Tiens, toi aussi tu as rejoint la danse. Drôle de tendance.
Tu t'es glissé parmi les convives d'abord masqué, pareil à une ombre dans la foule mouvante, puis soudain tu t'es montré à la pleine lumière. Si tu caches encore quelques détails, ce n'est que pour le charme du mystère, comme tu l'aimes tant. Et tu as raison : tu serais bien capable de faire remarquer qu'après tout, de nos jours, la mode est au suspense, en amour comme au Pôle emploi...
Mais malgré ton sourire en coin et tes paroles railleuses ou énigmatiques, tu es bel et bien pris dans l'intrigue à ton tour. Tu es devenu protagoniste de cette sale histoire, et, crois-moi, tu n'en sortiras pas plus indemne que les autres.
"Lucifer". Rien que ton nom annonce le pire pour la suite, n'est-ce pas ? Est-ce pour cela que tu l'as choisi ?
Ils verront bien : tu es un vrai badboy comme on les aime, un de ces personnages stéréotypés à souhait qui font chavirer le coeur des femmes, qui les entrainent au bar en quelques mots, et les font tomber dans le gouffre en quelques gestes. Mais enfin, ça se voit, non ? La preuve : tu es tatoué et as les cheveux teints.
A ce qu'il parait, tu es irrésistible, invincible, iconique... A ce qu'il parait. Mais entre nous, tu sais bien que ce n'est pas la vérité, hein "Lucifer" ?
Plus qu'un monstre, tu es surtout un comédien, toujours revêtu d'un masque et d'un costume pour cacher les balafres en-dessous. Tu ne veux rien montrer à personne, Diable en carton, et c'est peut-être ça qui causera ta chute...
Alors tu vois, quand je t'expose comme une animation effrayante, je me fais un peu rire à parler ainsi. Parce qu'au fond de moi, je sais bien que tu es un peu – un tout petit peu – plus que cela. Tu es surtout un pauvre type paumé, incapable de chasser le Mal qui se tient dans son ombre. Quelqu'un qui aimerait être un autre. Quelqu'un qui s'invente des histoires pour en cacher d'autres.
En fait, "Lucifer", tu es un peu moi...
N'est-ce pas Élise ?