« Game Over »
__ Madame Davis, je suis William Brown, avocat. J'aurais quelques questions à vous poser s'il vous plaît.
Incrédule, mon regard fit des allers retours entre le dénommé William Brown et ma belle-mère qui était restée de marbre. Cependant, tout chez elle montrait qu'elle avait été prise au dépourvu, en commençant par ses yeux clairs qui affichaient désormais un air ahuri, son corps qui d'habitude adoptait une posture imposante mais qui manquait cette fois d'assurance, et puis il y avait également sa main gauche qui s'était mise à trembler frénétiquement.
Qu'est-ce qui était en train de se passer au juste ?
__ Puis-je entrer ? demanda Monsieur Brown.
__ Oui.
__ Non, me contredit ma marâtre.
__ Ça ne prendra que quelques minutes, je vous assure.
__ Je n'ai rien à vous dire, veuillez partir s'il vous plaît, répliqua Anya.
Elle semblait plus nerveuse, déstabilisée.
__ Écoutez, madame Davis,..
__ Je suis Anya Young, cessez de m'appeler ainsi.
__ Madame Davis, si c'est faux dites le moi tout de suite mais vous savez pertinemment que,..
__ Monsieur Brown, et si vous alliez plutôt vous adresser à mon avocat directement et non à moi, reprit ma belle-mère. Je n'ai absolument rien à vous dire, mais si vous avez des questions, je vous prierez de les garder pour vous. Je ne dirais rien sans la présence de mon avocat.
__ Vous parlez de votre avocat qui a acheté pour plus de 10 millions d'actions illégales et les a mis sur votre dos avant de prendre la fuite ? rétorqua l'avocat, un sourire en coin. Dans ce cas, je veux bien attendre mais je doute fort qu'il puisse un jour arriver pour prendre votre défense. Contentez-vous de répondre à mes questions et ce sera vite réglé.
__ Sonhee va dans ta chambre, m'ordonna t-elle ensuite le regard fixe.
__ Non, je préférais que vous soyez là mademoiselle, intervint Monsieur Brown.
Ma tension monta d'un cran tandis que je restais dans l'incompréhension totale face à la situation. Pourquoi l'appelait-il Madame Davis ? Avait-elle mentie à mon père ? Et puis, c'était quoi toute cette histoire de 10 millions d'actions achetées par un avocat en fuite ? Un pressentiment m'agitais.
__ Si vous permettez,.. poursuivit l'avocat en s'avança vers nous.
Automatiquement, je me décalais de la porte, l'invitant ainsi à entrer. Mon regard se porta ensuite sur ma marâtre qui était restée sans bouger d'un pouce, le visage fermé. Sa mâchoire jouait sous sa peau quand elle la serra plus fort, sous la pression.
Une fois l'avoir rejointe, lui et elle prirent place autour de la table alors que je restais en retrait, décidée de ne manquer aucune miette de leur conversation. Un silence régna tout d'abord avec pour seul bruit la respiration irrégulière de ma belle-mère qui s'était accélérée.
__ Concernant cette affaire, le département de la justice avait déjà enquêté et n'a rien trouvé.
__ Ça ne veut pas dire que ce n'est pas vrai, madame, lui répondit il. C'est moi qui me charge désormais de cette affaire. Certes, elle avait été classée sans suite, mais j'ai décidé il y a quelques mois de la relancer. Et contrairement au département de la justice, je suis tombé sur certains détails qu'ils ont volontairement ou non manqués.
__ Que voulez-vous entendre Monsieur Brown ? enchaina Anya. Que oui, j'ai comploté avec mon avocat pour extorquer cet argent ?
__ Commençons d'abord par le commencement, si vous voulez bien, répondit il. Pourquoi avoir menti sur votre nom ? Pourquoi avoir fabriquée des faux documents, une fausse carte d'identité si vous n'aviez rien à cacher ?
__ Si vous chercher à m'arrêter, Monsieur l'avocat, faites au lieu de tourner en rond inutilement.
__ Je ne ferais pas semblant d'être votre ami, madame Davis, répliqua le grand monsieur en fronçant les sourcils. Ignoriez-vous la gravité de vos actions ?
__ Qu'ai-je fait de mal pour une mériter un tel traitement ?
__ Refusez-vous toujours de reconnaître votre crime ?
Le ton commençait à monté et la tension était à son comble. Mon cerveau essayait d'enregistrer tant bien que mal toutes les informations qui parvenaient à mes oreilles, mais je doutais de tout retenir. Pourtant, il le fallait si je voulais que mon père me croit.
__ Je suis innocente.
__ Vous êtes innocente ? répéta William Brown. Madame Young, ou devrais-je dire Tracy Davis, regardez moi dans les yeux. Vous ne savez toujours pas quels sont vos crimes ?
__ Non, je l'ignore, répondit elle sur un ton ferme. Je jure devant les cieux que je n'ai commis aucun crime.
L'avocat afficha un ai étonné, mais pas tant que ça finalement. C'était comme s'il n'arrivait pas à en croire ses oreilles mais que d'une manière ou d'une autre, il s'y attendait. Anya se défendait avec hargne, plaidant non coupable pour ses crimes et cela semblait laissé Monsieur Brown sans voix. Désabusé, il secoua la tête plusieurs fois en baissant les yeux avant de reprendre la parole pour dire :
__ Très bien. Vous ne me laissez pas le choix alors.
Il se leva ensuite de sa chaise et se dirigea vers la porte. Toujours dans l'incompréhension, je le vis ouvrir le battant et mes yeux s'écarquillèrent lorsque quatre policiers firent leur entrée dans la pièce.
J'eus un mouvement de recule, en les voyant avancer en direction de ma marâtre qui resta sans bouger, le regard droit devant elle, comme si cette situation ne l'impressionnait pas.
__ Mademoiselle Davis, vous êtes en état d'arrestation pour coup et blessure volontaire et maltraitance sur enfant. Vous avez le droit de garder le silence. Si vous renoncez à ce droit, tout ce que vous direz pourra être et sera utilisé contre vous devant une cour de justice.
Sur le choc, je restais interdite sur place, sans savoir quoi penser à ce qui se passait juste devant mes yeux. J'eus soudainement l'impression de manquée d'air.
Tous les mots que les policiers prononcèrent par la suite n'arrivèrent pas à mon cerveau. J'avais la sensation d'être déconnectée.
Au moment où il s'apprêtait à lui mettre les menottes, Anya ou je ne sais comment l'appeler désormais, se redressa soudainement de sa chaise pour dire :
__ Avez vous des preuves de ce que vous avancez ? C'est elle qui vous a dit cela ? questionna t-elle en me pointant du doigt.
__ Plusieurs jeunes se sont rendu hier dans la journée pour porter plainte contre vous, répondit l'un des flics. Reconnaissez-vous avoir battue à plusieurs reprise la victime ici présente ?
__ Non, répondit elle. Je n'ai rien fait de cela. Si vous voulez m'arrêter, il me faudra voir les preuves.
Un second policier se tourna vers la porte avant de faire un signe de la main et soudainement, Vernon fit à son tour son apparition dans la salle.
C'était quoi ça ce délire ?
Il donna ensuite une enveloppe au monsieur qui l'avait demandé d'entrer et vint doucement me rejoindre tandis que je devenais vacillante. Il passa ses bras autour de moi et me serra contre lui tendrement. Je mordis ma lèvre pour étouffer mes pleurs alors que mon esprit oscillait.
__ Voici ici les analyses faites par un médecin que la victime a subit il y a quelques mois, poursuivit le policier en postant le dossier devant ses yeux. A l'intérieur, nous avons les preuves montrant que vous vous en êtes prise à la victime au point de lui casser un bras. Lors de son passage à l'hôpital accompagné de son ami, elle a menti en disant être tombée des escaliers. Cependant, durant son examen, le médecin a aperçu plusieurs hématomes sur différentes parties de son corps.
__ Et donc, en quoi ça prouve ma culpabilité ? demanda Anya.
__ Reconnaissez-vous avoir menacée la victime avec des propos tels que de la brûler ou de lui jeter de l'acide sur le visage ?
__ C'est absurde ! s'exclama ma marâtre. Jamais je n'ai dites une chose pareil.
En effet, c'était absurde. Je n'avais parler à personne des menaces verbales que je subissais de sa part, il était donc impossible que quelqu'un ait reporté ça à la police, si ce n'est que moi.
__ Pourtant, nous avons les déclarations d'une personne vivant également dans ce domicile qui affirme cela, contredit le policier. Tu peux entrer.
Je relevai la tête pour voir de ce qui il pouvait bien s'agir, et fut ma surprise lorsque mon regard croisa celui de Daymon. Tombant des nues, le visage de Anya perdit tout sa couleur et devint presque blanc.
__ Mais chéri,.. pourquoi..
__ Parce que c'est vrai, le coupa t-il. Je t'ai entendue.
Le regard vide de toutes émotions, il ajouta :
__ Je ne voulais pas y croire, alors je me suis menti à moi-même. Mais au final, c'était bien toi. C'est toi qui lui a fait, pas vrai ?
__ Chéri, écoutes-moi,..
__ Arrêtes de jouer ta comédie et assume tes actes.
Malgré le ton dur qu'il employait, on pouvait facilement entendre le timbre de sa voix défaillir. La tristesse, la déception, la colère pouvait clair s'apercevoir sur son visage. Je sentis mon cœur se briser face à cela, car c'était l'une des raisons pour laquelle je voulais que rien ne se sache. Vernon vint ensuite appuyer ses lèvres sur ma tempe en murmurant à mon oreille :
__ Tout va bien maintenant, Sonhee. Tout va bien.
Je fermais un instant les yeux, et pris une longue inspiration. Je vis ensuite Jihyo débarqua à son tour, puis Jimin, suivit de Taehyung, de J-hope, de Suga et enfin Jungkook qui resta plus loin. N'arrivant pas à retenir mes larmes, je m'effondrai littéralement lorsqu'ils vinrent tous me prendre dans leurs bras, en même temps. Ma poitrine cognait si fort que j'avais l'impression qu'on pouvait l'entendre mon cœur battre dans la pièce. J'entendis pleins de chuchotements de mes amis me disant que tout était finis, qu'ils étaient là pour moi, que ça allait aller, etc.. Je voulus leur remercier mais ma voix resta coincée dans ma gorge, et de toute façon, sans même le dire, je savais qu'ils savaient que je leur en était extrêmement reconnaissante. Je me détachai ensuite d'eux alors que Jihyo vint attraper ma main, ne voulant pas me laisser seule.
Cependant j'avais toujours du mal à y croire que tout cela était en train de prendre fin, réellement.
En redressant la tête, je vis du coin de l'œil l'avocat William Brown s'avancer en direction de ma marâtre et dit :
__ Est-ce que vous comprenez mieux maintenant ? Vous risquer déjà une peine d'au moins trois ans d'emprisonnement pour ça. Mais si je finis par découvrir d'autres informations concernant votre implication dans l'affaire de l'extorsion d'argent, vous ne verrez plus le dehors pendant plus de vingt ans.
L'air abattu, Anya se mordit violemment la lèvre inférieure, cherchant sans doute à se contenir. Elle fusilla l'avocat du regard avant de répondre :
__ Pourquoi est-ce que vous voulez m'obliger à le dire ? Je suis sûr que vous le savez déjà.
__ Il se peut bien que je sois au courant oui, répliqua Monsieur Brown. Mais j'ai juste besoin de votre aveu pour le confirmer.
Elle ne répondit rien.
__ Vous savez aussi bien que moi qu'il ne viendra pas vous secourir. Il vous laissera tomber comme il l'a fait avec tout les autres. Vous purgerez votre peine tandis que lui continuera à mener sa petite vie tranquille, loin de tous les ennuis dont il est l'auteur.
Ma marâtre garda tout d'abord le silence, semblant hésiter un instant. Elle voyait tout son monde écrouler devant elle et ni elle, ni moi étions loin d'être préparée à ça apparemment. Je savais que Jungkook était décidé à intervenir, mais je ne doutais pas que ça allait arriver aussi rapidement. Hier encore, durant notre rendez-vous, pas une seule fois je n'avais remarqué quoique ce soit. Se pourrait-il même que ce rendez-vous faisait parti de son plan ?
__ Bon très bien, céda finalement ma belle-mère. Je travaille bel et bien pour Jeon Hunter. J'avais pour mission de me rapprocher de la famille Brooks afin de leur soutirer toutes les informations concernant le développement de l'entreprise dans lequel Aaron travail.
Sur ces mots, j'ouvris la bouche en grand, surprise.
Décidément, nous n'étions pas au bout de nos surprises avec cette femme. Ça voulait donc dire qu'elle avait joué avec mon père ? Et pourquoi est-ce que le nom Jeon Hunter me disait quelque chose ?
__ En échange, il m'assurait de régler certains problèmes que j'avais en Angleterre, expliqua t-elle. L'entreprise de Aaron bloquait Monsieur Hunter dans beaucoup de ses affaires, voilà pourquoi Aaron a dû énormément voyager cette dernière année car ces problèmes ne pouvait que se résoudre sur place.
Je vis Jihyo passer une main sur son visage, exprimant exactement le même sentiment que moi.
__ Concernant l'affaire des 10 millions d'actions, Aaron aurait finit par le savoir de toute façon, ajouta t-elle. A l'aide de mon avocat, nous avons effectivement extorqué de l'argent à l'entreprise d'Aaron. Il m'avait fait croire qu'il s'agissait d'une demande de Monsieur Hunter, alors je l'ai exécutée sans avoir qu'en fait c'était un piège et qu'il voulait juste cet argent pour ses affaires personnelles. J'aurai moi-même voulu l'avouer à Aaron, mais apparemment je n'en aurais pas l'occasion.
__ Ne vous inquiétez pas, lui répondit l'avocat. Je suis sûr que de là où il est, il a dû vous entendre.
__ Comment ça ? interrogea t-elle.
En me tournant vers la porte, je retins mon souffle en voyant mon géniteur entrée doucement dans la maison. Je fronçais les sourcils, n'arrivant pas à comprendre. Je le croyais en voyage ?
__ On t'expliquera, me chuchota Taehyung sans rien ajouter de plus.
__ En raison de tous ces chefs d'accusation, vous allez devoir venir avec nous, déclara ensuite l'officier de police. Vous avez le droit à un avocat et d'avoir un avocat présent lors de l'interrogatoire. Si vous n'en avez pas les moyens, un avocat vous sera fourni gratuitement,..
Sans écouter la suite, mon regard redirigea vers mon père qui semblait extrêmement exténué. Qui ne le serait pas dans cette situation ? Les cernes ornaient le contour de ses yeux, affichant clairement sa fatigue. D'ici je pouvais également percevoir la rougeur de ses pupilles, comme s'il avait pleurer. Son cœur devait être démoli et tout ce que je redoutais avait finit par arriver. L'oxygène autour de moi sembla s'amenuiser à toute vitesse. Le regarder me déchirait le cœur car j'avais l'impression de percevoir nettement la douleur qu'il ressentait à cet instant précis.
L'envie de le prendre dans mes bras me prit, mais je n'en fis rien. Ma tête était tiraillée comme si quelqu'un y avait planté des aiguilles pour étirer les fils d'une marionnette. Dévastée, Anya fit ensuite embarquer de forcer par les policiers tandis qu'elle tentait de s'adresser à mon père, espérant encore une voix de lui faire avaler ses mensonges.
Aaron resta à la fixer, sans rien dire, mais il n'en pensait pas moins.
__ Je n'ai jamais voulu te faire du mal à toi, cria t-elle alors que les officiers la faisait franchir le seuil de la porte. Tu dois me croire. Je suis désolée. Pardonne moi... Daymon..
Sa voix continua a résonner à l'extérieur avec ces mêmes paroles lancées dans le vide. Elle venait de tout perdre, en commençant par le respect et la dignité de son fils puis l'amour et le cœur de son amant. Les mains sur les hanches, mon père resta de marbre, la mâchoire serré. L'avocat William s'avança dans sa direction et vint ensuite déposa une main sur son épaule. Il lui murmura des choses que je ne réussie à entendre et comme s'il avait également senti son besoin, il prit mon père dans ses bras.
Loin de saisir encore totalement la situation, il me fallut quelques minutes pour m'en rendre vraiment compte. C'est finit. Tout était finis.
Tout venait réellement de prendre fin.