The familia

18 5 0
                                    


Pour ceux qui ne sauraient pas (comment, il y a encore des gens qui lisent ce livre?), j'ai deux sœurs, que je vais nommer par soucis d'anonymat (mdr mais bien sûr) Astiflette et Coquelicotte. Au moment où j'écris ces mots, elles ont respectivement huit et treize ans. Du haut de mes six-sept, évidemment nous sommes bien éloignées, que ce soit pas nos pensées, nos manières de vivre et d'envisager le monde. Souvent, je regrette le temps où je pensais comme la plus petite, le temps où je jouais avec mes playmobils et où j'étais persuadée de n'avoir jamais le niveau pour le bac.

Outre cela, elles sont un condensé d'anecdotes plutôt cocasses. Voici donc une petite liste de détails non-négligeables sur les deux créatures qui partagent leurs vies avec la mienne depuis leur naissance.


_Coquelicotte, presque tous les mois_

"Regarde, Sianne! Si je me plie en avant mon ventre parle!"

"En plus il a un grain de beauté sur la lèvre, comme moi!"

Apparemment, ce bourrelet bien accueilli porte le doux nom de André-René.


_Astiflette, il y a deux mois de cela (8 ans)_

Elle avait fait des origamis représentant des animaux, en l'occurrence ceux de la forêt. Elle les distribuait en tant que cadeaux, entre mes parents, Coquelicotte et moi-même.

Au moment de me tendre le renard, elle change brusquement d'avis et me donne le sanglier:

"Je trouve qu'il te correspond mieux."

Tout est dit.


_Coquelicotte, 11 ans_

Lorsqu'elle était en sixième, j'étais en troisième, soit encore au collège. Le soir, nous rentrions en transports en commun, avec N_et_A et nos sœurs respectives. Souvent (tout le temps), les amies venaient aussi et nous ressemblions à une colonie de vacance. Une fois où nous étions séparées afin de finir le trajet, elle s'arrête et souffle:

"Sianne, je crois que j'ai oublié quelque chose au collège."

Nous nous arrêtons au bord de la route, et pose son sac pour fouiller dedans. Au bout de quelques minutes, elle relève la tête vers moi.

"Je sais ce que j'ai oublié. Ton cadeau d'anniversaire."

Elle me confia plus tard regretter de ne pas avoir dit "ta dignité".


_Astiflette, 7 ans et quelques_

Elle rentre dans ma chambre:

"Pouah, ça sent le chacal ici! "

Et elle repart.


_Coquelicotte, régulièrement_

Elle entre dans ma chambre (quoi, encore?) et pose sa jambe sur mon bureau. Elle la caresse sensuellement et ronronne:

"Cruuuuz..." en roulant le r à la perfection.

Et elle repart.


_Astiflette, 5 ans_

Elle agresse une feuille avec des feutres rouges et jaunes. Elle y appose des points et quelques lignes distordues, puis me le tend:

"Ça c'est un sac pour mettre un doudou dedans!"

Et elle s'en va, toute contente.

Je suis toujours sûre de pouvoir devenir millionnaire si je revend ça à une galerie d'art moderne un peu perché.


Bien sûr, j'en ai beaucoup d'autres. Mais tout offrir maintenant n'aurait rien d'amusant, et diable il faut attiser le suspens!

(C'est faux. J'ai juste la flemme qui braque un fusil à pompe sur ma nuque.)

Bonne vie, communauté sans nom :)

Oui oui je quitte sans transition.

Failles (ou le rantbook d'une ado en noir et blanc)Where stories live. Discover now