Mathieu.
Quand j'essaie d'avancer une nouvelle fois, Hugo se poste devant mais un coup d'épaule lui suffit à comprendre de me laisser tranquille. Ce n'est certainement pas le moment de me chauffer plus que je ne le suis déjà. Il me donne un coup avec le torse et je recule d'un pas. Je sais pourquoi il fait ça. On ne s'embrouille pas pour une meuf ; les potes avant tout le reste. Règle numéro une.
– Surtout, vous le dites si on vous dérange, criais-je à travers de la pièce. Anna sursaute et repousse Elyo qui se retourne instantanément.
Repousse-le maintenant que je t'ai cramé, vas-y.
Je croise les bras sur mon torse et les toise, un à un.
– Mathieu, je... commence Anna quand je lève la main en sa direction.
– C'est pas à toi que je veux parler pour l'instant.
Elle referme la bouche et se repose sur le mur derrière elle.
– Polak, Lesram tente d'avoir mon attention mais j'avance déjà.
– Bravo, Élie, j'applaudis, je vois que t'en loupe pas une.
– T'es dans ta drama era ou quoi ? Je n'ai pas à me justifier, pourquoi tu t'emportes comme ça ?
– Règle numéro deux, ça te dit rien ?
Son visage devient livide et sa bouche s'entrouvre.
– Et c'est toi qui l'as instauré cette règle, tu t'en rappelles ? crachais-je.
– Comment je pouvais être au courant, t'as rien dit !
– J'allais le faire, j'étais en train d'en parler à Lesram. Mauvais timing, hein ?
– Putain, je te jure que si j'avais su...
– T'aurais jamais fait ça, je sais. Passe-moi les excuses. Tu peux m'expliquer comment ça a pu se passer ?
– C'est moi qui... Anna s'adresse à moi et je la coupe une seconde fois.
– Marianna, ce n'est pas à toi que je parle, là. Tu veux bien laisser mon meilleur pote parler et me dire pourquoi vous vous embrassiez ?
Encore une fois, elle se ravise.
– Elle était là, moi aussi. Sérieux mec, j'ai pas envie de me prendre la tête avec toi, surtout pour ça.
– Il y a trois jours, tu me balançais que c'était cool qu'une meuf traîne enfin avec nous parce que t'as rarement eu de potes du sexe opposé. Ta façon de faire connaissance est absolument géniale.
– Là, Mathieu, t'abuses ! Ne me sors pas tes leçons de morales à deux balles alors que t'es le premier à embrasser tout ce qui bouge. Si t'apprenais à parler, on n'en serait pas là. Je ne te dois rien, je n'étais pas au courant.
– Parce que tu penses que c'est simple pour moi d'en parler, bordel ?
– Mais Lesram était au courant.
– Ça fait trois minutes et c'est moi qui ai forcé, annonce ce dernier.
– Tu mens quand même constamment alors que ça fait genre deux semaines qu'on te pose la question. On n'est pas frères, toi et moi ? il croise les bras.
Anna se redresse et passe à côté de moi pour quitter la cuisine. Je relève le bras pour lui barrer la route et elle se le prend en plein dans la poitrine.
– Toi, je la pointe du doigt, tu restes ici et on va aller parler. Dans tes rêves que tu te barres pendant que je suis en train de m'embrouiller avec lui alors que ça n'arrive jamais.
Elle m'offre un regard noir que je lui rends volontiers.
– Vous me pétez tous les couilles avec vos questions de merde, OK ? Mais je ne m'embrouillerais pas avec toi pour ça et je suis désolé de pas l'avoir dit, j'ajoute. Mais mec, putain...
– Je suis vraiment désolé, Polak. Mais pour ma défense, je te connais par cœur et je n'ai rien vu venir.
Ormaz m'attrape le bras et me fait comprendre que ça ne sert à rien de continuer cette discussion. Et je suis d'accord. J'aurais dû tout balancer mais j'étais vraiment paumé.
– Toi et moi, je pointe Anna du doigt, sur le balcon du salon.
Je ne lui laisse pas le temps de répliquer et sort de la cuisine après un faible sourire de la part d'Elyo. Je ne me retourne pas mais je sais qu'elle me suit. J'ouvre la porte vitrée du balcon et la laisse ouverte en m'appuyant sur la rambarde. Quelques secondes plus tard, elle se referme.
– C'est quoi la règle numéro deux ? elle lâche.
– On ne touche pas à une fille pour qui ton pote pourrait avoir un lien, peu importe la nature, même si c'est pas réciproque, je crache en fixant le vide.
– Dis-moi que t'es en train de te foutre de ma gueule.
– C'est incroyable à quel point tu peux être idiote quand tu t'y mets.
– Écoute-moi bien : je ne te dois rien, Mathieu. Tu m'as dit qu'il ne se passerait rien entre toi et moi puis tu m'as manqué de respect. Encore.
– Donc t'embrasses mon meilleur pote ? C'est normal, ça ?
– T'as embrassé deux meufs devant moi. Et à plusieurs reprises.
– Et donc ? dis-je nonchalamment.
– Et donc ? répète-t-elle. Et donc ? Même si tu veux rien avec moi, aie au moins la décence de me respecter quand je suis face à toi ! crie-t-elle.
Je souffle et elle fait de même. Cette discussion ne mènera à rien. Lesram et ses idées à la con.
– Tu comptes m'expliquer et prendre tes responsabilités ? Parce que dans la cuisine tu parlais de moi comme si j'étais pas là, tu parles de je-ne-sais-quoi avec Lesram et moi, je reste la conne de service.
– C'est trop compliqué, Anna.
– Et bah, tu sais quoi ? J'en ai marre de devoir lire entre les lignes. Je ne resterai pas là à attendre, les bras ballants, que Monsieur daigne parler.
Elle pousse la vitre de la paume de main alors que je lui attrape le poignet.
– On a pas fini, je lâche.
– J'ai décrété que si.
– Marianna, réfléchis par toi-même, putain !
– Mais va te faire foutre, Mathieu ! Tu pètes un câble sur Élie parce qu'il m'embrasse alors que t'es incapable de parler de ce que tu ressens vraiment, tu dis à ma sœur que tu veux rien avec moi, qu'on se reverra plus après avoir enregistré. À ma petite sœur ! Mais merde !
– Anna... je souffle.
– Non, il n'y a pas de Anna qui tienne. Arrête de me faire tourner en bourrique, arrête de m'embrasser, arrête de me blesser, arrête de me dire que je suis censée lire entre tes lignes alors que tu n'y laisses pas l'accès.
– Tu commences à me casser la tête.
– Ça fait longtemps que tu casses la mienne.
– Mais t'as vu ton caractère ?
– Mon caractère t'emmerde, Pruski. T'es pire que moi, t'es pire que mes sautes d'humeur ! son index touche ma poitrine. Tu sais pas ce que tu veux et tu sais pas te positionner ! J'ai jamais rencontré quelqu'un comme toi, tu peux pas savoir comment tu m'énerves !
– C'est vrai que tu sais te positionner toi en embrassant Elyo.
– Bordel, je vais lui en foutre une ! On va résumer la situation, tu veux bien ? elle me regarde dans les yeux. Alors, tu m'aimes bien, je suis une femme plutôt cool et, quand tu t'ennuies, t'as une meuf à disposition à qui tu peux rouler des pelles à tout va. Je suis ton style de fille, je suis peut-être même une des plus belles femmes que t'aies rencontré mais tu ne voudras jamais rien avec moi ? Sois clair avec toi-même et arrête de croire que je suis un putain de jouet avec lequel tu peux t'amuser quand t'en as envie.
– La moitié de ce que tu dis est faux, je crie aussi fort qu'elle.
– Alors énonce les vérités !
– Tais-toi pendant trois minutes et j'y arriverais !
– L'hôpital qui se fous de la charité, elle ricane nerveusement, ça pique d'entendre la vérité, hein ? Tu sais que j'ai raison alors c'est préférable que je ferme ma gueule ? Alors que t'es pas capable d'ouvrir la tienne ? Vas-y, parle.
Elle s'appuie contre le mur dans son dos, fait redescendre les manches de son pull sur ses mains et croise les bras sur sa poitrine. Sa jambe gauche bouge frénétiquement alors qu'elle attend que je prenne la parole, ses yeux dans les miens.
– Ça t'a blessé que j'embrasse les filles tout à l'heure ?
– Mais il est vraiment con... Pas du tout ! C'est bon, je peux rentrer ?
– Arrête ton ironie, je veux vraiment une discussion posée.
– Bien-sûr que j'ai été blessée. Mathieu, t'as choppé ton ex plan-cul devant moi. Deux fois.
– Pourquoi ?
– Comment ça, pourquoi ?
– Pourquoi t'as ressenti ça ?
– T'as pas l'impression que c'est à toi de dire les choses, là ?
– Ce que je disais à Les' tout à l'heure, c'est que tu me plais vraiment, mais ce n'est pas un secret. Depuis le premier jour, notre relation est bizarre, t'es moi en femme, c'est trop dur pour moi de devoir comprendre ce qui se passe dans ma tête. Mais j'ai pas l'impression d'être prêt pour être avec quelqu'un, encore plus que ça fait peu de temps qu'on se côtoie.
– Et ça, t'étais pas capable de me le dire ? J'ai plus dix-sept ans, Mathieu, j'aurais compris.
– Non. T'as l'impression de comprendre mais c'est pas le cas.
– Mais explique-moi ! Ça fait dix fois que je te le demande !
– C'est Thaïs, j'ai l'impression de voir quelque chose d'elle en toi.
– Déjà, elle fronce les sourcils, c'est qui Thaïs ?
– Mon ex. Mon premier amour.
– Et qu'est-ce qui a de mal à voir en moi ce que tu voyais en elle si c'est la première personne que t'as aimée ?
Je me ravise et m'assieds. Le menton sur mes genoux. Mon crâne me fait un mal de chien et ce concours de hurlements me donne envie de gerber.
– Raconte-moi ce qui s'est passé avec elle, dit-elle doucement. S'il te plaît.
Je ferme les paupières plus fort quand le visage de la femme que j'ai le plus aimé en dehors de celles de ma famille repasse devant mes yeux. En redressant la tête, Anna est toujours là. À attendre.
– Ça te fait du mal ?
– De quoi ? je fronce les sourcils.
– De parler d'elle. Ça te fait mal ?
– Ouais, je chuchote.
– Je veux juste comprendre pourquoi t'es comme ça avec moi. J'estime avoir le droit de savoir pourquoi t'es comme ça avec moi mais je ne te forcerais jamais à parler. Sache juste que... t'es pas le seul à avoir souffert.
Alors qu'elle est accroupie devant moi, les rideaux du salon sont tirés d'un seul coup et la petite lumière sur le mur s'allume. De l'intimité. Merci, les frères. Je lui attrape les doigts et me met à jouer avec la bague sur son index.
– T'es comme elle, je lâche sans réfléchir et elle est prête à me couper. Non, Anna, laisse-moi parler, je demande et elle hoche la tête. Thaïs est une fille que j'ai connu pendant ma dernière année de lycée, avant d'arrêter les cours. Physiquement, c'était tout ton contraire.
– Comme Joanna ?
– Anna...
– Tu me dis que je suis ton style mais cette Thaïs, c'est comme Alicia et Joanna, c'est tout mon contraire.
– Je suis tombé amoureux d'elle avant de m'intéresser à son physique. Joanna, c'était que du cul et Alicia est une amie, c'était une erreur de parcours après Thaïs, j'étais mal et on avait trop bu.
Elle se pince les lèvres et hoche la tête, encore une fois. Puis elle m'encourage silencieusement à continuer.
– On est restés ensemble pendant plus de deux ans. J'ai été un abruti, j'écoutais tout ce qu'elle me disait parce que... je n'avais jamais ressenti un truc comme ça, tu vois ? Je me suis éloigné de ma famille et je voyais presque plus les mecs parce qu'elle me demandait de le faire. Quand j'ai quitté le lycée, on se voyait après ses cours, ma vie ne se résumait qu'à ça : me lever, bosser et attendre qu'elle me dise que je pouvais venir la chercher. J'ai appris qu'elle sortait avec moi pendant qu'elle sortait avec un mec de sa classe, je lâche et ses doigts entre les miens se crispent. J'ai jamais ressenti une douleur comme ça, je sais que c'était dans ma tête, que c'était psychique mais je te jure que j'ai senti mon cœur mourir quand j'ai su la vérité.
Anna s'approche doucement, fais glisser une jambe à côté de mon corps et pose sa main sur mon bras mais je me recule. De l'incompréhension passe dans ses yeux mais je sais qu'elle comprend.
– Quand j'ai mis un terme à la relation, c'est ce soir-là où j'ai couché avec Alicia. Je l'ai plus fait pour lui faire du mal à elle que pour le principe, et ça m'a détruit une deuxième fois quand elle est arrivée avec son mec. Je me suis battu ce soir-là, avec lui et avec tous ceux qui étaient là. J'ai frappé Moctar au visage et je me suis battu avec Marcel. J'ai dormi chez Elyo pendant des jours, je ne bossais plus, j'avais honte de moi. Je me suis fait viré du garage et c'est là que j'ai eu un déclic.
– Qu'elle ne valait pas le coup que tu ruines ta vie pour elle ?
– C'est ça. J'ai trop de sons qui parlent d'elle, ça m'a aidé à avancer.
– C'était ta thérapie à toi ?
Je hoche la tête et elle se penche vers moi.
– Il y a quand même un truc que j'arrive pas à comprendre... En quoi je te fais penser à elle ? Physiquement, je ne suis pas elle et de ce que tu viens de me dire, j'ai vraiment pas envie de m'apparenter à une femme comme elle.
– Je te rabâche que ton caractère est un problème, mais c'est pas vraiment ça. C'est simplement que t'as le même qu'elle : crier pour rien, sourire tout le temps, faire semblant que ça va alors que c'est l'inverse.
– Mathieu, je comprends ton point de vue et tes peurs. Tout ça, c'est pas un souci. Mais chaque personne est unique et je ne supporterai pas que tu me compares à elle, encore plus sachant que je n'ai jamais rien fait de similaire.
– Je sais, je sais. Je suis désolé.
– Elyo a raison, tu devrais apprendre à parler avec les gens. Pour éviter ce genre de situation, par exemple, je souffle du nez et elle me sourit. Moi aussi, je suis désolée. Je n'aurai jamais dû l'embrasser.
– Sérieusement, pourquoi t'as fait ça ?
– J'étais blessée de ce que tu avais fait, Polak.
– Vengeance ?
– Ouais. Elyo sait qu'il ne se passera rien entre lui et moi.
– Va falloir arrêter ça, faire des trucs débiles quand ça va pas dans notre sens. J'avais tellement envie de te hurler dessus dans la cuisine.
– Et moi j'ai toujours envie de t'en mettre une. T'es pas lassé de tout ça ? Je n'ai pas non plus envie d'être en couple mais je ne supporterai pas d'être prise pour une idiote.
– Je ne te prends pas pour une idiote. Je suis perdu, Anna.
– Je ne suis pas le genre de fille qui fait ça d'habitude, tu sais ? Embrasser n'importe qui, encore moins sans rien de concret derrière. Comment on en est arrivé là en deux semaines et demi ?
– Je n'en sais rien. Mais tout ce que je peux te dire, c'est que je ne suis pas prêt à me mettre avec quelqu'un, mais je ne supporterais pas qu'il se reproduise encore quelque chose comme ce soir.
– Là, par contre, t'es super égoïste. Mathieu, que tu ne saches pas si tu veux du concret, c'est une chose et ça n'est plus mon problème, mais si tu veux pas, quelqu'un d'autre voudra.
– Alors je ne t'intéresse pas ?
Je sais que je cherche, encore et toujours mais j'ai besoin qu'elle s'énerve pour qu'elle me dise ce qu'elle a à me dire.
– Mais toi... On s'est embrassé plusieurs fois et j'ai dormi dans ton lit, bien-sûr que tu m'intéresses, mais je n'attendrai pas que tu te décides.
Elle souffle, écrase le mégot de cigarette et se redresse pour me regarder dans les yeux. Je sais qu'elle me cherche du regard mais je continue de regarder son petit doigt lié au mien alors elle m'attrape la mâchoire.
– Tu m'intéresses et tu me plais, Polak. C'est bon, maintenant ?
– C'est réciproque, Anna...
– Et je respecte tes ressentis. Simplement, ne me dis pas que je n'ai pas le droit de m'approcher d'autres si toi, tu ne te gênes pas pour embrasser des filles.
– Je sais mais...
– Je suis prête à attendre, elle me coupe. Parce que tu sais quoi ? Ce qui se passe avec toi, c'est tellement bizarre que ça a le mérite de savoir jusqu'où ça peut aller. Mais je ne suis pas naïve jusqu'au point de t'attendre indéfiniment. Encore une fois, désolée d'avoir embrassé Elyo.
– Et moi d'avoir embrassé Joanna.
Elle hoche la tête mais son froncement de sourcil ne s'efface pas.
– Est-ce que je peux te montrer que je ne lui ressemble absolument pas ?
Alors, sans réfléchir, je hoche la tête en lui serrant les doigts un peu plus fort et elle me sourit légèrement avant de se relever et de quitter le balcon. Je passe les minutes suivantes seul et me décide à rentrer en entendant que ça hurle. Dans le salon, je retrouve Ormaz qui augmente le son des enceintes et Elyo vient vers moi directement. Je lui souris franchement alors qu'il me sert la main avant de me prendre dans ses bras.
– C'est bon, mec, je ne t'en veux pas.
– Ça t'apprendra, la prochaine fois, à me cacher un truc aussi important.
J'acquiesce et cherche Anna du regard avant que ses yeux tombent dans les miens. Je lui fais un clin d'œil discret et elle rigole en tentant d'échapper à Adrien qui veut la porter sur son dos.
– Et avec elle ?
– Je ne me prend pas la tête. Je lui ai tout expliqué et elle a tout compris mais elle ne m'a pas caché qu'elle ne se privera pas pour moi.
– Tant mieux, je lui lance un regard mauvais. Quoi ? Manquerai plus qu'elle t'attende alors que t'es indécis. Ça te fera un électrochoc. Je sais que tu sais, t'es pas si con que t'en as l'air.
Je lui frappe l'arrière de la tête. Finalement, ma blonde s'approche de moi et je fronce les sourcils en me demandant ce qui lui passe par la tête. Quand elle est assez proche, elle se précipite pour me voler ma casquette et se barrer en courant de l'autre côté de la pièce.
– Attends toi ! je lui cours après mais elle monte sur la table. T'as un souci avec mes casquettes !
– Elle est à moi, trop tard, dit-elle en la vissant sur sa tête.
– Descends de là, tu vas tomber.
– T'inquiète pas pour moi.
– Tu risques de tomber, Anna.
– Tu me ramasseras comme la dernière fois.
Tout ce que je demande, c'est de ne pas perdre ce que notre complicité est en train de construire, peu importe comment tout ce bordel se terminera.