Opération Reddition - édité

By amandinemataga

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Il y a des secrets qui rapprochent et d'autres qui séparent, mais rien ne brise jamais les promesses d'enfant... More

NOTE DE L'AUTEUR (avis à la populace !!!!)
Chapitre 1 partie 1
Chapitre 1 partie 2
Chapitre 2
GRANDE NOUVELLE !!!!!!!!!!
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
💥OFFRE ÉCLAIR AMAZON DU MOIS D'AOUT 💥
Pré-commandes Ebooks ❤️❤️

Chapitre 3

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By amandinemataga

Alec

— Alec, tu devrais rentrer te coucher mon gars. Ça ne résoudra rien...

— Va te faire foutre, Clay, ressers-moi !

J'ignore sciemment son air désapprobateur et porte le verre empli de liquide ambré à mes lèvres. À partir d'un certain nombre, j'ai cessé de compter. Je ne sens à présent plus, ni l'odeur du breuvage, ni la brûlure de l'alcool, ni même son goût. De toute manière, tout ce que je souhaite c'est sombrer, et je suis sur la bonne voie, à n'en pas douter.

Putain de journée de merde !

Non content d'enterrer ma meilleure amie, officiellement ma femme depuis trois mois, il a fallu qu'elle soit là. Elle, et son visage de princesse conquérante. Elle, et son foutu regard à vous en crever les yeux. Elle, et sa bouche à damner un saint.

Bordel !

Je finis mon verre cul sec et le repose avec force sur le comptoir crasseux du seul pub aux alentours. Plus de dix putain d'années que je ne l'avais pas vue, et jamais je n'aurais cru la revoir un jour. Je savais que Beth et elle étaient toujours en contact de manière épistolaire. Beth gardait ses secrets, et Gabrielle Stone était tabou entre nous, comme dans toute la ville à vrai dire... Elle était devenue comme un fantôme dont on proscrit le nom par crainte qu'il ne revienne vous hanter.

Fais chier !

Quand elle est apparue, j'ai cru un instant que la fatigue me donnait des hallucinations. Elle se tenait là, bien droite au centre de l'allée, telle une reine devant ses sujets, dédaignant les mauvaises langues murmurant tout autour d'elle. J'ai suivi sa progression jusqu'à ce qu'elle prenne place en bout de banc. Puis, son visage de glace s'est métamorphosé peu à peu, adoucissant ses traits, lorsque sa joue s'est posée sur celle de cet homme. Son mari.

— Un autre, grogné-je.

Elle est mariée...

Après l'église, j'ai cru qu'elle était partie, que le mirage s'était dissipé. Pourtant, j'ai guetté à chaque instant son apparition. Quand elle a passé le pas de la porte aux côtés de cet étranger, j'ai été incapable de ne pas m'approcher. Comme un putain de papillon attiré par la lumière ! Je comptais déverser sur elle cette colère qui me dévorait depuis tant d'années, mais je n'avais pas prévu la suite.

Son mari... Beth était-elle au courant ?

Il faut que je boive pour ne plus penser, pour empêcher toute cette merde de me retourner le cerveau. L'oublier elle, tout simplement, et l'ensemble des souvenirs qu'elle ramène à la surface par sa seule présence.

J'entends la porte grinçante du bar claquer derrière moi, mais reste immobile à fixer mon verre vide que ce connard de Clay refuse de remplir à nouveau. J'ai conscience d'une présence approchante, comme de toutes les personnes évoluant autour de moi, constamment en alerte, prêt à passer à l'action au moindre problème. Bordel, même au plus mal, mes instincts restent acérés, comme ancrés en moi, gravés dans mes os !

— Je savais bien que je te trouverais là, mon garçon.

Monsieur Kerington... Clay a dû le prévenir, rien ne reste jamais secret à Richmond ! Je foudroie ce dernier du regard et il me tourne prestement le dos.

Dégonflé !

— Tu es parti très vite, je n'ai même pas eu le temps de te parler.

Je ne réponds rien, mes lèvres fermement scellées, de peur que mes paroles ne dépassent ma pensée. Outre la quantité phénoménale d'alcool dans mon sang et mon esprit embrumé, je ne peux ni ne veux écouter ce qu'il a à me dire. Je connais cet homme depuis ma plus tendre enfance, et là où mes parents ne sont que froideur, lui et sa femme m'ont toujours accueilli, soutenu et poussé avec une bienveillance qui faisait défaut à mon foyer.

Quand la porte a claqué derrière eux, j'étais dans un tel état de rage que je n'avais qu'une envie : tout détruire. Pourtant, l'armée m'a appris à contrôler mon esprit, à maîtriser une situation, à appréhender tout problème et à trouver une solution rapide et efficace. Mais il n'y a jamais eu aucune solution pour Gabrielle Stone...

Je suis un SEAL, bordel ! Un commando de la Navy entraîné aux opérations spéciales !

Pendant près de deux ans de formation, de tortures physiques et mentales, par tous temps, dans toutes conditions, on ne vous explique pas comment gérer ce genre de tempête. J'ai appris à repérer un ennemi, une menace, à observer, analyser, puis détruire. Sans un bruit, sans bavure. Mais aujourd'hui, je suis perdu.

Il a suffi d'un regard...

Il ne me restait alors que deux choix : m'en aller et me terrer le temps que l'orage passe, où envoyer chier tous ces voyeurs n'attendant qu'une réaction de ma part pour divertir les commères au brunch du lendemain. J'ai donc choisi de me replier, ignorant le regard suppliant de monsieur Kerington et le besoin que je lisais dans ses yeux de s'expliquer. J'ai démarré ma caisse et conduis une bonne heure avant de m'arrêter dans ce boui-boui à la sortie de la ville, où se regroupent habituellement les maris infidèles et les gens que notre merveilleuse petite bourgade dénigre allégrement.

Verre après verre, je me suis maudit. J'aurais dû pleurer la mort de ma meilleure amie, de ma femme, plutôt qu'être obsédé par cette sorcière. Par son regard déstabilisant. Mais surtout, par les mots qu'elle avait prononcés et la sensation étrange que j'avais alors ressentie.

« Alexander, une vieille connaissance... »

Bordel ! Sur le moment j'ai eu envie de la secouer comme un putain de prunier pour briser cette glace, détruire l'impassibilité de ses traits. Je t'en foutrai « une vieille connaissance » ! J'aurai tout donné pour enfin voir ses yeux briller d'une émotion quelconque : la colère, la tristesse, la passion, le... désir ?

Je secoue la tête, tentant d'y chasser ce genre d'idées qui ne ferait que précipiter ma folie, et me concentre sur le verre vide devant moi.

— Je ne te remercierai jamais assez pour ce que tu as fait pour ma fille.

Malgré la brume qui parsème ma conscience, j'entends ces mots et ceux qu'il ne prononce pas.

— Je sais que tu l'aimais d'une certaine façon, mais aujourd'hui tu dois reprendre le cours de ta vie, aller de l'avant et te construire.

Je lâche mon verre des mains de peur de le briser. Je déteste ce qu'il me dit, ce qu'il insinue. Que croit-il savoir ? Tous mes choix, je les ai faits en pleine connaissance de cause. Quand j'ai appris pour Beth, j'ai quitté le terrain, mes frères d'armes, tout ce pour quoi je me suis battu. Alors que je m'étais juré des années auparavant de ne plus jamais le faire, j'ai été jusqu'à demander une faveur à mon père, le afin d'obtenir une permission exceptionnelle sans date fixe de retour.

Je savais bien que notre temps était compté, que la fin serait inéluctable. Le jour où elle m'a téléphoné, comme le soldat que je suis j'ai pris une décision rapide et agi avec efficacité. En moins de vingt-quatre heures, mes effets personnels étaient emballés, mes affaires mises en ordre, et je me trouvais dans un avion pour un retour aux sources. Malgré toutes les protestations et menaces de Beth, je n'avais pas flanché et lui avais promis d'être présent à chaque instant jusqu'à ce qu'elle me laisse.

À présent, ma parole tenue, j'ai l'impression d'être sans but. Que dois-je faire ? Retourner me battre comme si de rien n'était, comme si une partie de mon monde ne venait pas de s'écrouler ? Tourner la page ? Ces questions s'ajoutent à toutes celles qui tourbillonnent sans cesse dans mon esprit. Je me sens incapable de prendre une décision pour le moment...

— Beth était notre unique enfant à sa mère et moi, toute notre vie. Mon petit rayon de soleil... Je l'ai vu grandir, s'épanouir, souffrir, se battre, devenir une belle jeune femme. Toute petite déjà, elle aimait cultiver son jardin, garder ses secrets, et encore aujourd'hui je ne suis pas certain que toi et moi puissions affirmer connaître tout de Beth.

Je reconnais parfaitement dans cette description ma meilleure amie. N'ai-je pas été moi-même le gardien de son dernier secret ? Pourtant, je ne comprends pas où il veut en venir. Peut-être a-t-il seulement besoin de parler d'elle...

— Ce soir-là, quand elle a demandé après moi, elle m'a fait ses adieux. Elle savait... Aucun père ne devrait avoir à faire ça, aucun...

Sa tristesse me heurte par vague, dissipant peu à peu la moindre goutte d'alcool ingurgitée plus tôt. Aucun mot, aucun geste, ne pourrait atténuer son chagrin. Alors je reste là, respectant ses temps de silence et de parole.

— Elle était amoureuse de toi. Le savais-tu ?

— Oui..., réponds-je d'une voix rauque et cassée.

— Gamine déjà, elle te suivait partout, sourit-il, plongé dans des souvenirs lointains. Ce que tu as fait pour elle..., tu ne pouvais pas lui accorder plus grand bonheur, saches-le.

Que puis-je bien répondre à ça ? La réalité n'est pas celle qu'il croit. Peut-être qu'au fond, son instinct de père lui a soufflé la vérité. Beth était amoureuse de moi, et moi, j'aurais tout fait pour elle. Pour la voir sourire et rire une dernière fois. Ne pas éteindre cette flamme qui l'animait avant. Avant la maladie. Avant cette putain de tumeur !

Ma mère a l'habitude de dire que l'on paie tous pour nos actes, une foutue histoire de karma. Et je me demande si je paie aujourd'hui, pour tous ces inconnus à qui j'ai ôté la vie, sans doute et sans remords, au nom de mon pays. Je baisse mon visage et tente de refouler la douleur lancinante qui me déchire le cœur. Je n'ai aucun moyen pour la faire disparaître, mais je peux la remplacer par une autre émotion. Une qui fait moins mal, une que je peux gérer. La colère.

— Pourquoi était-elle là ? grogné-je.

— Parce que je l'ai invitée, me répond-il avec calme.

— Elle n'avait aucun droit d'être ici ! Après tout le mal qu'elle lui a fait ! hurlé-je à cran, les poings contractés, le regard acéré.

—Alec... Comme toi, je respecte les dernières volontés de ma fille et elle souhaitait sa présence. Je comprends ce que tu ressens, pendant longtemps la colère et la rancœur m'ont rongé de l'intérieur. Et pourtant, que de temps perdu..., souffle-t-il avec une peine nouvelle.

— Putain, ne me parlez pas de temps perdu. Elle a gâché la vie de Beth, réduit à néant ses chances d'avoir une existence normale ! La place de Gabrielle Stone est en prison ! explosé-je.

Le tabouret de bois vient s'écraser avec fracas sur le sol derrière moi. Debout, le corps tremblant, je bouillonne. Son calme et son regard empli de pitié ne font qu'exacerber la rage qui coule dans mes veines. Chaque personne présente ici ce soir retient son souffle, les yeux rivés sur moi. Le silence est pesant. L'homme face à moi, qui il y a encore quelques mois respirait le bonheur auprès des siens, se lève et s'approche. Je ne bouge pas. Je suis comme une putain de grenade dégoupillée. Le moindre mouvement me fera sauter.

— J'aime ma fille, du plus profond de mon cœur, mais elle n'était pas parfaite. Tout ne semble pas toujours être ce qu'il est, tu le sais bien. Les apparences sont parfois trompeuses, ne l'oublie jamais fiston...

Sur ces mots sibyllins, il me dépasse et sort. La porte qui grince derrière lui me ramène brutalement à la réalité. Comment peut-il défendre cette femme qui a détruit une partie de la vie de sa fille, de sa famille ?

— Qu'est-ce que vous avez tous, bande de connards à me mater ? Vous voulez ma photo peut-être ?

Je me rassois et prends une grande inspiration. Cette journée n'en finira-t-elle jamais ? Par chance, cet abruti de Clay s'approche et me ressert sans un mot. Je ne le remercie pas, depuis le temps que je le lui demandais ce verre ! Tout ce que je souhaite c'est oublier. Sombrer, et oublier.

Pourtant, alors que le liquide s'écoule lentement dans ma gorge, anesthésiant peu à peu mon corps et mon esprit, ce n'est pas le visage pâle de Beth que je perçois sous mes paupières closes, ni sa poitrine se soulever pour la dernière fois, ni son cercueil disparaître à jamais sous la terre. Non. Tout ce que je vois est : un œil vert, un œil bleu, voilés par la passion ; une peau dorée luisante de sueur ; des lèvres boudeuses rougies par les miennes ; et cette voix, qui dans un souffle, gémit mon prénom comme une douce litanie. Alec...

Bordel de merde !

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