Je fixai Nikolas, attablé en face de moi, essayant de cerner sa pensée. Le regard vide, il mélangeait machinalement ses nouilles depuis cinq bonnes minutes, complètement étranger à ce qui se passait autour de lui.
« Un peu trop à la Nikolas », me soufflait mon instinct de survie.
Ou bien il réfléchissait intensément, ou bien il y avait quelque chose qui avait lâché là-haut, à cause d'une surcharge (il reste et demeure un Electrokinésiste).
Souriant, je lui demandai soudainement :
-Du gruyère, Chokola ?
Il leva les yeux de son assiette, semblant prendre conscience de son geste mécanique, qu'il stoppa.
Il se reprit et me répondit :
-Oui, merci Kafée.
Je tapotai discrètement ma tête, espérant qu'il comprenne que je lui demandai de retirer ses défenses.
Puis, sans attende son assentiment, je me penchai vers lui et demandai, chuchotant :
-Qu'est-ce que tu fais ? On aurait dit Nikolas à l'instant ! A quoi est-ce que tu réfléchis si fort pour en oublier ton personnage ?
Sans croiser mon regard interrogatif, il répliqua tout haut :
-A toi.
J'eus un arrêt.
Il eut un sourire en coin et baissa des yeux amusés sur moi. M'éloignant de lui, je me redressai brusquement, inexplicablement troublée.
-A tes pouvoirs, rectifia -t-il. A la raison pour laquelle tu n'y es pas arrivée ce matin.
J'eus un imperceptible soupir de soulagement. J'avais un instant cru qu'il...parlait d'autre chose.
Comme pour balayer le malentendu, Nikolas recula sa chaise et croisa ses bras derrière sa tête.
Chokola était revenu.
Je ne pus m'empêcher de sourire, et pour le cacher, je me remis du rouge à lèvre.
Nikolas, à fond dans son jeu, lançait des clins d'œil aux filles de la table voisine. Le contraste par rapport au début du repas était étonnant.
La suite des repas fut amusante, mais cruelle envers mon pauvre estomac. Je crois que j'ai bien failli m'étouffer plusieurs fois, à force d'essayer de contenir des fous rires en mangeant...