Coeur de pierre

Von Zeebraaaa

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C'est bête, un homme. Ça cause sa perte tout seul. Dans un nouveau monde miné par la mort, la violence et la... Mehr

Le premier coup
Un dernier espoir /1
Un dernier espoir /2
Le démon aux traits d'enfant /1
Le démon aux traits d'enfant /2
À l'aube /1
À l'aube /2
Une main secourable /1
Une main secourable /2
Chez les Briseurs /1
Chez les Briseurs /2
Facilité
Immunité
La voix de la raison /1
La voix de la raison /2
Évaluation /1
Évaluation /2
La mission de Kia /1
La mission de Kia /2
La nouvelle /1
La nouvelle /2
Prémices /1
Prémices /2
Première bataille /1
Première bataille /2
Résolution /1
Résolution /2
Bilan /1
Bilan /2
Conseil de guerre/1
Conseil de guerre /2
La requête de Kia /1
La requête de Kia /2
Un garçon singulier /1
Un garçon singulier /2
Un garçon singulier /3
Une autre solution
Retour sur Terre /1
Retour sur Terre /2
Panser ses plaies /1
Panser ses plaies /2
Abandon /1
Abandon /2
Ce qu'il faut faire
Quelques nuages /1
Quelques nuages /2
Reprise /1
Reprise /2
Arrêter de tergiverser /1
Arrêter de tergiverser /2
À force de persévérance
Sentence /1
Sentence /2
La fin de Navinn
Les derniers pions /1
Les derniers pions /2
En quelques mots /1
En quelques mots /2
En quelques mots /3
Au pied du mur /1
Au pied du mur /2
Quand la raison ne vaut plus rien
Course poursuite
Victoire
Retombées
Et le temps passe
Fin !

Devant la mort

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Von Zeebraaaa

Helloo ! C'est re-moi !

Pas de perso à présenter ce coup-ci. Le chapitre ne s'y prête pas trop.

Comme le titre l'indique, ça va pas péter la joie XD. Non sans rire, ça risque d'être un peu difficile... Donc, âmes sensibles, vous pouvez lire la première partie sans risque, mais la deuxième sera plus corsée (lecteurs de Jusqu'à la mort, c'est à peu près de ce goût là). Vous êtes prévenus !

Sur-ce, je vous souhaite encore une très bonne lecture !

☽☼☾

L'homme lève la tête en l'air, vers le haut plafond du hangar. Les épaules découvertes, ses tatouages de tous types de fleurs à vif, il débarrasse ses lèvres de sa cigarette allumée et souffle un bon coup pour chuchoter dans la fumée :

— C'est si gentiment proposé, mon gars...

L'autre se détache du mur contre lequel il était adossé. Main sur sa capuche afin de dissimuler son visage, il jette un regard furtif de l'autre côté de l'homme pour aviser sa deuxième recrue. Plus maigrichon, le recruteur a hésité longtemps avant de l'aborder, jusqu'à ce qu'il remarque cette étincelle de fureur qui illumine ses yeux quand il parle de s'échapper. Dès lors, il est devenu obligatoire de l'inclure son plan.

Cet homme —pas spécialement musclé ou intelligent— est habité par une détermination pure que le recruteur n'a que rarement vue chez des soldats. Entre toutes ces brutes, il possède sa propre force, car il n'y a pas plus fort qu'un homme avec des convictions. Avec un déterminé, un musclé et un cerveau dans la bande, ils forment une bonne équipe. En comptant l'autre gosse roux au regard de tueur, toutes les chances sont de leur côté.

— Toujours bon pour moi, transmet le maigrichon en se penchant en avant.

Satisfait, le recruteur tire sur sa capuche et leur laisse discrètement une balle chacun. Dans l'attente de voler un pistolet digne de ce nom —rangés loin des soldats hors des batailles— ils collectionnent les munitions. Bientôt, ça leur servira.

— Vous comptez passer à l'action quand ? s'enquit l'homme aux tatouages en rangeant la balle dans une poche de son pantalon. Je n'ai pas que ça à faire, moi...

Le recruteur soupire, agacé par son impertinence. Mais il ne peut pas s'emporter, il a besoin de ce gars pour son plan.

— Ce n'est plus qu'une question de jours, lui assure-t-il en rajustant sa capuche. Je vous tiens au courant pour la suite.

Puis il s'éclipse.

Le premier grommelle, peu ravi de sa réponse. Le second garde les yeux rivés au sol. Il dévisse le bouchon de sa gourde en silence.
Attendre ? Il attend depuis neuf mois de la revoir. 37 semaines, 6579 heures. Il n'est plus à quelques jours près. Bientôt, c'est plus proche que tout ce qu'ils s'est jamais dit.

Bientôt, il pourra enlacer sa fiancée.

Bientôt, il aura quitté l'armée.

☽☼☾

Les larmes de Glaëlle se déversent le long de ses joues, d'angoisse et d'effroi. Plus qu'à la mort de ses parents, plus que quand Vrane a été contaminé, la jeune fille n'a jamais autant pleuré.

Là-bas gît le corps de sa coéquipière, Vida. Une balle logée dans la jambe, deux dans les côtes et une au travers du cou. Son sang abreuve le sol depuis quelques heures... ou minutes... ou peut-être secondes ? Tout ce que sait Glaëlle, c'est que cela fait bien trop longtemps.

Ça a été assez pour former cette mare noire autour d'elle. Comme dans les films, une vraie mare. C'est trop pour un cadavre. La rouquine se le répète, cette conviction est plus forte que la raison : c'est beaucoup trop de sang pour un cadavre !

Le bruit des coups de feu l'étourdit, l'odeur du sang lui monte à la tête. Il en coule de son front, elle s'est cognée contre l'angle du bureau en s'abritant. Ses bras ont dû s'érafler pendant sa fuite aussi, ils la brûlent. Mais elle ne s'en souvient pas, il n'y a que la douleur qui lui revient. La douleur et la peur, il n'y a plus que ça qui tienne.

Bientôt, les soldats vont arrêter de tirer en rafale. Ils vont s'avancer vers le bureau et vont l'exécuter, c'est inévitable. Le silence, la jeune fille le redoute plus encore que le bruit des coups de feu. Les balles la gardent en vie. Le prochain silence, ce sera celui de la mort.

Le temps a perdu toute nuance. Ce ne sont plus les secondes qui s'écoulent, ce sont le sang et les larmes. Glaëlle est réduite à angoisser, cachée à l'ombre d'un bureau bancal. L'historique de l'action se rejoue dans sa tête, elle revoit tout ce qu'il s'est passé avant qu'elle n'entre dans cette pièce. Un tourbillon de regrets, de ceux qu'elle ne peut que contempler. Comme devant un film, elle ne peut plus rien changer.

La rouquine n'aime pas ça, c'est ce que disent voir les gens avant la mort. Mais elle ne peut rien faire pour lutter. Les gens non plus, quand ils meurent, ils ne peuvent rien faire pour lutter.

Marco, le chef du groupe d'infiltration, a décidé de les séparer quand les alarmes se sont déclenchées. Glaëlle s'est sauvée avec Vida, sans trop faire attention. À ce moment-là, elle avait encore confiance en elle. Elle se débrouillerait, comme elle s'était débrouillée dans la forêt. Même avec Vrane malade, seule contre tous, elle s'est toujours débrouillée ! La mort, c'était pour les autres. Pas pour elle.

Puis les deux filles ont été acculées, et les soldats se sont mis à tirer.

Ils ont eu Vida, quelques centimètres à côté et ils avaient Glaëlle. La jeune fille n'est pas croyante mais elle a tout de même loué le ciel.

En partant, elle s'était juré de protéger les membres de son expédition, au prix de sa vie s'il le fallait. Mais dès que les premiers tirs ont retentis, elle a compris que c'était une résolution impossible à tenir. Devant la mort, un homme redevient un homme, sans paroles et sans artifices derrière lesquels se cacher. Il ne porte plus que son vrai visage. C'est à ce moment que Glaëlle a compris : elle n'a jamais été prête à mourir !

Même dans la rue, elle a toujours été en position de force. Elle était idiote, se rend-t-elle compte. Elle n'avait jamais été aussi clairement menacée. Qui était-elle pour penser savoir ce que c'était, de voir la mort lui arriver ?

Peut-être qu'il y a quelqu'un là-haut, finalement, songe-t-elle dans un dernier soupir. Quelqu'un qui a décidé de la punir, elle qui s'est montrée trop orgueilleuse en pensant pouvoir affronter la mort. Le seul Briseur possédant l'alarme destinée à orienter la foreuse n'est pas avec elle, aucun renfort n'arrivera. Son court sursis, cette agonie, c'est sans doute sa dernière malédiction.

Mais elle n'abandonnera pas. Même s'il ne lui reste que son désespoir, elle va se battre avec. La terreur balaye la raison, Glaëlle comprend qu'elle n'a jamais été aussi déterminée qu'en cet instant, pour sauver sa vie. Elle comprend ce que cela veut dire maintenant : peu importe le prix.

La jeune tire son poignard de sa ceinture. Son bras droit la lance, sans doute s'est-elle cognée dans sa fuite. Elle l'ignore. Elle tend son autre bras, le gauche. Le pisteur qu'on lui a injecté avant l'assaut transparaît là, à la fleur de sa peau. C'est tout ce qu'il lui faut.

Elle incise son bras, son sang perle à l'ouverture. Cette vision ne lui fait plus rien, elle a vu assez de sang depuis des heures... des minutes... des secondes... pour y être habituée. C'est comme si elle n'avait vu que du sang de toute sa vie.

La brûlure, en revanche, elle s'en rend compte. Elle la prend comme un soulagement : tant qu'elle a mal, elle vit.

Les coups de feu la couvrent, Glaëlle continue son extraction. Coûte que coûte, sa raison et sa chair contre sa vie.

La puce émet son signal grâce à la chaleur corporelle, lui avait dit Live en lui injectant le dispositif. Pas besoin de pile. Aussi longtemps que l'objet sera sous la peau de son porteur et aussi longtemps que le corps de son porteur sera chaud, son pointeur brillera sur l'écran de la fillette. Alors Glaëlle déloge le pisteur de sous sa peau.

Le sel de ses larmes inonde ses lèvres. Entre sanglots, sang, tirs et angoisse, elle manque de s'étouffer. Mais bientôt, elle agrippe enfin la petite pièce en métal de la pointe de son poignard pour la tirer hors de sa chair.

Elle la laisse en l'air, poignard tremblant, puis la renfonce dans la coupure béante avant de l'extraire à nouveau.

Peu importe l'horreur qu'elle voit, qu'elle entend, qu'elle endure, la jeune fille continue de compter dans sa tête. Concentrée sur sa tâche, comme si sa vie entière ne se résumait plus qu'à compter. Elle répète l'opération. Encore, encore. Jusqu'à ce que quelqu'un reçoive son message et vienne la chercher. Ou jusqu'à ce qu'elle meurt.

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