Curieuse Correspondance

By Vanireve

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Après une agression traumatisante lors d'un déploiement, le Sergent Danielle Summers est rapatriée en France... More

0. Prologue
1. 145
2. Visites inattendues
4. Le fond
5. Anthony
6. La lettre
7. Répondra? Répondra pas?
8. Souvenirs
9. Rencontre intrigante
Petit message hors chapitre
10. Rapprochements
11. Mes hommes

3. Les femmes!

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By Vanireve

- Salut la belle!

Notre petit rituel d'arrivée n'a pas changé malgré le temps qui passe. Audrey restera ma petite lumière du jour et ce même si elle est mariée à Lucas. Je suis ravi que sa vie ait changé comme ça. Je ne supportais plus de la voir aussi malheureuse. Et militaire ou non, si son mari lui faisait du mal, il aurait intérêt à courir vite.

- Salut Geof! Alors comment ça va ce matin?

- Bah, la routine et toi?

- Lucas commence sérieusement à me manquer! Mais j'ai l'habitude.

- Et tu ne vas pas lui dire j'imagine.

- Tu as tout compris. Je n'ai pas envie de le rendre plus malheureux qu'il ne l'est. En plus, c'est risqué de le distraire. Hors la distraction est dangereuse là-bas.

- Tu n'as pas tort.

- J'y vais, je suis déjà en retard. On mange ensemble ce midi?

- Je viendrai te chercher à ton bureau.

- Ça marche. À tout à l'heure.

Elle s'en va me laissant avec ma solitude. J'aime mon métier mais par moment, le fait de faire les rondes seul me pèse. Le seul piment que j'y trouve est la fameuse chambre 145. Je suis obligé de passer devant mais dès que j'arrive à sa hauteur, je mets la vitesse supérieure afin de ne pas être tenté de regarder à l'intérieur. C'est devenu presqu'un jeu. Les gens qui me connaissent doivent probablement se demander ce qu'il m'arrive mais ils ne le sauront pas.

L'heure de ma pause arrive enfin! Entre une tentative d'effraction dans la réserve et un gars complètement bourré qui voulait voir sa femme, je n'ai pas eu le temps de chômer! Je passe donc prendre mon casse-croûte avant d'aller chercher Audrey. Celle-ci est encore en grande conversation avec un homme assez âgé. Sa tête ne me dit rien mais sa prestance me fait penser à celle d'un soldat.

Je m'installe sur la chaise en face de son bureau en attendant patiemment qu'elle arrive. Nous n'avons pas beaucoup l'occasion de nous asseoir lorsque nous faisons notre tournée et je dois avouer que ça fait du bien. Je remets ma casquette en place vite fait. Personne n'a encore remarqué que j'avais rasé mes cheveux ou alors ils ne me le disent pas. D'un côté, c'est vrai que mon couvre-chef protège une bonne partie de mon crâne. L'étape décisive est ce midi avec ma belle. Je vais devoir le retirer pour manger à la cafétéria. Je me demande quelle sera sa réaction. Des pas se rapprochent et m'arrachent à mes pensées. Je lève la tête pour l'apercevoir debout face à moi. Un sourire naît sur mes lèvres mais est directement effacé quand je vois son air préoccupé.

- Tout va bien?

- Oui oui, ne t'inquiète pas.

- Tu as l'air préoccupée pourtant.

- C'est la conversation que j'ai eue avec Monsieur Sutton qui me perturbe un peu mais rien de grave.

- Si tu le dis! lui répondis-je peu convaincu.

Nous nous dirigeons vers la cafétéria sans un mot. Une fois assis à table, je commence à lui parler de choses et d'autres et ne peut m'empêcher de me renseigner.

- Alors qui est ce monsieur?

- C'est un ancien militaire qui fait partie du comité «Correspondance».

- C'est le fameux programme de lettres c'est bien ça?

- Oui, effectivement.

L'air de rien, je retire ce qui couvre ma tête. Mes mains sont moites dans l'attente de sa réaction. Au départ, je vois bien qu'elle est perdue loin d'ici. Jusqu'à ce que son regard se lève vers moi. Après la surprise, c'est un énorme sourire que je vois apparaître et sans crier gare, elle éclate de rire. Je ne comprends pas du tout sa réaction. Je me retourne pour voir ce qui peut la mettre dans cet état mais tout est parfaitement normal.

- Ça va? Qu'est-ce qu'il t'arrive? demandais-je un peu vexé que mon changement de coiffure la fasse rire.

- Ça va... pfiou... laisse-moi deux minutes.

Elle s'essuie les yeux et reprend contenance tandis que je suis de plus en plus énervé. Pourquoi réagit-elle comme ça? Je ne pensais pas ça venant d'elle.

- Excuse-moi, je viens de comprendre quelque chose. Ce n'est pas contre toi.

- Ok je suppose que tu ne m'en diras pas plus.

- Effectivement mais t'es très beau comme ça mon Geof, me dit-elle en venant m'embrasser la joue et me serrer contre elle.

- Tu avais pourtant l'air de trouver ça hilarant!

- Ne te vexe pas! Je te jure que je ne me moquais pas de toi.

- Très bien. Je ne sais pas si je peux te croire mais faisons comme si.

- Pourquoi t'es-tu rasé les cheveux? s'enquit-elle plus sérieusement.

- Un besoin de changement.

- À d'autres! La vraie raison s'il te plaît.

- J'ai perdu beaucoup de cheveux à cause du traitement, lui répondis-je en haussant les épaules. C'était plus facile comme ça.

- Je suis désolée. Et moi qui en remet une couche! D'ailleurs, il n'y a pas que tes cheveux que tu as perdu n'est-ce pas?

- Je ne vois pas de quoi tu parles.

- Fais pas l'innocent. Tu crois que je n'ai pas vu tes vêtements trop larges? Cacher tes chemises dans ton pantalon est une bonne idée en soi mais je te connais.

- Tu es trop perspicace à mon goût.

- Mais tu m'aimes quand même, rit-elle.

- Malheureusement...

- Fais pas le rabat-joie. Bon alors, il y a deux solutions.

- Deux solutions? Mais de quoi parles-tu?

- Soit tu viens avec moi faire les boutiques, soit on te remplume..

- Ou on en reste là et je vis ma petite vie.

- Même pas en rêve mon bon monsieur. Je ne veux pas que tu t'enfermes dans une dépression. Et c'est ce qu'il risque d'arriver si tu te laisses aller. Qu'as-tu ressenti en te voyant dans le miroir? Sois franc.

- Tu as gagné, soupirais-je. J'ai détesté. C'est pour ça que j'ai tout tondu.

- C'est bien ce que je pensais. Alors quelle solution préfères-tu? À moins que tu ne veuilles faire les deux. Je m'adapte à tout!

Elle me regarde avec son petit regard scrutateur. Je ne l'aime pas celui-là. Il veut dire qu'elle ne lâchera pas l'affaire. Je n'ai pas du tout la force de me battre contre la tempête que provoquerait un non.

- Ai-je le choix de toute façon? soupirais-je.

- Non. Enfin si, tu peux choisir ta solution préférée mais la fuite n'en est pas une.

- Je m'en remets à tes mains expertes dans ce cas.

- Bonne réponse! Ce sera donc un mix des deux! Commence donc par manger ton repas, me dit-elle en riant.

- Oui maman! Je peux juste te demander quelque chose?

- Je ne dirai rien aux autres, même pas à mon chéri. C'est promis.

- Tu es devin maintenant?

- Non mais je te sentais venir à 100 mètres, rit-elle. Et puis je te connais assez pour savoir à quel point tu es secret.

Ce petit bout de femme est vraiment incroyable! Je ne vois pas pourquoi ça m'étonne encore. Par contre, son programme me fait un peu peur. Je ne sais pas à quelle sauce elle va me manger. Nous terminons notre repas en riant de choses et d'autres comme à notre habitude. Je la raccompagne à son bureau et l'embrasse sur la joue.

- En quel honneur? me demanda-t-elle surprise.

- Parce que tu es toi tout simplement.

- Hum, j'apprécie beaucoup. Mais ne crois pas échapper à mes plans.

- Loin de moi cette idée voyons! mentis-je.

C'est exactement ce que j'espérais. Pourtant je devrais savoir qu'elle ne laissera jamais tomber.

- Envoie-moi ton horaire par texto. Je m'arrangerai pour prendre congé ce jour-là.

- Tu n'es pas obligée de le faire tu sais.

- Pas de discussions! Et puis, une journée rien qu'à nous deux nous fera du bien. Je dois y aller, des dossiers attendent gentiment sur mon bureau! À tout à l'heure Geof.

- À tout là l'heure!

Une journée shopping? Rien que ça! Je savais que j'aurais mieux fait de resté couché ce matin! Sérieusement! J'étais bien tranquille avant que cette tornade n'arrive. Tourmenté, certes. Mais j'étais encore maître de la situation. Mon petit doigt me dit que ça ne va pas durer.

- Au pire, je prendrai des vacances chez Paul pour lui échapper, me dis-je en haussant les épaules.

Rien que cette idée me fait sourire. J'imagine sa tête d'ici! Mais la connaissant, elle serait capable de s'arranger avec ce dernier pour que, d'une manière détournée, il me fasse manger et acheter des vêtements. Elle peut être retorse quand elle le veut. Et à choisir entre les deux, je préfère encore qu'il ne soit au courant de rien.

Je retourne à ma surveillance, perdu dans mes pensées. Quand je pense qu'au début j'étais jaloux du père biologique d'Olivier et Tonio! J'ai bien cru qu'il me les enlèverait. Bien que je n'ai aucun droit sur eux, j'en aurais énormément souffert. Mais encore une fois, c'était sans compter sur mes fils de cœur. Ils sont parvenus à faire rentrer tout le monde dans leur univers. Tonio a été très réticent mais il commence à accepter son père et ses demi-frères dans sa vie. J'ai vraiment douté pour le coup. Il a tellement mal pris leurs arrivées! Nous pensions tous qu'Olivier avait été celui à avoir le plus de difficultés et nous sommes restés comme deux ronds de flan lorsque le cadet a piqué sa crise! Heureusement les problèmes d'Oli et de son mari s'en sont mêlés! Pas que je sois ravi qu'ils en aient eu, au contraire mais ça a permis au groupe de se ressouder et d'y intégrer les nouveaux membres.

L'étage que j'apprécie le plus et le moins en même temps se profile à l'horizon. Le premier niveau. Au fur et à mesure que la chambre 145 approche, ma respiration accélère, mes mains deviennent moites. Ce qui est complètement stupide! Je n'ai croisé son regard qu'une seule et unique fois mais ça m'a suffit pour perdre pied. Je ne la connais même pas et la curiosité a beau me travailler, j'évite d'en apprendre plus au sujet de cette femme. Qui dit se renseigner, dit être tenté de s'attacher! Hors, je ne veux pas me lancer dans une histoire maintenant.

Elle est là, ouverte. Oserais-je regarder ce qu'il s'y passe? Cela fait déjà plusieurs jours que je ne m'y suis pas aventuré. J'ai bien envie de céder une fois. Mais si je cède cette fois-ci, pourrais-je reprendre ma routine?

- Bah au pire, je me forcerai. Allez un petit coup d'œil ne me fera pas de mal! me motivais-je.

Plus qu'un pas et j'y suis. Ma tête tourne d'elle-même. Le Sergent est là. Assise seule. Elle a l'air perdue au milieu de ce lit et pourtant, je peux sentir sa force. C'est un phénomène assez étrange qui doit être propre aux soldats. Même à terre, ils ne baissent pas les bras ou du moins ne le montrent pas. Ils restent fermés comme on leur a appris. Ne pas montrer ses faiblesses, jamais.

Ses cheveux couvrent son visage jusqu'à la hauteur de son menton ce qui me permet de l'observer un peu plus sans être vu. Du moins c'est ce que je pensais jusqu'à ce qu'elle se tourne vers la porte. Comme si elle avait senti ma présence. Je fais semblant de rien et redémarre aussi vite que possible. Je n'aurais pas dû faire ça. Maintenant, je vais avoir son image gravée dans ma tête et je ne parviendrai pas à l'oublier. Pourtant il le faut! Je n'ai pas le choix.

Je dois absolument m'éloigner d'ici quelques jours. Une fois arrivé à mon vestiaire, je prends mon téléphone et appelle celui qui est récemment devenu mon comparse.

- Hey, salut Geoffrey. Que me vaut l'honneur?

- Salut Paul. Dis-moi, j'ai besoin d'une pause. Est-ce que tu aurais une chambre de libre par hasard?

- Ça aurait été avec plaisir mais j'ai eu mes instructions, me répondit-il gêné.

- Tes instructions?

- ...

Il faut quelques secondes pour que mon franc tombe. Ça ne peut pas être une coïncidence.

- Audrey?

- Oui, m'avoua-t-il penaud. Elle savait que tu allais m'appeler. Elle a pris les devants.

- Et pourquoi as-tu accepté?

- Tu la connais autant que moi. Je n'avais pas franchement envie de me la mettre à dos.

- Tu préfères la suivre elle que moi? C'est du joli!

- Tu me fais moins peur qu'elle, désolé.

- Je retiens! Tu me le paieras, grommelais-je. Mais je te comprends.

Nous continuons un peu la conversation tandis que l'image d'une femme seule dans son lit d'hôpital passe en boucle dans ma tête. Je viens de faire une énorme connerie. Et le pire, c'est que je ne la connais même pas! Je ne sais même pas quel son a sa voix. Ni quel parfum elle porte. Mais son image...

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Et voilà enfin le chapitre suivant. Alors qu'en pensez-vous? Une chose est sûre, Geoffrey n'aura pas la paix avec Audrey! Mais a-t-il bien fait de regarder dans cette chambre? Et pourquoi Audrey éclate de rire en voyant ses cheveux? Qu'a-t-elle compris?

J'attends vos avis les loupiots

Bisouilles

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