Mía
Il manquait plus que ça... Álvaro nous a vu, Darío et moi, sur le point de s'embrasser. D'ailleurs, je pense pas que ce baiser aurait eu lieu, j'aurai repoussé Darío, Mais sur le coup de la surprise, je n'ai pas réagi sur l'instant. Et maintenant, je regrette d'avoir attendu. C'est la cata.
Instinctivement, je m'éloigne de Darío, presqu'en le bousculant et cours en direction d'Álvaro. Il faut que je lui explique que je ne comptais pas l'embrasser. Même si on est en froid, je tiens à lui expliquer les choses pour que notre situation ne s'aggrave pas.
Je croise Martin sur ma route. Il m'interpelle et je m'arrête pour savoir ce qu'il veut me dire.
- T'aurais au moins pu lui dire ce qu'il se passe entre Darío et toi ! Me dit-il.
- Mais il ne se passe rien entre Darío et moi! On est juste amis.
- Des amis qui étaient sur le point de s'embrasser ? Demande-t-il avec sarcasme.
Je ne lui répond pas et poursuis Álvaro en l'appelant plus d'un million de fois, mais il ne s'arrête pas. Je finis par le rattraper et il me regarde avec toute sorte de sentiments aussi sombres les uns que les autres. Ça me fait mal de le voir ainsi, il a même les larmes aux yeux. Je suis vraiment qu'une idiote !
- Tu retournes pas embrasser ton petit ami? Me dit-il en colère.
- Álvaro, je t'assure que ce n'est pas ce que tu crois! Entre Darío et moi il n'y a rien du tout. Dis-je triste.
- Bien sûr qu'il n'y a rien du tout. Dit-il ironiquement. Tu crois que je vais croire à tes mensonges après avoir vu ça ?
- Je te le jure, il ne se passe rien du tout. J'allais le repousser...
- Je te crois pas, Mía. Vas-y assume ta relation avec Darío! Tu as honte de lui? Ou ce n'est pas sérieux et tu comptes le briser comme tu l'as fait avec moi?
- Tu vas trop loin Álvaro... Dis-je en croisant les bras.
- Il n'y a que la vérité qui blesse. Dit-il d'un regard cinglant.
- Crois-moi ou non, je te dis qu'il ne se passe rien entre Darío et moi! M'énervais-je.
- T'es sûre que tu ne sors pas avec Darío? Dit-il en se rapprochant de moi.
- Et toi, tu sors avec Éva? Dis-je en me rapprochant également.
On se retrouve plutôt proches l'un de l'autre, mais avec une atmosphère de défi où règne la tristesse et la colère ; c'est détestable.
- Pourquoi ? Tu es jalouse ? Dit-il avec un sourire en coin.
- Je devrai l'être ?
- Oui, tu le devrais. Dit-il en croisant les bras.
- Vraiment ? Et pourquoi ? Dis-je les sourcils froncés.
- Parce que tu es toujours éperdument amoureuse de moi.
Je laisse échapper un petit rire moqueur, bien qu'il ait raison. Donc, je devrai être jalouse d'Éva selon lui? Je vais pas lui donner le plaisir de déchiffrer mes sentiments avec cet air arrogant.
- Ah oui? Tu en es sûr ? Dis-je avec un air de défi.
- Je n'ai jamais été aussi certain de toute ma vie. Ne me le nies pas, je sais ce que tu ressens. Dit-il en se rapprochant encore plus.
Cet air arrogant qu'il a pris me déstabilise au plus haut point. Cette proximité également me déstabilise maintenant que son regard s'est posé sur mes lèvres. Sans savoir pourquoi, cette confiance qu'il a prise me dérange beaucoup. Ce n'est pas le fait qu'il sache que je l'aime toujours qui me dérange, mais plutôt le fait qu'il ait insinué qu'Éva est une menace, et que je devrai être jalouse. Certes ça me dérange, mais je ne pensais pas que c'était au point que je dise ça :
- Et bien, tu te trompes. Dis-je en le poussant pour éliminer cette proximité. Tu as faux sur toute la ligne!
Je ne sais pas quelle force m'a poussé à raconter un aussi grand mensonge, mais je l'ai fait, sur le coup de la colère. Il me regarde longuement, s'attendant peut-être à ce que je lui dise que c'est une blague, mais je ne dis plus rien et me retourne pour m'en aller je ne sais où. Je ne pensais pas me laisser autant emporter par la colère, au point de nier quelque chose d'aussi évident, mais je voulais lui faire descendre de son piédestal mais j'aurai peut-être dû tourner ma langue sept fois dans ma bouche avant de parler.
• • •
Álvaro
Je n'étais même pas sûr de ce que je disais, je n'étais pas du tout sûr qu'elle était toujours amoureuse de moi, je l'ai dit juste pour la déstabiliser. Mais maintenant, je connais la vérité, elle ne m'aime plus, et je suppose qu'elle aime Darío. Je pensais pas que ce qu'elle ressentait pour moi pouvait disparaître aussi facilement et rapidement. Pour elle, ce n'était donc qu'une histoire de quelques semaines et puis plus rien. Je ne sais pas ce que je ressens au fond de moi en ce moment. Je dirai que mon cœur me crie de rester accroché à elle, mais ma tête m'ordonne de l'oublier. Je ne vois pas pourquoi je resterai accroché à elle, si elle ne ressent plus rien; ce serait me faire souffrir en vain.
- Álvaro, Tout va bien? Dit Martin en venant vers moi.
- Non. Répondis-je froidement.
- Qu'est-ce qu'il s'est passé ?
- Elle ne m'aime plus, Martin ! Elle me l'a dit en face !
- Quoi? S'étonne-t-il.
- Pourtant, je t'avais bien prévenu, mais tu n'as pas voulu me croire. Dit une voix dernière nous.
Nous nous retournons et apercevons Darío. Il vaut mieux qu'il déguerpisse vu l'état dans lequel je suis en ce moment, je risquerait de ne pas me retenir cette fois-ci.
- Dégage d'ici ! Tu veux encore le provoquer c'est ça ? Dit Martin.
- Non, pas du tout. Jamais je ne provoquerait Álvaro, c'est mon ami. Dit-il sur un ton faussement innocent.
- Va-t-en. Lui dis-je calmement.
- Je te l'avais dit, Mía ne t'aime plus. Mais tu n'as pas écouté mes conseils et tu as préféré courir le risque de te faire souffrir.
- Tais-toi ! Il vaut mieux que tu t'en ailles immédiatement. Dit Martin.
- Okay, je m'en vais. Dit-il en levant les mains. Ne te retiens pas de pleurer, Álvaro, ça te ferait un bien fou.
Il s'en va une bonne fois pour toute et je soupire bruyamment. Je demande à Martin de me laisser seul et il accepte sans problème. Je me promène dans la cour du lycée comme un vagabond en train de me laisser envahir par mes pensées. Ça me coûte de l'avouer, mais Darío a raison, j'aurai du oublier Mía depuis longtemps, depuis le jour où j'ai promis à Tobias de le faire. Mais malgré mes efforts, je n'ai rien pu faire, et je doute pouvoir réussir même après cette révélation. Mía est ancrée dans ma tête et je n'y peux rien. Elle a pris possession de mon cœur, et comme un idiot, je l'ai laissé faire, parce que je suis éperdument amoureux d'elle. Je ne sais pas ce que j'ai ressenti lors de notre baiser, mais je crois m'être imaginé des choses, ce n'était qu'une illusion, elle ne m'aime plus.
- Álvaro? Dit Éva en s'approchant de moi. Tu parais tout triste, qu'est-ce qu'il y a?
- Je vais bien, je ne suis pas triste. Mentis-je.
- Viens. Dit-elle en m'amenant vers un banc sur lequel on s'assoit. Dis-moi ce que tu as. Tu sais autant que moi que tu ne peux pas me mentir.
- Je veux pas en parler. Je veux tout oublier de ce qui s'est passé.
- C'est aussi grave que ça ? S'inquiète-t-elle.
- Plus maintenant. Ça n'a plus aucune importance.
- N'oublie pas que je suis là si tu as besoin d'en discuter avec quelqu'un. Je serai toujours à tes côtés, je ne t'abandonnerai jamais, sache le. Dit-elle en tenant ma main.
- Merci beaucoup Éva. T'es la meilleure.
Je la prend dans mes bras pour un câlin affectueux auquel elle répond automatiquement. À la différence de Mía, je sais qu'Éva resterait toujours à mes côtés. Je pensais la même chose de Mía, mais maintenant, après tout ce qui s'est passé, il se pourrait que j'avais tort. L'idée d'inviter Éva à notre match me vient à l'esprit. Au départ, j'avoue que je voulais inviter Mía, parce qu'après tout, elle est un véritable facteur de motivation pour moi, mais maintenant, je dois apprendre à jouer sans penser à elle. Éva m'a bien aidé à jouer comme il faut lors de notre dernier match. Mais pourrait-elle remplacer Mía?
- Éva... Dis-je en desserrant notre étreinte. Demain, on joue contre un lycée de La Plata, on y ira en train avec les cheerleaders. Du coup, chaque membre de l'équipe a le droit d'inviter une seule personne. J'ai pensé à toi. Finissais-je en souriant.
- Vraiment ? Tu veux que je t'accompagne à ce match? S'étonne-t-elle.
- Pourquoi ça t'étonne autant ?
- Je pensais que tu aurais invité quelqu'un d'autre... Mía, par exemple.
- Mía? Dis-je avec un rire nerveux. Non, je préfère largement te choisir.
- Tu dis ça parce que c'est ton ex?
Je fronce les sourcils et la regarde d'un air interrogateur. Je ne lui ai jamais raconté que Mía est mon ex, tout simplement parce que moi-même je n'arrivais pas à me faire à cette idée.
- Qui t'as dit que... que Mía est mon ex ? Balbutiais-je.
- Elle-même. Pourquoi tu ne me l'as jamais dit ?
- Parce que pour moi c'est le passé. Aujourd'hui, il n'y a plus rien entre elle et moi. Je ne trouvais pas ça important de te le dire. Mais pourquoi vous parliez de ça elle et toi?
- Je vous trouvais très proches et du coup je lui demandé s'il y a quelque chose entre vous deux et c'est là qu'elle m'a dit que vous étiez ensemble, mais maintenant vous êtes juste amis et qu'il n'y a plus rien entre vous.
- Ah... D'accord. Dis-je à basse voix, la tête baissée.
- C'est l'heure de l'atelier Go!. On y va? Dit-elle en se levant.
- Ouais, allons-y ou sinon Ricky va s'énerver.
Je me lève à mon tour et nous nous dirigeons vers l'atelier. Je m'entend bien avec Éva, on a une superbe relation. Bien que ce n'est pas mieux que ce que j'avais avec Mía, au moins Éva me fait oublier certains de mes problèmes. Mais au point de ressentir des choses pour elle? Je n'en sais rien du tout. Ces derniers temps, je ne sais plus ce que je veux, à l'exception de me sortir Mía de la tête. Fédé pourrait avoir raison... Éva pourrait me faire sortir Mía de la tête, et il n'y qu'une seule façon de le savoir.
• • •
- ...Et n'oubliez pas que le concert se déroulera ce weekend, donc on doit être prêts à cent pourcents. C'est une bonne chose qu'on ait déjà fini la chorégraphie de groupe et maintenant, il manque la prestation des filles et celle des garçons qui, compte tenu du temps, n'auront pas de chorégraphie. Mía et Álvaro, est-ce que votre chorégraphie est prête ?
Il n'y a que la dernière phrase qui a attiré mon attention. Je sens le regard de Mía sur moi, mais je n'ose pas la regarder, je n'en ai pas envie.
- Elle n'est pas totalement achevée mais Álvaro et moi on est qu'à quelques pas de la terminer. Dit Mía. Avant le concert, tout sera prêt.
- J'espère au moins que votre chorégraphie sera à la hauteur. Et donc, demain, on n'aura pas cours à cause des nombreux absents que seront les joueurs de l'équipe de Basket et les cheerleaders. On se voit donc après-demain.
Ricky quitte la salle et je me fais vite accosté par Juanma.
- Salut vous deux. Nous salue-t-il, Éva et moi.
- Salut Juanma, tu vas bien? Répond Éva, toujours toute souriante.
- Oui, merci. Répond-il avec un sourire. Tu pourrais me laisser seul à seul avec Álvaro S'il te plaît ?
- Oui bien sûr, aucun problème.
Elle s'éloigne de nous et je la vois aller aux côtés de Mía. Je me demande bien de quoi elles vont parler...
- Il se passe quoi là ? Me demande-t-il.
- Comment ça ?
- Entre Mía et toi! Qu'est-ce qu'il y a ? Pourquoi je ressens cette tension entre vous deux ?
- Demande-lui, tout ça c'est à cause d'elle. Dis-je en haussant les épaules.
- Comporte toi de façon un peu plus mature. Je ne sais pas ce qu'il y a entre vous, mais je suis sûre que vous êtes tous les deux fautifs.
- Si tu le dis. En tout cas, je veux plus parler d'elle.
Je le laisse seul et quitte l'atelier. Je ne sais pas si je suis fautif dans cette histoire, mais je sais que Mía l'est, et je pense même qu'elle n'éprouve aucun regret.
Je vais à la cafétéria et aperçoit Fédé, Martin, Nico et Tobias à une table. Je les rejoins et les salue, alors qu'ils étaient en pleine conversation.
- Et toi, Nico qui est-ce que tu as invité ? Lui demande Tobias.
- Lola, même si elle fait partie des cheerleaders. Avoue-t-il timidement.
- Ouh... Nico est amoureux. Rit Fédé.
- Regardez-le, il rougit ! C'est trop mignon. Rit Martin.
- C'est bon arrêtez ! C'est vrai, Lola me plaît, j'ai quand-même le droit de tomber amoureux comme vous tous! Se défend-il.
- C'est juste trop émouvant de voir notre petit bébé grandir enfin. Dit Tobias en tirant les joues de Nico comme une grand-mère avec son petit-fils.
- C'est bon, arrête ! Dit Nico en repoussant Tobias. Bon, et toi Álvaro, qui est-ce que tu as invité ?
- Je parie tout mon argent de poche qu'il a invité Mía. Dit Fédé avant de soupirer.
- Et bien, prépare toi à sortir ton argent de poche parce que je n'ai pas invité Mía, mais Éva.
- Hein? S'étonnent-ils, sauf Martin.
- Vous avez bien entendu, j'ai invité Éva. Répétais-je.
- Mais pourquoi? Demande Nico. Tu es amoureux d'Éva alors?
- C'est juste qu'il est grand temps que notre capitaine arrête de se faire souffrir en courant derrière Mía. Répond Martin à ma place.
- Du coup, tu veux oublier Mía en te rapprochant d'Éva ? Tu vas suivre mon conseil? Dit Fédé.
- J'ai juste invité Éva parce que c'est une très bonne amie.
- Si tu plaisais à Éva, tu oserais te mettre en couple avec elle? Demande Tobias.
- J'en sais rien. Dis-je avant de soupirer. On peut changer de sujet ?
Ils ne me posent plus aucune question et parlent de l'équipe qu'on affrontera demain. Quant à moi, la question de Tobias me revient en tête... Est-ce que j'oserai me mettre en couple avec Éva ? Éva est belle, gentille, attentionnée, intelligente et j'en passe. N'importe qui voudrait être en couple avec une fille comme elle. Mais moi, qu'est-ce que je veux vraiment avec elle?
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