Bad Boyd - Remember | T1

By JoyceBchn

4.7K 413 423

Sur tous les plans, une reconstruction nécessite une détermination sans faille et un courage née de la douleu... More

Chapitre un ➳ L.A, i'm here.
Chapitre deux ➳ Soupçons
Chapitre trois ➳ C.J.B
Chapitre quatre ➳ Hypnotisant
Chapitre cinq ➳ Nouveau sentiment
Chapitre six ➳ Confusion d'émotions
Chapitre sept ➳ Premier instant
Chapitre huit ➳ Premier sourire
Chapitre neuf ➳ PDV Abbie
Chapitre dix ➳ PDV Abbie
Chapitre onze ➳ PDV Connor
Chapitre douze ➳ PDV Connor
Chapitre treize ➳ PDV Abbie
Chapitre quatorze ➳ PDV Connor
Chapitre quinze ➳ PDV Abbie
Chapitre seize ➳ Dangereuse fête
Chapitre dix-sept ➳ La clé du Pardon
Chapitre dix-huit ➳ PDV Connor
Chapitre dix-neuf ➳ PDV Connor
Chapitre vingt ➳ Réponses
Chapitre vingt-et-un ➳ PDV Abbie
Chapitre vingt-deux ➳ PDV Connor
Chapitre vingt-trois ➳ PDV Abbie
Chapitre vingt-quatre ➳ PDV Abbie
Chapitre vingt-cinq ➳ PDV Connor
Chapitre vingt-six ➳ PDV Connor
Chapitre vingt-sept ➳ PDV Connor
Chapitre vingt-huit ➳ PDV Connor
Playlist
Chapitre trente ➳ PDV Abbie
Chapitre 31 ➳ PDV Abbie

Chapitre vingt-neuf ➳ PDV Connor

122 11 31
By JoyceBchn

Trois heures plus tard, je termine de me préparer, passant ma main sur mes cheveux bruns plaqués par le gel. Sortant de la petite salle de bain après une bonne douche, avec pour seul vêtement mon pantalon, j'attrape mon Colt M1911 posé sur le lit de ma chambre d'hôtel et vérifie qu'il est bien chargé. Une fois fait, je le place dans la ceinture de mon pantalon, dans le bas de mon dos, et frissonne au contact du canon froid sur ma peau brûlante. 
J'enfile ensuite mon gilet pare-balle, mon t-shirt et mon Holster d'épaule dans lequel est logé mon précieux revolver Chiappa Rinho. Manquant de ma deuxième peau, j'attrape aussitôt mon blouson en cuir posé sur une chaise non loin de moi et l'enfile par dessus mon équipement. Me préparant à ce qui va suivre, je ne manque pas de faire craquer chaque articulations de mes mains, poignets, et d'un mouvement d'épaule, je fais craquer mon dos. Soufflant un bon coup, fin prêt, je sors de la pièce qui me sert de dortoir depuis maintenant deux semaines.

L'air de rien, comme si je m'apprêtais à partir faire mes courses, je ferme la porte de ma chambre d'hôtel derrière moi, emprunte l'ascenseur et sors du bâtiment en brique rouge par les portes tournantes, les mains dans les poches de mon blouson.

En y réfléchissant, c'est un peu comme si j'allais réellement faire mes courses. J'ai déjà choisi mon article, qui est Abbie, mais contrairement à ce que font les gens normaux, je ne me contente pas de passer à la caisse pour payer. Je supprime de mon passage les clients susceptibles de me voler mon article, et après, je vais à la caisse.
Ou pas.

Paye-t-on quelque chose qui nous revient de droit ? Je n'en suis pas certain.
Et, oui, Abbie me revient de droit.

 Je monte dans ma berline sans prendre la peine de boucler ma ceinture de sécurité et quitte le parking, prenant la route pour l'entrepôt.
Est-ce que je suis stressé ? Non.
Est-ce que je veux faire machine arrière ? Non.
Est-ce que je suis un putain d'enculé pour ce que je m'apprête à faire ? Oui.
Mais si c'est le prix à payer pour sauver Abbie et pour la venger, j'en ai rien à foutre.

 – Allô ? Connor ?
La voix de l'agent Kallagan retentit à l'autre bout du fil alors que je mets le haut parleur et pause le téléphone sur le tableau de bord. Mon smartphone glisse lorsque je tourne dans un virage pour finalement tomber dans une paire de chaussures posées sur le tapis, en face du siège passager. Un rire s'échappe de ma gorge lorsqu'une idée de surnom me vient en tête pour l'agent Kallagan : gueule de pompe. 
Pas mal. 
– Ouais.
– Tout est prêt. On n'attend plus que vous. Nos équipes d'interventions sont postées tout autour de l'entrepôt. Où sont vos hommes ?
– Déjà là-bas.
– Êtes-vous certain de vouloir faire ça ?
– Ouais.
Je grille tous les feus rouges, ne prêtant pas attention aux voitures qui me klaxonnent lorsque je leur coupe le passage.
Abbie n'aimerait pas ma conduite, me dis-je à moi même en riant.
Ta gueule, connard ! On s'en branle qu'elle aime ou pas ta conduite. 
Qu'est-ce qui m'arrive, putain ?
– Bien. Nous attendons votre signal.
– Je déclenche l'alarme incendie et vous entrez. Salut, gueule de pompe.
- Qu'est ce que vous venez de d...
Je raccroche en pouffant.
Prenant une seconde pour réfléchir à nouveau à notre plan, je grille à nouveau un feu rouge et me fait klaxonner par une minette mécontente.

J'en ai rien à foutre. Mon cœur palpite d'impatience dans ma poitrine. 
Qui aurait cru que je ferai une alliance avec le FBI et la CIA pour libérer une fille ? Personne, pas même moi. C'est une première, mais j'ai tout de même réussi à négocier correctement : Si je les aide à démanteler le plus gros cartel de drogue de l'Oregon, ils me laissent sortir Abbie de là sans m'arrêter, et en bonus, ils laisseront mon cartel tranquille pendant un certain temps.
Ce qui est une bonne chose, même si cela ne durera que quelques mois.
D'ici là, j'aurais déjà trouvé un nouveau plan pour échapper aux flics. 

5 minutes plus tard, j'arrive à destination avec le cœur toujours fou, les mains moites et le visage fermé au possible.

C'est l'heure.
Ça y est.

Je jubile intérieurement. Abbie n'a aucune idée de ce qui l'attend, et ça me fait sourire. Elle ne sait pas que bientôt, elle sera une femme libre. Elle ne sait pas que je m'apprête à respecter ma promesse, la toute première que j'ai faite en vingt-deux ans d'existence. 

Je descend de ma voiture l'air de rien, claquant la portière derrière moi, un sourire diabolique sur les lèvres alors que je traverse le parking parsemés de quelques voitures par-ci par-là. J'aperçois non loin de là des voitures de flics, des fourgons, et des hommes cachés un peu partout. L'agent Kallagan, posté non loin des portes principales de l'entrepôt, sur le côté, me fait un signe de la main et je lui répond par un signe de tête.
C'est étrange d'agir ainsi. Habituellement, je n'aurais fait qu'une chose : fuir, ou tirer à bout portant. Hors, désormais, eux et moi sommes dans le même camp, et merde, c'est vraiment, vraiment bizarre.

Je pousse les portes qui grincent sur leurs rails et ne les referme pas derrière moi, ce qui est contraire au règlement de l'entrepôt. Pourquoi le faire ? Tout le monde va chercher à s'enfuir dans peu de temps, je leur facilite la tâche.
Je suis un ange.
J'ignore les regards accusateurs, curieux et désapprobateurs alors que je traverse l'entrepôt à grande enjambée, la tête haute, les mains toujours dans les poches de mon blouson. Je croise Ledell sur mon chemin, et je ressens une pointe au cœur lorsqu'il m'adresse un sourire et un signe de la tête.
On se reverra, l'ami, me dis-je en lui rendant son sourire, un brin de nostalgie dans le regard.
Aucun signe d'Emett et Cody, ils doivent être dans les pièces à l'arrière. Sans surprise, je ne vois pas Rivera et me dit qu'il a bien fait de partir.

Je pars en direction de la pièce où est Abbie et, sans grand étonnement, je la trouve endormie lorsque j'ouvre la porte et que la lumière de l'extérieur filtre légèrement dans la pièce. Avec le flash de mon téléphone que je pose dans un angle, j'éclaire en direction du matelas devant lequel je m'accroupis, attrapant Abbie par les épaules afin de l'aider à s'asseoir.
– Hey, tu m'entends ? chuchote-je en inspectant son visage.
Aucune réponse. Sa tête tombe en arrière, et je la redresse à l'aide de ma main.
– Réveille toi, ma jolie, je réitère en la secouant légèrement.
– Mhhh...
– Abbie, ouvre les yeux.
Elle le fait et je ne peux m'empêcher de sourire, sentant mon cœur s'accélérer d'excitation dans ma poitrine.
Mauviette.
– Tu me reconnais ?
– Oui, dit-elle la gorge sèche.
– Ils t'ont donné une autre dose, depuis que je suis passé ?
Elle fronce les sourcils, ferme les yeux et recule légèrement sa tête, comme si elle était prise d'une violente migraine. J'attends patiemment qu'elle réponde, ne voulant pas la bousculer.

 – Non. Tu es... passé ? Ah, oui. Tu.. tu es revenu ?
– Tu croyais que j'allais te laisser ? Demande-je les yeux plissés. Je n'attend qu'une chose, c'est de te voir à nouveau sur pied. Tu vas sortir d'ici.
– Tout le monde m'a... abandonné. Pourquoi es-tu là ? Je... suis un fantôme... aux yeux de tout le... monde.
J'ai l'impression de recevoir une gifle en pleine gueule. La colère boue dans mes veines à l'entente de ses paroles. Je fronce le nez et pince les lèvres avant de lui faire lever la tête à l'aide de mon pouce et de mon index, que je place sous son menton, la forçant à me regarder. Abbie lève sur moi des yeux brillants, mi clos, et je plonge mon regard dans le sien. 
– Je t'ai fais une promesse, grogne-je d'un ton sévère.

Mon cœur se serre presque automatiquement. Un tel sentiment ne m'avait jamais attaqué, avant.
Mais, là, à cet instant précis, je ne veux plus la laisser partir.
Je ne veux pas qu'elle vive sans moi.
Merde ! Je dois me reprendre. Il le faut.
Je ne peux pas l'emmener avec moi. Je ne peux pas kidnapper une kidnappée.
Ou... peut-être que si ?
Non !
– Merci, chuchote la fille qui a abattue toutes mes rempares avec un simple regard.
Et, soudain, sans que je n'ai le temps de réagir, elle caresse ma joue de sa petite main et s'avance. Je suis incapable de bouger alors qu'elle pose ses lèvres sur le coin des miennes. Mon cœur bat fort dans ma poitrine tandis que mes paupières se ferment. Ma peau se couvre d'une chair de poule déstabilisante, et je me laisse emporter par les feus d'artifices qui explosent par centaine dans mon estomac. Mes épaules d'ordinaire tendues, s'affaissent d'une traite.

– Merci d'être venu... d'être resté et revenu, murmure-t-elle faiblement en reculant.
C'est plus fort que moi, je suis obligé de nicher ma main contre sa joue et de coller mon front au sien, comme si ce geste allait m'aider à accepter que je dois la sortir d'ici et l'abandonner, à mon tour. Tout en moi explose à la sensation de cette proximité entre elle et moi. Tout devient plus... simple, lorsque je la sens près de moi. 
Vraiment très près.
Abbie ne bouge pas d'un centimètre et souris même du mieux qu'elle le peut. Elle est probablement à bout de force.
– Souviens-toi, dis-je en la suppliant, laissant désormais mon cœur parler à ma place. Souviens-toi de moi, Abbie. N'oublie pas mon visage. Mon regard. N'oublie rien. 
– Je ne t'oublierai pas.
– C'est ce qui se produit après un choc émotionnel. Tu... tu vas perdre tous tes souvenirs.
– Non.
Si sûre d'elle, si naïve. Je baigne là dedans depuis tout petit, je sais de quoi je parle. Lorsqu'une victime est libérée, le choc d'être à nouveau libre prend place et alors, le cerveau agit et fait oublier à la personne tous les mauvais souvenirs.
Suis-je un mauvais souvenir pour elle ? Putain, non.
Je refuse de l'être.
Je la serre contre moi sans réfléchir. Ses petits bras s'enroulent autour de mon cou et m'attire plus près d'elle. Je niche mon visage dans son cou, et soudain, je me rend compte que c'est moi qui ai besoin d'être rassuré, d'être réconforté.
Pas elle.
Merde. 

Qu'est-ce que je suis entrain de faire, pour l'amour du ciel ?
– Connor. Je m'appelle Connor, dis-je dans son cou.
– Moi c'est...
– Abbie, je sais, la coupe-je en riant amèrement.
Comment pourrait-elle se souvenir de moi alors qu'elle ne se souvient même pas de m'avoir dit son prénom ?
Je prend son visage entre mes deux mains et sourit alors qu'elle émet à son tour un petit rire. C'est le son le plus adorable qu'il m'ait été donné d'entendre.
Et je suis officiellement devenu une mauviette.
– Connor, chuchote-t-elle pour elle-même. On se retrouvera. 

Je la regarde profondément durant de longues secondes. J'embrasse son front avant de me lever et de récupérer mon téléphone, aveuglant au passage Abbie avec le flash. Je m'excuse et passe une main dans mes cheveux sans la quitter des yeux.
– Prépare-toi. Tu as des affaires à prendre ou un truc comme ça ?
Elle me regarde et arque un sourcil, l'air de dire « tu es sérieux ? », et je me gifle mentalement pour avoir posé une question aussi stupide.
Bien sûr que non, une séquestrée n'a pas d'affaires à récupérer, abruti.
– Désolé,
grimace-jeJe vais sortir, sonner l'alarme incendie à côté et les flics vont débarquer. Après ça, ça va être la cohue générale et je viendrai te chercher. Si quelqu'un défonce la porte avant que je ne sois revenu, tu hurles, ok ?
Abbie hoche la tête sans dire un mot, ne cachant pas sa surprise, les yeux écarquillés. Je tourne les talons et m'apprête à sortir de la pièce, la main sur la poignée, lorsque sa voix s'élève dans mon dos :
– A tout de suite.
Je lui réponds par un clin d'œil et sors.
Elle est incroyable.

Maintenant, l'alarme incendie. Le coeur battant la chamade, je me dirige tout droit vers la fameuse, le regard dur. Je n'échappe pas aux regards interrogateurs et méfiants, ni même au type qui me dit « Pourquoi t'as l'air prêt à tuer quelqu'un, mec ? ».
Je ne réponds pas et rit.
Ignorant, va.
– Connor ?

La voix d'Emmet ne m'arrête pas non plus. J'ai l'impression d'avancer au ralentit, sentant les regards pesant sur moi. Je vois Cody au loin froncer les sourcils et plisser les yeux en me voyant partir vers l'alarme, et quand j'y arrive enfin, ses yeux s'écarquillent.
– Non, articulent silencieusement ses lèvres.
Le visage interdit, je comprends de suite qu'il sait ce que je m'apprête à faire. Deux secondes suffisent pour qu'il tourne la tête, regarde à l'extérieur par les portes ouvertes de l'entrepôt, me regarde une nouvelle fois et se mette à hurler :
– NON ! CONNOR !!!!
Tout le monde se tourne brusquement vers moi.
La main sur le levier, je le baisse et fait sonner l'alarme.
C'est parti. Mode criminel prêt à tout est enclenché.

Les bouches à incendies au plafond s'activent et détrempent l'entrepôt de toute part. Le FBI entre en hurlant, armés jusqu'aux dents, des casques de protection sur la tête.
Tout le monde se met à courir, à frapper, à tirer, et je ne perds pas une seconde de plus pour filer.
Mon cœur bat tellement vite.
– Attrapez-les tous ! Ordonne la voix de l'agent Kallagan dans mon dos.
Je cours jusqu'à la pièce où se trouve Abbie et ouvre violemment la porte. Elle sursaute, écarquille les yeux et je peux apercevoir son petit corps trembler. Elle n'attend pas une seconde de plus pour se lever, et mes yeux s'ouvrent en grand, surpris qu'elle arrive à tenir sur ses jambes.
Ses yeux sont deux boules de bowling, la peur se lit clairement dans son regard et sur les traits de son visage déformé par les blessures.
– Viens.
Je parcours la distance qui nous sépare et prend son visage entre mes mains, plongeant mon regard dans le sien.
– Tu peux marcher ?
Elle secoue la tête.
– Non, je.. j'ai mal aux...
Je ne la laisse pas finir. Je passe un bras dans son dos, l'autre sous ses jambes et la soulève. Naturellement, elle s'agrippe à mon cou à l'aide de ses petits bras.
– Connor, c'est dangereux d'y aller.
– Tant que tu es avec moi, ça ne l'est pas. OK ?
Abbie hoche la tête de haut en bas et me regarde avec des yeux brillant d'une intensité que je ne lui connaissais pas. Ce n'est pas de la peur, c'est tout autre chose. Elle me fait comprendre silencieusement qu'elle me fait confiance.
Et j'adore ça.
– Prête à sortir d'ici ?
– Prête.
Aussitôt, je prend une grande inspiration et sort de la pièce, Abbie dans mes bras. Elle pèse le poid d'une plume.
Le vacarme dans l'entrepôt m'impressionne. Je suis habitué à ça, mais là, c'est plus que jamais sanglant, violant et époustouflant. J'avance à travers les nuages de fumés créer par les bombes lancés par les flics pour nous aveugler, entendant des hommes crier, des tires de balles, des gémissements, des aboiements.
Le cahot à l'état pur.
Qu'est-ce que j'ai fais ?
Abbie niche sa tête dans mon cou et ce contacte me fait frissonner. Une fois le nuage de fumée passé, j'aperçois Emmet se faire mettre les menottes et me regarder, stupéfait. Ensuite, son regard va sur Abbie et il cri en se débattant :
– Tu trahis les tiens pour une fille ! Connor !!!!!
Le corps de la fille en question se tend dans mes bras et elle frissonne. Je tourne le regard et ne m'arrête pas. Je n'affiche aucune émotion, rien que de l'amertume.
J'ai presque atteint mon but. Abbie est bientôt libre. Hors de question que je me laisse freiner.
Je continu ma marche à travers l'enfer et sors de l'entrepôt. Au loin, j'aperçois des membres du cartel s'enfuir en courant, d'autres tenter de monter dans leur voiture et se faire arrêter avant de pouvoir démarrer. Je me dirige vers le côté de l'entrepôt et une fois là-bas, je dépose Abbie par terre.
Elle s'est endormie. Sérieusement ?
Quelqu'un peut m'expliquer comment peut-on s'endormir à travers un tel boucan ?
– Hey, dis-je doucement en m'accroupissant devant elle.
Abbie a le dos contre la taule de l'entrepôt, ce qui la retient donc. Ses petits yeux s'ouvrent et elle bat des paupières.
– Tu es libre.
– Ça y est... murmure-t-elle comme si elle n'en croyait pas ses oreilles.
Abbie regarde partout autour d'elle. Les secondes défilent, son regard est émerveillé. Elle sourit en voyant les étoiles dans le ciel, ce qui me fait sourire à mon tour.
Bon sang. Je dois le faire.
Il le faut. Je ne peux pas la laisser ici.
– Connor...
Une larme roule au coin de son œil. Je l'essuie à l'aide de mon pouce et avance mon visage plus près du sien, le cœur battant toujours la chamade.
– J'ai peur, chuchote-t-elle. Je ne veux pas que tu partes. 
Mon estomac se retourne. La culpabilité s'empare de moi, mais la raison me rattrape sans attendre. Même si je le voulais, je ne pourrai pas l'emmener. C'est impossible.
Bon sang, pourquoi c'est si dur ? Pourquoi... pourquoi est-ce que j'ai mal ? 
– Où que tu sois, quoi que tu fasses, je garderai toujours un œil sur toi. OK ?
Ma voix tremble. Je déglutis difficilement tandis que ma poitrine se comprime un peu plus.
– Mais...
Maintenant, c'est une flaupée de larmes qui coulent sur son visage. Pour la première fois de toute ma vie, pour la première fois en 23 ans d'existence, mon cœur me fait souffrir au delà du possible. Au dessus de nous, un hélicoptère nous éclaire avec sa lumière mais nous n'y prêtons pas attention, trop absorbé l'un par l'autre.
Il faut que...
J'approche son visage du mien, plus près que jamais. Ses yeux en amande se ferment, ses lèvres attendent impatiemment les miennes. Et, alors que je m'apprête à la goûter pour la toute première fois, une voix familière m'appelle, et j'ouvre brusquement les yeux en même temps qu'Abbie.
– CONNOR !!!!!! Répond-moi ! Hurle un homme.
Troy. 
Merde ! 
Ne me répond pas ! Hurle-t-il à nouveau. Dis moi où tu es !
Je me lève brusquement. Si Troy me dit de ne pas lui répondre, c'est qu'il se passe quelque chose d'anormal, encore plus anormal que sa présence ici.
Abbie tente de se mettre debout à son tour mais elle retombe sur ses fesses, affaiblie. J'applique mon code de discrétion et jette un caillou sur le parking de l'entrepôt. Quelques secondes plus tard, Troy débarque et me plaque violemment contre la taule où est adossée Abbie. Le visage de mon meilleur ami est intact, ce qui m'indique qu'il n'est pas tombé sur un flic.
Néanmoins, il a l'air paniqué.
– On doit se tirer ! 
– Qu'est-ce que tu fous ici, putain ?
– J'ai pas le temps de t'expliquer ! On doit se tirer ! L'agent, celui avec qui tu as passé ton accord, il vient de donner l'ordre à ses poulets de t'attraper !
Mes yeux s'écarquillent. Il n'en fallait pas plus pour réveiller ma fureur, mais la petite voix d'Abbie me calme aussitôt :
– Lâche-le, s'il te plaît. Tu vas lui faire mal, demande-t-elle à mon meilleur ami.
D'abord, Troy écarquille les yeux, surpris par cette voix aussi douce que frêle. Ensuite, il tourne lentement la tête vers Abbie assise par terre et me lâche. Je lisse mon blouson, passe une main dans mes cheveux et fait craquer les articulations de mon cou. Mon meilleur ami s'agenouille devant Abbie en plissant les yeux, l'air intrigué, et cette dernière ne bouge pas d'un cil.
– Troy, voici Abbie.
Il ne la quitte pas des yeux et l'examine soigneusement.
– Abbie, je te présente mon meilleur ami, Troy.
– La fameuse fille, chuchote-t-il en l'observant comme une bête de foire.
Étrangement, le visage de mon pote s'illumine. Ses yeux sourient, mais ce moment aussi doux que bizarre ne dure pas. La voix de Kallagan le fils de pute s'élève non loin de nous :
– Trouvez moi ce salaud et bouclez-le !
Troy se lève d'un bond. A nouveau, la colère s'empare de moi et je fais craquer mes phalanges.
– On se casse, dépêche-toi !
– Laisse-moi lui dire au revoir, crache-je en m'agenouillant précipitamment devant Abbie.
Troy marmonne quelque chose que je n'entends pas, ou plutôt que je n'écoute pas.
– Souviens-toi, ok ?
– Oui. Je trouverai un moyen.
Je souris. Mon cœur se serre alors qu'Abbie m'embrasse la joue et chuchote à mon oreille :
– Je trouverai un moyen de me souvenir que je suis tombée amoureuse de l'homme qui m'a sauvé la vie.
– Qu'est-ce que...
Son regard est brillant. Mon cœur bat tellement fort dans ma poitrine, putain, j'ai l'impression qu'il va en sortir.
Qu'est-ce qu'elle vient de me dire ? 
Mais, avant que je ne puisse répondre, Troy me soulève et me traîne derrière lui, m'arrachant peu à peu Abbie des yeux. Les larmes sur ses joues se font de plus en plus nombreuses.
Putain, je veux me défendre. Je veux qu'il me lâche.
Mais j'en suis incapable, comme figé.
– Il est là ! Aboie une voix.
– Dépêche-toi, Connor !
Troy me tire jusqu'à la voiture, et bientôt, le visage d'Abbie disparaît de ma vue. Lorsque Troy me fou de force dans sa voiture et monte à son tour avant de démarrer en trombe, je comprend.
Je comprend la douleur. Je comprend le mal que je ressens. Je comprend les sensations, sentiments et émotions que je ressens aux côtés d'Abbie.
Un hoquet de surprise m'échappe lorsque je sens mon cœur se briser dans ma poitrine. 
Putain, ouais. Ça fait un mal de chien.
– Non.. non. Je...
– Quoi ?
L'image d'une petite brune au visage abîmé apparaît devant mes yeux, et j'ai mal. Putain. Plus Troy s'éloigne, plus j'ai mal. C'est... merde, c'est insupportable. Ma gorge se serre brutalement, et je ne parviens plus à respirer correctement.
– Je ne peux pas, chuchote-je en écarquillant les yeux.
– Tu peux pas quoi, Connor ?
Je suis obligé de prendre une grande inspiration pour ne pas étouffer. Ma gorge ne cesse de se serrer et je m'émet un bruit étrange en déglutissant. Du coin de l'œil, je vois Troy tourner brusquement la tête vers moi, les yeux écarquillés.
– Putain, qu'est-ce qui t'arrive ? Répond moi.
Il m'arrive la pire chose. Celle que je craignais le plus au monde. Avoir le cœur brisé arrivait en deuxième position sur ma liste de chose à ne jamais éprouver.

« Je sais ce que c'est d'aimer. » m'avait dit Rivera.
Je lui ai ri au nez, et il m'a regardé comme si j'étais un idiot qui n'avait aucune idée de ses propres sentiments.
Ça me fait l'effet d'un coup de poignard. Je viens d'abandonner Abbie.
Je viens de... Merde.
Putain. Ça ne devait pas m'arriver... pas à moi. Je ne mérite pas d'être aimé. Je ne mérite pas de...
– Connor, tu me fais flipper ! Réagis !
– Je suis tombé amoureux, murmure-je entre mes lèvres, le regard perdu dans le vide.
Tout l'air contenu dans l'habitacle de la voiture semble s'atrophier, ne me permettant plus de respirer. 
– Je sais... T'as mal ? me demande-t-il.
– Ouais, putain. Je... je l'aime.
– Tu la retrouveras, dit-il d'une voix qui se veut rassurante.
– Comment tu peux le savoir ?
– Deux personnes amoureuses se retrouvent toujours. Toujours, répète-t-il.
En temps normal, je lui aurait mit mon poing dans la figure et j'aurais augmenté le son de la radio pour ne pas avoir à continuer une conversation aussi nunuche. Mais, là, c'est différent. Ses paroles me... me rassurent, ouais. C'est ça.
Pourtant, j'ai toujours aussi mal.
Mais, si Troy dit vrai, alors je retrouverai Abbie. C'est vrai, il y a peut-être des chances qu'elle se souvienne, non ? Il y a des chances que son cerveau me classe comme étant un bon souvenir, et non comme un mauvais, non ?
Je l'espère. Sinon, je n'aurai aucun moyen de lui faire se rappeler qui je suis. De lui faire se rappeler qu'elle est amoureuse de moi.
Et dans ce cas, je ne pourrai jamais lui dire que moi aussi, je suis fou amoureux d'elle.  

                                                                         Fin du flashback 

Continue Reading

You'll Also Like

164K 4K 87
Chronique réelle. La devise : toujours dire al hamdulillah.
237K 13.2K 49
Il a suffi d'un regard à Isaac Miller pour tomber sous le charme de Lev. Rongé par la timidité, il n'a jamais osé faire le grand saut. Cette dernière...
69.1K 1K 47
Amour, drames, épreuves d'Allah, mais tout ça dans le hlel. Rien que toi et moi... Le Mektoub
148K 6.9K 74
Aujourd'hui à Londres. La peur envahissait mon corps, celui qui m'avait kidnappé se trouvait maintenant face à moi. Ses yeux noirs ne me lâchaient pa...