Samedi 17h
« Attendez, on va faire à la courte paille ! », hurla Louis, fier de son idée de génie.
« Ça va encore être pour ma pomme », minauda Evan
Il savait que ça allait tomber sur lui. C'était un malchanceux né. Depuis toujours quand il s'agissait du hasard ça tombait sur lui.
Max se tourna vers lui et lui sourit. Evan aurait vraiment voulu le prendre dans ses bras tant son sourire lui faisait battre le cœur mais les autres étaient là. Alors tout ce qu'il fit se fut sourire en retour.
Une semaine complète était passée depuis qu'il s'était effondré devant Max. Et depuis, c'était comme si rien ne s'était passé. Ils ne s'étaient plus embrassés, ils n'avaient plus dormi ensemble ni n'avaient eu de geste ambigu. Evan ne savait pas vraiment tout ce que cela signifiait. Peut-être que Max avait changé d'avis ? Mais ça n'avait aucun sens, il ne lui aurait pas dit tout ça sinon...
Quoi qu'il en soit pendant cette semaine, le petit groupe d'amis avait organisé leur escapade à la montagne et mauvaise nouvelle, il n'y avait pas assez de place pour tout le monde à l'intérieur. Ils devraient donc décider de qui dormirait sous tente.
« Bonne idée ! », répondit Nathan depuis le siège conducteur.
A cinq, dans cette voiture rafistolée, ils allaient donc tirer à la courte-paille. Théo prépara les bouts de bois et tous en choisirent un. Sauf Nathan, bien entendu. Evan souffla avec soulagement en réalisant que le sien n'était pas le mauvais lot. Pour une fois, il avait eu de la chance.
« Oh non ! »
C'était Maxime. Le brun éclata de rire en voyant qu'il avait eu le bout de bois le plus court.
« AHA C'EST MAX ! », cria Louis surexcité.
Depuis le début du voyage, il n'avait cessé de parler, de crier, de chanter, de vouloir faire des jeux. Ce petit bout d'homme était une pile électrique.
« Arrête de crier j'ai compris », râla le concerné.
« Je le répétais juste au cas où ! »
Evan lança un regard amusé à son ancien ami.
« Quoi t'as peur ou quoi ? », dit Théo en tirant sur le bonnet du blond pour le faire glisser devant ses yeux.
Agacé, il le remonta et regarda Théo, furieux.
« Je n'ai pas peur okay ? C'est juste pas du tout confortable de dormir dans une tente.
- Tu serais étonné ! », rit Nathan en lui souriant à travers le rétroviseur.
Max ne répondit pas et croisa les bras contre sa poitrine.
Il garda cette position pendant encore une heure avant que sa tête ne vienne heurter l'épaule d'Evan. Il semblait dormir mais le brun le soupçonnait d'être encore réveillé. Il ne s'en préoccupa pas car il aimait ce contact. A son tour, il posa sa tête sur le crâne blond. Il apprécia le parfum qui se dégageait de la tignasse et s'endormit à son tour.
Samedi 19h
« Wouhou on se réveille, on est arrivé ! »
La voix qui tira Evan et Max du sommeil était criarde et énervante. Evan aurait voulu donner une bonne claque au propriétaire de cette voix.
Il ouvrit un œil et sentit Max remuer contre lui.
« Allez les amoureux ! On a du boulot. »
A la prononciation de ce mot, Evan se raidit. Il réalisa soudain dans quelle position ils se trouvaient tous les deux. Il rougit d'un coup et fit rouler son épaule pour se dégager de Max. Le garçon le regarda un peu perdu et les yeux gonflés.
« Qu'est ce qu'il se passe ? », demanda-t-il, la voix encore enroué par le sommeil.
Evan du se retenir de se mordre la lèvre, parce que la voix de Max était beaucoup trop sexy.
« On est arrivé ! », lui répondit-il avec le rouge aux joues.
Il se dépêcha de sortir.
Dehors, la vue était à couper le souffle. Le chalet était situé le long d'un grand lac où se reflétait le beau bleu d'un ciel d'automne. Les arbres aux couleurs rouges et or bruissaient sous la brise du soir. Leurs feuilles voltigeaient soit vers l'eau paisible, soit vers le sol, formant un tapis à la beauté digne d'un tableau de Klimt.
L'air frais qui caressa son visage était un cadeau pour ses poumons qui se déployèrent dans sa cage thoracique.
De l'autre côté du lac, des montagnes s'élevaient pour toucher le ciel. Au sommet, des nuages leur offraient la protection d'un chapeau.
Evan fut tiré de sa contemplation par un bruit d'éclaboussure, il tourna la tête et découvrit Nathan, Louis et Théo en train de se couler dans l'eau. Brisant le calme du lac.
Il ne lui fallut pas plus de 5 secondes pour enlever sa veste, son t-shirt et ses chaussures et les rejoindre en sautant.
L'eau était glacée et quand Evan remonta à la surface, c'était comme si un gros bloc de béton bloquait sa poitrine.
« Oh putain », jura-t-il en haletant, il tenta de redonner vie à ses membres qui s'engourdissaient dans l'eau. Il commença à s'habituer à la froideur de l'eau et très vite il alla rejoindre les autres qui s'amusaient à se couler.
Après un petit moment, il réalisa que Max ne les avait pas suivis. Un peu surpris, il fit courir son regard sur le bord du lac. Il s'arrêta sur la tignasse blonde. Il s'était assis sur une motte de terre, ses pieds trempaient dans l'eau et il avait une cigarette dans la bouche.
Il était si beau.
Evan nagea jusqu'au bord et se tint debout à côté de lui. Il frissonna au contact de l'air froid et se dit qu'il aurait voulu se réchauffer dans les bras de Max. Celui-ci lui adressa un sourire chaleureux et Evan sentit la chaleur emplirent tout son corps.
« Tu ne viens pas dans l'eau ? », lui demanda-t-il timidement.
L'orphelin secoua la tête, « Ça ne me tente pas trop non. »
Surpris, Evan fronça les sourcils. D'habitude, Max était le premier à faire ce genre de trucs.
« Pourquoi ? »
Le blond soupira avant de jeter sa cigarette à côté de lui. Le soleil qui se reflétait dans l'eau, faisait briller ses yeux.
« Je n'ai juste pas envie qu'on me pose des questions sur mes cicatrices. »
Oh
« Et puis... », continua-t-il en se penchant vers son oreille, « ...d'ici j'ai une vue magnifique sur ton anatomie. ».
Les joues du brun se tintèrent de rouge tandis que Max riait de l'effet qu'il avait sur lui. Le plus vieux se pencha vers lui et déposa délicatement ses lèvres dans son cou. Malgré lui, Evan gémit doucement. Quand il le réalisa, il se recula et regarda autour de lui pour voir si quelqu'un les avait vu. Mais Nathan et Théo étaient trop occupés à lancer Louis pour faire attention à eux. Gêné, il se mordit la lèvre. Il n'aurait pas dû gémir, il devait avoir l'air d'un désespéré. Mais c'était plus fort que lui.
Max le fixait, les yeux brillant de désir.
« Regarde-toi », lui susurra-t-il à l'oreille, « si beau, si innocent... Je rêve de pouvoir embrasser tes lèvres, ta peau... ».
L'atmosphère s'était réchauffée et ses lèvres s'étaient ouvertes à la recherche de l'air qui semblait se faire rare autour de lui.
« EVAN ! MAX ! VENEZ NOUS AIDER ! », cria Louis qui semblait en pleine guerre contre Théo.
Le brun sursauta car il avait oublié la présence de ses amis. Ses joues s'empourprèrent encore un peu plus sous le rire de Max.
Il connaissait l'effet qu'il avait sur son cadet et il en jouait.
« Tu aimes ça ? », demanda Evan railleur.
Etonné, Max haussa les sourcils.
« Quoi ? »
Le brun tira sur le bras de son amant, l'obligeant à se glisser dans l'eau. Les lèvres de Max s'ouvrirent pour laisser s'échapper un cri silencieux. Il ferma les yeux et crispa ses paupières.
« Putain c'est glacial ! », il cria presque. Il gardait ses bras hors de l'eau en sautillant sur place. Mais Evan n'était pas d'humeur à tergiverser alors il éclaboussa le blond qui s'arrêta de bouger.
« Déjà que tu m'obliges à venir dans l'eau, maintenant tu m'éclabousses ? », ses cheveux blonds dégoulinaient contre son visage et il pinçait ses lèvres bleutées par le froid, « Tu vas payer Evan ! ».
Et il s'élança à sa poursuite dans un grand éclat de rire, l'œil prédateur.
Ils jouèrent comme deux gamins, ne se souciant pas des autres qui s'amusaient de leurs côtés. Mais qui dit jeux d'enfants, dit blessure.
« Mais t'es complètement malade Max ou quoi ? », hurla Evan haletant, après que le blond ne l'ait gardé la tête sous l'eau un peu trop longtemps.
« Oh ça va t'es pas mort...
- J'aurai pu
- Arrête d'exagérer !
- C'est vrai !
- Tu dis n'importe quoi... »
Furieux, Evan repoussa Max et quitta l'eau.
Samedi 19h30
Le feu commençait à crépiter sur le sol. Evan, glacé jusqu'au os depuis son plongeon frotta ses mains près des flammes qui prenaient petit à petit de l'ampleur.
Il s'était senti un peu idiot en sortant de l'eau et en remarquant que son pull était aussi trempé que lui. Il l'avait laissé tomber dans une des nombreuses flaques qui bordaient le lac. Il n'en avait pas pris de deuxième, il dut donc se résoudre à simplement changer de t-shirt et pantalon. Son pull gouttait, accroché à la poignée de la porte. Max lui avait proposé un de ses sweats mais il avait refusé, encore trop énervé contre lui... Il se sentait désormais frigorifié et regrettait de ne pas avoir accepté.
Quelques minutes plus tard, ses lèvres et ses doigts étaient bleus. Il se mit à trembler, le vent froid faisait sécher ses cheveux mais le glaçait encore plus. Il se recroquevilla contre lui-même, maudissant son égo.
Bientôt, il sentit quelque chose se poser sur ses épaules. Etonné il releva la tête, Max était debout derrière lui. Il venait de déposer un de ses pulls sur les épaules d'Evan. Soulagé que le blond n'ait pas tenu compte de son refus, il s'empressa d'enfiler le sweat. Il sentait bon l'amande et il se sentit tout de suite mieux.
Reconnaissant, il jeta un regard de remerciement à son amant.
« Qui veut une bière ? »
Cinq doigts se levèrent.
Louis les décapsula contre le rebord du bac et en offrit une à chacun de ses amis. Le liquide glacé glissa le long de la gorge d'Evan, qui savoura le gout du malte.
La soirée se passa tranquillement, ils mangèrent les sandwichs qu'ils avaient préparées avant de partir et burent des bières en se réchauffant près du feu.
Evan, rancunier, ne jetait que très peu de regard à Max. Cependant, il avait remarqué que le blond ne le lâchait pas des yeux. A chaque fois qu'il croisait les deux piscines bleues, le brun n'avait qu'une envie, c'était d'aller se blottir contre lui et se réchauffer contre ce corps à la peau nacré. Mais fierté de merde... Il ne se laissai même pas aller à lui parler.
« On a plus de bières
- Il en reste dans le frigo ! »
Quatre paires d'yeux se tournèrent vers Evan qui se prélassait contre un arbre quand tout les autres étaient occupés à maintenir le feu en marche. Le concerné souffla en comprenant qu'il allait devoir aller en chercher au frigo.
« J'y vais ! »
Et il se leva péniblement, direction le chalet.
Le chalet n'était pas très grand mais suffisamment pour accueillir 4 matelas, une cuisinière, une toilette et un frigo. Il n'y avait pas d'évier. L'eau potable se situait dans la citerne d'eau à l'extérieur. Pour se laver, ils avaient le lac.
Evan pénétra dans l'unique pièce de la petite maison et zigzagua entre les sacs pour atteindre le frigo. Il trébucha trois fois avant d'y arriver. Le frigo était plein à craquer de toutes sortes de crasses, on aurait eu beau chercher, on n'y aurait pas trouvé un seul légume.
En usant des muscles de ses bras, Evan réussit à extirper le bac de bières. Faisant tinter doucement les bouteilles.
Soudain, il entendit des pas derrière lui. Il se retourna, prêt à demander de l'aide mais se stoppa bien vite en reconnaissant la tignasse dorée. Max se tenait devant lui, un petit sourire au coin des lèvres.
« Tu comptes faire la gueule encore longtemps ? », demanda-t-il.
Le plus jeune décida de l'ignorer. Il n'avait pas envie de jouer avec Max pour le moment. A la place, il se pencha et entreprit de retirer un second bac du frigo.
« Hé petite teigne, je te parle ! »
Comme Evan ne semblait pas daigner lui répondre. Max le prit par les épaules et le retourna face à lui.
Surpris, le brun n'eut pas le temps de riposter.
Leur visage se faisait maintenant face, à quelques centimètres l'un de l'autre. L'orphelin le toisait en se mordant la lèvre. La température de la pièce avait soudain grimpé de quelques degrés et Evan sentait ses joues s'empourprer.
Max tendit une main vers la joue du cadet et la caressa tendrement. Le brun abandonna toute rancune en sentant cette chaleur contre sa peau. Il ferma les yeux, profitant de la caresse.
« Tu ne sais pas à quel point tu es sexy quand t'es fâché... », lui susurra-t-il à l'oreille avant de déposer un baiser en dessous de son lobe.
Ses lèvres suivirent un tracé jusqu'à son menton et Evan se sentait flancher. Son corps entier s'embrasait tant il aimait la sensation que lui procurait les lèvres fines de Max.
« Max... », gémit-il, « On... arrêtes... ».
Mais Max n'arrêtait pas au contraire, il descendit vers son cou. Survolant la peau sensible et la frôlant de son nez. Une chair de poule apparaissait déjà sur l'épiderme pâle. Il tira sur le t-shirt, donnant accès à ses clavicules pour pouvoir venir les baiser aussi.
« Je n'ai pas envie d'arrêter ! », marmonna-t-il en posant ses lèvres sous le menton.
Malgré lui, Evan tendit la nuque, invitant Max à continuer.
Le brun perdait complètement la tête sous les baisers délicats que lui offrait l'orphelin. Il n'avait jamais été dans cet état-là. Et pourtant, il n'en était pas à sa première relation. Il avait déjà eu quelques copines avant. Aucune d'entre elles n'avaient su le mettre dans cet état de pur désir. Il se sentait comme une flaque, prête à se répandre sur le sol.
Mais ce n'était pas assez, il en voulait plus. Alors, il glissa ses doigts sur les hanches de Max, serrant la chaire tendre. Remontant vers ses omoplates pour le rapprocher plus de lui.
« J'ai envie... »
La voix était si mielleuse que le brun voulait la manger. Le souffle brulant glissait sur sa peau forçant Evan à retenir les gémissements qui commençaient à naitre dans sa gorge.
Du bout des dents, Max lui mordilla le lobe de l'oreille. Cette fois, le plus jeune ne put retenir le soupir de plaisir qui franchit la barrière de ses lèvres.
« que ta langue... »
Le blond déposa un chemin de baiser jusqu'à la commissure des lèvres.
« invite la mienne... », continua-t-il en faisant sortir le bout de sa langue pour lécher la lèvre inférieure de son amant.
Là, Evan était ailleurs. Il avait oublié ses amis qui attendaient son retour dehors, il avait oublié que Max avait essayé de le noyer un peu plus tôt, il avait oublié qu'il avait très froid, il avait tout oublié. Il ne se souvenait que de Max et ses lèvres si désirables. Max et son corps collé à lui. Max et sa voix doucereuse.
Le blond ouvrit la bouche pour terminer sa phrase, approchant ses lèvres de celles de son cadet.
« à danser. ».
Il ferma les yeux, entrouvrant les lèvres pour accueillir celle de Max.
Mais... Elles ne vinrent pas.
Surpris, il rouvrit les yeux.
Max se tenait là, son visage s'était écarté et un sourire espiègle retroussait la commissure de ses lèvres.
Il ne réalisa pas tout de suite ce qu'il venait de se passer, mais quand il eut compris. Il se sentit idiot. Idiot et trahi. Il était honteux d'avoir succombé aussi facilement. Max devait penser qu'il pouvait faire ce qu'il voulait de lui désormais. Qu'il n'était qu'un désespéré sans expérience. Son cœur battait à tout rompre.
« Je voulais voir si tu m'en voulais vraiment. », ricana le blond, fière de lui.
Evan était blessé, son amour propre venait d'en prendre un coup. Malgré lui, les larmes lui montèrent aux yeux. Il tenta de les cacher sans succès quand elles décidèrent de déborder de ses yeux et glisser le long de ses joues.
Blessé, il poussa Max et sortit en portant ses bacs. Il alla les déposer près de ses amis en espérant que malgré la lumière du feu, ils ne verraient pas les larmes. La boule dans sa gorge menaçait d'éclater à tout moment alors après avoir déposé les bacs il s'éloigna.