Je me réveillai dans un sursaut, le cœur battant, et les lèvres tremblantes.
Je ne pleurai pas mais j'étais essoufflée, comme si c'était réellement moi qui avais hurlé.
Mon cou me brûlait encore. Il fallait vraiment que je trouve un moyen de retirer ce collier.
Il y a des gens qui disent que dans les rêves, les émotions qu'on ressent sont de la même puissance que si on les vivait en vrai. C'est faux.
C'est cent fois pire.
Je pense ne jamais ressentir une telle souffrance. Impossible, puisque même à la mort de mes parents et d'oncle Kern je n'ai pas été aussi triste et désespérée.
La pluie s'était arrêtée, et le silence de la nuit pesait. Je regardai l'heure : une heure du matin.
Je me retournai et décidai de changer les linges sur le front et les bras de Nikolas. Sa peau pâle avait commencé à se refermer sur certaines blessures.
Alors que j'essuyai son front toujours brûlant de fièvre, il ouvrit les yeux. (enfin, l'œil)
-Merci.
Étonnant, de sa part. Je ne savais pas qu'il connaissait même ce mot.
-Tu as beaucoup saigné, tu veux de l'eau ou à manger ? répondis-je, impassible.
Il se pencha et attrapa une bouteille dans sa portière.
-Il va falloir qu'on parte rapidement d'ici, ils vont forcément penser à cet endroit.
-Ils, ceux qui m'ont tiré dessus ? enchaîna-je, profitant de cette rare élocution.
-Oui, avec des piques préalablement trempées dans de la lunifine.
-Lunifine ? Je n'ai jamais entendu ce nom autre part ?
-C'est normal, c'est un produit que les scientifiques ne connaissent pas. C'est l'équivalent d'un mélange entre du somnifère et de la morphine, uniquement efficace sur des lunn. Pour des gens normaux, c'est un poison extrêmement puissant qui les terrasserait en quelques secondes, à la simple inhalation.
C'était donc ça. Ils avaient tiré sans être sûr que j'étais bien une "lunn".
-Qui sont ceux qui nous poursuivent ?
Nikolas hésita, pesant le pour et le contre, et finit par me répondre ce que je craignais :
-Ma famille.