La Tour d'Ivoire - Tome 1

By mmancassola

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Il y a plus de deux mille ans, un petit nombre d'hommes et de femmes parmi les plus intelligents, riches et p... More

La Tour d'Ivoire
Le bal des seigneurs, partie 1
Le bal des seigneurs, partie 2
Le feu et la glace
Une braise dans le coeur
Dangereuse attirance
La rose de sang
Le prix de la liberté
La force comme seule reine
La reine des dieux
Les trésors du passé
Trahison
Jeu dangeureux
La jeune fille aux yeux de braise
Le parfum de l'espoir
Pacte avec le diable
Le palais des promesses perdues, partie 1
Le palais des promesses perdues, partie 2
L'art du faux
Rivale
La fille aux yeux de vérité
Le sceau du prisonnier
Nuit étoilée
Les noces blanches
À la gloire des Créateurs
Sacrifice
Lévana Sildek
Fuite
Le ciel de la liberté
Vert Emeraude
La vérité sous l'ivoire
La Nation d'Émeraude
Mensonges
Le monde perdu
Les yeux de feu
Déchéance
La colère d'un prince
Les guerriers de feu
Passé sanglant
✏️ Fan Art - Era ✏️
Les ennemis éternels
Echos du passé
Frères de sang
Éclat de glace
Conseil de guerre
Le roi sans couronne
La flèche du ciel
La plus grande des Eléazar
Narda
Le Prince déchu, partie 1
Le Prince déchu, partie 2
La Souffleuse de Rêve
✏️ Fan Art 2 - Era ✏️
Douce désillusion
Les retombés d'ivoire
Le Palais d'Emeraude, partie 1
Le Palais d'Emeraude, partie 2
La Tour d'Ivoire - Tome 2
Questions - réponses La Tour d'Ivoire
L'aventure continue !

La fille du passé

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By mmancassola

« Some children are simply born with tragedy in their blood. »

Trois jours, trois misérables jours me séparaient de mon mariage avec Ayaan Malkam. J'en avais des frissons rien que d'y penser.

Je n'avais pas revu Iris depuis notre dispute. C'était le calme plat, je n'avais plus aucune nouvelle de celle qui avait toujours fait front à mes côtés, me soutenant de sa bonne humeur contagieuse et de sa légèreté apparente qui cachait une rigueur inculquée depuis l'enfance. Iris Dolora était ma meilleure amie et je craignais de l'avoir perdue pour toujours.

Heureusement, la douce Anna était là. Elle ne pouvait remplaçait Iris, personne ne le pouvait, mais sa présence était un véritable don du ciel. Je ne la connaissais que depuis quatre jours, et pourtant, j'éprouvais pour elle une affection toute particulière. Un peu comme une grande sœur pour sa petite sœur.

Anna avait 15 ans, elle travaillait depuis peu pour la famille Malkam. Avant cela, elle avait été la domestique d'une vieille femme, morte récemment. Elle ne m'en avait pas dit plus, je compris rapidement que c'était un sujet sensible chez la jeune fille.

Étrangement, elle n'était pas comme les autres domestiques que je connaissais, qui n'osaient jamais dire le moindre mot de peur de manquer de respect. Elle était différente, tout en me parlant avec une extrême politesse, elle me racontait des petites anecdotes de sa vie, me souriait, me coiffait, m'aidait. Je m'étais surprise à me confier à elle l'autre nuit, je lui avais fait part de mes craintes et de mon dégout d'épouser Ayaan. Je pensais qu'elle allait me sommer de me taire et de ne pas dire du mal de notre cher prince, au contraire, elle s'était agenouillée devant moi et avait pris mes mains dans les siennes, puis elle m'avait fait cet incroyable sourire dont elle avait le secret. Elle m'avait rassuré, me disant que tout s'arrangerait, que j'étais quelqu'un de bien, et que la vie me sourirait bientôt. Je n'y croyais pas trop, mais sa bonté m'avait réchauffé le cœur.

Ce matin-là, elle était venue me retrouver un peu échevelée, le souffle court, l'air hagard.

-Pardonnez-moi, dame Era, je... je ne me suis pas réveillée à temps...

Sa voix tremblait, je la rassurai d'un geste.

-Ne t'en fais pas, Anna. Ça arrive à tout le monde. Rassure-toi, c'est déjà oublié. Et je te le répète, appelle moi simplement Era.

Elle hocha la tête, ses cheveux s'échappèrent alors de sa coiffe et tombèrent en cascade sur ses épaules frêles.

Une idée me vint. Je me levai et lui présentai la chaise, devant la coiffeuse.

-Enlève-moi cette coiffe hideuse. C'est moi qui vais te coiffer, aujourd'hui.

Anna fixa ses grands yeux rouges sur moi, une profonde incompréhension s'y lisait.

-Mais madame... enfin, Era, je....

- S'il te plait, Anna, laisse-moi m'occuper de toi, tu as déjà tant fait pour moi.

Après quelques secondes d'hésitation, elle retira sa coiffe et laissa ses boucles noires glisser le long de ses côtes.

Doucement, je commençai à lui peigner les cheveux, en faisant attention à ne pas défaire ses boucles. Je lui mis ensuite du mascara, un peu de fard à joue, elle était si pâle ! En revanche, je ne fis rien pour cacher les quelques taches de rousseur qui constellaient son petit nez.

Lorsque j'eus fini, je contemplai mon œuvre avec fierté. Anna n'était plus obligée de cacher sa chevelure somptueuse qui épousait son corps avec délicatesse. Elle se leva, tremblante. Elle était petite et menue, je la dépassais de plusieurs têtes, moi qui étais déjà si grande.

Elle passa la main dans ses boucles soyeuses, sur son visage à peine maquillé, et eut un sourire discret. Elle se retourna vers moi, les yeux brillants de remerciements et d'une nouvelle lueur, une lueur respect et d'admiration.

-Comment avez-vous réussi ce miracle ? Je suis... je suis, souffla-t-elle, à court de mots.

-Magnifique ? complétai-je. Époustouflante, je dirais même.

Je ne mentais pas, elle était ravissante. Ses longues boucles de jais contrastaient avec sa peau d'une pâleur extrême. Et ses yeux rouges... de ce vermeil affolant qui vous déstabilisait. Un ange, Anna ressemblait à un petit ange, innocent et silencieux.

-C'est vraiment moi ?

-Oui, Anna, je n'ai fait que mettre en valeur la beauté qui se cachait derrière le masque de domestique que tu es obligée de porter.

-Merci, murmura-t-elle en me prenant dans ses bras, oubliant nos rangs, nos différences.

Je la serrai contre moi, un peu gauchement, froidement, tandis que son étreinte à elle était pleine de chaleur. Je n'avais pas l'habitude de telles effusions, j'avais été élevée dans la froideur et la solitude.

Je sentis quelque chose au plus profond de mon être, une flamme qui se ravivait, ma grand-mère avait été la seule à me prendre dans ses bras, lorsque j'étais enfant. Ma mère ne m'avait presque jamais touché, sauf pour me battre.

La bonté n'était pas admise dans la Tour d'Ivoire.

-Vous êtes quelqu'un de bien, Era Eléazar, me dit-elle en me regardant avec gravité, en arrivant ici je ne savais pas à quoi m'attendre. Une fille gâtée, arrogante, sans cœur, probablement, mais sûrement pas à une reine, une femme courageuse, douce et serviable.

Ces mots m'allèrent droit au cœur.

-N'as-tu pas peur de dire cela ? la taquinai-je, mi-amusée mi sérieuse. 

-Non, me répondit-elle avec aplomb, je sais que vous ne ferez jamais quelque chose qui pourrait me nuire.

-Je dois être trop faible...

-Non, Era. Vous êtes fortes, il faut être quelqu'un de courageux pour oser se dresser contre tout ce qu'on nous a inculqué.

-Merci, Anna, soufflai-je. Sincèrement.

Elle me donna une dernière pression de la main et s'éloigna sans un mot.

-J'espère que vous saurez écouter votre cœur, Era.

Je fronçai les sourcils, pourquoi avait-elle dit cela ? Anna s'enfonça vers les profondeurs de la chambre, alla vers le dressing et ouvrit doucement une des lourdes portes, celle qui contenait toutes les robes qu'Ayaan m'avait apportées, celle que je ne porterais jamais.

Une silhouette en sortit. Je plaquai une main devant ma bouche et me ruai sur la porte. Fermée. J'étais prise au piège. Anna m'avait trahi.

Je voulus crier, lorsqu'une petite main pâle m'en empêcha, je croisai deux yeux rouges.

-Calmez-vous, Era, nous n'allons pas vous faire du mal. Juste parler. Quelqu'un tenait à vous rencontrer. Vous me promettez de ne pas crier ?

Je la regardai, essayant de lire la vérité dans ses yeux pourpres, je n'y lus qu'une ferme détermination. Je fouillai la chambre des yeux dans l'espoir de trouver une quelconque arme, n'importe quoi ferait l'affaire, je savais me battre, mais Anna me tenait fermement contre elle. La jeune fille, sous ses airs frêles, était une vraie tueuse. Et dire que je lui avais offert ma confiance...

-Anna, mon enfant, murmura une voix grave, une voix de femme, lâche-la.

-Mais...

-Fais ce que je te dis.

À contrecœur, elle me lâcha.

Je me surpris moi-même à ne pas crier, et je ne me jetai pas non plus adversaires, je me contentai d'observer l'inconnue. Toute de noire vêtue, une capuche dissimulant son visage, je pouvais simplement constater que l'inconnue était grande et fine.

Je jetai un ou coup d'œil froid vers Anna qui fuyait mon regard.

-Comment l'as-tu fait entrer ? Et qui êtes-vous ?

-Je l'ai fait entrer cette nuit, lorsque vous dormiez et je l'ai caché dans le placard tout ce temps.

-Mais il y a des dizaines de gardes dans l'appartement !

Anna eut un sourire narquois.

-Rien de bien problématique pour nous. Je connais les moindres recoins, cachettes, et roulements des gardes.

-Tu m'as trahi, crachai-je.

Pour la première fois depuis le début de la conversation, Anna sembla véritablement peinée. Une profonde douleur illumina ses yeux, tandis que la panique envahissait ses traits.

-Non ! Bien sûr que non ! Tout ce que je t'ai dit était vrai. Je suis venue ici dans le but de t'aider, cette personne peut t'aider.

Elle ne mentait pas, je le voyais bien. Des années à vivre dans la Tour m'avaient appris à faire la différence entre la vérité et le mensonge. Mais l'humiliation d'avoir été trompée sous son propre toit était encore cuisante pour moi.

-Qui êtes-vous ? demandai-je directement à l'inconnue, je parie que c'est ton ancienne maitresse, et qu'elle n'est visiblement pas morte...

Anna sembla surprise, tandis que j'étais certaine d'avoir vu un sourire sur le visage masqué de l'inconnue.

-Maria m'avait pourtant dit que tu étais intelligente, mais tout de même, quelle belle déduction, Era ! Bravo !

-Je ne vous permets pas de m'appeler par mon prénom, vous n'êtes qu'une inconnue pour moi. Sans compter le fait que vous dissimulez votre visage.

J'essayai de garder la tête froide, mais la mention de ma grand-mère disparue avait suffi à rouvrir des cicatrices encore douloureuses. Pourquoi avais-je cette drôle d'impression qu'elle était toujours là ? Que tout tournait autour de son souvenir ?

-Oh oui, évidemment, pardonne-moi ma chérie, mais j'ai tellement l'habitude de me cacher que j'oublie parfois !

Lentement, l'inconnue rabattit sa capuche, laissant s'échapper une masse de boucles blondes. Mon cœur rata un battement tandis que ma respiration s'accéléra. Ses cheveux, ce blond, cet éclat unique. Le collier des Eléazar me brulait la peau, tout d'un coup.

Ses magnifiques cheveux d'or, cette cascade angélique. La même couleur que mes cheveux. La couleur des Eléazar. L'inconnue appartenait à ma famille, le même sang coulait dans nos veines.

Je levai la tête et croisai son regard.

Non. C'était impossible. Je chancelai, mais la femme me rattrapa avant que ma tête ne s'écrase sur le sol, Anna, elle, observait la scène avec curiosité.

La femme aux boucles d'or m'observa avec attention, mon cœur se serra douloureusement et les larmes me montèrent aux yeux tandis que je croisai à nouveau ses yeux. De beaux yeux marron. Les souvenirs de ma grand-mère défilèrent à toute allure dans ma tête. Les mêmes iris, le même brun. Comment...

-Grand-mère, croassai-je.

La peine se lut sur ses traits délicats, elle devait avoir dans les 50 ans, elle était encore très jeune, mais de petites ridules commençaient à apparaitre au coin de ses yeux, elle ne s'était pas fait lifter, ni rien du tout. Le naturel transpirait par tous ses pores. Mais même sans la chirurgie, les miens vivaient plus longtemps et vieillissaient moins vite, cette femme ne faisait pas plus de 30 ans. 

-Oh, ma chérie, non, je ne suis pas Maria. Mais je suis sa fille, Arianna. Peut-être te souviens-tu de moi... tu étais très jeune. Maria m'a beaucoup parlé de toi, jusqu'à... jusqu'à sa mort. J'ai attendu longuement avant de te rencontrer, et je brulais d'impatience. Une personne qui comptait tellement à ses yeux devait être exceptionnelle.

-Vos yeux, fut le seul mot que je réussis à articuler.

-Tu peux me tutoyer, Era. Oui, j'ai ses yeux, ma mère n'avait pas voulu les toucher, elle voulait que je naisse telle que j'étais.

C'était réussi. Arianna Eléazar était très belle. En réalité, c'était la copie conforme de sa mère. Elle lui ressemblait trait pour trait, la seule différence était ses boucles, ma grand-mère avait les cheveux lisses.

Mère et fille se ressemblaient étonnement.

-Si vous êtes sa fille... vous êtes la sœur de...

-D'Azel ? compléta-t-elle avec un sourire triste.

Je hochai la tête.

-Je crois qu'il est temps que je te raconte mon histoire.

Elle s'assit sur un des fauteuils, je m'assieds en face d'elle et Anna à ma droite.

-Je m'appelle Arianna Eléazar, fille de Maria et Selech Eléazar. Je suis la cadette de la famille. Azel est mon frère jumeau. Nous avons toujours été très proches. Si tu te posais la question, ma mère n'avait pas eu le droit de laisser les yeux d'Azel marrons, comme ils auraient dû l'être, mais moi, en tant que cadette insignifiante, ils ont fermé les yeux. Azel m'avait toujours protégé. C'était un garçon obéissant, droit, et loyal. Il trainait toujours avec Melech, mais ce dernier ne m'aimait guère, et c'était réciproque. Mais il ne pouvait pas le montrer ouvertement, puisque ma meilleure amie était Séraphina maintenant Malkam, elle était d'une famille noble, mais pas membre des Créateurs. Évidemment, le jour est venu où j'ai dû me marier, et abandonner mon nom, j'ai épousé Ludwig Razane, le cadet de la famille Razane, ensemble nous avons perdu nos noms, notre famille. En tant que garçon, malgré le fait que nous ayons le même âge, mon frère prit la tête de la famille, épousa ta mère, tandis que Melech épousa ma douce amie, Séraphina. Tu le sais très bien, quand un cadet se marie, il perd tout, y compris sa famille, mais j'avais beaucoup de chance. (Elle sourit, nostalgique.) J'avais une famille en or, mes parents venaient encore me voir, mon frère également. En revanche, tu ne m'as rencontré qu'une dizaine de fois lorsque tu étais enfant, et je n'ai jamais pu te parler. À l'époque, Maria Eléazar était la plus puissante des Familles, tout le monde la respectait, elle était sage et juste. Mais personne ne savait qu'elle était d'une bonté sans égale. J'étais comme elle, du moins j'essayai de l'être, je ne supportais pas la mentalité de la Tour, je haïssais les miens. Alors, avec l'amour de ma vie, Ludwig, nous avons rejoint secrètement les membres de la résistance silencieuse qui se levait doucement et grandissait dans l'ombre ; Les Souffleurs de Rêves. Ma mère le savait, elle ne m'avait jamais empêché, c'était elle qui m'avait inculqué ces valeurs, après tout. Elle fit comme si de rien n'était. Elle approuvait même. Mais il y a un peu moins de 15 ans, mon frère l'apprit. Ludwig fut assassiné et moi condamner à mort. J'ai pu m'enfuir, et à présent, je vis cachée, cachée par la résistance, par les membres bienveillants qui veulent bien me protéger.

Elle regarda Anna avec tendresse.

-Je connais Anna depuis qu'elle est toute petite, elle était orpheline, élevée dans une famille de domestiques engagée depuis des centaines d'années chez les Souffleurs de Rêves, elle a été entrainée dès sa naissance. Elle est les yeux et les oreilles de la résistance. Je n'ai jamais vu personne aussi courageux et volontaire que cette petite. (Son regard se perdit dans la vague.) J'ai tout perdu dans cette bataille, mon frère, mon mari, mon père et ma mère. Mais je ne regrette rien, je me battrais jusqu'au bout et aujourd'hui, c'est pour toi que je suis venue me battre.

Elle me regarda avec intensité.

-Je vais te sauver, Era. Te sauver du destin qu'ils ont choisi pour toi, Anna était là pour te protéger, te surveiller et comprendre qui tu étais vraiment. Tu ne seras pas obligé d'épouser cet assassin d'Ayaan Malkam, je t'en fais la promesse.

-Comment ? demandai-je, pleine d'espoir.

Elle prit une profonde inspiration, regarda longuement Anna puis reporta son attention sur moi, sa nièce, la fille du frère qui l'avait abandonné.

-Nous allons te faire sortir de la Tour.

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