𝟑

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Mathieu.

Comme prévu, je me retrouve en boîte de nuit sur Paris avec mes meilleurs amis, dans un carré pour être tranquilles. Anna est arrivée avec moi puisque, comme prévu, c'est moi qui suis allé la chercher. Je ne sais même pas pourquoi mon stupide cerveau lui a proposé de nous accompagner.

– J'ai pensé à ce que tu m'as dit tout à l'heure, lâche la chanteuse assez fort à mon oreille.

– À propos de ?

– L'écriture, quand tu m'as dit ne pas pouvoir écrire certaines choses si tu ne les vivais pas. J'imagine que t'écris depuis longtemps ?

– Tu veux pas aller dehors ? J'ai besoin de fumer et on s'entend pas, ici.

À vrai dire, je ne lui laisse pas le temps de me répondre et me lève en remettant ma casquette sur la tête. Elle hoche quand même la tête, attrape son verre à moitié plein et me suit dans les escaliers. Son poignet entre mes doigts, je la guide jusqu'à retrouver la sortie où j'allume ma cigarette sans attendre. Foutue nicotine, je pense que je n'arriverai plus jamais à m'en passer.

– Je peux t'en piquer une ? J'ai laissé mon paquet dans ma veste au vestiaire.

– Je ne savais pas que tu fumais, lui dis-je en lui tendant mon paquet.

– Il y a sûrement un millier de choses que tu ne sais pas sur moi. Ne sois pas pressé, c'est que la première journée, elle me sourit.

– J'imagine, ouais, je lui souris en baissant la tête. Par rapport à ce que tu me disais là-haut, ça doit faire dix ans que j'écris vraiment. Pourquoi ?

– Est-ce que tu gardes tes brouillons ? Si t'écris depuis si longtemps, il te reste peut-être des textes par-ci, par-là, non ?

– Pas sûr, mais je peux regarder dans mes vieux cahiers. Pourquoi ? je répète.

– Si t'es déjà tombé amoureux, t'as dû écrire dessus.

– C'est pas comme ça que ça marche chez moi, je ricane, je ne recycle pas mes textes.

– Je commence à voir ce que me disait ton manager quand il me disait que je risquais de me tirer les cheveux avec toi. Ça risque d'être plus compliqué que prévu... T'as jamais rappé avec une chanteuse, j'ai jamais chanté avec un rappeur, ça va être drôle, elle termine son verre d'une traite après avoir tiré sur sa cigarette.

– T'as une sacrée descente, je souris en lui tendant mon bras, qu'elle utilise comme pilier. C'est ton combientième, là ?

– Je ne suis pas bourrée.

– J'ai rien dit, je lève les mains au ciel.

– Tu l'as insinué, son index me pointe.

– Même pas. Je remarque juste que t'es pas la même personne que tout à l'heure, t'es... plus avenante ?

– Je ne suis pas avenante, tu m'as proposé ton bras et je m'en sers parce que j'ai mal aux jambes.

– Termine ta clope et on rentre, je réplique en écrasant mon mégot sur la poubelle. La discussion n'a pas avancé et n'avancera pas ce soir, on est pas en soirée pour parler boulot.

– On est là pour quoi, alors ?

– Danse, chante, peu importe. Fait ce que tu veux, commande ce que tu veux, profite. On est V.I.P., Anna.

– Tu danses avec moi ?

– Dans tes rêves.

– Allez !

– Anna, je ne danse pas, je retourne là-haut.

– Je viens avec toi.

– Mais va danser, il y aura sûrement un des mecs qui te rejoindra.

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