Gabriel

By BillyRyan_

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Gabriel est un jeune homme mal dans sa peau, même s'il ne le montre jamais. Gabriel est entier, passionné, tu... More

AVANT-PROPOS
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 24
Epilogue

Chapitre 17

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By BillyRyan_

« Etre parent n'a rien de difficile. Assumer les erreurs qu'on a faites en pensant que c'était de l'éducation est le véritable challenge. »

— Madeleine Saint-Clair


Ce moment, je l'ai redouté autant que je l'ai attendu pendant des années : William m'accompagnant chez mes parents pour les rencontrer. Enfin. Une tape sur l'épaule attire mon attention. William me sourit alors qu'on s'arrête devant la porte d'entrée, avant de sonner.

« Comment tu te sens ? »

Je hausse les épaules. C'est très confus. Par exemple, je sonne, alors que c'est chez moi. Est-ce que c'est révélateur de quelque chose ? Je crois oui, ça fait un moment que je ne me sentais plus être le bienvenu ici.

« Je n'en sais rien. Stressé, peut-être ? »

Je n'ai pas le temps de m'étendre plus : la porte s'ouvre et ma mère fond sur moi pour me serrer dans ses bras. J'appréhendais les retrouvailles : est-ce que ce serait tendu, est-ce qu'elle serait sur la réserve, est-ce qu'elle camperait toujours sur les positions qui l'ont poussé à me foutre dehors ? Je réalise maintenant qu'elle ne s'est même pas posée toutes ces questions : c'est ma maman et je lui ai manqué. Alors, moi aussi, je la serre dans mes bras aussi fort que je le peux. La tape de William sur mon épaule me fait comprendre qu'on me parle ; ma mère chuchote à mon oreille gauche.

« Pardon maman, j'entends pas. »

Je me détache d'elle et je constate qu'elle pleure. Ça me retourne les trippes.

« Maman...

— Désolée, tu m'as manqué. »

J'essuie ses larmes avant de déposer un baiser sur sa joue.

« Viens... »

Le reste de sa phrase est incompréhensible et ça me fend le cœur au point de voiler mon regard sur le champ : ma mère a une voix trop douce, trop aiguë. Je ne parviens pas à l'entendre parfaitement. Je lis sur ses lèvres, je crois entendre quelque chose en essayant de me rappeler du son de sa voix, mais c'est très loin de la réalité. Je n'entends plus la voix de ma maman, je ne l'entendrais plus jamais et c'est presque insupportable.

« Qu'est-ce qu'il se passe ?, demande William.

— Je n'entends plus sa voix. »

J'ai dû parler trop fort parce que le visage de ma mère change complètement ; je peux y lire tellement de peine et de regrets que je retourne directement lui faire un câlin.

« C'est rien, ça va aller. »

Je mens, bien sûr, mais pour le moment, c'est nécessaire.

Elle nous amène dans le salon où mon père se tient là, droit comme un I. Dans mon souvenir, il n'avait pas l'air si vieux et je ne suis pas stupide : je sais que mon départ y est pour quelque chose. Avec mon père, on n'a jamais été dans la démonstration de sentiments parce que ce n'est pas mon truc, mais quand on manque de mourir à l'autre bout du monde, seul, et loin de sa famille, on arrête de se poser trop de questions. Enfin, je crois.

Je m'approche de lui pour le serrer dans mes bras et son étreinte me fait beaucoup de bien. Marie est là aussi, installée dans le canapé. Elle se lève pour me faire un câlin et je réalise à quel point le sens du toucher est important lorsqu'on n'est plus capable d'entendre combien est aimé. Là, je peux le sentir. Ça n'était jamais arrivé avant.

« Je vous présente William. C'est... »

William me coupe la parole ; je le sais parce qu'il tend une main à mon père et que j'ai reconnu les vibrations qu'émet sa voix lorsqu'il parle. C'est une voix grave, j'entends beaucoup mieux. Il s'est présenté à mes parents et je ne sais pas sous quelle forme. Est-ce qu'il a dit qu'il était mon ami ? Mon petit ami ? Une connaissance ? Vu la distance qu'il met entre nous, je suppose qu'il s'est présenté comme un ami – et c'est sans doute pour ça qu'il m'a coupé la parole.

On prend tous place dans le salon et William sort un dossier ; je sais ce que c'est et, si au début j'arrive à suivre, lors d'une conversation collective, je décroche en moins d'une minute. Je m'enfonce dans le canapé et je laisse mes yeux vagabonder sur les alentours pendant que ma famille discute avec William de ces foutus appareils auditifs, ainsi que des opérations possibles pour tenter de me rendre l'ouïe.

Presque rien n'a changé, ici. Il y a plus de photos qu'avant et, Marie et moi sommes sur la plupart d'entre elles. Je crois que la table basse est neuve car c'est la même qu'avant, en moins abîmée. L'emplacement des canapés n'est plus le même non plus. Est-ce que le tapis de la salle à manger était là avant ? Aucune idée. Sans me préoccuper de qui que ce soit, je me lève pour rejoindre ma chambre et, là, je suis sûr que rien n'a changé. Tout est exactement à sa place et pourtant les draps sentent le frais, il n'y a pas de poussière sur les meubles. Ma mère a véritablement attendu mon retour et je m'en veux de ne pas y avoir cru.

Je ne sais pas pour combien de temps ils en ont, mais lorsque je vois la fenêtre entrouverte, je n'hésite pas une seconde : je l'ouvre en grand et je passe au travers pour sortir. Je n'ai pas fait ça depuis une éternité et je manque de me casser la figure à plusieurs reprises. Je traverse mon jardin pour rejoindre celui de Naël et, contre toute attente, l'échelle est toujours là, comme si elle n'attendait qu'à être utilisée à nouveau. Je la positionne correctement et je grimpe mais... la fenêtre est fermée à clé. Normal, au fond, il ne m'attend plus. Je toque au carreau, incapable de savoir si c'est trop fort ou non et le coup de massue qui suit est trop violent pour être réel. Naël n'apparaît pas à la fenêtre, c'est Flynn. En caleçon. La tête dans le cul. Il tourne la tête pour dire quelque chose et dans la seconde, Naël se pointe, mais c'est trop tard. Il ouvre la fenêtre et je baisse les yeux pour ne pas l'entendre. Voilà pourquoi il ne m'a pas pris dans ses bras à l'hôtel. Il est passé à autre chose.

Je redescends rapidement et je suis bien arrangé de n'entendre qu'un vague brouhaha parce que la sensation de mon cœur cognant trop fort à mes tempes est presque intolérable. Mon retour au salon par la porte du jardin n'alarme personne ; ils ont l'air en grand débat pour parler de quelque chose qui me concerne comme s'ils avaient leur mot à dire. Mais c'est pas le cas parce que ces oreilles dysfonctionnelles sont les miennes.

« Je veux rentrer. »

Tous les regards se tournent vers moi et William se lève immédiatement.

« Qu'est-ce qu'il y a ?

— Je suis fatigué, je veux partir. »

Ma mère se lève aussi, je n'entends pas ce qu'elle dit et comme mon regard est brouillé par les larmes, j'ai beaucoup de mal à comprendre ce qu'elle raconte. Mais je la connais, je suis capable de deviner qu'elle s'attendait à ce que je reste ici.

Marie s'approche pour parler à mon oreille et j'apprécie son geste. Elle me connaît bien et le câlin qui complète ses paroles me rassure. Elle sait toujours comment agir avec moi, même après tout ce temps passé loin de l'un de l'autre.

« Reste. T'as besoin de ta famille. »

Je n'ai même pas envie de protester parce que je la crois. De toute façon, William ne s'est pas arrêté de vivre. Personne, d'ailleurs. Surtout pas Naël. Je m'accroche à ma sœur et elle caresse tendrement mon dos.

« Ok. »

Je me détache d'elle en déposant un baiser sur sa joue et je regagne ma chambre sans un mot. Aux yeux de William, je suis un ami dysfonctionnel qu'il faut réparer et il a assez d'argent pour ça. Alors il ne mérite pas que je lui dise au revoir.

Ça ne l'empêche pas de me suivre et comme je ne l'écoute pas, il se saisit de mon menton pour m'obliger à le regarder. Il semble en colère.

« Qu'est-ce qu'il y a ?

— Je suis qui ?, je lui demande.

— Gabriel, de quoi est-ce que tu parles ?

— Pour toi, je suis qui ? Qu'est-ce que tu as dit à mes parents ? »

Il soupire et il me lâche mais je ne le quitte pas des yeux.

« Je suis marié, Gabriel. J'aurais l'air de quoi, en me présentant comme ton petit ami, hein ? Qu'est-ce que penseraient tes parents ?

— Laisse-moi. »

La porte de ma chambre s'ouvre à nouveau et quand je vois Naël apparaître derrière William, mon souffle se coupe.

« Bonjour. », signe Naël une fois qu'il est certain que je le regarde.

Je suis surpris par son geste. Il sait que j'essaie d'apprendre la langue des signes ? Ou bien il s'en doute simplement ? Et lui, il l'apprend ? Ou il a simplement regarder quelques mots sur Internet ? Quelques mots de Naël c'est toujours plus qu'aucun de William. Mon cœur bat la chamade parce qu'il a fait un effort pour moi et j'en ai un coup de chaud. Avant de réaliser qu'il était endormi avec Flynn, ce matin. Je n'ai plus envie de parler et je n'ai plus envie de les voir non plus alors j'attrape mon téléphone et j'écris quelques mots dans les notes.

"Sortez s'il vous plaît. Tous les deux."

Je leur tourne le dos parce que, pour l'instant, je ne suis pas capable d'avoir une quelconque conversation. J'ai simplement besoin de rester seul. Enfin...

« MARIE ?! »

Je ne sais pas à quel point j'ai crié fort, mais elle est arrivée en courant, un peu paniquée.

« Tu restes avec moi ?

— Tu ne veux pas venir parler du dossier ?

— Pour quoi faire ?

— Essayer de retrouver un semblant d'ouïe.

— Pourquoi faire ? Tu m'aimes moins maintenant que je n'entends plus ?

— Quoi ? Non ! Bien sûr que non.

— Alors j'ai pas envie d'en parler. Je veux que tous les gens qui ne sont pas de la famille s'en aillent. Je n'ai plus envie de voir personne. Je veux juste me coucher. »

Marie tourne le regard et je constate que William et Naël sont toujours là, à l'entrée de la porte. Marie attrape mon menton pour que je la regarde.

« Tu as rendez-vous avec un orthophoniste cet après-midi ? »

Je hausse les épaules.

« Tu dois t'y rendre. »

À nouveau, elle tourne la tête parce que William lui parle, mais je ne quitte pas son visage des yeux. Elle a des cernes énormes, creusées. Je n'avais jamais vu ça sur le visage de ma sœur, avant.

« Gabi, tu dois y aller. C'est important.

— Qu'il vienne ici. Mais je veux qu'ils sortent. Tous les deux. »

Marie me serre dans ses bras et elle sort quelques minutes. Quand elle revient, je suis couché dans mon lit, dos à la porte. Mais elle s'en fiche, elle se glisse entre le mur et moi pour être sûre que je la regarde. Elle caresse ma joue. Mon oreille.

« Naël est avec Flynn maintenant ?

— Oui.

— Il est heureux ? »

Je vois qu'elle hésite à me mentir. Et j'aimerais vraiment qu'elle le fasse. Je sais qu'il ne m'aime plus, j'en ai conscience. Mais j'aimerais mieux qu'elle me mente parce que c'est trop difficile d'imaginer que s'il l'est, ce n'est pas grâce à moi. Seulement ma sœur, c'est pas une menteuse.

« Oui, je pense. »

Mon cœur se brise et j'aimerais beaucoup lui dire que c'était tant mieux pour lui. Mais je n'y parviens pas. Naël est passé à autre chose alors que je réalise lentement à quel point l'égoïste en moi aurait aimé qu'il m'attende éternellement. 


#GabrielFIC

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