« Prends garde à ne pas te perdre toi même
en étreignant des ombres. »
— Esope
Kaï c'est le genre de gars un peu pommé, un peu cassé. Mais ça va.
Kaï il soupire souvent sans trop de raisons. Il se balade dans Paris, il fait inlassablement le même chemin, jour et nuit, nuit et jour. Paris Nord, Paris Sud, il passe sur les ponts, passe et repasse dans les avenues, il arpente les boulevards. Les ruelles de la nuit.
Kaï il est grand, il est beau, il a des parents riches, Kaï c'est un gosse de riches.
Le bourgeois, c'est Kaï. L'insupportable, c'est Kaï. La tête à claque, c'est Kaï.
L'humain malheureux, c'est Kaï.
Pas cool comme vie d'avoir le bonheur à porté de main et d'être le cancrelat. C'est ce que Kaï se dit, jour et nuit.
Mais cool d'être encore en vie, pour répandre des fragments de tristesse sur les trottoirs de Paris, en bousculant les autres. Les autres, les affreux, les pas beaux, les laids.
Kaï connaît Paris, les recoins, les souterrains, et les gens qui vivent ici. Il à tout testé, tout regardé... mais pas une lueur. Personne pour éponger la peine dans le cœur de Kaï.
Kaï est un connard, mais son cœur palpite, il saigne, et même lui ne le sait pas.
Kaï regarde Paris du même endroit pour la millième fois... un souffle de vent, la nuit qui tombe, rien de nouveau. Il rabat sa caquette et rentre chez lui.
Kaï cherche quelque chose, mais il ne sait pas ce que c'est. Un pansement certainement, mais pas pour faire coaguler du sang, pour faire coaguler la solitude.
Pas cool d'être Kaï. Quand on a vingt ans ; quand on a encore le temps...