Malgré son sourire et ses manières drôles, derrière les mimiques et autres facéties, j'étais pourtant -paradoxalement- persuadée qu'il n'était pas dans son état normal -si l'on part du principe qu'il en possède un.
Quelque chose, ou quelqu'un le tracassait.
Il ne m'avait pas eue, il n'avait pas réussi à détourner mon intention : c'était bien pensé, mais je l'avais découvert.
La raison pour laquelle il avait fait cela ? Aucune idée. Ou presque.
La chose ou la personne que nous devions combattre, celle qui était pour nous une menace, celle-là, le tracassait. Elle le tracassait tellement, qu'elle lui avait fait oublier de jouer son personnage !
Je commençais à le connaître, et je sais, que ce soit en combat physique ou moral, rien ne le perturbe ni le distrait. Aussi, ce regard vide, et ensuite cette diversion transparente m'étonnaient.
Je secouai la tête. Moi non plus je ne respectais pas mon personnage. Nous étions en rang devant la classe de notre cours de l'après-midi, attendant l'arrivée de notre prof dans un léger brouhaha, et mon attitude pensive faisait clairement tache.
Nikolas, quant à lui, était dans le premiers rangées, il faisait connaissance avec d'autres « chiens ».
Son investissement pour me protéger (et se protéger) était grand. Il ne l'avait pas toujours fait avec des pincettes, mais son but avait toujours été de me préserver de cette mystérieuse menace. Il obéissait de cette façon aux dernières paroles d'oncle Kern : « Protégez-vous l'un l'autre ».
- Bonjour Nyfødt. Vous pouvez entrer, dit soudainement une voix posée, quoique légèrement tremblante.
La propriétaire de cette voix s'était avancée devant le rang et avait ouvert la porte. Elle était habillée d'un étrange...tailleur, dont les motifs colorés s'assemblaient en patchwork. Cet ensemble multicolore était accompagné d'une couleur de cheveux rousse, presque orangée.
Avec un sourire tranquille, elle tenait la porte ouverte et disait bonjour à chacun.