Chapitre 44

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— Bordel de merde, laissai-je finalement échapper, lorsque nous fûmes assez loin de la rue commerçante.

— C'est le cas de le dire. Vous n'étiez pas en très bonne posture, de ce que j'ai pu voir. C'était quoi, la suite de votre plan ?

— Je n'en avais même pas, soufflai-je en réalisant doucement à quel point mes cheveux avaient senti le roussi. J'ai cru que je n'étais pas loin de la fin.

— Quand Rick est revenu sans vous, je n'ai pas eu beaucoup de temps pour réfléchir. La bonbonne avec les clous me semblait la meilleure idée.

Elle n'avait pas hésité une seule seconde à venir me chercher. Ce constat réchauffa mon coeur et je dus faire un effort pour retenir le sourire qui menaçait d'étirer mes lèvres. A l'intérieur de moi, l'adrénaline ne s'était pas estompée et mon coeur battait toujours à un rythme infernal alors que je peinais à reprendre mon souffle.

— C'était pas con, en effet ! Relevai-je finalement. Ça devait être sacrément lourd par contre, vos bras sont plus musclés qu'ils n'y paraissent.

Elle partit d'un grand éclat de rire.

— Vous plaisantez ? Vingt kilos de propane jetés à dix mètres comme ça ? Non non... Elle était vide ! C'était du putain de bluff !

Il me fallut presque quatre secondes pour assimiler cette donnée, quatre secondes pendant lesquelles ma bouche forma un grand rond dont aucun son ne put sortir.

— Sérieusement ? Finis-je par articuler.

Lolly hocha la tête, visiblement très satisfaite d'elle-même.

— Oui oui ! Je trouve ça génial. Pas vous ?

— Putain, si ! Enfin... dans un sens, oui... Qu'auriez-vous fait s'ils avaient... Je ne sais pas moi... Réagi autrement ?

— Pour être honnête, je ne sais pas trop. Je vous ai dit que je n'avais pas eu beaucoup de temps pour préparer cette idée géniale. Le plan B est encore en cours de conception. Mais je pense que j'aurais tiré dans les genoux des plus audacieux. Et puis, franchement, Tante Sophie ne m'aurait jamais laissée embarquer sa bouteille de gaz, j'ai pris une vide qu'elle avait dans son garage.

Je laissai échapper un sifflement admiratif alors que Lolly s'engageait déjà dans la rue où résidait la tante d'Edwin. Sur la route, nous n'avions croisé aucune voiture.

— En tous cas, il y en a un de nous deux qui n'a plus toute sa tête, notai-je dans un sourire. Et jusqu'à présent j'avais tendance à croire que c'était moi.

— Alors nous devrions bien nous entendre, répondit l'énigmatique Lolly Foster en garant la Bugatti dans l'allée.

Nous en descendîmes, remîmes la bâche en place pour dissimuler le monstre et retrouvâmes les autres à l'intérieur. J'avais à peine franchi le seuil de la petite maison que Rick fondait dans mes bras.

— Putain, mon vieux, j'ai bien cru qu'on t'avait perdu ! Si tu savais comme je suis désolé !

Surpris plutôt qu'embarrassé, je lui rendis maladroitement son étreinte et tapotai gentiment son dos.

— T'inquiètes pas, ça va ! C'est solide, les SEAL.

Lolly laissa échapper un rire sonore derrière moi.

— Dit-il, alors que je l'ai trouvé sur le toit, en train d'attendre la mort !

Je commençai à expliquer le pourquoi du comment et, avant même de m'en rendre compte, j'étais à nouveau assis dans le moelleux canapé, une nouvelle assiette de biscuits sous les yeux. A ce rythme, tante Sophie ne tiendrait pas deux jours de siège.

Z - Où tout commenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant