First love

Vingt et un.

Shay Foster.
Vendredi 20 mars 2015 - Westerville, Ohio.

Je pensais que cette soirée allait être nulle jusqu'à ce que je voie la fille dont je suis amoureux entrer dans la maison de mon ami avec une heure de retard. J'ai détesté Max de m'avoir obligé à venir. Je voulais juste rester dans ma chambre à parcourir la boîte de souvenirs que j'ai avec Charlie. Je ne regrette aucunement d'être venu.

Elle est sublime. Ça fait deux heures qu'elle est arrivée et deux heures que je n'arrête pas de la fixer. Si j'avais imaginé la voir dans une tenue comme celle-ci un jour, j'aurais cru à un rêve. La tenue dans laquelle elle est arrivée était beaucoup plus... Simple. Elle est montée à l'étage et quand elle est redescendue, elle était transformée.

Cette robe moule tout ce qu'il y a à mouler sur son corps. Elle met ses fesses et sa poitrine en valeur. Et cette fermeture au niveau de son décolleté... Il faut que je lui parle. Je sais que j'avais dit que je lui laisserais du temps, mais la voir ici m'en empêche. Je ne peux pas rester sans rien faire. Je tente le tout pour le tout.

Je bois le fond de mon verre d'une traite pour me donner un peu plus de courage. Elle est en train de danser avec son amie. C'est ce qu'elle fait depuis qu'elle est arrivée tout en enchaînant les verres. Je m'approche derrière elle puis pose mes mains sur ses hanches. Elle s'arrête de danser. Avec ses talons, elle fait ma taille. C'est assez perturbant.

- Est-ce que je peux te parler ?

Elle hoche la tête. Je ne pensais pas qu'elle accepterait si facilement. J'imagine que je dois remercier les verres d'alcool qu'elle a bus. Elle passe devant moi pour monter les escaliers. Je la suis sans rien dire. Il faut que je réfléchisse par quoi commencer. Il ne faut pas qu'elle ait envie de partir en courant dès la première phrase que je dirais, ni qu'elle s'énerve. Elle entre dans une chambre alors je la suis. Je referme la porte derrière moi pour que les bruits extérieurs ne nous dérangent pas.

- Alors, qu'est-ce que tu voulais me dire ?

Elle croise ses bras sous sa poitrine. Pourquoi les filles sont-elles obligées d'être attirantes même dans ce genre de situation ?

- Est-ce que tu vas m'écouter jusqu'au bout ou me rejeter après que j'ai dit deux mots ?

Elle hausse les épaules ce qui me fait soupirer. J'imagine que je n'ai pas trop le choix. J'ai besoin de lui dire et tant pis si elle me rejette.

- Ce n'était pas de ma faute. Je n'ai pas choisi de partir. Si je ne t'ai rien dit avant, si je ne t'ai pas prévenue, c'était pour profiter vraiment de nos derniers moments. Je ne voulais pas que chaque jour ressemble à un au revoir. J'avais besoin de t'avoir entièrement avec moi.

- Je ne t'en veux pas tant pour ça.

- Parce que je ne t'ai pas appelé ? Parce que je ne t'ai pas donné de nouvelles ? Parce que je ne suis pas venu te voir pendant les vacances ?

Elle hoche doucement la tête. Elle regarde la lumière au-dessus de nos têtes tout en clignant des yeux. Elle n'est pas la première fille que je vois faire ça pour éviter de pleurer. Comme si ça fonctionnait. Je fais un pas vers elle. Je n'aime pas cette distance entre nous. J'ai passé assez de temps loin d'elle.

- Ce n'est pas parce que je voulais t'oublier ou que tu ne comptais pas pour moi. C'est juste que ça a été très dur pour moi aussi... J'ai pleuré sur tout le chemin pour aller à Pittsburgh. Je n'ai presque plus mangé pendant plusieurs mois. Et puis, je n'ai pas été très sérieux en cours. J'étais un des pires élèves de ma classe. J'ai épuisé mes parents. Tu n'étais pas toute seule à souffrir.

- Alors pourquoi tu ne m'as pas appelé ? Pourquoi tu n'es pas venue me voir ? me demande-t-elle doucement.

- Parce qu'à chaque fois ça aurait été des au revoir déchirants. On aurait souffert encore plus. J'ai pensé que ce serait mieux si je faisais comme ça. Je le regrette vraiment, mais je ne peux pas revenir en arrière.