Quelques minutes plus tard, alors que je me suis rassise sur mon lit et que je suis plongée dans mes recherches, je relève subitement la tête lorsque la porte s'ouvre à la volée pour la deuxième fois en moins de quinze minutes.
- Mia ?! me suis-je exclamée plutôt surprise. Tu n'es pas censée être en mission avec Ciara ?
- Si. me répond-elle en hochant la tête. Mais, il y a eu comme qui dirait un petit problème "technique" : Klaus et Ky sont en train de tout mettre en œuvre pour le régler le plus vite possible.
- Mais alors pourquoi tu es remontée ?
- Je suis à la recherche de Cherry et je pensais qu'elle serait encore ici mais visiblement ce n'est pas le cas. soupire-t-elle.
Mon air perplexe semble l'avoir incité à poursuivre ses explications :
- Tu vois la petite discussion que nous venions d'avoir sur l'acceptation de soi-même, de son corps, toutes ces paroles autour du body-positivisme ?
- Euh.... Oui.
- Eh bien, dit-elle avec un petit sourie ironique, il semblerait que le destin ait voulu que ce soit exactement mon ordre de mission du jour !
Elle lâche un petit rire.
- Quel coup du sort vraiment !
- Et tu cherchais Cherry pour...?
- Pour qu'elle me donne des conseils : elle donne toujours de bons conseils, elle ! Et comme c'est un sujet qui lui tient à cœur.....
- Quel est le problème de Ciara au juste ?
Je tapote le coin de mon lit pour l'inviter à s'asseoir à côté de moi. Une fois que cela est fait, je la vois hausser les épaules.
- Son problème ? C'est qu'elle porte une trop grande attention aux regards des autres.
Elle pousse un profond soupir.
- Je la comprends : subir sans cesse les mêmes remarques du style "Ciara tu ressembles à une baguette: tu es fade et sans formes", "tu ne ressembles à rien" etc., c'est normal qu'elle veuille changer mais je suis censée lui prouver qu'elle n'en a pas besoin.
- Mais toi tu penses le contraire. ai-je déclaré, comprenant son point de vue.
Mia hoche vivement la tête.
- Le regard des autres, les jugements qu'ils portent sur toi..... Je connais tout ça c'est pour ça que je comprends son envie, son besoin de changer.
Je hoche une nouvelle fois la tête, comprenant parfaitement ce qu'elle vient de dire puisque moi aussi, j'ai vécu la même chose.
La difficulté c'est d'apprendre, surtout à l'adolescence, qu'il ne faut pas vivre au travers du regard des autres : c'est votre vie pas la leur.......
Tout à coup, le livret de Mia se met brutalement à sonner. Elle décide de l'ouvrir et nous nous apercevons alors que l'un des deux écrans s'est allumé de lui-même et qu'il nous renvoie une image plutôt floue, plutôt brouillée de ce qui semble être un visage humain.
L'image s'affine et je me rends compte que c'est le visage de Klaus que nous avons en face de nous.
- Hé, salut Klaus ! ai-je dit en souriant et en faisant un petit signe de la main.
- Hé, Muza ! s'exclame-t-il en me faisant lui aussi un petit salut de la main. Milena est avec toi ?
- Oui Klaus je suis là. répond Mia.
- Ah ! Désolé, tu t'étais cachée dans le coin : je ne t'avais pas vu. Ah ! Et au fait tu peux redescendre c'est bon : tout a été réglé !
- Très bien j'arrive !
Le visage souriant de Klaus disparaît de l'écran qui lui, s'éteint quelques secondes plus tard.
- Je me demande bien quel sort il a utilisé pour réussir à faire ça ! déclare mon amie en souriant.
Elle referme son poéisis et se lève de mon lit. Je suis tous ses mouvements des yeux avec un air plutôt curieux sur le visage.
- Milena ?
"Mia" lève les yeux vers moi puis hausse les épaules.
- Klaus a l'habitude de m'appeler par mon vrai prénom mais je préfère cent fois mieux mon diminutif. Un peu comme toi.
Je hoche la tête en souriant.
- Mia c'est mieux en effet.
C'est quand même curieux qu'elle nous ait jamais révélés son véritable prénom.......
Et je pense ne l'avoir jamais entendu dans la bouche d'autres personnes mis à part celle de Klaus à l'instant.
C'est quand même étrange......
Je chasse rapidement cette idée de mon esprit et la relègue dans un coin de ma tête.
Mon amie est sur le point de quitter la pièce lorsque je la rappelle :
- Mia attends !
Cette dernière, qui a sa main posée sur la poignée de la porte, se retourne vers moi et s'arrête dans son geste.
- Oui ?
- Je vais t'accompagner. ai-je déclaré en descendant de mon lit et en enfilant rapidement mes baskets. À moins que tu ne veuilles pas que je vienne ?
Mia secoue la tête en souriant.
- Bien sûr que non : Cherry et toi donnez toujours de bons conseils alors je suis preneuse !
Je lui souris alors que nous sortons toutes les deux de la chambre pour nous diriger vers Destiny'Heart.
- Arina et toi avez déjà tiré au sort pour savoir laquelle de vous deux va commencer ? lui ai-je demandé alors que nous descendons la floppée de marches nous conduisant jusque dans le hall de l'Ecole.
Mia acquiesce.
- C'est elle qui commence.
- C'est une bonne chose pour toi ça ! Pour le coup, c'est toi qui auras l'avantage : tu pourras renverser tous ses arguments en ta faveur.
Nous arrivons rapidement devant deux portes métalliques que je ne connais que trop bien : Mia appose sa main sur le capteur d'empreintes digitales prévu à cet effet et juste après, elle tape son nom et prénom sur le digicode installé juste à côté, et c'est seulement après avoir rempli ces deux conditions que les deux portes s'écartent l'une de l'autre pour laisser une ouverture et nous laisser pénétrer au cœur de Destiny'Heart.
L'organisation ainsi que le nombre impressionnant de gens qu'il y a dans cet endroit m'impressionnera toujours autant. Mia et moi slalomons entre toute cette masse de gens regroupés, entre les centaines de câbles disposés un peu partout et nous continuons de discuter.
- T'as déjà une idée de ce que pourrait être la stratégie d'Arina ? ai-je demandé.
Mia secoue négativement la tête.
- Non pas encore : j'attends de voir. Tu en as déjà une toi ?
Je hoche la tête.
- Je pense qu'elle va s'amuser à détruire son amour-propre. Ou plutôt..... Elle va inciter Ciara à le détruire elle-même et c'est à cet instant que son acte aura plus d'impact et qu'il sera trop tard.
Mia me regarde avec des yeux aussi ronds que des soucoupes.
- Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ? Qu'est-ce que j'ai dit ? ai-je demandé en riant.
- C'est juste que..... Muza tu es trop intelligente ! Jamais je n'aurais pu anticipé les actes d'Arina de cette manière moi !
Pour toute réponse, je me contente de hausser les épaules en souriant.
- Et donc, si jamais Arina l'incite à détruire son amour-propre, la seule chose que j'ai à faire, serait de renverser ses arguments en ma faveur c'est bien ça ? me relance Mia.
- Logiquement oui. ai-je répondu en hochant la tête. Bien sûr, tout dépendra de ce qu'elle fera mais je pense que si Arina opte pour cette tactique, le mieux que tu aies à faire c'est de lui montrer au contraire qu'elle a de la valeur : montre à Ciara qu'elle est aimée à sa juste valeur, qu'elle est aimée telle qu'elle est et qu'elle n'a pas besoin de changer physiquement pour plaire à d'autres.
- Ok ça, ça doit pouvoir être dans mes cordes ! s'exclame mon amie avec conviction.
- De toute façon, tu seras bientôt fixée. lui ai-je dit alors que je lui montre Klaus du doigt.
Ce dernier nous a aperçus et nous fait de grands gestes avec ses mains. Une fois que nous arrivons à sa hauteur, ce dernier déclare dans un grand sourire :
- Encore désolé pour ce petit problème d'ordre technique. Alors ? Prête pour ta nouvelle mission Milena ?
- Mia, Klaus. C'est Mia pas Milena : j'ai horreur qu'on m'appelle comme ça.
- Oui Mia pardon ! s'excuse Klaus en levant ses mains en signe d'excuses. Alors prête ?
Alors qu'elle est sur le point de lui répondre, elle est interrompue par une autre personne :
- Évidemment qu'elle est prête : prête à assister à ma deuxième victoire. Et d'affilé en plus !
Nous tournons tous les trois la tête derrière nous : Arina, accompagnée de Ky arrivent dans notre direction. Cette dernière est vêtue d'un top blanc court ainsi que d'un jean gris.
- N'est-ce pas que tu es prête Mia ? Prête à perdre une deuxième fois ?
Comme mon amie ne répond pas, Arina s'octroie le droit de poursuivre :
- Qui sait ? Ça pourrait très bien être le début d'une très longue série : une longue série de victoires pour moi et une série de défaites pour toi.
- T'as bientôt fini là ? est intervenu Ky. Commence déjà par remporter cette deuxième victoire comme tu dis avant de t'en vanter !
Arina coule un regard condescendant à son égard mais elle ne relève pas la remarque de son Médiator.
Je ne peux m'empêcher d'esquisser un petit sourire.
Il semblerait que ça ne se soit pas arrangé entre ses deux là.......
- Arina ! Arina !
Celle-ci lève la tête au-dessus de son épaule tandis que nous autres, tentons d'apercevoir cette mystérieuse personne qui vient tout juste d'héler le prénom d'Arina à l'instant. Les contours de sa silhouette s'affinent et elle apparaît devant nous, élevant ainsi le nombre de personnes présentes autour du piste de Ky et de Klaus à six.
- C'est ce gilet-là que tu demandais ?
- Oui ! Merci Arden t'es un amour ! s'exclame Arina avec un grand sourire.
Elle prend le gilet gris qu'il lui tend, l'enfile et se blottit contre son torse. Il ne la prend dans ses bras mais il ne tente rien non plus pour la repousser.
Bien qu'Arina soit placée juste devant, mes yeux se perdent sur lui, sur sa personne : il porte un tee-shirt gris foncé et un pantalon noir. Ses cheveux châtain, légèrement bouclés au niveau des pointes semblent avoir été rabattus sur un seul côté de sa tête, comme s'il n'avait posé qu'un seul coin de sa tête contre quelque chose.
Comme un oreiller par exemple......
Je remarque alors que deux immenses pansements sont posées sur son visage, juste au niveau de ses deux joues. De même, ses deux bras ont été enrubannés dans de longues bandes qui doivent également faire office de pansements : de ses épaules jusqu'aux bout de ses doigts.
Il a presque l'air momifié comme ça......
- Bon ! Eh bien, puisque tout est en ordre, nous allons pouvoir commencer ! s'exclame Klaus en tapant dans ses mains ce qui me fait aussitôt sortir de ma torpeur. Arina, tu peux descendre dans la Chambre des Scanners.
- Hé ! C'est moi qui suis censée dire ça ! s'exclame Ky. Me vole pas mes répliques !
Ce dernier s'approche d'Arina et lui donne un petit coffret dans lequel se trouve une petite oreillette qu'elle s'empresse d'enfiler, et un petit bouton qui activera le passage intra-dimmensionnel qui lui permettra de revenir sur Destiny une fois sa mission terminée avec son humaine.
- Voilà ! s'exclame Ky en lançant un regard avisé à Klaus. Maintenant, tu peux descendre dans la Transferm Thalabos.
Notre Médiator lève les yeux au ciel face au comportement enfantin dde ce collègue et cela nous fait bien rire Mia et moi.
Quelques instants plus tard, nous assistons tous au début de mission d'Arina sur le moniteur de Ky : celle-ci vient tout juste de se virtualiser sur Terre, sous les traits d'un avatar féminin. Elle se déplace rapidement parmi les passants pour arriver à intercepter Ciara qui doit se trouver à seulement quelques mètres devant elle.
Le temps lui est compté......
Je me demande vraiment quelle genre de stratégie Arina compte opter avec elle : sa malice et son vice malsains sont vraiment des atouts pour elle et en plus, elle ne manque pas d'imagination non plus !
Je lance un regard vers Mia sur ma droite : elle aussi est très concentrée et très attentive sur ce que projette de faire son adversaire. Mes yeux la quittent et dérivent ensuite sur les deux personnes situées juste à ma gauche à savoir Ky et Arden. Eux aussi semblent prêter une grande attention au bon déroulé de la mission d'Arina.
Serait-il rester si ça avait été une autre fille ? Reste-t-il uniquement parce que c'est Arina ?......
Non pas que ça m'intéresse vraiment : je me pose vraiment cette question. La nature de la relation qu'il entretient avec Arina ne regarde que lui et puis honnêtement, je me fiche éperdument de ce qu'il peut bien y avoir entre eux : tout est parfaitement clair pour moi, pour mes pensées à son égard et il n'y a que cela qui m'importe.
Et puis à en juger par la marque violacée qu'il avait eu dans le cou, tout me porte à croire qu'il "s'amuse" très bien chez les Démons et qu'il doit être en excellente compagnie......
Je cligne rapidement des yeux pour chasser ces pensées nauséabondes de ma tête : si je n'arrête pas d'affirmer que je suis indifférente à tout cela alors pourquoi diable est-ce que je n'arrête pas d'y penser ? Pourquoi est-ce que je n'arrive pas à empêcher ces pensées de se former dans tête ?
- Tu veux aller lui parler ?
- Hein ? ai-je fait en sursautant.
Trois paires d'yeux curieux se tournent alors dans ma direction.
- Un problème ? me demande Klaus.
Je secoue la tête.
- Non, non aucun : désolée de t'avoir gêné dans ta concentration Ky. me suis-je excusée.
Ce dernier chasse mon excuse d'un revers de la main et m'offre un grand sourire.
- Mais c'est que t'es trop mignonne à t'excuser sans arrêt. dit-il.
- Fais gaffe à ce que tu dis. le menace soudainement Arden.
Tous nos regards se tournent alors vers lui.
- Quoi ? J'ai dit quelque chose de mal ? demande innocenment Ky.
Arden pousse un gros soupir et croise les bras sur son torse.
- Rien du tout. Juste. Fais gaffe. À. Ce que tu dis. répond-il en détachant correctement chacun des mots.
Et là, il lance un regard entendu dans ma direction. Un long regard, qui doit bien durer plusieurs secondes. Finalement, je suis la première à rompre ce contact visuel en décidant de tourner la tête et de concentrer à nouveau toute mon attention sur le moniteur de Ky.
Je sais et je sens surtout, ses yeux, son regard ardent sur moi : c'est comme si toutes mes terminaisons nerveuses s'étaient toutes enflammées par la seule force de son regard. Je lève alors les yeux vers Klaus et remarque que lui aussi me regarde et que ce n'est pas tout : ses yeux font plusieurs fois l'aller-retour entre Arden et moi.
C'est évident que ses présomptions sur nous deux viennent de se confirmer à l'instant......
En réalité, ça ne me fait pas si peur que ça : Klaus peut bien penser ce qu'il veut après tout. La complicité ainsi que la proximité que nous affichons tous les deux en interroge plus d'un et il ne sera pas le premier et sans doute encore moins le dernier à se poser des questions sur nous. Il m'avait déjà fait part de ces interrogations et j'y avais répondu en lui affirmant que malgré cela, je reste concentrée à deux cents pour cents pour ma mission de sauvegarde de l'âme de Robin. Et si jamais, aujourd'hui, il vient à remettre ma parole en doute, eh bien une petite piqûre de rappel ne lui fera pas de mal.
Quant à Arden.....
Il m'a réellement prise de court avec ce qu'il vient de dire. Et le pire, c'est qu'une partie de moi, cette partie mesquine et rebelle que j'ai en moi, a profondément aimé son geste. Je sens mes joues rougir et je dois même me mordre les lèvres pour m'empêcher de sourire. Je ne devrais pas pourtant : je devrais lui reprocher, être contrariée même, par son attitude protectice qui vient de nous cramer aux yeux de Klaus mais non au contraire je suis ravie.
C'est fou : il n'y a que lui.....
Il n'y a que lui qui arrive à me mettre dans de tels états, lui et lui seul.
- Alors ? me chuchote Mia.
Je tourne la tête vers elle alors que celle-ci regarde dans ma direction avec un air inquisiteur. Elle montre Arden d'un coup de tête et me pose une nouvelle fois la même question et je décide de lui répondre en secouant la tête.
- Non je ne suis pas venue pour le voir : je suis là pour te soutenir toi Mia et rien d'autre.
- L'un n'empêche pas l'autre tu sais. me dit-elle en haussant les épaules.
Je lance un regard vers Arden puis regarde de nouveau Mia qui elle m'encourage d'un signe de la main.
- Arina, il te reste deux petites minutes et pas une de plus ! s'exclame Ky dans son casque audio relié à l'ordinateur.
- Fais-le avant que l'autre devergondée débarque. me chuchote-t-elle. Ça se voit que vous avez tous les deux envie de vous parler alors vas-y.
Je souris face au surnom qu'elle vient d'attribuer à Arina et décide de suivre son conseil : je fais quelques pas en arrière et m'éloigne des postes occupés par nos deux Médiatores. Je parcours quelques mètres dans Destiny'Heart afin de trouver un lieu un peu isolé, à l'abri des regards. Comme je l'avais pensé, une fois que je me retourne, je constate qu'Arden m'a suivi : comme un caneton suivrait sa maman canne.
- Alors comme ça tu t'amuses à me suivre ? ai-je demandé en souriant.
- Tu devrais savoir depuis le temps que c'est l'un de mes passe-temps favoris. me répond-il en souriant aussi. Et puis, c'était une invitation non ? Je n'allais quand même pas la laisser filer !
Mon sourire s'élargit un peu plus tandis que mes yeux s'attardent sur les pansements qui enroulent son corps.
- Ça va mieux depuis l'autre nuit ? Tu as encore mal ? me suis-je enquise.
Arden baisse les yeux sur ses bras pansés.
- Oui ça va : je ne ressens pratiquement plus aucune douleur et puis toutes les plaies que j'avais sont en train de se résorber grâce au phénomène de régénération alors tout va bien ouais.
Je hoche la tête, heureuse pour lui et heureuse de savoir qu'il est en voie de guérison.
- Muzy..... Cette nuit-là, commence-t-il en se raclant la gorge, je..... C'était la première fois que j'utilisais aussi longtemps ma magie et j'en ai perdu le contrôle et j'ai osé..... Je me suis transformé en puits de rage et j'ai..... J'ai osé te blesser sans le vouloir.... Je suis, vraiment mais vraiment désolé. Crois-moi : je suis désolé.
Je fronce les sourcils.
- Tu ne m'as pas blessée Arden.
- Si. maintient-il en hochant la tête. Tu as respiré les fumées de mes flammes démoniaques et ça aurait pu être dramatique pour toi alors oui je t'ai blessée et je m'en veux pour ça.
- Ah ça ! me suis-je exclamée. Ne t'en fais pas pour ça : je suis tout autant responsable tu sais. Je n'aurais pas dû m'approcher de toi. J'ai pris un risque et les conséquences me sont retombées dessus : j'ai agi sur un coup de tête, comme par réflexe j'aurais dû réfléchir avant.
Arden cligne plusieurs fois des yeux puis baisse la tête en souriant, comme s'il est..... Gêné ?
- Ky a raison : il faut vraiment que tu perdes cette manie à t'excuser sans arrêt surtout quand tu n'es pas coupable.
- Arden.....
- Je pourrais te poser une question ? m'interrompt-il.
- Euh..... Oui. ai-je accepté, plutôt surprise par son soudain revirement.
- Tu dis avoir agi "sur un coup de tête, comme par réflexe", tu..... Tu penses réellement ce que tu dis ?
Un petit sourire apparaît sur mes lèvres.
Il y a bien une chose qui ne changera pas chez lui : c'est sa manie à toujours devoir le rassurer. Même sur lui-même et son bon fond......
- Oui : bien sûr que oui, Arden.
- Donc tu t'es naturellement portée volontaire pour venir m'aider ? Comme ça ? Sans réfléchir ?
Je hoche doucement la tête en guise de réponse et je le vois alors faire deux pas dans ma direction. À présent, pour le regarder dans les yeux, je suis obligée de lever la tête étant donné sa grande taille.
- J'aimerais tellement te remercier plus que ça Muzy. J'aimerais tellement te remercier à ta juste valeur. me chuchote-t-il. Un simple "merci" ne suffit pas : tu mérites tellement plus.
- Je t'ai déjà dit que je n'étais pas spécialement fan des compliments. lui ai-je répondu sur le même ton.
Je le vois secouer la tête.
- Ne fais pas ta timide avec moi Muzy s'il te plaît. Tu sais très bien tout ce que je pense de toi.
Pourquoi est-ce que je n'arrive pas à détacher mon regard de lui ? Pourquoi est-ce que l'attraction présente en lui, en nous continue-t-elle toujours de m'attirer autant ?.......
Peut-être l'entend-il mais les battements de mon cœur se sont mis à s'accélérer depuis qu'il s'est rapproché et qu'il a de nouveau créé cette espèce de bulle intime rien que pour nous deux. Dans un geste lent, mais à la fois spontané, je lève mon bras et tend ma main sur sa joue et, la pose dessus. Juste sur le pansement qui la recouvre. Sous ma main, je sens sa joue s'étirer en un sourire et d'ordinaire, il serait accompagné de deux adorables fossettes que je n'ai pas le loisir d'admirer cette fois-ci.
Nous restons longtemps dans cette position tous les deux : je ne pense pas que ce moment-là appartienne à l'espèce de "jeu" auquel nous avions décidé de nous adonner tous les deux. Non cet instant-là est différent, peut-être unique : il est inscrit dans une espèce de dimension spatio-temporelle qui nous dépasse complètement. Le contact de nos deux peaux n'est séparé que par une mince couche de tissu ce qui conforte encore mon idée comme quoi, les Anges et les Démons seraient capable de peut-être se toucher.
- Tu as été la seule. chuchote-t-il. Tu as été à la seule à être venue jusqu'à moi, à m'avoir tendu la main quand je n'étais plus moi-même, quand j'avais besoin d'aide. La seule.
- Ce n'est pas grand-chose.
- Arrête : bien sûr que si. Pour moi ça l'est Muzy. Ne te dévalorise pas comme ça : tu as plus de valeur que ce que tu crois et si ce n'est pas vrai aux yeux du monde, ça l'est pour moi en tout cas.
Je sens mes joues cuire et la seule chose que je suis capable de sortir face à tant de..... Gentillesse, ce n'est qu'un simple et petit "merci".
Lui aussi mériterait bien plus que ce simple petit "merci" ridicule......
Je retire ma main de sa joue mais décide de ne pas ajouter de la distance entre nous : je reste donc à ma place.
- Que s'est-il passé après ? Je sais qu'Alexys est parti à ta recherche mais je recevais des soins de la part de Sophie et puis el'e m'a lancé le sort de surges alors je ne sais pas.....
- À moi aussi Alexys l'a fait ! s'est-il exclamé en souriant.
De là, il me raconte alors le déroulé de ses dernières quarante-huit heures : de son repos forcé, à la pose de ses pansements jusqu'à l'entrevue avec le Directeur de l'École et vu la manière avec laquelle il me l'a décrit, M. Law tient bien sa réputation : ça m'a tout l'air d'être un sacré personnage !
- Corvée de ménage ?! me suis-je étonnée.
- Je suis puni. dit-il en se grattant l'arrière de la tête. Et évidemment, il fallait que ça tombe sur le ménage ! Remarque, ça m'apprendra à me tenir à carreaux la prochaine fois.
- Arden, rappelle-toi quand même qu'il t'a provoqué : tu n'es pas le seul fautif.
- Je sais bien. soupire-t-il. Mais j'avoue quand même que je l'ai bien cherché moi aussi : tout ce que je voulais c'était cogner ! Contre quelque chose, contre quelqu'un..... N'importe quoi aurait pu faire l'affaire du moment que j'arrivais à me défouler et à extérioriser tous ces stupides sentiments de manque dûs à ces stupides souvenirs de mes deux.....
- Tes flashbacks ? Ce sont eux le déclencheur de tout cela ?
Arden me regarde sans me répondre et je décide de poursuivre :
- Tu veux m'en parler ?
Je le vois ouvrir la bouche pour dire quelque chose mais finalement il se ravise. Il se gratte une nouvelle fois la tête puis secoue négativement la tête.
- Ce n'est pas contre toi, vraiment mais.....
- Non, non ne t'en fais pas : je comprends. l'ai-je interrompu pour le débarrasser de son embarras. Et alors ces menottes à quoi est-ce qu'elles ressemblent ?
Arden tend ses poignets vers moi et dans la seconde qui suit, ces fameuses menottes apparaissent dans mon champ de vision. Elles semblent avoir été moulées dans un métal robuste, de l'acier peut-être. Les deux pièces qui entravent ses poignets sont reliées entre elles par un long tube dans lequel semble circuler un liquide translucide. Je ne trouve rien de mieux à faire que hausser les sourcils face à elles : force est de reconnaître que leur forme est...... Plutôt original.
- On les appelles los feros : ce sont des menottes privatives de magie. m'explique-t-il.
Je relève les yeux vers lui tandis qu'il poursuit son explication :
- Avec elles je ne peux ni utiliser ma magie ni essayer d'y faire appel : si jamais j'essaye, une capsule contenant de l'eau des Chutes d'Eden, le liquide qui circule là-dedans sera propulsé depuis les menottes jusqu'à mon corps et je souffrirai le martyr.
- Aux grand maux les grands remèdes, quoi. ai-je répondu.
Arden hoche la tête en souriant.
- C'est un peu l'idée ouais.
Il m'apprend aussi que ses menottes n'obéissent qu'au directeur de l'École : par conséquent, il lui est impossible de les retirer que ce soit avec la force physique ou avec la magie. Je lui ai alors demandé si les los feros ne risqueraient pas d'entraver ses mouvements puisqu'il doit être de corvée de ménage mais il m'a affirmé et d'ailleurs démontré aussi que ça ne serait pas le cas.
- Combien de temps tu dois les garder ?
- Dix jours. me répond-il en tripotant un petit coin du pansement sur sa joue qui commence à s'enlever.
- Oh, ça veut dire que j'aurai tout le loisir de t'admirer avec un balai en mains en train de chasser la poussière pendant dix jours ! me suis-je gentiment moqué de lui.
Arden me regarde en haussant un sourcil, avec un air taquin sur le visage.
- "M'admirer" tu dis ? Ah oui, j'avais oublié que c'était l'un de tes passe-temps favoris c'est vrai.
Mon sourire moqueur disparaît aussitôt de mon visage et je me mets à bafouiller des trucs incompréhensibles, ce qui fait bien rire Arden.
- Tu triches ! me suis-je exclamée.
- Comment ça "je triche" ? rigole-t-il. C'est toi qui as sortie ça toute seule : je ne t'ai pas du tout forcée à le faire !
Je secoue la tête en continuant de rire et par réflexe, je lève la main pour le taper sur son épaule mais je suis interrompue dans mon geste par une voix féminine qui approche dans notre direction :
- Ah ! T'es là toi !
Arina s'approche de nous et immédiatement, je décide de reculer pour m'éloigner d'Arden : le charme du moment vient d'être rompu.
Arina s'avance vers Arden, se plante devant lui en ignorant complètement ma présence et s'exclame :
- Tu aurais dû rester avec Ky : tu as raté mes exploits !
- Je suis sûr que tu t'es bien débrouillé : t'avais pas besoin que je sois là. soupire-t-il.
- Peut-être mais j'aurais préféré que tu sois là. dit-elle d'une voix plaintive.
Elle décide de se rapprocher encore de lui puis elle lève sa main et la passe dans ses cheveux d'une manière..... Bien trop explicite ! Je hausse les sourcils face à cela et je ne saurais expliquer pourquoi, mais assister à cette scène..... M'incommode. Non plus que ça, ça m'insupporte.
- Qu'est-ce que tu fais ? Arrête ! s'exclame Arden en posant sa main sur le poignet d'Arina pour lui demander d'arrêter son geste.
Celle-ci rigole et décide de riposter en levant son autre main mais Arden esquive sa tentative en emprisonnant ses deux poignets.
- Ah ouais alors comme ça tu n'apprécies plus que je passe ma main dans tes cheveux ? Hum, c'est pas ce que tu me disais hier soir Arden !
Je hausse une nouvelle fois les sourcils alors qu'Arden lui, fronce les siens en demandant à Arina avec un air mi-ahuri, mi-colérique.
- Mais de quoi tu parles ?!
Okkkk, je crois que je vais y aller moi.....
Étant donné qu'il semble s'être tous les deux retrouvés, je constate que je suis de trop et je décide de les laisser tous seuls. Mais je n'ai pas tôt fait deux pas que je sens mon tee-shirt retenu par quelque chose. Je me retourne et réalise que c'est Arden.
Mes yeux passent de ses doigts qui agrippent mon tee-shirt à son visage soucieux.
- Mon tee-shirt ? Sérieusement ?
Il hausse les épaules.
- En fait, je voulais t'attraper le bras mais.... Enfin bref : ne crois pas ce que vient de dire Arina. Il ne s'est rien passé entre elle et moi hier soir et il ne se passera jamais plus rien d'ailleurs ! C'est qu'elle vient de dire est complètement faux.
- Je ne suis pas partie à cause de ce qu'elle a dit Arden. lui ai-je dit.
Je le vois alors froncer les sourcils.
- Ce n'est pas l'impression que j'ai eu quand je t'ai vue partir précipitamment.
- Si je suis partie c'est parce je me suis sentie de trop : c'était gênant alors j'ai préféré vous laisser.
- Ne dis pas ça ! Arina a menti : il n'y a rien eu du tout je te le jure !
- Mais tu n'as pas à justifier tes actes auprès de moi de cette manière Arden : tu peux bien faire ce que tu veux, ça m'est égal.
L'homme en face de moi me regarde d'un air perplexe.
- Tu....
- Tu as autre chose à me dire ? ai-je demandé en l'interrompant. Parce que je veux aller voir Mia : si Arina a fini ça veut dire que Mia est sur le point de finir aussi.
- Je.... Je..... Juste..... Désolé que tu te sois senti "gênée" à cause de l'autre idiote : je te jure, je ne sais pas ce qu'il lui a pris de sortir ça. Il n'y a que la personne que j'aime qui m'importe Muzy, et c'est toi ! Toi et toi seule.
- Au revoir Arden. ai-je simplement répondu.
Je tourne les talons et m'enfonce dans le dédale de Destiny'Heart pour retrouver Klaus et Mia.
Pas une seule fois je décide de tourner la tête pour regarder derrière moi.
Ce serait bien inutile......
J'ai quand même rembarré Arden et ça, j'avoue que ce n'est vraiment pas très sympa de ma part mais je ne sais pas : le voir de cette manière avec Arina...... C'est.....
Les sentiments que je ressens en ce moment sont tellement confus : je ne sais pas vraiment si c'est de la colère parce qu'elle s'est permise de briser le charme entre nous deux, du dépit parce que d'une certaine manière, je m'étais attendue à ce que ces deux-là se rapprochent, de l'envie parce qu'elle est capable de le toucher physiquement alors que moi, j'en suis incapable et que, parfois, je ressens ce besoin presque vitale de pouvoir à nouveau sentir sa peau contre la mienne ou si c'est tout bonnement une forme de nostalgie parce que, plus rien ne sera comme avant : comme il est Démon, il est destiné à finir avec une personne de son rang et moi, Ange, je suis destinée à finir avec une personne Ange elle aussi.
Cette nostalgie ressemble presque à de la tristesse.....
Non pas que je crois entièrement ses paroles mais force est de reconnaître que, quand je vois l'envie et la passion qu'il affiche lorsqu'il me dit qu'il tient à moi et qu'il n'y a que moi qui compte..... C'est flatteur bien sûr mais c'est même bien plus que ça : c'est presque addictif. Non c'est addictif. Je ne crois pas à ces paroles, je les bois complètement au contraire.
Je pousse un profond soupir : tout aurait été tellement plus simple si cette scène avait fait partie du "jeu" auquel nous jouons : je n'aurais pas eu besoin de me poser toutes ces questions puisque je sais qu'à ce moment-là, c'est sa personnalité de grand charmeur qui est en prédominance chez lui. À aucun moment il est sincère.
Enfin.... Je crois ?......
J'arrive finalement devant le poste de Klaus et je vois que ce dernier est installé juste devant en train de communiquer les dernières informations à Mia qui s'est déjà matérialisée sur Terre.
En soutien pour mon amie, je décide de chasser toutes ces interrogations intérieures dans un coin de ma tête : hors de question que n'apparaisse soucieuse face à Mia.
- Plus que deux minutes Mia ! Seulement deux minutes ! la prévient Klaus.
- Qu'est-ce qu'elle fait du coup ?
- Elle a décidé de se matérialiser en une espèce d'"influenceuse" qui propose des séances de relooking à domicile pour intervenir chez Ciara.
- Elle essaie de la confronter à ses espérances piur lui faire peur. ai-je déclaré après mûre réflexion. Ça peut être une bonne idée.
L'avatar humain de Mia est brune tout comme elle et ses cheveux sont relevés en un chignon bas très strict. Elle porte une robe blanche et est en train de faire passer des essayages à Ciara. Quelques secondes plus tard, cette dernière ressort fraîchement maquillée et superbement bien vêtue mais au vu de l'air que Ciara affiche sur son visage, ça n'a pas du tout l'air de lui plaire.
- "Alors ? Contente ?" lui demande Mia en la prenant par les épaules.
Son humaine la regarde d'un air perdu.
- "C'est.... Je suis belle mais.... Je ne me reconnais pas ! Jamais je n'oserais m'habiller comme ça et encore me peinturlurer le visage comme ça !"
- "Mais je peux te garantir que c'est ce qui se fait de mieux aujourd'hui : les gens te remarqueront et tu ne passeras jamais inaperçue. Plus personne n'osera jamais te critiquer !"
- "Vous croyez ?"
Mia hoche rapidement la tête alors que Klaus l'informe qu'il ne lui reste plus qu'une petite minute.
Ciara s'admire une nouvelle fois dans le miroir que Mia lui tend.
- "Je ressemble à une poupée !" se plaint-elle. "C'est..... C'est vraiment beau mais ça irait mieux à une œuvre d'art que sur moi : vraiment merci, mais vous pouvez reprendre tous vos affaires. Je préfère cent fois mieux la Ciara que j'ai l'habitude de voir tous les jours fans le miroir pas celle-là. Je préfère rester moi-même."
Un sourire apparaît sur mes lèvres alors que l'avatar féminin de Mia quitte la maison de Ciara, s'éloigne de la population et une fois qu'elle s'est assurée que plus personne ne pourrair l'apercevoir, elle sort le petit coffret et appuie sur le bouton dedans. En seulement quelques secondes, elle se décompose, disparaît du Monde des Humains et réapparaît ensuite dans le nôtre, dans la Chambre des Scanners.
Cinq minutes plus tard, une fois que est remontée à notre étage, je ne peux m'empêcher de lui sauter dans les bras et de la féliciter pour sa mission réussie. Mia vient ensuite tapper dans la main tendue de notre Médiator, qui lui aussi la félicite.
- En réalité, il est encore un peu tôt pour crier victoire mais, c'est en bonne voie c'est certain !
Nous sourions tous les trois et je félicite une nouvelle fois mon amie pour sa victoire qui n'est pas officiellement acquise certes, mais elle a pratiquement gagné donc c'est du pareil au même.
- J'ai adoré mon petit rôle ! s'est-elle exclamée alors que nous avons quitté Klaus et Destiny'Heart depuis déjà dix minutes. Ça m'a rappelé les fois où mes amis et moi nous parcourions toute l'Europe pour essayer des tas et des tas de vêtements dans toute les plus grandes enseignes de mode !
- Tu habitais en Europe ? me suis-je étonnée. Je croyais que tu étais américaine.
- Non, je suis bien américaine mais comme je te l'avais expliqué, mon père tenait son héritage de sa famille italienne : j'avais de la famille en Italie alors j'allais souvent en Europe. Très souvent même.
- C'est génial ! Quelles villes tu as déjà visité ?
- Hum, voyons voir..... Londres déjà ! En plus, cet horrible cliché du temps pourri et pluvieux londonien il faudrait qu'ils l'arrêtent : il fait vraiment beau là-bas ! Milan, évidemment, Rome aussi, Venise, Amsterdam, Bruxelles et Paris aussi.
- Oh ! Raconte-moi, raconte-moi : comment c'est Paris ? J'ai toujours voulu visiter ! me suis-je exclamée.
- J'y suis allée deux fois je crois : une fois en hiver, une fois en été. En hiver, c'est très joli : tu vois des décorations de Noël partout même sur les enseignes de fast-food ! Et en été, c'est encore mieux : les gens se promènent en tongs avec des lunettes de soleil et....
- Non mais pas ça ! ai-je rigolé. Raconte-moi l'atmosphère parisienne, l'attitude des gens etc.
- Ah ! Eh bien, pour commencer, les gens là-bas sont très pressés : il faudrait que tu les vois marcher dans les tunnels de métros ! De vrais fourmis !
Je rigole alors qu'elle poursuit :
- Les gens sont aimables, ils sont souriants oh ! Et leurs pâtisseries elle sont juste succulentes !
- Arrête, tu vas me donner envie !
- Tu n'es jamais allée en Europe ? me demande-t-elle.
Je secoue négativement la tête.
- Mais.... Tu ne m'avais pas dit que ton père était.... Enfin, vous n'étiez pas une famille très aisée mais vous viviez plutôt bien non ?
Je hoche la tête.
- Oui mais disons que mon père n'aimait pas particulièrement voyager et chez moi, quand mon père parlait, tout le monde se taisait et obéissait. Même si c'était pour un caprice pareil.
- Oh ! Je te comprends tellement bien ! râle-t-elle. Nous avons vécu la même vie toutes les deux.
Nous continuons de rire toutes les deux alors que Mia insére la clé de notre chambre dans la serrure.
La porte s'ouvre et nous entrons. Alors que Mia pose son poéisis sur son lit, le pourtour de son poignet s'illumine subitement d'une couleur bleutée : c'est le sort d'inscribe. Le sort qui nous permet de savoir si notre humain a opté piur le choix Angélique ou Démoniaque. Et pour le coup ici, il semblerait que Ciara ait opté pour le premier choix.
Un grand sourire apparaît sur les lèvres de mon amie :
- Il aura fallu attendre une quinzaine de minutes mais maintenant c'est officiel : j'ai remporté ma confrontation avec Arina !
Je lui souris alors qu'elle me demande :
- D'ailleurs, comment ça s'est passé avec Arden ?
- Nous avons parlé. ai-je répondu en haussant mes épaules.
- Ça va aller ? Il n'a pas été trop lourd ou trop insistant ?
- Non, non il était..... Prévenant. Et soucieux. Et passionné. Comme d'habitude en fait.
- Ça a l'air de t'avoir fait plaisir. remarqué-t-elle.
Je secoue la tête en souriant :
- Ni cette discussion-là, ni les précédentes et encore moins celles qui seront à venir ne changeront quoi que ce soit sur mon jugement le concernant.
- Mais il fait des efforts quand même.
- Oui. Je les ai remarqués.
- Et tu ne peux pas nier que ça ne te fait pas plaisir. ajoute-t-elle.
Je me gratte l'arrière de la tête, un peu embarrassée.
- O..... Oui mais.... Oui ça me fait plaisir mais.... ! Juste après, il s'arrange toujours pour...... Enfin bon : il y a toujours quelque chose qui survient pour gâcher le moment alors.....
- Comment ça ? demande brusquement Mia.
Je lui raconte alors la scène à laquelle j'ai assisté tout à l'heure entre Arden et Arina.
- Mais de quoi elle se mêle celle-là ? s'énerve Mia qui se redresse alors qu'elle s'était assise sur son lit j'use et avant. Cette fille..... Cette fille est une véritable bactérie je te jure !
Je souris, amusée par ce qu'elle vient de dire et elle enchaîne aussitôt :
- Et tu le crois ?
Je hausse les épaules.
- Entre Arina et Arden, c'est comme me demander qui croire entre Pinocchio et Cassandre ! ai-je plaisanté.
Mia éclate de rire et je reprends quelques secondes plus tard :
- Plus sérieusement, je ne sais pas en fait. Ce n'est même pas que je ne le crois pas : la question n'est pas là. Le truc, c'est que je n'en ai pas envie. Je n'ai pas envie de le croire de peur d'être....
- Une nouvelle fois déçue. finit Mia en hochant la tête. Je te comprends. Mais, tu sais..... Tu ne devrais pas être aussi catégorique : attends de voir. Je suis sûre que tout s'arrangera pour vous deux.
- Il est justement là le problème Mia, ai-je dit en secouant la tête, il n'y a plus de "nous deux" qui tienne. Arden aura beau essayer comme il veut mais ma décision est prise et je m'y tiendrai : lui et moi, c'est fini.
***
Quelques heures plus tard, après avoir englouti un succulent dîner, mes amis et moi sommes remontés dans nos quartiers et alors que certains d'entre nous passent la deuxième partie de soirée en compagnie d'autres personnes, Mia, Cherry et moi avons décidé de décliner cette offre : la journée avait été épuisante et un bon sommeil nous ferait le plus grand bien. Nous nous souhaitons une bonne nuit mutuellement, éteignons les lumières et plongeons avec délice dans les bras rassurants de Morphée.
J'ouvre subitement les yeux.
Je me tiens debout, dans la cuisine de l'appartement de mes parents à New York.
Qu'est-ce que je fais là ?......
Je balaie mes yeux sur toute la surface de la pièce, quand soudain, j'entends du bruit dans mon dos.
Je me retourne et je vois que derrière moi, se tient Noah.
En réalité, ce n'est pas vraiment lui......
La personne qui se tient devant moi ressemble physiquement à Noah mais ce n'est pas lui du tout : l'individu a un sourire vicieux scotché sur le visage et une expression malsaine déforme ses traits. Ses yeux, les yeux de mon frère qui d'ordinaire sont noisettes, sont pour le coup..... Vides. Ils sont vitreux : aucune pupille n'y est discernable.
Cette personne s'avance vers moi, d'un mouvement gauche et désarticulé. Il ouvre grand la bouche et je suis surprise voire même effrayée que sa mâchoire descende aussi bas. Même si aucun son ne sort, j'ai l'impression de l'entendre prononcer.... Des mots, des bouts de phrases.
Je les reconnais......
Ce sont toutes les odieuses moqueries que mon frère a un jour prononcées à mon égard et évidemment, les réflexions sur mon physique y passent également.
Par le passé, même si j'avais donné l'impression de ne pas y faire attention, force est d'avouer que ses horribles paroles avaient quand même réussi à faire leur petit chemin jusqu'à mon cerveau.
Mais pas aujourd'hui.
Aujourd'hui, je suis une nouvelle personne : je suis une nouvelle Muza.
J'ai appris à aimer et à tout d'abord m'aimer moi-même et à m'accepter telle que je suis : ce n'est que comme ça que je suis capable d'offrir tout l'amour que j'ai à ma disposition.
Je souris et me rapproche de lui. Il est horrible mais ça ne il ne m'effraie : le côté démoniaque de mon frère ne m'effraie plus. Je passe mes bras autour de ses épaules, le serre contre moi et lui chuchote à l'oreille :
- Aimer, apprendre à aimer est l'un des apprentissages les plus difficiles de la vie. D'autant plus lorsqu'il te faut apprendre à t'aimer toi-même. Mais j'ai appris. J'ai appris à accepter la vraie Muza, à accepter tous ces changements en moi, à accepter mes ambitions et mes désirs. Alors merci Noah ou qui que tu sois, mais toi et toute cette haine ne m'atteignez plus.
Je ferme ensuite les yeux et décide d'utiliser mon pouvoir d'Ange : je fais circuler toute mon énergie, toute cette onde positive dans mon corps et envoie le tout dans les paumes de mes mains, le seul lieu de contact physique entre moi et cette.... Chose. Je sens le rayonnement de ma magie qui a pris une couleur ensoleillée, une sorte de doré chaleureux. L'intégralité de ma magie envahit le corps inerte et rempli de haine de Noah et par la seule force de ma volonté, je parviens à la transformer et en la modeler en des espèces d'étincelles de lumière qui se mettent à inonder l'intégralité de son corps. En quelques secondes, submergé par cet afflux d'énergie positive, le corps rempli de noirceur de Noah explose sous mes yeux mais cela ne me fait ni chaud ni froid : je sais que cette "chose" n'avait pas réellement été mon frère : elle avait seulement pris son apparence. Et puis tant que je suis capable de combattre le mal, la noirceur, la haine à l'aide de ma magie, alors je serais prête à tout. Même aux plus grands sacrifices.
J'ouvre brusquement les yeux et me réveille en sursant. J'halète et me redresse en position assise sur mon lit, repoussant ainsi la couverture au niveau de mes jambes.
Mes rêves sont vraiment de plus en plus bizarres......
Dans celui-ci, c'est comme si au début, j'avais été contrainte d'agir comme actrice de mon propre rêve et puis ensuite, la donne a changé : je suis alors devenue réalisatrice de mon propre songe. Le lieu et les intervenants de mes rêves ne sont pas de mon ressort mais.... C'est comme si..... C'est comme si j'ai maintenant le pouvoir d'agir et de décider quoi faire dans mes rêves.
En fait, je suis parfaitement consciente dans mes rêves.....
Et cela m'arrive de plus en plus souvent.
Je pousse un profond soupir et prends quelques secondes pour me calmer et acquérir de nouveau un rythme respiratoire normal. Je baisse les yeux vers mes mains qui, je remarque, sont entourées d'une aura bleue, signe que mon Pouvoir d'Ange vient de s'activer.
Avec la vision accrue de mes yeux d'Ange, je remarque des espèces de minuscules.... Tâches ou plutôt étincelles luminescentes partout autour de moi et spécialement autour de mes mains.
Les phosphoros......
Ils sont partout dans la pièce : ma vision accrue arrive à les distinguer sans problème. Ils flottent paresseusement dans l'air environnant et sont en nombre important autour de mes mains.
J'ai utilisé de la magie inconsciemment.....
De la même manière que je l'ai faite dans mon rêve.
Ça confirme cette idée d'espèce de "rêve éveillé"......
Mais alors, serait-il possible que je me sois découverte un nouveau pouvoir ? Celui dont j'avais fait part à Sophie ? La Magie des Rêves ?
Je porte un regard encore plus attentif sur mes mains et admire les phosphoros qui les entourent.
C'est dommage qu'elles soient aussi petites.......
Tout à coup, comme si une espèce de présence "magique" avait écouté ma supplique formulée à l'instant, les phosphoros qui entourent mes mains se mettent alors à augmenter en taille et en volume : elles sont maintenant parfaitement visibles même à l'œil nu, sans activation du Pouvoir d'Être Mirifique. Elles ont maintenant toutes pris la forme d'une espèce d'étoile à plusieurs branches et l'admiration de ces particules magiques n'en est que plus belle.
Je viens, à l'instant de leur donner une nouvelle forme.....
Je ne sais pas vraiment comment j'ai fait mais, en souhaitant involontairement leur donner une autre forme, je l'ai fait.
Qu'est-ce que ce pouvoir ? Un pouvoir de l'Esprit ? De Création ? Ou peut-être leur aurais-je jeté un sortilège d'ordre sans le savoir comme le sortilège du sommeil que Sophie m'avait également lancé ?.....
Je continue d'admirer les particules, éblouie et fascinée par l'immensité de la magie.
La magie est le moule de nos désirs : elle peut prendre toutes les formes que l'on souhaite.....
"Nous pouvons modeler la magie selon nos désirs", ce sont les mots du Professeure, je m'en rappelle.
Tout à coup, une idée surgit brusquement dans ma tête.
Modeler la magie selon nos désirs !.....
Mais oui ! Elle est là la solution !
Bon sang : mais comment n'y avais-je pas pensé plus tôt ?!......
La visualisation intra-magique ! Je sais comment la réussir maintenant ! C'est fou : la réponse avait juste été sous mes yeux depuis le début !
Impatiente, je décide de m'exercer là, maintenant, tout de suite, assise sur mon lit et dans la pénombre de ma chambre. Je tente de reproduire les différentes étapes de concentration que nous recommande le Professeure : je commence tout d'abord par fermer les yeux puis ralentir ma respiration jusqu'à acquérir un rythme assez lent mais qui me convienne tout du moins. Je fais ensuite le vide dans mon esprit et visualise alors mon corps, tel qu'il est, tel que je le perçois mais vide, dénué de toute source d'énergie, complètement sombre. Je tente alors de visualiser la magie telle que moi je la perçois c'est-à-dire un grand feu chatoyant qui ne s'éteindrait jamais et dont les flammes n'aurait de cesse de grimper en intensité.
Je tente de calquer cette image de la "magie" en générale sur ma propre magie : j'essaie alors d'imaginer mon corps vide et assombri subitement éclairé, en son centre, par une petite étincelle. Une toute petite, au début. Ensuite, je la fais grandir et lui donne la forme d'un petit foyer de feu qui au fur et à mesure, prend du volume et gagne en chaleur.
Et à cet instant, c'est là que je réalise que je ne suis plus en train d'imaginer : je vois réellement ce feu-là ! Je le vois brûler en moi, d'une couleur or-orangé, la même que celle du soleil. Je ne peux m'empêcher d'esquisser un petit sourire.
Ça fonctionne, ça fonctionne !......
Soudain, la vigueur de mon feu magique commence à perdre en intensité : la joie qui me submerge me déconcentre et ce n'est pas du tout cette attitude-là que je dois adopter. J'efface le sourire de mon visage et me replace de nouveau ma barre de concentration à son maximum
Une fois que j'ai réussi à redonner une forme plutôt correcte à mon feu magique, je le vois alors grossir, grossir encore et un peu plus jusqu'à exploser puis prendre la forme d'une espèce d'étoile à plusieurs branches.
Exactement la même forme que j'ai donné aux particules magiques......
Cette étoile brille, brûle et resplendit de mille feux en moi.
Cette magie.....
C'est la mienne. C'est à cela qu'elle ressemble et c'est comme cela que je la perçois.
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Commentaire de l'auteure :
Hey hey !
Alors qu'avez-vous pensé de ma petite surprise ?
Deux chapitres !!
J'espère m'être faite pardonné pour l'énorme attente dont vous avez (ENCORE UNE FOIS) souffert : mea culpa ! Encore une fois, je suis sincèrement désolée, vraiment !
Alors vos avis ?
La complicité entre Arden/Muza ?
Le petit mystère autour de Mia ? À votre avis pourquoi n'avait-t-elle révélé à personne son vrai prénom ?
Sa mission avec son humaine ?
La discussion gâchée par Arina ? À votre avis, disait-elle vrai ? Qui croire : Arden ou Arina ?
Muza, finalement résolue ?
Son rêve lucide ?
Ses pouvoirs qu'elle apprend à connaître ? Ses interrogations sur la réelle nature de son ou de ses pouvoirs ?
Qu'attendez-vous pour les prochains chapitres ?
Votez et commentez si ça vous a plu !
Bonne vacances (ou fin de vacances xD) à vous toutes et à vous tous !
Bisous, bisous tout le monde.
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