Cela aussi passera - Larry St...

By Mephitis

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FICTION TERMINÉE ♒︎ 1993. Louis a seize ans, un corps d'adolescent dont il ne sait pas quoi faire, des désir... More

Note
♒︎
Childhood's End - Prologue
Green Is The Colour - Chapitre 1
Lost For Words - Chapitre 2
Breathe - Chapitre 3
What Do You Want From Me - Chapitre 4
Young Lust - Chapitre 5
Two Suns in the Sunset - Chapitre 6
Learning to fly - Chapitre 7
Coming Back to Life - Chapitre 8
Signs of Life - Chapitre 9
Obscured by Clouds - Chapitre 10
One Of These Days - Chapitre 11
Echoes - Chapitre 12
A Great Day for Freedom - Chapitre 14
Brain Damage - Chapitre 15
Time - Chapitre 16
Speak to me - Chapitre 17
High Hopes - Chapitre 18
Goodbye Blue Sky - Chapitre 19
Wish You Were Here - Épilogue
derniers mots ✨
bonus + surprise(s) ♡
interview :)

The Happiest Days of Our Lives - Chapitre 13

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By Mephitis


1993 

- L O U I S -


« J'ai attendu si longtemps

Ce soir, c'est notre moment

C'est juste toi et moi, babe

Mais j'te dis "bye bye" si tu fais du sale »

- Bye Bye, Squeezie & Joyca (il le fallait) 



Louis est assis sur la table de la cuisine, Harry debout entre ses jambes. C'est la fin de l'après-midi. Par les volets entrouverts, la chaleur flotte lentement, haletante comme un vieux chien. Trois mouches bourdonnent en tournant autour du garde-manger. Derrière eux, le robinet mal refermé goutte irrégulièrement sur une assiette. Dehors, bruit étouffé par les murs et les haies du jardin, un voisin passe la tondeuse.

Louis ne fait pas attention à tous ces bruits familiers. Son attention entière est focalisée sur Harry, Harry dont la bouche est rouge de framboise, Harry qui mord dans le fruit en le regardant, fièvre dans les yeux. Le jus du fruit dégorge sur ses dents ses lèvres son menton. Louis rit. Il se sent jeune et heureux, vivant et libre. Ses genoux se resserrent autour des hanches osseuses d'Harry. Il le tire un peu plus contre lui. Main dans ses cheveux bouclés, asséchés par le soleil. Sa langue glisse le long de son cou. Il lèche le jus avant qu'il ne vienne tacher le col de son t-shirt.

Louis connaît le goût de la peau d'Harry, maintenant. Celle de sa sueur et de sa salive. Le goût qu'il a lorsqu'ils viennent de se baigner dans le lac. Celui de son corps alangui de soleil. Celui de son ventre barbouillé de miel. Celui de sa nuque et du creux de son coude. Il voudrait connaître tout le reste, le mettre totalement nu et le dévorer. Mais Harry a reculé une fois, et depuis il n'ose plus vraiment demander. Ils ont le temps, après tout. Toute une vie. Des mois et des mois d'été.

Louis a seize ans. Pour lui, l'amour ne peut pas s'épuiser.

Entre ses mains, le visage d'Harry est collant de sucre. Il l'embrasse. Sa langue a le même goût que sa peau. Louis est content d'avoir volé les framboises sur l'étal du marché.

— Qu'est-ce qu'on fait, aujourd'hui ?

C'est Harry qui s'est reculé. Ses joues et ses lèvres sont un peu plus roses que tout à l'heure, comme toujours après un baiser. Louis le trouve terriblement beau. Il passe à nouveau ses doigts entre ses cheveux, remet en place ses boucles rebelles.

— Hmmm... Qu'est-ce que tu dirais de : rien ?

Harry rigole. Il se penche vers Louis, dépose un baiser sur le coin de sa bouche, puis sur le bout de son nez. Louis le laisse faire. Il frissonne un peu lorsque Harry mordille le lobe de son oreille.

— Tu avais quelque chose en tête, peut-être ?

Il sait que sa voix est un peu plus rauque que d'habitude. Soudain, il aimerait que Harry recule. Il aimerait que leurs hanches cessent de se frotter comme elles le font. Son short en jean commence à le serrer.

— Pas vraiment... Juste. Être avec toi.

Louis sourit. Il pose une main sur la poitrine d'Harry, tentant d'ignorer la chaleur agréable de sa peau.

— Parfait alors. Et si on allait dans le jardin ?

Harry semble un peu surpris quand Louis se laisse glisser de la table, comme s'il s'attendait à ce qu'ils restent là à s'embrasser pendant encore des heures. À vrai dire, Louis aurait bien aimé. Mais... Voilà. Il ne veut pas que Harry se rende compte de son état et se sente forcé de faire quelque chose.

Il se glisse jusqu'à l'évier, et se passe les mains sous l'eau. Ses paumes sont collantes de sucre.

— Il faudrait peut-être que je me nettoie le visage, dit Harry derrière lui. Ou toutes les abeilles du coin vont venir me butiner.

L'image fait rire Louis. Les mains trempées, il se retourne avec un petit sourire :

— Si elle vienne te butiner c'est parce que tu es la plus jolie fleur de ce village...

— C'est ça, fous toi de moi. N'empêche que quand j'aurais des boutons partout, tu n'auras plus qu'à m'emmener à l'hôpital. Et tu devras leur expliquer que c'est à cause des framboises que tu as volé. Et tu te retrouveras en prison.

— Oui et toi tu devras leur dire pourquoi tu avais tout ce jus de framboise sur le visage...

Harry fait la moue, mais Louis ne lui laisse pas le temps de répliquer quoi que ce soit. Avant que ses mains ne sèchent, il s'avance :

— Allez, viens là. Je vais te nettoyer moi.

Harry se laisse faire, et Louis prend bien soin de frotter délicatement sa peau, déposant des baisers sur ses joues lorsqu'il se plaint que l'eau est trop froide.

Dans le jardin d'à côté, la tondeuse a arrêté de bourdonner. Mais Louis est bien trop absorbé par Harry pour s'en rendre compte.

*

*

*

— Louis ? Tu es là ?

Sa mère fait claquer la porte de la véranda, et descend le petit escalier menant au jardin. Louis est allongé dans l'herbe, le nez près des pâquerettes. À côté de lui, Harry, en tailleur, lit un manga. Il est dix-huit heures. Peut-être dix-neuf. Louis ne sait pas très bien. La terre devient fraîche sous son ventre, et le ciel n'est plus si lumineux.

— Ah, bonsoir Harry, fait sa mère en s'approchant d'eux.

Harry lui sourit poliment. Louis sait qu'il n'est pas très à l'aise quand sa mère est là. D'habitude, celle-ci les laisse tranquille, d'ailleurs. Il se demande ce qu'elle lui veut.

— Qu'est-ce qu'il y a ?

Sa mère est encore en tenue de travail. Elle a l'air essoufflé. Un peu fatigué aussi. Pendant un instant, Louis se sent mal d'être là à se prélasser alors que sa mère a passé sa journée debout, à transpirer dans sa veste noire.

— Robert a appelé... Tu te souviens de lui, le fermier ?

Un silence passe, puis Louis hoche lentement la tête.

— Oui... Oui, je me souviens. Il veut que je revienne ? Comme l'année dernière ?

— Il aimerait bien. Il a besoin de main d'oeuvre.

— C'est pour les haricots ?

— Oui, je crois. Il a parlé de deux jours. Logé nourri, évidemment. J'ai dit que tu viendrais.

— Tu as... Quoi ? Tu aurais pu me demander avant !

— L'année dernière tu avais dit que tu le referais.

— Oui mais... Enfin...

Louis jette un regard vers Harry, qui les écoute sans rien dire, visiblement un peu perdu. Sa mère ne semble pas s'en rendre compte, puisqu'après un petit soupir elle reprend, le ton sec :

— Écoute Louis, tu n'as qu'à le rappeler si tu ne veux pas. Ce n'est pas mon problème, si tu préfères traîner à ne rien faire plutôt que de gagner un peu d'argent. Tu ne viendras pas te plaindre, dans quelques années, quand tu auras un travail aussi pénible que le mien.

Sur ces mots, elle tourne les talons et remonte vers la maison. Louis attend qu'elle ait refermé la porte de la véranda pour se rouler sur le dos en gémissant :

— C'pas possible... Je suis désolé, Haz... Il faudrait que je le fasse.

— Qu'est-ce que c'est, cette histoire d'haricots ?

Harry repose le manga sur ses genoux. Il a l'air pensif, soudain. Louis arrache une pâquerette en expliquant lentement :

— Robert est un fermier qui travaille dans le coin. Il a une assez grosse exploitation. L'année dernière il m'a embauché avec d'autres gars pour venir faire la récolte des haricots. On passe des heures dans le champ à ramasser... Et puis le soir on dort dans son hangar, il l'aménage en dortoir. À la fin il y a un gros repas avec tout le monde. C'est assez sympa. Et ça fait un peu d'argent.

— Romain et les autres le font ?

— Romain je ne sais pas. Ce n'est pas vraiment son truc... Mais Jim le fait depuis ses treize ans. Il n'en a pas parlé ?

— Je ne crois pas... Mais ça fait un moment que je ne l'ai pas vu, en fait.

Louis sourit un peu avant de se remettre à grommeler :

— Dans tous les cas, je n'ai vraiment pas envie d'y aller cette année... Un week-end entier sans te voir... C'est la merde.

— Et... Pourquoi est-ce que je ne viendrais pas, moi aussi ?

Louis cligne des yeux. Une fois. Deux fois. Dans le ciel, un pigeon passe en virevoltant.

— Mais oui !, il s'exclame alors en se redressant, s'appuyant sur ses coudes. Tu... Ça te plairais ?

— Ça a l'air sympa, murmure Harry, nonchalant.

Louis sent son sourire s'agrandir malgré lui.

— Ça le sera !

— Je ne suis juste, tu sais, pas très à l'aise avec les groupes, ajoute alors Harry, une petite tension flottant dans sa voix.

Louis fronce les sourcils. Il avance sa main, entoure la cheville d'Harry avec ses doigts, caresse doucement son os. Le geste est tendre et familier. 

— Je te promets que tout ira bien. Je serai là, ok ?

Harry hoche la tête. Il a l'air content. Ils se remettent à parler, Louis décrivant à toute vitesse la ferme de Robert. Harry rit en écoutant ses anecdotes. Et doucement, le soleil tombe tout à fait sur le jardin. Les ombres se teintent du bleu profond de la nuit. Les grenouilles se mettent à croasser dans un fossé. Quand ils rentrent dans la maison, l'odeur de l'herbe déposée sur leurs vêtements, Louis a totalement oublié la remarque angoissée d'Harry. 

*

*

*

Le champ est immense, baigné de poussière et de soleil. L'air est sec, le ciel bleu semble presque blanc à l'horizon. Louis plisse les yeux en se relevant, s'étirant un peu. Ses muscles lui font mal et toute cette lumière crue lui donne le vertige. Il frotte un peu sa nuque, grimaçant en sentant la sueur accumulée entre ses épaules. Il se sent dégoûtant, d'une façon qui n'a rien d'agréable.

— Ça va ?

Harry lui sourit depuis l'autre rangée d'haricots, genoux sales et bandana délavé noué autour de ses cheveux. Malgré ça, une boucle lui tombe devant les yeux, et il la repousse avec un mouvement lent. Elle revient immédiatement chatouiller le bout de son nez.

— J'ai juste soif, je crois.

Harry hoche la tête. Il se baisse, attrape la bouteille d'eau près de son énorme sac de haricots, et la tend à Louis. Leurs doigts se frôlent par-dessus les tiges vertes, et Louis se sent stupidement heureux, soudain.

— Merci.

Il essuie ses paumes moites sur le tissu en jean de sa salopette, et ouvre la bouteille, n'hésitant pas à s'asperger avant de boire. L'eau dégouline le long de ses tempes, de son cou, de sa nuque. Il aurait aimé qu'elle soit froide, mais ce n'est pas le cas. Trois heures que le sac est en plein soleil, en même temps. Ce n'est pas très étonnant que même l'eau soit devenue tiède. Il avale trois gorgées, prenant soin d'en laisser à Harry, puis lui rend la bouteille avec un sourire.

— Ça fait du bien.

Autour d'eux, les gars travaillent en bavardant. Louis ne les connaît pas vraiment. La plupart sont des adultes venus des villages alentour... Jim, qui est arrivé en retard ce matin, est à l'autre bout du champ. Louis ne l'a aperçu que brièvement, en allant chercher sa casquette qu'il avait oublié à la ferme. Cela dit, il ne va pas s'en plaindre. Si Jim avait été dans le coin, il aurait été mal à l'aise. Ici, personne — ou presque — ne le connaît vraiment, et il peut rester avec Harry sans se mêler aux autres groupes. Ce n'est pas comme s'il avait envie de discuter avec d'autres personnes, de toute façon.

En face de lui, Harry rebouche à son tour le capuchon de la bouteille et la laisse retomber dans le sac avant de s'accroupir à nouveau près des haricots. Il travaille vite, plus vite que Louis, et l'effort dessine sur sa peau l'ombre de ses muscles. Louis ne devrait pas se sentir attiré par ça. Il ne devrait pas avoir envie d'abandonner sa rangée pour rejoindre celle d'Harry, l'attraper par le col de son t-shirt blanc et le renverser sur le sol, pour l'embrasser en ayant sur ses dents le goût de la terre et de la poussière. Il ne devrait pas rêver de passer sa langue sur le haut du torse d'Harry, et de mordre ses joues brûlées par le soleil.

Louis a un problème avec le fait de lécher et de dévorer Harry.

Il secoue la tête, remettant de lui-même ses pensées dans le droit chemin, et se concentre à nouveau sur sa tâche. Arracher les haricots. Ne pas penser à son mal de dos, ni à l'insolation qui le menace malgré sa casquette. Ce soir... Ce soir peut-être qu'il pourra laisser son imagination s'évader vers d'autres choses.

*

*

*

La ferme est immense. En arrivant ce matin, ils n'ont pas tellement eu le temps de visiter mais ce soir, Louis prend le temps de montrer à Harry toutes les dépendances et les granges. Celui-ci semble assez impressionné, et s'arrête pendant un temps considérable pour regarder les vaches qui le fixent en mâchonnant leur foin.

— C'est dommage, il n'y a pas de bébé.

— Ils naissent plutôt au printemps je pense.

Harry reste silencieux un moment, ses doigts crispés sur la barrière de fer.

— Tu crois qu'elles vont aller à l'abattoir ?

Louis se mordille la lèvre. Il a envie de passer son bras autour des hanches de Harry, mais il n'ose pas. Déjà, ce n'est pas quelque chose qu'ils font — le geste serait trop intime, trop adulte, trop tendre, aussi peut-être — et surtout, ils sont en public. Même si personne n'est avec eux actuellement, tous les gars s'étant précipités pour faire la queue à la douche. Louis n'a pas envie de prendre de risques inutiles.

— Lou ?

Hm ? Ah oui. Les vaches.

— Je ne sais pas... On pourra demander à Robert, si tu veux.

— Non, c'est bon. Je ne veux pas savoir.

Louis sourit vaguement, avant de reculer et de mettre les mains dans les poches de sa salopette. Il se sent tout petit, là-dedans. Mais c'est confortable pour travailler, alors...

— Harry, défenseur des animaux. C'est mignon. Ça te va bien.

Harry se tourne vers lui, les joues rosissantes, mais l'air légèrement sur la défensive.

— Je dis juste... Je déteste savoir qu'on leur fait du mal.

— Tu devrais devenir végétarien, alors.

— Oui... Mais si je disais à la mère de Jim qu'en plus de me préparer à manger elle doit me faire un plat spécial sans viande, je pense qu'elle va me tuer.

Louis se met à rire. La peau de son visage le tire un peu, et il se dit qu'il doit sûrement avec des coups de soleil partout. Au moins, Harry a eu la gentillesse de ne pas le lui faire remarquer.

— Si tu manges chez moi, on ne fera pas de viande.

— Vraiment ?

— Promis.

Les yeux d'Harry brillent joyeusement. Autour d'eux, le paysage est sublime, le ciel teinté de mauve et de orange. Le soleil est en train de décliner à l'horizon, déversant sur les champs les dernières lueurs chaudes de la journée. Pourtant, Louis ne voit rien de tout ça. C'est fou comme le monde semble pâle face aux yeux d'Harry, petites émeraudes scintillantes. Louis pourrait bien s'habituer à ce que ce vert là éclipse pour toujours tous les couchers de soleil de son existence.

*

*

*

Les trois douches habituellement réservées aux ouvriers de la ferme coulent toujours, quand Harry et Louis entrent dans la pièce faisant office de salle de bain. Le sol est sale, plein d'une terre devenue boueuse. La vapeur s'accroche aux murs, fronts brillants et gris. Louis s'appuie contre un lavabo, retenant un soupir. Dans les douches, personne ne parle. Les hommes sont sans doute, tout comme eux deux, abrutis de chaleur. Louis a hâte de faire disparaître l'odeur des haricots agrippée à ses mains, et de laver la terre logée sous ses ongles. Harry, à côté de lui, fixe ses pieds. Il a l'air fatigué, un coup de soleil colorant le bout de son nez. Sur ses joues, les tâches de rousseur semblent être plus brunes encore qu'auparavant.

Enfin, une douche se libère. C'est un grand blond qui en sort, épaules larges et débardeur collant encore à son torse trempé. Louis le fixe peut-être un peu trop longtemps, parce que le gars finit par lui décocher un regard irrité :

— Qu'est-ce que t'as ?

— Euh, rien. Pardon.

Louis se redresse et attrape nerveusement sa serviette de bain. Il jette un coup d'oeil à Harry qui lui sourit, murmurant qu'il va encore attendre son tour. Louis se sent un peu mal de le laisser, mais ce n'est pas comme s'il pouvait lui proposer de venir avec lui dans la douche. Hm.

Il referme la porte derrière lui et attends quelques secondes avant de retirer sa salopette. Il n'avait pas réalisé à quel point il avait chaud, avant de se retrouver nu sous le jet. L'eau est presque froide et coule lentement, s'arrêtant parfois comme si elle n'avait plus le courage de continuer, mais Louis s'en fiche. C'est trop agréable quand même. Il reste un long moment la tête baissée, laissant l'eau couler sur son crâne et envelopper ses épaules. Ses coups de soleil le brûlent déjà et les courbatures se font sentir lorsqu'il se met à se savonner. Peu importe.

Est-ce que Harry est dans la douche à son tour ? Il pourrait l'appeler pour le lui demander. Mais... Mais il y a d'autres gens, dans la pièce. Louis n'ose pas. Il finit par étreindre la douche et attrape sa serviette. Le tissu est rèche sur sa peau. Il grimace. Est-ce que ce le gars blond avait des coups de soleil, lui aussi, sur son torse long et large ? Louis se demande ce que ça serait, d'avoir un corps comme ça, un corps d'homme. Il n'est pas sûr que ce sera son cas un jour. Malgré ce que sa mère lui dit, il est presque certain d'avoir arrêté de grandir... Est-ce qu'un jour Harry le dépassera ? Est-ce qu'un jour Harry aura les épaules musclées, les cuisses épaisses, des mains immenses ? Est-ce qu'un jour Louis aura autre chose qu'un corps minuscule et mince, autre chose qu'un visage ingrat et des rondeurs enfantines ? Une chose est sûre, Louis espère qu'il sera toujours auprès d'Harry, lorsque le corps de celui-ci ne sera plus celui d'un adolescent, mais d'un adulte.

Lorsqu'il sort de la douche, en t-shirt et short propre, Harry est déjà dehors, cheveux humides et peau lisse de savon. Il attrape son poignet, entourant brièvement sa peau de ses doigts. Ils se sourient avant de sortir de la pièce, traversant la cour de la ferme pour rejoindre le dortoir. Au loin, un chien aboie. La nuit sent le romarin, le fumier et le foin coupé. La nuit sent le shampoing et le savon d'Harry.

*

*

*

— Chuuut.

— Tu es sûr qu'il n'y a personne ?

— Aïe... Attends... Oui, je suis sûr. C'est derrière la trappe. Viens.

Louis tire sur la main d'Harry, qui trébuche encore une fois avant d'entrer finalement dans le grenier. Ils sont tous les deux à quatre pattes sur le parquet, et Louis est certain d'avoir une écharde dans la paume, mais. Ils sont dans le grenier. Louis est déjà venu là quand il était petit. C'était avec Romain. Ils avaient visité la ferme avec leur école de primaire, et tous les deux avaient trouvé bien plus amusant de s'enfuir sans le dire à la maîtresse et de grimper dans le grenier pour se jeter dans le foin. Dans son souvenir, la pièce était immense, salle de jeu version campagne. Maintenant, le grenier semble avoir rétréci. Mais c'est peut-être parce qu'il fait nuit. Et peut-être aussi parce que le foin forme une montagne impressionnante, allant jusqu'au plafond de tôle.

— Il fait super chaud, grogne Harry avant de se lever pour marcher dans le foin.

Louis le suit. Il y a une fenêtre sur le côté, et ils l'ouvrent prudemment, avant de se pencher pour regarder à l'extérieur. En bas, c'est la cour, silencieuse et vide. Un tracteur est endormi près de l'entrée d'une des granges. Au loin, ils aperçoivent la silhouette sombre du dortoir où ils ont laissé leurs collègues, qui ronflaient bruyamment. Louis a envie de rire en repensant à la façon dont ils sont sortis du bâtiment en rampant, presque sans respirer.

La nuit est claire. La lune semble énorme, et sa lumière laiteuse donne aux ombres une douceur particulière, presque irréelle. Louis se sent bien, accoudé à cette petite fenêtre, l'épaule d'Harry contre la sienne.

Mais il se sent bien aussi lorsque Harry finit par attraper son menton pour l'embrasser. Le baiser est lent, et Louis se sent renaître. Toute la fatigue accumulée de la journée disparait contre la peau chaude d'Harry, disparait lorsqu'il glisse ses doigts dans l'amas de ses boucles, disparaît lorsqu'il rapproche leurs deux corps et qu'ils tombent dans le foin, en se mettant à rire.

Harry est allongé sous Louis, et si le foin le pique il ne dit rien, sourire doux et yeux très pâles. Louis tend la main pour enlever un morceau de paille coincé entre ses boucles, et il lui sourit en retour.

— Ça va ?

— Oui. Et toi ?

Leurs voix ne sont qu'un murmure au milieu du velours qu'est la nuit, et Louis entend son coeur battre dans la profondeur de sa poitrine.

— Ça va. Je suis heureux d'être avec toi ici.

— Moi aussi.

Harry pose sa main sur la hanche de Louis. Ses doigts glissent un peu sous le tissu, cherchent la chaleur tendre de sa peau.

— Est-ce que... Est-ce que je peux te poser une question ?

Louis le dévisage doucement. Il ne s'inquiète pas, même si la petite tension dans la voix d'Harry lui fait supposer qu'il va lui demander quelque chose d'important.

— Bien sûr. Vas-y.

— Pourquoi est-ce que tu sembles ne pas avoir peur ?

— Peur ? De quoi ?

— De... Nous. Tu sais. Ce qu'on fait. Je veux dire... C'est nouveau pour toi, je crois, et pourtant tu l'acceptes facilement. Tu n'as pas l'air angoissé.

— Tu l'es, toi ?

Louis sait la réponse, à vrai dire. Il ne connaît pas Harry depuis longtemps, et pourtant il a bien compris que ses soupirs mélancoliques, ses regards parfois fuyants, ses peurs tapies dans la lumière de ses yeux, sont bien réelles. Cela le rend triste, un peu. Mais il n'a que seize ans, après tout. Il ne mesure pas vraiment à quel point Harry est blessé. Il ne peut pas l'imaginer. Pour lui, le monde n'est qu'un été perpétuel, un horizon d'orages sourds, vite remplacés par des ciels immensément bleus. Alors, quand Harry hausse les épaules, et que sa voix tremble un peu, il ne s'inquiète pas tellement.

— Oui, souvent.

— Tu ne devrais pas, il répond doucement, en embrassant le haut de son oreille, on s'en fout des gens. Fais ce qui te rends heureux, tout ça. Vis au jour le jour. C'est ma devise.

Harry rigole. Ce n'est pas un rire tout à fait léger, mais quand même. La courbe de ses épaules est plus souple.

— Bon alors, là, ce qui me rendrait heureux, c'est que tu m'embrasses.

— Il suffisait de demander.

Louis roule sur lui et attrape son visage entre ses mains. Leurs corps s'enfoncent dans le foin tandis qu'ils s'embrassent, le baiser se faisant plus langoureux que quelques instants auparavant. Louis sent les hanches de Harry rouler légèrement contre les siennes, et le mouvement l'arrête, coeur au bord des lèvres.

— Tu... Tu veux, ça ?

Il enfonce un peu son bassin contre le sien et Harry halète contre ses lèvres, les joues déjà rouges et les yeux immenses dans l'obscurité.

— Ouais, ouais... S'il-te-plaît Louis.

— T'es sûr ?

Louis.

Il se met à rire. L'odeur du foin est enivrante entre eux, et Louis sent les morceaux de paille piquer ses genoux nus, lorsqu'il se penche à nouveau pour retrouver la chaleur de la bouche d'Harry. Il la connaît par coeur à présent, cette bouche. Il sait exactement de quelle façon sucer sa langue pour le faire gémir. Il sait que Harry aime lorsqu'il tire sa lèvre inférieure entre ses dents. Il sait qu'il devient fou lorsqu'il l'embrasse en glissant son pouce derrière sa nuque, et qu'il caresse sa peau frissonnante, juste sous ses cheveux. Mais il connaît mal le corps d'Harry allongé sous lui, brûlant et répondant à ses caresses, demandant plus d'une façon qu'il ne sait pas encore comment satisfaire.

Pendant un instant, Louis se demande si Harry a déjà de l'expérience dans ce domaine. Peut-être, après tout. Harry savait qu'il était gay. Il a dû aimer d'autres garçons, avant Louis. L'idée lui fait un peu mal, mais il suffit que Harry soupire contre ses lèvres, cils papillonnants et bouche gonflée par leurs baisers pour qu'il oublie instantanément ses pensées.

Il y a Harry sous lui. Il y a Harry, dans le foin, qui passe ses mains sous son t-shirt et caresse la courbe de son dos. Il y a Harry, dont les hanches sursautent dès qu'il tire sur une mèche de ses cheveux. Louis se fout du reste. Le monde peut bien s'écrouler, le grenier brûler, une météorite exploser au milieu de la grange, il ne bougera pas.

Et la fièvre monte. La fièvre semble s'écouler des yeux d'Harry, les rendre noirs et profonds, s'enrouler autour du corps de Louis, comprimer sa poitrine jusqu'à ce qu'il ait envie de ne plus jamais respirer autre part que dans la bouche même d'Harry.

L'amour a lieu ainsi, pour la première fois. Souvent, Louis y repensera, même quand Harry sera parti depuis des mois. Il y aura d'autres nuits, d'autres jours parfois, des heures assoupies et lentes passées à se rouler dans les draps, dans l'herbe franchement coupée, oui, il y en aura d'autres, mais jamais elles ne seront aussi pleines de sens que celle-ci.

Louis tremble lorsqu'il déshabille Harry. Mains traînantes, hésitantes sur les vêtements. La lune semble lécher sa peau à mesure qu'il la découvre, l'habiller d'une lueur liquide, aérienne. Louis n'a jamais vu Harry entièrement nu. Dans sa poitrine, son souffle se démultiplie, s'étale, se brise.

— Tu es si beau...

Ce n'est qu'un murmure, un peu étranglé. Louis a le regard immense et terrifié. Il ne sait pas où poser ses doigts, il ne sait pas ce qu'il veut toucher. Harry lui sourit dans le noir, et ses pupilles semblent regorger d'étoiles.

Louis se penche. Ses cheveux frôlent le ventre d'Harry. Il embrasse sa peau, tendre à cet endroit. Les baisers sont légers. Il contourne son nombril, s'attarde le long de ses reins, suce un carré de peau juste au-dessus de l'os de sa hanche. Entre ses mains, Harry halète un peu, se tord dans le foin. Louis a envie de pleurer. Il n'arrive même plus à parler. C'est bête, sûrement. Il ne comprend pas d'où lui vient toute cette émotion, qui s'amasse dans le fond de sa gorge. Il frotte son nez contre le ventre d'Harry, y laisse traîner un peu sa langue. Sa peau a le même goût qu'ailleurs, celle de sa sueur et de son savon.

Et Louis est amoureux de lui.

Quand il descend son caleçon le long de ses cuisses, Harry ferme les yeux. Il dit, ne me regarde pas, s'il-te-plaît, et Louis secoue la tête, prend ses poignets entre ses mains. Le temps semble s'être suspendu entre eux. Louis n'a jamais été aussi conscient de l'odeur du foin, et des bruits chauds de la nuit hors du grenier. Il n'a jamais été aussi conscient de la façon dont la poitrine d'Harry se soulève, de la façon dont sa bouche est humide, et son sexe dur entre ses jambes.

— Harry, ouvre les yeux.

Sa voix est douce. Les paupières du jeune homme vacillent un peu.

— Non...

— Harry. Regarde. Regarde moi.

Louis le lâche. Il se met debout, ses jambes un peu tremblantes. Son érection lui fait mal, mais il attend que Harry s'assoit et ouvre à nouveau les yeux pour retirer lentement son short en jean et son t-shirt. Il n'a jamais été nu devant quelqu'un avant. Il ne sait pas quoi faire de ses mains. Pendant une seconde, il réalise qu'il a peut-être l'air très stupide, debout au milieu de ce grenier vide. Puis, il croise le regard d'Harry et tous ses doutes s'envolent en fumée.

C'est de ce regard là dont Louis rêvera, pendant des années. C'est ce regard là qui lui donnera envie d'écrire, de tout dire, de raconter la fièvre et les mains et les rires et la peau pâle et la douceur des baisers.

Noyé sous l'amas noir et épais de ses cils, le lierre de ses yeux n'a jamais été aussi vert et dense. Louis s'approche. Ses genoux tremblent. Harry n'a même pas besoin de parler, Louis sait que c'est vers lui qu'il doit aller, pour toujours, aimant irrémédiablement attiré par son corps. Il se laisse tomber dans le foin, et Harry l'enlace. Leurs peaux sont chaudes l'une contre l'autre. Louis ne s'est jamais senti aussi à sa place dans le monde.

Lentement, il appuie sa bouche contre l'oreille d'Harry, et l'embrasse.

*

*

*

J'aimerais tant savoir écrire la beauté crue de ce premier amour. J'aimerais vous dire, vous dire avec des mots, le tremblement des corps. J'aimerais vous apprendre par coeur les bouches qui se retrouvent, le goût du foin dans les cheveux, les larmes qui bordent les yeux. J'aimerais que vous touchiez les pages de ce livre, et qu'elles soient comme une peau, une peau granuleuse et claire. J'aimerais que vous l'imaginiez couverte de grains de beauté bruns. J'aimerais que vous sentiez la douceur des poils sur les cuisses, la chaleur des cheveux sous la nuque, la dureté des os et la force pleine des hanches. J'aimerais que vous puissiez avoir dans la bouche le goût de la sienne, le goût du sexe, le sel amer qui le recouvre.

Si je ferme les yeux, toutes les sensations sont là, intactes et pourtant si lointaines. C'est en moi, je crois, pour toujours. Il m'arrive parfois de faire l'amour à des garçons... Je les allonge dans les draps blancs du lit, et leurs visages sont flous, soudain. Je ne peux pas m'en empêcher. J'ai honte, après. Sur le moment, je suis incapable d'arrêter le flot du temps. C'est l'hiver et dans ma chambre, j'entends les grillons de l'été 1993. Sur mes cuisses, les doigts qui glissent deviennent les siens. L'imaginer me fait du bien. Dans mes cheveux, il y a l'odeur du foin piquant, la poussière des champs. La chaleur moite s'abat sur mon corps. Je n'ouvre plus les yeux, jamais. Mes doigts se perdent le long d'un corps qui ne lui ressemble pas, et pourtant, et pourtant...

Je n'oublierais jamais la douceur de son sexe, sa lourdeur entre mes doigts malhabiles. Son corps qui s'arque doucement, pliant contre le mien, ma main qui se glisse sous son dos. La sueur éparpillée entre nous comme une deuxième peau, et nos sourires timides dans l'obscurité. Sa langue dans ma bouche, gémissante et sucrée. Je n'oublierais jamais mes jambes entre les siennes, mon bassin appuyé contre sa hanche, désespéré et lent. Je n'oublierais jamais ses doigts qui hésitent entre mes cuisses, puis qui m'enrobent tout entier. Je n'oublierais jamais nos mains liées contre sa poitrine, son regard s'épuisant dans le mien, nos bouches respirant l'une pour l'autre.

Tout est lui, toujours.

L'amour chez moi ne se démultiplie pas, l'amour n'est qu'une seule et unique personne, et cette personne a disparu, il y a longtemps déjà.

Je pourrais tomber amoureux à nouveau, je crois. Mon coeur pourrait se mette à battre pour un autre sourire. Peut-être que cette nuit alors, disparaîtrait lentement de mon souvenir. Peut-être que d'autres mains remplaceraient les siennes. Peut-être que je cesserais d'avoir mal...

Mais comment oublier... Comment oublier son rire au milieu de l'orgasme ? Comment oublier ses mains dévalant mon dos mes fesses mes cuisses ? Comment oublier son baiser au moment où nos corps fatigués se mêlaient l'un en l'autre ? Comment oublier la sueur le long de sa poitrine, le goût de sa salive et de son sperme, la profondeur infini de chacun de ses regards ?

Comment oublier cette nuit où nos mains amoureuses se sont jurées, à tout jamais, de ne plus jamais se lâcher ?

*

*

*

C'est le dimanche soir. Une table immense a été dressé dans la cour. Les sièges autour sont en plastiques. L'une d'entre elles est tombée dans le sable lorsqu'un chien a couru après un enfant. Personne n'a pensé à la relever.

Louis et Harry sont assis l'un à côté de l'autre. Sous la nappe à fleurs, leurs genoux se frôlent. Parfois, Louis glisse sa main sur la table et caresse doucement sa cuisse. Ils se sourient en se passant les bols de chips. Le coeur de Louis n'a pas ralenti depuis leur nuit dans la grange... Déjà, il rêve de recommencer. Il rêve aussi de se réveiller pour toujours enlacé contre le dos d'Harry, ses cheveux dans la bouche et son bassin naturellement collé à ses fesses. Il rêve que Harry, pour toujours, soit celui qui se retourne, voix rauque et yeux pleins de sommeil, et qu'il l'embrasse, malgré le goût un peu âcre de leurs bouches au matin. Il rêve qu'à jamais, ses mains se glissent entre leurs deux corps alanguis de sommeil, et qu'il caresse lentement Louis jusqu'à le faire venir sur son ventre, gémissement étouffé dans le foin ayant rougi leurs peaux nues. Il a envie de le dire à tout le monde, à quel point Harry est doux et beau et merveilleux et à quel point il a envie, à chaque moment de ses journées, de l'attraper et de l'embrasser et de le toucher encore et encore, jusqu'à mourir dans la chaleur de ses bras.

Peut-être qu'il a bu un peu trop de vin.

En face d'eux, Jim est assis de travers sur sa chaise, cigarette au coin de la bouche. Il n'a pas beaucoup parlé depuis une heure, trop occupé à engloutir les brochettes passant sur les plats. À vrai dire, ni Louis ni Harry n'ont cherché à lui faire la conversation.

— Alors les jeunes, c'était pas trop dur ?

À côté d'eux, Marcel décapsule sa bière d'un geste sec et remplit son verre d'une main habile. Louis se décale un peu pour le regarder :

— Ça va. Je l'avais fait l'année dernière.

— Et toi ? T'es pas d'ici, non ?

Il s'adresse à Harry qui se racle la gorge, un peu mal à l'aise, avant de dire :

— Non. Je suis juste là pour les vacances.

Juste pour les vacances. La réponse fait mal à Louis. Parfois... Parfois il oublie. Que Harry va repartir. Mais ce n'est pas si grave, non ? Ils pourront s'écrire. Et Louis ne va certainement pas rester terré à tout jamais dans ce bled. Il rejoindra Harry.

Quand il reprend le fil de la conversation, Jim est en train de parler, les coudes avancés sur la table.

— ... Harry n'est pas très habitué à faire ce genre de trucs, hein Harry ?

L'intéressé hoche prudemment la tête, et Louis sent un vague malaise s'installer dans sa poitrine. Marcel se met à rire. Un rire un peu gras, le rire de tous les hommes d'ici, qui boivent trop et sont au bar PMU dès neuf heures du matin. Louis les déteste.

— Ah ouais, c'est sûr que d'habitude, les gars de la ville sont pas très dégourdis.

Louis s'apprête à répondre, ne voulant pas que la conversation s'éternise, mais Jim est plus rapide :

— D'ailleurs, il est passé où ce mec qui était là il y a deux ans... Tu sais, Kevin ? Le petit blond.

Marcel fait un vague geste de la main avant de grimacer :

— Vous avez pas entendu l'histoire ? C'était un pédé. Ça m'étonne pas qu'il tenait pas le coup... Tu te rappelles comme il se traînait dans les allées ? Il avait du mal à marcher le pauvre.

— Ça c'était peut-être normal, ricane Jim.

La lueur dans ses yeux n'a rien de sympathique. Louis sent ses joues le brûler. Autour de ses couverts, ses doigts blanchissent. À côté de Jim, un gars à la barbe grisonnante se retourne et rejoint la conversation avec une blague de mauvais goût. Puis un autre se lève et se met à mimer la façon dont Kevin marchait, balançant exagérément ses hanches de droite à gauche. Les rires fusent autour de la table. Chacun ajoute son anecdote, plus sale encore que les précédentes.

Louis a envie d'hurler.

Pourtant, il en est incapable. Cloué à sa chaise, il respire à peine. Le bruit de la conversation s'épaissit dans ses oreilles, jusqu'à devenir un bourdonnement désagréable. Il voudrait pouvoir réagir. Il voudrait pouvoir dire quelque chose, défendre ce Kevin qu'il ne connaît même pas et qui ne mérite pas toutes ces remarques homophobes et dégoûtantes et affreuses. Il voudrait ne pas se sentir sali par les mots des autres. Il voudrait ne pas y accorder d'importance, leur cracher au visage et partir la tête haute. Mais il ne le fait pas. À côté de lui, Harry est immobile aussi, figé sans que personne ne s'en rende compte. Louis n'ose même plus poser sa main sur sa cuisse.

La seule chose qu'il remarque, dans le silence assourdissant qui l'environne, c'est le regard moqueur de Jim, fixé sur lui.

Et pour la première fois, Louis comprend la peur tapie dans les yeux d'Harry. 



________


notes

J'ai un jour de retard je suis désolééééée. (Mais peut-être que vous aviez même pas remarqué en vrai mdrrrkr). Bref, j'espère que ce chapitre vous a plu. J'ai passé TELLEMENT de temps sur la scène dans le grenier, vraiment c'était horrible. 😭 Je ne sais pas si elle est bien au final, mais je n'en pouvais plus de supprimer et de réécrire et de supprimer et de fixer le vide en me disant jesaisplusécrire. ENFIN VOILÀ

À vendredi, je vais essayer d'être à l'heure cette fois-ci. :p Merci pour vos petits messages, comme toujours. ♡

#CAPfic 

ps : Mirador ou Bye Bye ? 

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