Il secoua la tête.
— Non, ce poème ne dégage rien. A moi.
Et il me tendit le livre après avoir tourné la page.
Le professeur passa à ce moment-là devant notre table.
— Alors enfant, comment est-ce qu'elle progresse ? Y'a-t-il des émotions plus faciles que d'autres ?
Il s'adressait à mon « chien » Chokola. Profitant du fait que ce dernier soit occupé à lui mentir tant bien que mal, je soulevai la page et lu le poème...
Quelle ne fut pas ma surprise en lisant ces mots :
...
𝒜̀ 𝓉𝓇ℴ𝓅 𝓁ℯ 𝓇ℯℊ𝒶𝓇𝒹ℯ𝓇
𝒪𝓃 𝓅𝓁ℴ𝓃ℊℯ
𝒟𝒶𝓃𝓈 𝓁'ℴ𝒷𝓈𝒸𝓊𝓇𝒾𝓉ℯ́.
𝒜̀ 𝓁𝓊𝒾 𝓉ℴ𝓊𝓇𝓃ℯ𝓇 𝓁ℯ 𝒹ℴ𝓈
𝒪𝓃 𝒻𝒶𝒾𝓉 𝒻𝒶𝒸ℯ
𝒜̀ 𝓈ℴ𝓃 ℴ𝓂𝒷𝓇ℯ.
ℐ𝓁 ℯ𝓈𝓉 𝓅ℴ𝓊𝓇𝓉𝒶𝓃𝓉
𝒮𝒶𝓃𝓈 𝒸ℴ̂𝓉ℯ́ 𝓈ℴ𝓂𝒷𝓇ℯ
ℒ...
𝒮𝓉ℯ́𝓅𝒽ℯ𝓃 ℳℴ𝓎̈𝒹𝒶𝓃
Les premiers versets n'étaient autre que ceux prononcés par Madame Sandor à notre test d'entrée ! Et le silence de Nikolas à mes questions sur leur signification, car j'en étais sûr, ce n'étaient pas des mots vides de sens : ils provenaient d'un poème écrit par un certain Stéphen Moÿdan.
Ce qui m'intriguait doublement est que le dernier vers du poème était effacé et qu'il ne possédait pas de titre...
Je caressai la page abîmée après le « L » et à l'emplacement du titre. Le papier semblait avoir été gratté intentionnellement. Mais pourquoi ? Que sont ces mots, quelle importance ont-ils pour qu'on les cache eux, et seulement eux ?
Plus j'y pensais, plus j'avais l'impression que l'ensemble des strophes formait une énigme dont la clef et la réponse auraient été détruites.
Un éternuement peu discret me tira de mes réflexions, c'était Nikolas, ou plutôt Chokola qui me prévenait que le prof me parlait.
— ... que la compréhension est mauvaise, ou que vous vous trompiez dans l'interprétation des signes inconscients que votre camarade vous envoie ; je pense plutôt qu'il s'agit pour vous, dans un axe de progression pour les prochaines heures avec moi, de faire attention aux détails autour. Ne restez pas sur ce qu'il vous montre mais sur ce que vous voyez. Vous voyez, sur cet exercice, même les meilleurs ne peuvent pas tout contrôler, il y a toujours quelque chose qui les trahit : c'est ce que vous vous devez de discerner chez votre camarade.
Ses mains par exemple.