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𝟏𝟒

Mathieu. 

Je me fais réveiller par les rayons du soleil qui me rappellent que j'ai, bien évidemment, oublié de tirer les rideaux. Les yeux fermés, je roule sur le dos et ma main droite s'abat de l'autre côté. Vide. Elle m'a laissé me réveiller tout seul. 8h47. Putain. J'enfile un jogging noir et reste torse nu en et ouvre la porte en entendant de la musique résonner doucement.

– Elle fait pas ça dans la vidéo, je crois pas que c'est comme ça, j'entends Enzo chuchoter.

– Avec un fouet, pas avec une cuillère, Enzo ! Il a pas ça ici Mathieu ?

– Mathieu n'a rien du tout, il sait pas cuisiner. C'est Mamie qui cuisine.

J'arrive dans l'encadrement de la porte de la cuisine et m'y appuie en me mettant à observer mes deux colocataires, dos à moi. Je ne sais pas ce qu'ils sont en train de faire, je vois juste qu'Anna n'a pas quitté son pyjama et mon petit frère est dans la même tenue que moi.

– Attends, mets ça d'abord, Anna pointe un bol à Enzo qui le verse. OK, vas-y, tu peux mélanger.

– Tu penses que Mathieu va se réveiller bientôt ?

– On ira le réveiller s'il faut.

– Et t'as dormi avec lui ? demande-t-il.

– Oui, pourquoi ?

– T'es sa copine ?

– Non, rigole-t-elle, c'est mon ami.

– Comme Elisa, Hugo et moi ?

– C'est tes meilleurs copains ?

– Ouais.

– Alors oui. C'est comme ça avec ton frère et moi.

Je viens de me faire friendzone, là ? Stop.

Je me racle la gorge et Enzo est le premier à se retourner quand je m'approche

– Regarde Mathieu, je fais des crêpes !

– Je vois ça, j'embrasse Anna sur la tempe et ébouriffe les cheveux de mon petit frère. Vous suivez une recette ?

– Je connais la recette par cœur mais Enzo a voulu faire les choses bien, dit-elle.

– Vous avez besoin d'aide ?

– Non, lâche Enzo, on n'a plus qu'à faire cuire.

Pendant au moins vingt minutes, ils sont tous les deux devant la gazinière à faire cuire les crêpes et je reste à les regarder, assis sur le plan de travail après avoir remplis deux tasses de café et sorti un bol et du lait pour Enzo.

– Tu veux essayer d'en faire sauter une ? Anna lui demande.

– Oh ouais !

Elle attrape la louche et la verse dans la poêle puis lui donne la spatule.

– T'as bien dormi ? je demande.

– Super. Toi ?

– J'aurais pu dormir quatre heures de plus. Tu t'es levée tôt.

– Je n'arrivais plus à dormir et Enzo était debout alors je lui ai proposé de faire le petit déjeuner. Vas-y, retourne, elle tend le manche à Enzo.

Mon frère décolle le contour, attrape le manche de la poêle, donne une petite impulsion et la crêpe se plie sur elle-même. Un rire m'échappe et Anna me donne un coup en souriant.

– Attends, je te montre, lui dit-elle en attrapant la spatule pour replacer la crêpe correctement. Un coup sec en levant ta poêle et en l'amenant vers toi.