La Tour d'Ivoire - Tome 1

By mmancassola

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Il y a plus de deux mille ans, un petit nombre d'hommes et de femmes parmi les plus intelligents, riches et p... More

La Tour d'Ivoire
Le bal des seigneurs, partie 1
Le bal des seigneurs, partie 2
Une braise dans le coeur
Dangereuse attirance
La rose de sang
Le prix de la liberté
La force comme seule reine
La reine des dieux
Les trésors du passé
Trahison
Jeu dangeureux
La jeune fille aux yeux de braise
La fille du passé
Le parfum de l'espoir
Pacte avec le diable
Le palais des promesses perdues, partie 1
Le palais des promesses perdues, partie 2
L'art du faux
Rivale
La fille aux yeux de vérité
Le sceau du prisonnier
Nuit étoilée
Les noces blanches
À la gloire des Créateurs
Sacrifice
Lévana Sildek
Fuite
Le ciel de la liberté
Vert Emeraude
La vérité sous l'ivoire
La Nation d'Émeraude
Mensonges
Le monde perdu
Les yeux de feu
Déchéance
La colère d'un prince
Les guerriers de feu
Passé sanglant
✏️ Fan Art - Era ✏️
Les ennemis éternels
Echos du passé
Frères de sang
Éclat de glace
Conseil de guerre
Le roi sans couronne
La flèche du ciel
La plus grande des Eléazar
Narda
Le Prince déchu, partie 1
Le Prince déchu, partie 2
La Souffleuse de Rêve
✏️ Fan Art 2 - Era ✏️
Douce désillusion
Les retombés d'ivoire
Le Palais d'Emeraude, partie 1
Le Palais d'Emeraude, partie 2
La Tour d'Ivoire - Tome 2
Questions - réponses La Tour d'Ivoire
L'aventure continue !

Le feu et la glace

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By mmancassola

~
Comme promis le quatrième  chapitre, un peu plus long que les autres d'ailleurs ! Désolée du retard, le chapitre était écrit mais j'ai eu des doutes quant à continuer de publier mon histoire. J'espère que ce chapitre vous plaira, n'hésitez pas à laisser des commentaires :)
Bonne lecture !
~

« I'm everything you can't control. »

Elle me vit au même moment et se dirigea vers moi d'un pas assuré. Elle me serra dans ses bras avec toute la décence dont on nous avait appris.

-Ma chérie, je suis si heureuse de te voir, me chuchota-t-elle à l'oreille.

Je fermai les yeux et savourai cette étreinte salutaire, emplis mes narines de son parfum floral, et retrouvai une certaine paix intérieure. Voilà ce qui m'avait permis de tenir le coup toutes ces années, voilà la personne qui m'avait aidé à survivre, à continuer de vivre, celle qui éclairait mes journées.

Elle se détacha légèrement de moi, de sorte à pouvoir m'observer à souhait. J'en fis autant.

Ses cheveux châtains étaient coupés court, minutieusement coiffés pour donner ce côté désordonné. Jamais ma mère ne m'aurait permis de me coiffer ainsi, mais mon amie n'était pas une descendante de la famille Eléazar. Ses yeux vairons, signe distinctif de la famille Dolora, descendant d'Anastasia Dolora, l'une des autres Créateurs, étaient l'un bleu l'autre vert, et pétillaient de malice. Sa peau, ni claire, ni foncée étaient immaculée.

Iris Dolora, ma meilleure amie depuis le berceau, ainée de la famille Dolora, intelligente, belle, insouciante, pétillante de vie, c'était grâce à elle que j'étais encore en vie aujourd'hui. Même si nous n'en parlions jamais, elle savait ce que je pensais des Malkam et de leur façon de nous gouverner. Mais le dire à voix haute serait un acte de haute trahison, passible des peines les plus lourdes.

Iris n'aimait pas beaucoup les règles, son pantalon noir le prouvait, les robes étaient obligatoires chez les femmes lors de cérémonie de ce genre. J'étais très étonnée que personne ne lui fasse la remarque. Mais à bien y réfléchir, c'était assez logique, Iris était assez haut placée pour se permettre ce genre d'entorse au règlement mais pas assez élevée dans la hiérarchie des Familles pour qu'on le lui reproche. Ma famille, par exemple, ne pourrait se le permettre, nous étions les représentants de la famille Malkam, en quelque sorte. Même si Iris était une Dolora, une des quatre familles fondatrices, deux avaient pris le pas sur les autres, Les Malkam d'abord, puis les Eléazar. Iris n'avait donc pas la même importance que mon frère ou moi, par exemple. Oui, même moi, la cadette Eléazar.

Le regard empli de réprobation de ma mère mit fin à nos effusions, nous ne pouvions nous permettre d'être aussi démonstratives. Je me détachai d'iris à contrecœur, sa chaleur rassurante me manqua, me laissant seule face à tous ces regards qui me jaugeaient comme un vulgaire bout de viande.

La petite sœur d'iris, Adina, me contemplait avec fascination, ses yeux vairons grands ouverts, suivant le moindre de mes gestes. Elle était adorable avec ses longues boucles noires et son air candide. Adina Dolora n'avait pas encore été transformée par la cruauté de notre société, c'était ce que j'aimais le plus chez cette enfant. Je lui offris un doux sourire, vrai cette fois, qu'elle s'empressa de me retourner.

La quatrième famille était également présente, les descendants d'Apolline Razane étaient reconnaissables, non pas à leur couleur de cheveux, ni à leurs yeux, mais à leur couleur de peau. D'un brun doré extraordinaire, hommage à l'Italie natale d'Apolline Razane, leur peau semblait miroiter et briller de l'intérieur.

L'ainé de la famille avait 24 ans et s'appelait Morgan, il portait ses longs cheveux bruns attachés et avait un fascinant regard noisette piqueté d'or. Son jeune frère, Sofian, avait mon âge, il avait des cheveux d'un noir de jais, plus court que son ainé, et des yeux bleu foncé. Sofian a été mon premier amour, enfin, un amour d'enfant. Il avait été le premier à avoir été gentil avec moi, nous étions sortis ensemble, en cachette, lorsque nous avions 14 ans, je me souvenais bien de lui, de nos étreintes d'adolescents, de nos baisés volés, et de ses yeux bleus. Je m'étais toujours vue passer ma vie avec lui, l'épouser, lui, un cadet comme moi, qui comprenait très bien ce que cela faisait de perdre son nom, son héritage. Je pensais qu'il m'aimait sincèrement, mes parents l'appréciaient beaucoup, du moins au début, nous pensions que nos familles voulaient nous marier, un jour. Il était arrogant et bien trop malin, mais il n'était pas pire que les autres, il avait un bon fond. Puis du jour au lendemain, il m'avait évité, ma famille m'avait affirmé que je méritais mieux, que c'était des caprices de petites filles, que je devais grandir. Je ne lui avais que très peu parlé de puis, il m'évitait le plus souvent. Cela m'avait terriblement blessé à l'époque, je n'avais jamais compris pourquoi. Puis le temps avait passé et il était sorti de ma vie et de mon cœur.

Les frères Razane étaient tous deux grands et élancés. Et très beaux, comme la plupart des descendants des Créateurs, en fait. Nous étions les modèles du peuple, nous avions comme devoir de paraitre et d'être parfaits. Les garçons de la famille Razane étaient sympathiques, je m'étais toujours bien entendue avec eux. J'avais grandi avec eux, mais il y avait toujours eu une sorte de rivalité entre nous tous. Iris était la seule en qui j'avais toute confiance.

-Ton fils n'est pas présent, mon cher Melech ? demanda mon père.

-Oh si, il ne va pas tarder à arriver. Il doit être occupé à pavaner devant toutes les jeunes filles.

Il se mit à rire, comme si ce qu'il venait de dire était la chose la plus drôle au monde. Quant à moi, je résistai à la tentation de lui balancer mon poing dans la figure, cela faisait 18 ans que cela me démangeait.

-Vous parliez de moi, père ?

Cette voix. Je crois que c'était le son le plus infect que je n'avais jamais entendu. Je la détestais autant que son propriétaire. Sa voix était un pot de miel. Attirante, envoutante comme celle de son père, mais lorsqu'on s'approchait trop près on était pris au piège, écœuré par son odeur entêtante et cette substance visqueuse qui nous étouffait.

Je gardai les yeux baissés, fixés sur mes chaussures. Je ne voulais pas croiser son regard, ni lui parler, ni devoir le saluer, je ne voulais pas le voir, tout simplement. Pourtant, je sentais son regard posé sur moi, je le sentais me dévisager avec insistance, me sommant de lever la tête, de me baisser devant lui, et faire cette foutue révérence. Il voulait me voir à ses pieds. Je ne lui ferais pas ce plaisir. Pas aujourd'hui. Un élan de révolte naquit dans ma poitrine que je m'empressais de contenir.

Pas ici, Era, pas ici. Tu dois obéir, un point c'est tout. Tu n'as pas le choix.

-Bonjour, Era, vous êtes de toute beauté aujourd'hui, susurra-t-il.

J'entendis mon frère étouffer un rire, tandis qu'Iris me donna un léger coup de coude. Le message était clair, ce n'était pas le moment de faire preuve d'insolence, il en allait de mon avenir, de ma vie.

Alors je levai la tête, un sourire factice sur les lèvres.

-Pardonnez-moi, j'étais perdue dans mes pensées. Tout ce monde me fait tourner la tête.

Je ponctuai ma phrase d'un battement de cil appuyé et d'un sourire envoutant. J'étais si bonne actrice que tout le monde me crut. Sauf Galaad et Iris, évidemment. Mon frère me lança un regard empli de sous-entendus que je choisis d'ignorer.

Ayaan Malkam me contempla de haut en bas, à tel point que j'en fus gênée. Son sourire s'étira.

-Ne vous inquiétez pas, je comprends tout à fait.

Non tu ne comprends rien, abruti, pensai-je.

Ayaan Malkam, fils unique de Séraphina et Melech. Héritier de la toute puissante famille Malkam. Il avait 25 ans, et je le connaissais assez pour savoir que je détestais tout chez lui. La liste de ses défauts s'allongeait de jour en jour : arrogant, manipulateur, cruel, probablement sadique, sûr de lui, impitoyable.... Et j'en passais.

-Voulez-vous danser, ma chère ?

Je clignai des yeux, avais-je mal entendu ? Tous les regards se tournèrent vers moi, y compris, celui, sévère de mes parents et mon frère. Melech, lui, semblait trouver la situation tout à fait divertissante.

Bon, je suppose que je n'ai pas le choix... Rien de mieux qu'une danse avec l'autre psychopathe.

Évidemment, je n'avais pas le droit de donner mon avis. Je devais me taire, point barre.

-Avec plaisir, répondis-je à la place de toutes les réponses ironiques qui fusaient dans mon esprit depuis trop longtemps bridé.

J'acceptai son bras et tandis que nous avancions vers la piste, je fus presque certaine d'entendre les conversations faiblirent, et les regards se tourner vers nos deux personnes. Ayaan ne semblait rien voir, il me regardait avec une telle avidité que je ne désirais qu'une chose ; m'enfuir.

Je n'en fis rien et continuais à sourire bêtement.

Nous commençâmes à danser, nos deux corps s'imbriquant à la perfection, nous virevoltions avec légèreté, nous étions les meilleurs danseurs de la Tour d'ivoire, après tout. Je sentis tous les regards tournés vers nous, les rumeurs devaient-aller bon train. Pourtant, ce n'était pas la première fois que je dansais avec Ayaan Malkam. Et ce ne serait probablement pas la dernière.

J'étais plus petite que lui, je lui arrivais au torse, et pourtant j'étais grande comparé aux autres femmes ! J'avais une vue imprenable sur son tatouage, le signe distinctif de la famille Malkam. Chaque Malkam se le faisait tatouer à la naissance. Un M joliment calligraphié, avec une plume et une épée qui se croisaient. La plume, symbole du savoir et l'épée de la force brute. Le pouvoir comme Maximilian Malkam le concevait.

La peau d'Ayaan était pâle, comme la mienne. Je sentais sa musculature fine au travers de son vêtement noir. Il portait presque toujours cette couleur. J'osai le regarder en face. Il me fixait de ses yeux gris, de la même couleur que ceux de son père. Ses lèvres pleines étaient légèrement rosées, comme celle d'une femme, et ses cheveux couleur miel étaient docilement coiffés et encadraient son beau visage. Je ne me laissais pas avoir par ce beau visage, ce garçon était empoisonné. Cela faisait des années qu'il me tournait autour, mais je l'avais toujours évité, repoussant ses avances sans toutefois m'attirer les foudres de la puissante famille Malkam.

-À quoi penses-tu ? souffla-t-il.

Je ne pus cacher ma surprise, c'était la première fois que quelqu'un se demandait ce que je pouvais bien penser. Je me demandais parfois s'ils savaient que j'avais un cerveau, moi aussi. Mais aussi surprise que je fusse, je ne comptais pas m'épancher sur l'épaule d'Ayaan Malkam. Je ne manquai pas non plus de noter qu'il m'avait tutoyé. Très bien, s'il voulait à ce petit jeu-là, j'en ferai de même.

-Rien, lâchai-je sans conviction.

Il se mit à rire.

-Permets-moi, ma très chère Era, de ne pas te croire. J'aimerais beaucoup savoir ce qui se passe dans cette jolie petite tête.

Je le dévisageais avec effarement, avait-il perdu l'esprit ?

-Permets-moi, mon très cher Ayaan, de ne pas avoir les mêmes envies que toi, répondis-je sur le même ton.

Avais-je vraiment dit ça ? Oh, mon Dieu, j'allais me faire taper dessus. J'avais manqué de respect à Ayaan Malkam...

Il s'arrêta de danser pour me dévisager. Puis un sourire naquit sur ses lèvres.

-Tu me plais de plus en plus, Era Eléazar.

Avant que je ne puisse dire quoi que ce soit, il prit ma main et y déposa un doux baiser.

-Au plaisir de te revoir, ma chère Era.

Il me fit un clin d'œil et me planta là, en plein milieu de la piste de danse.

Le calvaire était enfin fini et je devais lutter contre l'envie de m'essuyer la main sur ma robe. Avant que je puisse retrouver Iris, Morgan me proposa de danser, j'acceptai et je dus enchainer les danses, passant de main en main, les visages se mélangèrent, je dansais sans vraiment être là. J'étais ailleurs, dans un monde où je serais libre, où je pourrais danser pour moi seule, où je ne serais plus obligée de faire des choses que je ne voulais pas, où je pourrais m'entourer que des gens que j'aimais vraiment. Un monde où ma grand-mère serait encore là. Mais je savais que ce monde n'existait pas, ma grand-mère était morte, et rien ne pourrait la ramener.

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