Mía
- Alors, répond. Insiste Álvaro. D'où tu le connais?
Je reste muette pendant un instant regardant Álvaro droit dans les yeux.
- Et qu'est-ce que ça peut te faire, dis-moi. Lui demandais-je.
- Bon, je vais vous laisser. Dit Lupe en se levant de sa chaise. Et faites attention, ma mère pourrait vous voir à n'importe quel moment. Finit-elle en partant.
Álvaro se met à la place de Lupe et nous reprenons notre conversation.
- Ça te dérange que j'aide des personnes à entrer à Go!? Demandais-je.
- Bien sûr que non, je veux juste savoir comment tu l'as connu, c'est tout.
- Et pourquoi tant de curiosité ?
- Et bien... Vous avez l'air d'être bons amis. Vous venez main dans la main, t'as le sourire jusqu'aux oreilles en le regardant chanter, tu le fais entrer à Go!... Je veux juste savoir d'où tu le connais. Et puis, t'es presque ma demi-sœur, je me dois de connaître tes fréquentations.
- Darío et moi, on se connait à peine. Je l'ai entendu chanter au couloir et je l'ai emmené parce qu'il a une très belle voix. T'es content maintenant ? Dis-je lassée.
- Oui, c'est tout ce que je voulait savoir.
- Super. Dis-je sur un ton ironique. Je te laisse.
Je me lève et tente de m'en aller mais Álvaro me retient en me tenant le poignet.
- Non, reste encore un peu, s'il te plaît. Je veux te parler. Dit-il.
- Álvaro, je sais déjà ce que tu veux me dire et... Il me coupe la parole.
- Du calme! Rit-il. J'ai bien compris ce que tu m'as dit tout à l'heure et j'insisterai pas. C'est pas de ça que je veux te parler. Ajoute-t-il.
Il m'adresse un regard insistant comme pour me supplier de rester. Je soupire et me rassied à ma place.
- Toi et moi, on est plus ensemble. Et même si ça me dérange, au moins on est amis. Mais je voudrai pas qu'on soit amis avec cette tension entre nous. S'explique-t-il.
Il a raison. À chaque fois qu'on se parle, depuis qu'on a rompu, il y a comme une tension entre nous, et je déteste ça.
- Tu as raison. Il faut qu'on arrête d'être aussi tendus quand on se parle. Dis-je en souriant. Je veux plus qu'il y ait cette tension.
- Moi non plus. Dit-il en me souriant également. Alors, on bannit cette tension. Dit-il en me tendant la main.
Comme unique réponse, je lui sourit et serre sa main. Il se lève de sa chaise et vient me prendre dans mes bras. Je souris contre son torse en sentant son cœur battre et en humant son parfum. J'adore être dans ses bras.
• • •
Lupe
J'ai décidé de me ressaisir et d'arrêter de vouloir mettre des bâtons dans les roues à n'importe qui depuis le nouvel an. Nouvelle année, nouvelles résolutions comme on dit. Je me suis habituée à la situation bien que je ne suis toujours pas très à l'aise dans le fait d'avoir une demi-sœur, et de plus, c'est Mía. Ma mère ne veut toujours pas accepter la relation d'Álvaro et Mía. J'espère juste qu'elle finira par accepter car ce serait dommage de les voir malheureux encore et encore.
J'arrive au secrétariat et aperçoit Gloria et Mauro en train de frotter leur nez contre celui de l'autre. Ma mère serait furieuse si elle les voyait.
- Gloria? Mon père est dans son bureau ? Demandais-je.
- Oui, il est avec Mercedes. Me répond-elle sans arrêter son activité avec Mauro.
Je les regarde de façon étrange mais décide de les ignorer. Je m'approche du bureau de mon père et les entend se disputer, encore une fois. Je reste à l'extérieur pour entendre ce qu'ils disent sans les interrompre.
- Ce n'est pas ton problème Ramiro, laisse-moi gérer les miens seule. Dit ma mère.
- Mercedes, tu vas continuer à mentir ? Tu n'as pas honte de ce que tu as fait! Dit mon père à présent. Lupe mérite de savoir la vérité, tu lui as menti toute sa vie, tu ne peux plus continuer ainsi!
- Je sais comment m'occuper de Lupe. Je n'ai pas besoin de ton avis!
Mais de quoi ils parlent, qu'est-ce qu'ils me cachent encore ?
- Si tu ne le dis pas à Lupe au plus vite je me chargerais de le lui dire.
- Je t'interdis de faire ça, Ramiro. Dit ma mère d'un ton menaçant.
C'en est trop. Je décide d'entrer dans le bureau de mon père. Coûte que coûte, ils doivent me dire la vérité.
- Lupe... Dit mon père.
- Je croyais que c'était fini vos cachotteries. Quel mensonge vous me cachez encore? Demandais-je avec les larmes me montant aux yeux.
- Ma chérie, je te promets de t'en parler plus tard, ok? Me dit ma mère en m'approchant.
Je recule de quelque pas voulant éviter tout contact avec elle.
- M'en parler plus tard ? Alors que durant toute ma vie tu ne m'en as pas parlé. Dis-je alors qu'une larme coule sur ma joue. Et toi, papa ? Tu vas aussi me cacher la vérité ?
- Lupe, c'est avec ta mère que tu dois en parler. Pardon. Dit-il désolé.
Je secoue la tête et décide de m'en aller malgré qu'ils m'appellent. Je n'arrive pas à croire qu'ils me cachent quelque chose depuis ma naissance et jusqu'aujourd'hui, ils ne veulent toujours pas me le dire. J'en ai marre de toutes ces cachotteries, j'en ai marre de tous ces mensonges.
Les larmes coulent à flot et le seul endroit où je décide d'aller est le local. Là-bas je serai seule et sans dérangement. Je ne veux pas qu'on me voit pleurer. J'ai forgé cette apparence d'une Lupe forte toute ma vie, et il est hors de question qu'on me voit comme une Lupe fragile.
- Lupe ?
J'essuie mes larmes d'un revers de main et regarde mon interlocuteur. Juanma se tient à la porte du local avec sa guitare. Lorsque son regard croise le mien, il s'approche de façon précipitée en me regardant d'un air inquiet; certainement, il a remarqué que je pleurais.
- Qu'est-ce qui t'arrives ? Dit-il en se mettant devant moi. Tu pleures ?
- Tout va bien, ne t'en fais pas pour moi. Tu peux partir, ça va. Dis-je sans le regarder.
- Non, je m'en irais pas. Je vois bien que t'es mal et je te laisserai pas seule. Dit-il avant de prendre une chaise pour s'assoir. Alors, qu'est-ce qu'il se passe?
- C'est mes parents. Dis-je en le regardant enfin dans les yeux. Ils me cachent encore quelque chose. Je croyais que c'était fini toutes ses cachotteries. Ajoutais-je alors qu'une larme coule de mon œil.
- Je peux pas te comprendre parce que je n'ai jamais été dans une telle situation. Mais je suis là en cas de réconfort, on est amis, n'est-ce pas? Dit-il en essuyant ma larme grâce à son pouce.
- Oui, on est amis. Répondis-je en lui souriant. Merci Juanma.
- Il y a pas de quoi. Dit-il en me souriant également.
Il me prend dans se bras et nous restons un long moment l'un dans les bras de l'autre. Juanma a toujours été quelqu'un en qui je fait énormément confiance. Il est le meilleur pour me réconforter et même si on s'est éloigné à un moment, j'aime toujours autant ses câlins. Je dirai même que je les aime encore plus.
Il desserre son étreinte et, à contre cœur, je fais la même chose. Il prend sa guitare et la pose sur ses cuisses pour jouer.
- Ça te dit de chanter avec moi? Me demande-t-il.
Je lui réponds d'un simple sourire qu'il comprend immédiatement. Il joue les premières notes de Ya no más et commence à chanter.
- Aquí sentí, viví, gané, perdí... Commence-t-il à chanter.
- De todos modos sigo andando, caminando. Chantais-je à mon tour.
Nous continuons de chanter à l'unisson. Nous n'arrêtons pas de nous regarder yeux dans les yeux tout au long de la chanson. Une fois la chanson finie nous nous sourions. Ça me fait du bien de retrouver notre amitié.
• • •
Mía
J'entre dans ma chambre aux côtés de Zoé. Nous nous étalons toutes les deux sur nos lits respectifs. Cette journée était épuisante.
Je m'inquiète pour Lupe. On n'a pas pu répéter parce qu'elle se sentait mal et en plus elle n'a pas voulu venir à la cafétéria pour le dîner. J'espère juste que ce n'est rien de grave.
- À quoi tu penses ? Dit Zoé en se redressant.
- À Lupe. Répondis-je en me redressant également.
- C'est trop mignon, tu penses à ta sœur ! Dit-elle en souriant.
- Elle avait l'air vraiment mal quand je suis allée la voir. Je sais pas ce qu'elle a, je m'inquiète.
- Ne t'en fais pas. Demain, tu iras la voir et tu parleras avec. Me conseille-t-elle. Et avec Álvaro? Qu'est-ce qu'il s'était passé ?
- Il voulait qu'on arrête de se faire souffrir et qu'on oublie les restrictions de sa mère. Je lui ai dit que je ne voulais pas risquer de l'éloigner de sa mère et détruire leur relation. Mais maintenant tout va bien, il a accepté le fait qu'on doit être amis.
- Mais tu l'aimes toujours non?
- Oui, bien sûr. Mais sa mère a été très stricte et elle veut pas qu'on ait une quelconque relation.
- Écoute, Mía. Mercedes n'a rien fait de toute sa vie pour que tu sois à l'aise. Et toi tu veux risquer une belle relation avec le garçon que tu aimes juste pour son plaisir à elle.
- Je ne le fait pas pour Mercedes mais pour Álvaro. Mercedes ne m'aime pas et elle me veut loin de son fils. Imagine-toi si on se mettait ensemble et que notre relation puisse les éloigner, vu qu'il aura déçu sa mère. J'ai perdu ma mère, et tu ne peux savoir à quel point c'est douloureux, et je veux pas qu'Álvaro s'éloigne de sa mère à cause de moi.
- Tu parles comme si votre relation tuerait Mercedes ! Rit-elle. Fais juste attention qu'il ne trouve pas quelqu'un d'autre. Dit-elle en reprenant son sérieux.
- Changeons de sujet. Avec Rulo, enfin Amilcar, comment ça se passe? Demandais-je avec un regard plein de sous-entendus.
- Ne me regarde pas comme ça ! Rulo et moi, on est juste amis, rien de plus. Dit-elle de façon claire.
- Tu ne ressens rien ?
- Non. Dit-elle en haussant les épaules. On s'amuse bien ensemble, mais rien de plus. Ajoute-t-elle sincèrement. Mais bon, est-ce que tu as vu la tête qu'a fait Álvaro quand t'es venue avec Darío? Dit-elle en souriant.
- Zoé... Dis-je lassée.
- J'ai eu l'impression qu'il allait se transformer en un énorme dragon tellement son regard me faisait froid dans le dos. Rit-elle.
Nous sommes interrompus par la sonnerie de mon téléphone. Je regarde l'écran de mon téléphone et vérifie qui décide de m'appeler à cette heure. Numéro Inconnu. Bizarre.
- C'est qui? Me demande Zoé.
- J'en sais rien, c'est un numéro inconnu.
Je décide de répondre à l'appel malgré tout.
- Allô ? Dis-je.
- Mía.
Je reconnaîtrai cette voix entre mille.
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