fois.

Une chose est sûre, en tout cas. Quand mon ami et son frère sont revenus vers moi, ils m'ont trouvé dans un état de panique lamentable. Je n'ai pu rien dire ni expliquer.

Vois-tu, je t'aime, Minho hyung. Et ce depuis cette première rencontre, celle que tu as oubliée mais que j'ai imprimée dans ma mémoire comme étant à la fois le plus beau et le pire jour de ma vie. Parce que c'est là que celle-ci a commencé à déraper et ça, c'est à cause de toi.

Parce que je t'ai aimé. »