V A L E N T I N
Lalie vient de me cracher de la bière à la figure. Elle a les yeux écarquillés. Nous sommes sur la terrasse d'un café, et je viens de lui annoncer que je venais de me mettre en couple. Je ne l'ai jamais vu aussi choquée. Je m'essuie le visage avec une serviette, soupirant devant son air hagard.
— C'est un prank c'est ça ? questionne-t-elle, n'en revenant toujours pas.
— Non.
— Attends attends... Faut que j'assimile l'information... Redis-moi ça, me prie-t-elle en reprenant une gorgée du liquide alcoolisé.
— Je suis en couple.
Elle me recrache à la gueule et éclate de rire devant ma tête déconfite. Mais quelle connasse. Je me venge en l'aspergeant à mon tour. Même si je crèverai plutôt que de l'avouer, j'adore cette meuf. Entre nous c'est l'amour vache. Mais je jure que si elle ose m'arroser encore une fois, je lui vide ma cannette entière sur la tête.
— D'un côté, je suis surprise. J'aurais jamais pensé que tu serais capable de sauter le pas. Mais d'un autre côté, je dois avouer que la façon dont tu regardais ce gars l'autre fois devant la boite de nuit m'avait mis la puce à l'oreille.
Je hausse un sourcil.
— Comment ça ?
— Je sais pas. T'avais un regard doux. Presque heureux.
— Arrête, tu vas me faire vomir.
Elle rit. Je finis ma bière avant de reporter mon attention sur elle.
— Je suis contente pour toi, déclare-t-elle avec un sourire sincère. Attends, mais du coup, avec qui je vais aller draguer en discothèque maintenant ?!
— Comme si t'avait besoin de moi pour pécho du mâle.
— Mais c'est pas drôle si j'y vais toute seule, chouine-t-elle en faisant la moue.
— T'as qu'à te mettre en couple toi aussi. J'suis sûr qu'une tonne de mec rêve de pouvoir sortir avec une bombasse comme toi.
— Arrête, tu vas me faire vomir.
Nous éclatons de rire. Elle ne changera jamais. Finissant sa cannette, elle reprend soudain un regard plus sérieux.
— Ce soir, on sort en boite pour fêter ça ! Une toute dernière fois, pour célébrer ta mise en couple. Ce sera ton enterrement de vie de célibataire ! s'exclame-t-elle comme si elle venait d'avoir l'idée du siècle.
Je souris. Cette idée me plaît.
— Deal, approuvé-je.
C'est ainsi que la nuit venue, vêtue de sa plus belle tenue, Lalie me conduit jusqu'à la fameuse discothèque. J'ai comme un sentiment de nostalgie en remettant les pieds dans la salle. Ça faisait longtemps que je n'étais pas revenu. Je n'avais pas ressenti le besoin de revenir à cause de Félix qui occupait toutes mes pensées. On ne peut donc pas dire que l'endroit m'ait manqué. Néanmoins, l'idée d'une dernière danse me plaît bien. Pour marquer le coup, ça me paraît la solution idéale.
Alors, doucement, je retrouve mes habitudes. Je ferme les yeux, me laissant aller au rythme de la musique. Lalie est juste en face de moi, et calque mes mouvements avec un grand sourire. Nous nous défoulons, oubliant nos problèmes, nos angoisses, nos vies. On danse à n'en plus pouvoir, rigolant pour un rien. J'ignore l'heure qu'il est, je sais juste qu'à cet instant, je me sens bien.
Lalie finit par me lâcher, ayant repéré sa proie. Je me laisse alors complètement transporter par la musique. Je fais le vide dans mon esprit, me concentrant exclusivement sur mes mouvements et la chanson crachée par les enceintes. Lorsque je rouvre les yeux, je tombe nez à nez sur un regard insistant, appartenant à un mec qui semble un peu plus vieux que moi.
Immédiatement, l'image de Félix apparaît dans ma tête. Je ne suis plus libre de draguer qui je veux. Cette révélation me fait l'effet d'un choc. Je crois que je ne l'avais pas encore bien réalisé. Perdu dans mes pensées, je ne remarque pas que l'homme s'est rapproché de moi. Le Valentin célibataire et libre comme l'air que j'étais aurait sans aucun doute sauté sur l'occasion pour le pécho. Mais à cet instant-ci, je n'en ai pas la moindre envie.
Je souris dans le vague. Je n'ai envie que de Félix. C'est niais à souhait, mais c'est la pure vérité. C'est une évidence. Me faisant sursauter, les mains de l'inconnu de posent sur ma taille. Avant, je l'aurais laissé faire sans hésitation, et l'aurais clairement aguiché. Mais maintenant, ce seul contact me répugne. Et alors que je m'apprête à me dégager de son emprise, mes yeux tombent sur la personne qui occupe mon coeur et mes pensées. Félix me regarde avec tristesse et déception.
J'écarquille les yeux en l'apercevant et en me rendant compte de la situation. Merde. Il tourne le dos, s'enfuyant d'un pas pressé vers la sortie. Instantanément, je repousse avec force cet anonyme trop entreprenant et fonce à la poursuite de Félix. Je sens mon poul s'accélérer et mon coeur se serrer. Je ne veux pas le perdre.
J'ai beau hurler son nom, il ne daigne pas se retourner, et accélère. Je sais qu'il m'entend. Heureusement, en piquant un sprint, j'arrive à temps pour l'empêcher de monter dans sa voiture, faisant barrage entre lui et son véhicule.
— Laisse-moi t'expliquer !
— Y a rien à expliquer, crache-t-il. Ta pote m'avait appelé pour te faire la surprise, mais je ne m'attendais absolument pas à tomber sur ça. Je te faisais tellement confiance... Tu sais quoi ? Laisse tomber, pousse-toi, je me casse.
— Mais écoute-moi bordel ! m'emporté-je. C'est un putain de malentendu ! J'ai jamais voulu ça, d'accord ! Je voulais juste décompresser une dernière fois avec Lalie pour justement fêter mon couple !
Il écarquille les yeux en m'entendant ainsi parler de nous.
— J'arrête pas de penser à toi putain ! Ce mec là, j'étais sur le point de le repousser ! J'ai pas envie de lui... Ça me fait chier, mais la seule personne dont j'ai envie pour le moment, c'est toi.
Je suis à bout de souffle. Je crois que j'ai parlé un peu trop fort, quelques personnes me dévisagent. Je soupire, passant mon bras devant mes yeux brillant de larmes. J'ai le ventre noué par la peur, la peur qu'il me quitte pour un malheureux quiproquo. Je n'ai jamais craint quelque chose aussi fortement.
Avec une extrême douceur, je sens sa main se saisir délicatement de la mienne. Il m'attire contre lui, m'entourant de ses bras protecteurs. Je me laisse aller, cachant mon visage et mes pleurs contre son torse. Il me frotte doucement le dos, déposant un baiser dans mes cheveux. Je le serre de toutes mes forces. Je ne veux pas qu'il me laisse tomber.
— Je te crois.
Un énorme poids quitte mes épaules. Je soupire de soulagement. Je me calme peu à peu, rassuré, délivré, apaisé. Je m'écarte de lui à contre-coeur, lui offrant le plus beau sourire que je puisse faire, le visage encore humide par le sillage de mes larmes. Il me sourit à son tour avant de m'embrasser chastement sur les lèvres.
— Bon, c'est pas tout ça, mais on a un enterrement de célibataire à fêter nous ! s'exclame-t-il, sincère.
Je pouffe.
Je ne sais pas si notre couple durera longtemps, s'il sera un échec, ou au contraire une formidable exception qui me fera passer des moments inoubliables. Mais ce que je sais, c'est que pour le moment, je suis fou amoureux de ce beau blond aux phrases de dragues à deux balles. Et je compte bien savourer au maximum les instants passés à ses côtés.
FIN.
Que c'est niais :')
Enfin, c'était ma deuxième short story bxb, j'espère qu'elle vous aura plu ! :3
Une autre est justement en cours d'écriture, je la posterai une fois fini. L'intrigue sera un peu plus poussée, recherchée et originale que celle-ci. Bref, je ne vous en dis pas plus ;).
La biz <3
Mira♡