Chapitre 6.2:
Sortie du café, je prends une grande bouffée d'air frais. Je dois faire face aux répercussions de mes putains de conneries. C'était la première fois que j'étais violente physiquement envers un Homme. Habituellement, quand je suis hors de moi, je me défoule sur tous les objets qui passent mon chemin. Mais depuis la fête de Maxence, j'ai pris conscience d'un truc: je ne me laisserai plus jamais marcher sur les pieds ou maltraiter. Je ne regrette rien. Ce mec était une ordure mais lui avoir refait le portrait m'a fait perdre ma source de revenu. J'ai toujours les allocations étudiantes et l'argent que m'envoie mon frère. Mais ça ne suffit pas... et je n'abuserai pas de la gentillesse de mon frère en lui demandant plus d'argent. Je prends mon téléphone et tente de trouver des offres d'emplois pour des étudiants non-qualifiés. Je repère deux offres mais l'une a été postée l'année dernière et l'autre requiert au minimum de qualification. Quand je vous disais que dans ma ville il y a pas de taf! Je laisse quand même un message on ne sait jamais.
Il est tard, je erre dans les rues sans but jusqu'à ce que je décide de me rendre dans un bar. L'ambiance n'a pas l'air terrible mais il y a tout de même un peu de monde. Peu importe de toute façon je ne suis pas venue pour m'amuser.
—Bonsoir qu'est ce que je vous sers mademoiselle? Me demande le barman.
—Un Whisky-Coca s'il vous plaît.
— ça arrive toute suite, me répond-t-il en me faisant un clin d'oeil.
Le goût du Jack-Daniel me brûle la gorge. 1 puis 2 puis 3 puis 4 et encore un dernier pour la route. M'abandonnant dans l'alcool j'aimerais réussir à annihiler mes problèmes. Je prends exemple sur mon père, comme on dit tel père telle fille! Je suis minable...
—Vous êtes sûre mademoiselle?
—Je ne vous ai rien demandé contentez vous de me servir! Dis-je en tendant mon verre pour la énième fois.
Après avoir avaler ce dernier verre mon humeur à complètement changer. Je suis euphorique, l'alcool m'a anesthésiée. Ça y est je suis devenue bipolaire, Daniel a déteint sur moi. Je paye et me lève avec peine pour rentrer chez moi. Mon état est pitoyable mais à cet instant j'en ai rien à faire. Je titube en marchant et arrive avec beaucoup de difficultés jusqu'à mon appart. Je me laisse tomber sur mon lit et me met à rire jusqu'à en avoir mal au ventre. Ok je frôle clairement la folie! Je sens une odeur agréable me caresser les narines, elle me rappelle quelqu'un mais je ne sais plus qui. Je m'empreigne de l'odeur avant d'ouvrir les yeux et de tomber sur le sweat de Daniel qui était resté sur mon lit.
—Qu'est ce qu'il fait ici? me dis-je à moi même.
Puis je me souviens qu'il me l'avait prêté quand nous sommes rentrés de la rivière. Une idée des plus intelligentes me vient à l'esprit: Et si j'allai lui rendre maintenant? Il ne me faut que quelques secondes pour être devant la porte de Daniel. Je n'ai ni réfléchi de l'heure à laquelle je m'apprête à sonner chez lui ni à l'état dans lequel il me verra. Je toque une première fois mais après plusieurs secondes personne ne vient ouvrir, je décide donc de toquer une nouvelle fois plus fort et cette fois-ci j'entends des pas se rapprocher. Daniel, torse-nu et vêtu d'un simple boxer, ouvre la porte. Sous les effets de l'alcool, je n'hésite pas à contempler son corps sculpté et son magnifique tatouage.
—Selena? demande-t-il d'une voix endormie, qu'est ce que tu fais là?
—Qu'est ce que ça représente?
Daniel me regarde intrigué.
—De quoi tu parles?
—Ton tatouage.
—T'es bourrée?
—J'ai juste pris un verre ou deux rien de bien méchant. Alors ça représente quoi?
—Bon Selena c'est quoi ton problème? Tu me réveilles à 2h du mat, bourrée, pour me demander la signification de mes tatouages? S'impatiente-t-il.
—Oui.
—T'es vraiment folle, lance-t-il agacé avant de commencer à fermer la porte.
—Attend! Lui crié-je.
Il s'arrête et rouvre la porte.
—Quoi?!
—J'arrive pas à dormir.
Daniel me regarde surpris.
—Entre, me dit-il simplement.
Je m'assieds sur le canapé du séjour et Daniel vient se poser en face de moi en s'asseyant sur la table basse.
—Pourquoi as-tu bu?
—Pour rien c'était juste pour m'amuser un peu et...
—Selena, commence pas à me prendre pour un con, ok? Dis moi la vérité.
Je le regarde droit dans les yeux, son regard est froid et doux à la fois.
—Je me suis faite virée.
Il ne répond pas. Son visage est impassible je n'arrive pas à discerner ce qu'il pense. Il se lève et se dirige dans l'autre pièce de l'appartement que j'imagine être sa chambre. Je le suis curieuse d'en savoir plus sur l'univers de Daniel. Il sort de sa penderie une grosse couette pendant que j'observe la pièce. Sa chambre est grande et sombre. Il n'y a pas beaucoup de meubles: un grand lit avec une table de chevet, des étagères toujours encombrées de livres et une penderie. Le peu de meubles présents permet de profiter au maximum de l'espace. Je remarque un maillot de basket de l'équipe des Lakers accroché au mur et plusieurs trophées. Le sentiment de découvrir un peu plus l'intimité de Daniel est très agréable. Mais je commence à avoir mal à la tête, je crois que je suis exténuée.
—Daniel est ce que je peux prendre un verre d'eau s'il te plaît?
—Bouge pas j'y vais.
—Merci.
Je décide de m'assoir sur son lit en l'attendant mais sans m'en apercevoir je sombre dans un profond sommeil.
Je me réveille péniblement. J'ai un affreux mal de tête et j'entends la sonnerie de mon téléphone sonner. Il finit par s'arrêter et j'ouvre les yeux. Où suis-je bordel? Je suis au beau milieu d'une chambre et dieu sait que ce n'est clairement pas la mienne. Je me retourne et aperçois Daniel, à moitié nu avec une simple serviette autour de la taille, devant une armoire grande ouverte. Tous les souvenirs de la veille me reviennent en mémoire et par la même occasion un sentiment de honte ultime me transperce. Pourquoi quand je suis bourrée je fais n'importe quoi? A vrai dire alcool ou pas: je fais n'importe quoi. Après avoir choisi ses vêtements, Daniel se retourne vers moi.
—Bien dormi chaton?
Je reste muette. Avons nous dormi ensemble? Comment sortir de cette situation gênante en toute délicatesse? Voyant mon trouble, Daniel en profite:
—Arrête de me mater chérie tu me gènes.
—Daniel...
Il faut que je sache.
—Oui?
—Est ce qu'on a...
—J'ai dormi sur la canapé.
—Ok.
Je me débarrasse de la couverture pour me lever mais la remet aussitôt quand je remarque que je n'ai plus mon jean et que je porte un tee-shirt qui ne m'appartient pas.
—Tu m'as déshabillée? Demandé-je incrédule.
—Tu as squatté mon lit toute la nuit, je ne voulais pas que tu le salisses avec tes habits qui empestent le Jack.
—Mais tu m'as vue en sous-vêtements?! C'est inadmissible Daniel tu es...
—Oh calme toi chaton c'est pas la première fois. Dois-je te le rappeler? Et puis tu n'avais qu'un pas dormir dans mon lit.
Il n'a pas tord.
—Tu peux me passer mon jean?
Il regarde mon jean posé sur une chaise près de lui puis repose les yeux sur moi.
—Non.
—Comment ça non? Daniel s'il te plaît.
—Viens le chercher.
Qu'est ce qu'il m'énerve! Soudain mon téléphone sonne. Cette fois-ci il faut que je décroche c'est surement important.
—Ah je crois que tu vas être obliger de te lever.
Je le fusille du regard et me lève pour atteindre mon téléphone. C'est Alex.