Il n'a pas l'air gêné pour le moins du monde. Il n'aurait pas pu frapper ? Ou encore... ne pas entrer en entendant que l'eau coule dans la douche, tout simplement ?
– Tu n'avais pas fermé la porte, explique-t-il tandis je vois son ombre derrière le rideau de douche s'appuyer au lavabo.
Il ouvre le robinet et l'eau de la douche refroidit aussitôt. Je sursaute, pousse un cri aigu et m'éloigne dans la baignoire en claquant des dents, soudainement frigorifiée.
– Est-ce que tu.. euh... S'il te plaît, tu peux fermer le robinet ? L'eau est froide, maintenant.
– Tiens.
Son bras noir de tatouage apparaît derrière le rideau de douche. Dans sa main se trouve une serviette qu'il me tend.
– Ce n'est pas ce que j'ai demandé.
– Mais c'est ce que je te donne. J'ai besoin de prendre une douche.
– Je ne suis pas encore lavé. Il y a une autre salle de bain.
– Ah, ouais. C'est vrai...
Je souris derrière le rideau de douche, contente d'avoir eu le dernier mot. Cependant, il n'enlève pas son bras et me tend toujours la serviette.
– ... Tu n'as qu'à y aller, reprend-t-il d'un ton sardonique.
Ah. Non, je n'aurai visiblement pas le dernier mot. Je pousse un soupir résigné et agacé en grognant discrètement, irrité par sa tête de mule. J'attrape la serviette qu'il me tend.
Au moins, il est serviable, me dit ma conscience.
J'enroule la serviette autour de moi, la coince bien sur ma poitrine, avant de la nouer de manière à ce qu'elle ne tombe pas. Je ferme les robinets de la douche en prenant soin de ne pas me faire arroser par la pomme. Gênée, j'ouvre le rideau en évitant le regard de mon colocataire.
Brosse à dent dans la bouche, il la remue frénétiquement et s'appuie au lavabo à l'aide de sa main libre. Il ne me prête attention que lorsque je descends de la baignoire maladroitement et que nos regards se croisent dans le miroir. Il n'est vêtue que d'un short de basket-ball noir, et je me surprend à admirer sa musculature digne d'un dieu grec. Ses abdominaux sont parfaitement tracés, formant une plaquette parfaite de six carrés. Quant à ses biceps... Je secoue la tête. Qu'est-ce qu'il me prend ?
Sexy, mais arrogant. Mais vraiment sexy.
Certainement pas, Abbie Warkley ! Cesse ça de suite, me sermonne ma conscience.
Connor me dévisage négligemment et lève les yeux aux ciels en remarquant que je détaille son corps entièrement tatoué. Je n'y prête pas attention et demande poliment, tout en essayant d'avoir l'air sévère :
– Tu pourrais sortir, s'il te plaît ? Je voudrais m'habiller afin d'aller dans l'autre salle de bain.
Il se rince la bouche plusieurs fois avant de me répondre. J'écarquille les yeux quand il se tourne et s'approche de moi, avant de se baisser pour s'essuyer les lèvres avec la serviette qui cache ma nudité.
Quel culot, ça alors ! Je n'en crois pas mes yeux !
Puis, se redressant, il approche son visage du mien et déclare une nouvelle fois sur un ton méprisant :
– Sois tranquille, je n'ai pas la moindre envie de te mater. A l'avenir, ferme la porte à clé.
Aussitôt, Connor me contourne et sort, refermant la porte derrière lui. Je reste interdite une minute face à son arrogance et sa méchanceté. Sa remarque me vexe quelque peu, mais je ne laisse rien paraître lorsque je le retrouve adossé au mur d'en face les bras croisés alors que je sors de la salle de bain, habillée. Son regard méprisant et son air arrogant me détaillent de la tête aux pieds, et ses yeux s'arrêtent sur mon pull en laine couleur moutarde, très confortable et cocooning.
– Sérieusement ? Tu comptes pas sortir avec ça sur le dos, si ? M'interroge-t-il en haussant les sourcils.
– Et bien, si, je... Je le trouve très confortable, dis-je en gardant la tête haute et les épaules bien droites.
– Confortable, peut-être, mais il est sacrément moche.
Aïe. Sa remarque m'envoie un pique dans le cœur, et une étrange émotion parcourt son regard lorsqu'il observe mon visage. Pourquoi est-il si désagréable ?
Malheureusement, je n'ai pas le temps de le lui demander. Il décroise les bras et passe à côté de moi. Je m'attend à ce qu'il me bouscule sur son passage mais il n'en fait rien et entre simplement dans la salle de bain sans rien dire, claquant la porte derrière lui sans prendre la peine de la verrouiller.
30 minutes plus tard, je sors de la deuxième salle de bain où j'ai été contrainte de prendre ma douche. D'ailleurs, celle-ci est exactement la même que celle d'où Connor m'a nonchalamment virée, alors je ne vois pas pourquoi est-ce qu'il a fait tout un caca nerveux plutôt que de se rendre directement ici.
Je fais un arrêt par ma chambre et change de pull. Même si j'aimerai que la remarque de Monsieur Désagréable ne m'ait pas atteinte, je suis forcée de reconnaître que si. Je ne sais pas pourquoi mais j'ai une envie étrange ; celle qu'il aime mes vêtements. Mais pourquoi ? C'est stupide, non ? Il se montre désobligeant chaque fois que nous nous croisons et je voudrai qu'il... qu'il aime mes vêtements ?