Il fallait que je dise quelque chose, que je rompe ce silence bizarre, cette gêne qui s'étaient installés.
Je pense que faire du sport intensif, en équilibre, au milieu de la nuit, après une journée éprouvante de cours, n'est en effet pas la meilleure des idées.
Mais cela n'empêchait pas que son œil m'avait fait un drôle d'effet. Ou bien c'était la présentation accidentelle d'un nouveau tour de télékinésie ou bien j'avais une telle âme d'artiste que j'étais éblouie par un œil ténébreux trop profond.
Je penche plutôt pour la seconde hypothèse : j'aimais particulièrement les pastels, plus jeune.
— Nikolas ?
Il se retourna, et ses épaules se baissèrent imperceptiblement quand il vit que je m'étais relevée -et que je tenais debout.
— Qu'est-ce que c'était ? Est-ce à cause de toi ou de moi ? Pou...
Nikolas m'interrompit, coupant court à mes interrogations :
— De moi. C'est de ma faute.
— Ah oui ? dis-je, surprise qu'il s'accuse si vite et si directement. Mais comment as-tu fait ?
Devant mon étonnement, ses épaules descendirent une nouvelle fois, comme soulagées.
Son visage, neutre jusqu'ici s'ouvrit en un sourire malicieux :
— Je crois bien que tu t'es surmenée pendant les assauts, et qu'il y avait de mon côté un peu trop d'électricité contenue.
Le voilà qui faisait son mea culpa.
A la réflexion, cette explication était bien plus logique que celle -malheureusement - de mon esprit artiste...
— Ah, tu feras attention dorénavant, je ne compte pas entrer en transe à chaque fois qu'on se regarde dans les yeux.
Il sourit en acquiesçant d'un air amusé.
Nous nous dîmes bonsoir rapidement, et je retournai me coucher, cette fois assurée de m'endormir promptement.
Et pourtant, allongée, le regard aveugle dans l'obscurité de ma petite chambre, je repensais à « ma transe ». Je ne pouvais me défaire de cette inconfortable impression qu'il me cachait quelque chose, et j'avais beau me raisonner, encore et encore, ce sentiment étrange demeurait.