Les Échos du bayou

By Nomnomio

13.3K 1.9K 3.2K

Kay, une ingénieure en environnement, décide de quitter Miami pour aller étudier des phénomènes mystérieux su... More

Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5 partie 1
Chapitre 5 partie 2
Chapitre 6
Chapitre 7 partie 1
Chapitre 7 partie 2
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11 partie 1
Chapitre 11 partie 2
Chapitre 12 partie 1
Chapitre 12 partie 2
Chapitre 13
Chapitre 14 partie 1
Chapitre 14 partie 2
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20 partie 1
Chapitre 20 partie 2
Chapitre 21
Chapitre 22 partie 1
Chapitre 22 partie 2
Chapitre 23
Chapitre 24 partie 1
Chapitre 24 partie 2
Chapitre 25 partie 1
Chapitre 25 partie 2
Chapitre 26 partie 1
Chapitre 26 partie 2
Chapitre 27 partie 2
Annonce - BIENTÔT le chapitre 28 ! + récap
Chapitre 28
Chapitre 29 partie 1
Chapitre 29 partie 2
Chapitre 30 partie 1
Chapitre 30 partie 2
Chapitre 31 partie 1
Chapitre 31 partie 2
BONUS : La Mission de Momo

Chapitre 27 partie 1

234 41 108
By Nomnomio

TROISIÈME PARTIE : WAR DRUMS

Dangerous men meet in narrow streets


Chapitre 27 (partie 1)

We're one but we're not the same
well we hurt each other

and we're doing it again



Belle n'avait pas eu à attendre très longtemps.

Face à elle, l'encadrement de la porte découpait un morceau de nuit noire et dense, par contraste avec la lumière électrique aveuglante de la station. Une arche entre deux univers. Deux périodes de sa vie, peut-être. Prêtes à se rencontrer enfin.

Ou juste une satanée porte qu'elle n'avait pas fait l'effort inutile de fermer.

Baissant les yeux sur l'arme qu'elle tenait, sagement posée sur ses genoux pour l'instant mais toujours vibrante de frénésie contenue, elle réalisa qu'elle ne savait pas quoi faire. Une si longue attente - six ans, peut-être plus, peut-être qu'une part d'elle savait depuis longtemps qu'ils en arriveraient là - et pourtant elle n'avait pas réellement considéré ses options.

Les tuer tous ? Comme si elle le pouvait.

Et Kiz ?


— Bonsoir, grande soeur.


Belle releva calmement la tête, ses traits maintenus dans une immobilité qu'un sculpteur n'aurait pas renié. Une seconde d'inattention et voici que Kiz était là, franchissant le palier de sa démarche gracile ; une vision qu'elle n'avait pas eue depuis six ans.


— Salut, Wandering Spider, répondit-elle sur le même ton, s'efforçant de contenir toute émotion susceptible de teinter sa voix.

— Tu m'attendais ?


Elle n'avait pas tant changé à la surface, mais les tendances que Belle avait remarquées à l'époque - cet éclat de plus en plus froid dans le regard, la moue sarcastique, les traits qui se creusaient et se durcissaient - s'étaient accentuées. Les tatouages vaudous et tribaux s'étaient étendus à ses épaules, ses bras, ses mains. Ses cheveux raides et bruns lui arrivaient au bas du dos à présent, et sa frange rasait avec une précision chirurgicale la ligne de ses longs cils. Le visage en lui-même était toujours fin, pointu et d'une symétrie presque parfaite, rompue brutalement par ses yeux vairons et la cicatrice insultante qui barrait ses lèvres, leur conférant un rictus naturel inquiétant. Quant à la machette qu'elle portait à la ceinture, il était tout bonnement impossible de ne pas la remarquer. Derrière la femme venimeuse, Belle devait faire toujours plus d'efforts pour distinguer l'enfant cent fois brisée qu'elle avait connue et savait toujours présente quelque part, alimentant son cœur malade d'amertume.


— Eh bien, il m'est venu à l'esprit que tu viendrais visiter cet endroit en premier, répondit-elle posément.

— Qu'est-ce qui t'a poussée à faire ce pari ?

— Disons qu'à mon époque, je me rappelle qu'on n'avait pas accès à autant d'armes à feu que Papa Nightmare l'aurait souhaité - beaucoup trop d'armes à feu pour des enfants, mais pas assez pour, disons, attaquer une ville entière. Et dans la station du shérif... il y en a pas mal.

— Je vois.

— Bien sûr, c'était un pari, puisque ce problème aurait très bien pu avoir été réglé pendant ma longue absence.

— En effet.

— Mais tu es là.


Le sourire narquois de Kiz continua à flotter sur ses lèvres dans le silence éloquent qui suivit.


— Tu veux t'asseoir ? reprit finalement la shérif adjointe.

— C'est ce qu'on fait maintenant ? On discute ?

— C'est ça ou quoi, de toute façon ?

— Je crois que tu le sais très bien, déclara Kiz en prenant tout de même place sur la chaise qu'on lui proposait. Tu as la main sur un flingue, après tout.

— C'est purement défensif. S'il te plaît, ne m'oblige pas à l'utiliser.


Son amie leva les yeux au ciel.


— C'est vrai que tu joues les dures, mais quand on arrive au pied du mur, tu as toujours autant de mal à faire ce qui doit être fait.

— Enlever une femme enceinte et son futur enfant, t'appelles ça « ce qui doit être fait » ?

— Visiblement, pas toi. Pour toi, « ce qui doit être fait », c'est plutôt trahir ta communauté, tous tes amis et les gens qui t'ont élevée en leur envoyant la police pour pouvoir continuer ta petite vie tranquille sans eux.

— Ce n'était pas ça.

— Je me suis toujours demandé : ça te fait te sentir plus blanche, d'être ici ? Ça te donne la belle impression d'appartenir à leur monde ? A la fin, tu sais, ça reste toujours leur monde.

— Contrairement à Papa Nightmare et aux autres, je ne me cherche pas un monde à diriger. Quel monde il avait à nous offrir, lui, de toute façon ? Il nous a bourré le crâne de merde pour nous mettre à sa botte.

— Et c'est parti. Je t'en prie, explique-moi à quel point tu es plus éclairée que nous tous.

— Ça demande pas grand-chose. Notre pseudo-religion ? Elle existe pas, Kiz. C'est juste un patchwork d'idées qui arrangent bien ce psychopathe et il nous l'a servi comme la parole divine. Je sais bien que tu y crois, moi aussi j'y croyais, c'était tout ce que j'avais connu jusqu'à ce que je mette le nez dehors. Il n'y a pas besoin d'aller très loin, tu sais.

— De toute évidence, lâcha Kiz avec une moue dédaigneuse et un regard appuyé au décor qui l'entourait.

— Comme si c'était le pire endroit que t'as vu de ta vie.

— Eh bien, je vois ce... trou pour lequel tu nous as remplacés, et ça n'a rien de brillant. Ça fait quoi de vendre son âme pour un semblant de civilisation ?


Belle haussa les sourcils.


— « Civilisation » ? On voit bien que c'est ta première visite.

— Oh, je n'ai jamais été très loin. J'ai vu tous tes nouveaux amis, je pense.


Le visage de la jeune femme s'éclaira d'une lueur qui aurait presque pu passer pour de l'enthousiasme candide ; elle se pencha en avant.


— Tiens, ça doit faire moins d'une semaine que j'ai croisé ton ex-beau-frère. Comment va-t-il depuis ?

— Accorde-moi un peu de crédit, Kiz. Je savais déjà que c'est toi qui l'as empoisonné, tu peux m'épargner tes effets dramatiques.


Ça l'avait irritée cela dit, même si elle n'aurait pas su dire pourquoi. Malgré son désir de pacifier la situation, elle ne parvint pas à retenir la riposte :


— Mais si on en est aux condoléances, je suppose que je dois t'en présenter pour Morry. Vous étiez mariés, après tout.


Pour quelqu'un d'aussi versé dans la dissimulation et la manipulation, Kiz n'avait curieusement jamais été bonne pour l'art spécifique du bluff. Elle clignait rapidement des deux yeux et se mettait dans une sorte de mode veille, comme si elle se gelait sur place pour éviter d'être trahie par toute trace d'émotion. Ça ne rata pas : elle battit des paupières et son visage s'immobilisa aussitôt, avant qu'elle répète d'une voix lente :


— Morry.


Face à ce calme artificiel, Belle se sentit un peu stupide d'avoir jeté de l'huile sur le feu. Son ancienne meilleure amie avait un don pour réveiller ses mauvais penchants.


— Pour être honnête, admit-elle en haussant les épaules pour masquer sa gêne, je ne savais pas sur qui je tirais. Mais bon, le résultat reste le même.


Nouveau battement de paupières en face.


— Ah, ça, répondit enfin la jeune femme de ce même ton beaucoup trop posé. Ne t'inquiète pas.

— Vraiment ?

— Vraiment. Tu es plus proche de le retrouver que tu le penses.


La voix avait un peu gagné en vitesse et beaucoup perdu en température.


— On en est aux menaces de mort, alors ? soupira Belle, sans savoir si ça la peinait ou pas.


Un sourire indéfinissable affleura sur les lèvres meurtries de son interlocutrice.


— Si tu le dis, grande soeur.

— T'es sûre d'être capable de tenir tes menaces ?


Le sourire de Kiz s'évanouit. Ses deux yeux étincelèrent brièvement, mais comme toujours, le droit semblait plus brillant - le gauche, d'un bleu sombre presque violacé, restait plongé dans sa propre pénombre. Même si l'origine de l'hétérochromie était très souvent génétique, la jeune femme n'avait jamais su quel membre de son arbre généalogique lui avait légué son intrigante physionomie ; Papa Nightmare ne s'était pas gêné pour combler le vide par sa propre explication mystique. Cette saleté de gourou avait toujours su jouer sur le désir viscéral de Kiz d'être spéciale - d'avoir de la valeur.


— Attention à toi, Wildcat. Tu réalises que tu as quitté l'entraînement depuis longtemps, n'est-ce pas ? Nous, on n'a pas cessé de progresser.

— Je suppose que c'est d'autant plus humiliant pour toi que je sois toujours capable de te botter les fesses.


La mâchoire ciselée de la jeune femme se crispa.


— Ne t'avance pas trop, lâcha-t-elle d'un ton plus dur.

— Je ne veux pas me battre avec toi, Kiz. Pas parce que j'aurais peur de perdre, d'accord ? Mais parce que j'espère encore qu'on n'aura pas besoin d'en arriver là. On était comme des soeurs, ça ne compte pas pour toi ?


La jeune femme bondit de la chaise, son iris marron à présent enflammé.


— On n'était pas comme des soeurs, cracha-t-elle, on était des soeurs ! Et tu oses me demander si ça compte pour moi ? Tu m'as abandonnée !

— Je t'ai proposé de rester avec moi !

— Et d'abandonner tous les autres ! Papa Nightmare, tous ceux qui nous ont offert une vie, et les autres qui sont notre seule famille ! Même Morrigan !

— J'avais une famille, et elle est morte seule ! Ils ne nous ont pas offert une vie, ils nous ont utilisés, dressés, comme des foutus chiens de combat !

— Oh, et tu détestais tellement ça, hein ? Je ne t'ai jamais vue retenir tes coups ! Je ne t'ai jamais sentie les retenir !

— Tu n'as jamais pu supporter de perdre, c'est ton problème Kiz !

— Oh, mon problème ? Mon problème ? Tu n'as jamais été capable de me laisser gagner, pas même une putain de fois ! Mais non, il fallait toujours montrer que tu étais la meilleure, et ça c'était plus important que tout, hein ? Tant pis si tu me faisais mal, tant pis si les autres se moquaient, si Black Bear me méprisait, si je me sentais nulle à perdre tout le temps ! Mais je t'en prie, vas-y, permets-toi de m'expliquer que je suis une garce égocentrique !

— C'est ce que tu es !

— J'ai appris des meilleures !


Belle s'était levée aussi dans son emportement et les jeunes femmes étaient à présent dressées l'une face à l'autre, proches physiquement mais séparées par des cheminements et des convictions plus grands qu'elles.


— Écoute, reprit la shérif adjointe d'une voix plus maîtrisée, ça ne me plaît pas mais si tu veux qu'on règle nos comptes, allons-y. Mais fiche la paix aux gens de cette ville, ils n'ont rien à voir avec ça.

— Toujours aussi arrogante, persifla Kiz. Tu crois que je ne suis là que pour toi ? Il y a des choses dans ce monde qui nous dépassent, toi et moi.

— Ne me dis pas que tu accordes vraiment de l'importance à ces histoires de monde des rêves.

— Ne me dis pas que tu accordes de l'importance à quoi que ce soit d'autre. Un monde duquel on peut jouer avec celui-ci en toute impunité ! On est tous des marionnettes, grande soeur, toi, moi, tes amis, tout le monde. Et nos ficelles sont là-bas, dans Dreamtown. Qu'est-ce que ça te fait, que cette petite pimbêche de Miami soit l'une des seuls à y avoir accès ? Oh oui, ajouta la jeune femme avec un geste méprisant de la main, je me doute que tu as fait tes devoirs, tu sais déjà qui elle est et surtout ce qu'elle sait faire. Elle nous a bien pris au dépourvu, quand elle a retrouvé le gamin si vite. Je ne pensais pas que cette petite chose craintive serait capable de prendre le dessus sur Dreamtown si vite. Mais après tout, elle est née avec un don qui nous échappe, même à nous.

—On est vite surpris quand on a tendance à sous-estimer les gens, hein ?


Kiz haussa ses épaules osseuses.


— Bah, pas quand ça ne fait que retarder l'inévitable. C'était hasardeux en premier lieu de vouloir s'y prendre en toute subtilité. C'est mon avis, en tout cas. Je suis plutôt partisane de retirer le sparadrap d'un seul coup sec, comme tu le sais.

— Retirer le sparadrap, ce serait la métaphore pour quoi, dans ce cas précis ?

— Eh bien, récupérer tous les outils dont on a besoin pour investir Dreamtown. Plus de jeux, plus de stratégies détournées. On prend ce dont on a besoin, et tout ce qui se mettra sur notre chemin sera balayé. Pourquoi se casser la tête plus que ça ? Les seules vies qui comptent ici sont celles de l'enfant et de la dreamwalker - pour l'instant.

— Ce n'est pas à toi de décider quelles vies comptent.

— Ce n'est pas moi qui décide. C'est vraiment de la simple logique, soeurette. Ce qui ne sert pas les desseins de nos dieux est négligeable.

— Mais tu t'entends parler ?

— L'enfant est un conduit magique, continuait la jeune femme du même ton détaché, et la fille est la seule à pouvoir nous ouvrir la porte de Dreamtown.

— Elle ne le fera pas, se hasarda à affirmer Belle.


Le sourire flottant revint jouer narquoisement sur le visage de son interlocutrice, lui conférant un petit air supérieur.


— On verra ça, répondit-elle simplement. Il suffit d'appliquer la pression au bon endroit, comme pour tout le monde.

— Fous-lui la paix, et aux autres aussi. Je suis putain de sérieuse.

— Oh, si tu es putain de sérieuse alors..., fit mine de frissonner Kiz.


Belle rompit brusquement la distance entre elles pour la saisir par les épaules comme si elle s'apprêtait à la secouer.


— Ce sont des êtres humains, Kiz, bordel ! Qu'est-ce qui t'échappe à ce point ? S'il y a bien quelqu'un qui sait le mal que ça fait d'être le jouet de sociopathes, c'est toi !


La mention de sa famille biologique électrisa la jeune femme, qui se dégagea rageusement de l'étreinte.


— Je te permets pas de parler de ces fumiers ! éructa-t-elle.

— Kiz...

— Non ! Et tu sais quoi, on est des êtres humains aussi, sauf que nous, tout le monde s'en fout ! On peut crever en silence, tant que c'est derrière les portes de nos maisons ou bien sagement dans nos réserves pourries ! Et nos ancêtres aussi, le monde s'est assis dessus ! C'est comme ça que ça marche, soeurette, tu ne comprends pas ? Les autres se préoccuperont jamais de nous, pourquoi on se préoccuperait d'eux ?

— Alors quoi, on doit être aussi cons qu'eux ? Tu dis ça parce que tu ne connais aucun des « autres » ! Papa Nightmare s'est bien gardé de te laisser entrer en contact avec qui que ce soit d'extérieur à la secte ! C'est facile de considérer le reste du monde comme une masse sans individualité tant que tu n'as pas à les regarder dans les yeux.

— Oh, donc tu as complètement foiré ta mission parce qu'elle était trop dur pour ton petit coeur fragile ?

— Je n'ai pas foiré ma mission, je l'ai refusée.

— Ouais, continue à te raconter ça. Ne pas t'attacher à cette bande de demeurés, ça faisait partie de la mission, tu l'as jamais compris ? Alors tu peux tourner ça comme tu veux, nous on sait très bien que t'as juste lamentablement échoué.

— Arrête, je vais pleurer, ironisa Belle à son tour. Je suis la plus grosse des perdantes pour une bande de minables qui se racontent des contes à dormir debout pour éviter d'affronter la réalité, aïe mon coeur. C'est donc vrai qu'il est fragile.

— Dreamtown est très réel, Wildcat. Et si tu ne veux pas y entrer à nos côtés, il ne te restera qu'à le découvrir à la manière forte.

— Ça n'arrivera jamais.

— Oh, si, ça arrivera, et ça arrivera cette nuit. C'est la pleine lune, le rituel est prêt, il ne nous manque que l'enfant, ton sale cousin, et un petit tour de poignée de la part de la dreamwalker.

— Le gamin n'a même pas six ans, c'est l'âge que tu... comment ça, mon cousin ?


Les lèvres cruelles de Kiz s'étirèrent dans un sourire carnassier.


— Tu as oublié tes leçons, pas vrai ? Tout puissant rituel requiert son sacrifice. C'est le triste fonctionnement de la magie.

— C'est bien vous qui avez ramené Charlie. Pour le saigner sur un autel !

— Son sang a des pouvoirs puissants, se justifia la jeune femme avec un geste désinvolte de la main. Mais on ne pourra jamais le contrôler. Autant qu'il soit utile... d'une autre façon.

— En mourant.

— On sert tous les dieux d'une manière différente.

— Fous-toi tes dieux au cul, Kiz ! Si on te disait que tu devais te sacrifier pour eux, tu vas me faire croire que tu irais gentiment à l'abattoir ?


Kiz la dévisagea avec une froide curiosité.


— Mais dis-moi, on se serait attachée à sa famille paternelle ? Toi qui n'étais jamais à court de haine à déverser sur leurs dos, tu défendrais ce petit nuisible maintenant ? Je crois que c'est vrai, ce qu'ils disent tous. Tu n'es même plus la personne qu'on a connue.

— Tu n'es plus tellement la soeur que j'ai choisie non plus.


Un lourd silence suivit ce double constat. Il ne venait que confirmer ce qu'elles savaient au plus profond d'elles-mêmes depuis des années, mais le lien qui les avait unies existait encore, aussi ténu soit-il ; jusqu'à ce moment précis. Ce fut Belle qui posa la première la question :


— Alors qu'est-ce qu'on fait, maintenant ?

— Tu fais ce que tu veux, moi je vais aller donner quelques cauchemars à explorer à la petite ingénieure, re-kidnapper un gosse et écorcher un raton. J'ai envie de te dire que tu peux juste ne pas te mettre sur mon chemin, mais tu ne pourras jamais t'en empêcher, n'est-ce pas ?

— Je ne te laisserai pas toucher à un cheveu de ces gens, Kiz.

— C'est bien ce qu'il me semblait. C'est pour ça que je suis là : pour m'assurer que tu ne viendras pas mettre ton grain de sel dans nos plans. Bon, ça et les flingues.

— Dommage, ça fera deux échecs sur deux, du coup.

— Où sont les armes, Wildcat ?

— Dans ton cul, Wandering Spider.


Kiz esquissa un sourire dédaigneux, celui dont elle se fendait quand elle était un peu contrariée quand même.


— On les prendra que tu le veuilles ou non.

— Il faudrait déjà que vous les trouviez.


Un éclair de fureur traversa le visage altier de la jeune femme ; ce fut au tour de Belle de lui adresser un sourire mauvais.


— Comme je te l'ai dit, je t'attendais.

— Tu ne m'en voudras pas si je ne te crois pas sur parole et que je vérifie l'armurerie.

— Fais-toi plaisir. Mais il va falloir te débarrasser de moi d'abord.

— Je n'envisageais pas les choses autrement.


Kiz repoussa sa chaise d'un coup de pied ; la shérif adjointe l'imita avec un soupir de résignation.


— Que ce soit dit, ça ne me plaît vraiment pas de faire ça.

— Que ce soit dit, moi ça me plaît. Je garde mon arme dans son étui si tu gardes la tienne.

— Comme au bon vieux temps, hein ? D'accord, si c'est ça qu'il faut.


Belle savait qu'elle jouait avec le feu, mais elle ne trouvait pas la force de tirer sur sa meilleure amie, malgré le danger que cette dernière représentait désormais. Pour la même raison, elle la laissa attaquer la première. Kiz avait toujours été légère et agile, mais elle manquait de puissance - et de précision. Elle avait grandi aussi rapidement que soudainement à l'adolescence, ce qui lui avait laissé une maladresse persistante. Malgré l'entraînement physique intense qui avait atténué le phénomène, il était resté quelque chose d'un peu gauche dans ses mouvements, que seule une autre personne aussi bien exercée pouvait repérer.

La shérif adjointe esquiva le gros de l'attaque et tenta de déséquilibrer Kiz en retournant son élan contre elle. La jeune femme ne se laissa pas entraîner toutefois, et elles se firent à nouveau face. Aucune n'avait mis beaucoup de coeur dans sa tentative. Après tout ce temps, elles avaient besoin de se jauger comme de nouvelles adversaires.


Belle avait trop de pensées parasites pour laisser son instinct prendre le dessus, comme elle l'avait fait lors de ses autres affrontements. Pourtant, Kiz n'était pas à prendre à la légère. Elle avait encore gagné en rapidité depuis leur dernière rencontre ; et comme elle l'avait souligné, Belle ne s'était pas entraînée depuis un moment. Elle réussit à lui porter plusieurs coups, que la shérif adjointe para plus ou moins à la dernière minute. Lors d'une de ces tentatives, Kiz laissa son visage un peu trop à découvert ; son adversaire balança un poing dans l'ouverture, l'atteignant en plein dans la mâchoire. La jeune femme recula de quelques pas en encaissant le choc. Elle se frotta machinalement la joue en foudroyant Belle du regard, toute trace de douceur accidentelle évaporée. Ce fut peut-être à ce moment, face à cette expression de pure haine meurtrière, que la shérif adjointe réalisa enfin tout à fait qu'elles n'étaient plus à la réserve et que ce n'était pas un entraînement.


— Écoute-moi..., essaya-t-elle une dernière fois.


Elle dut s'interrompre pour éviter de justesse le téléphone du standard, que Kiz venait de jeter droit sur elle.

Le combat perdit sa retenue à partir de ce point. Les forces des deux jeunes femmes s'avérèrent rapidement plus ou moins égales, privant l'une ou l'autre de prendre le dessus mais ne les empêchant pas d'échanger un certain nombre de coups. Belle avait réussi à protéger son visage et ses côtes de la majorité, mais ses bras avaient encaissé à la place. Alors qu'elle bloquait une nouvelle attaque, Kiz envoya son genou de toutes ses forces, la frappant en pleine cuisse. La shérif adjointe accusa le déséquilibre ; le choc avait provisoirement engourdi toutes les sensations de sa jambe. Imprudente, son adversaire voulut profiter de ce moment de faiblesse pour lui porter un nouveau coup. Belle se planta sur l'autre jambe et para la charge. Kiz fut projetée contre le comptoir en bois, exhalant un « ouf ! » de surprise lorsque le rebord lui heurta le ventre. Ses très longs cheveux fouettèrent l'air ; la main de Belle s'agrippa à une poignée pour tirer la jeune femme en arrière, et lui envoya une frappe violente dans les reins. Kiz rebondit à nouveau sur le comptoir et perdit l'équilibre. C'était l'occasion.


La shérif adjointe s'avançait déjà pour porter le coup qui mettrait fin à ce combat stupide, lorsqu'une douleur aiguë lui coupa le souffle et sa vue se brouilla. Des étoiles crépitèrent dans les limites de son champ de vision. La douleur remonta le long de son côté droit comme une langue de feu. Le corps de la jeune femme se plia en deux et elle cracha un peu de salive entremêlée de bile. Malgré la souffrance qui avait brutalement court-circuité ses sens, elle parvint à percevoir du mouvement sur sa droite et à éviter de justesse le coup suivant. Un casse-tête en pierre la frôla alors qu'elle roulait hors de sa portée, ses côtes probablement fracturées hurlant à la mort.


— Ne la tue pas maintenant, ordonna Kiz, qui s'était remise debout pendant la diversion.


Libérée de la contrainte d'éviter de nouvelles attaques, Belle eut tout loisir d'observer la nouvelle venue. Trop concentrée sur le combat, elle ne l'avait pas vu se faufiler dans la station - probablement par la porte qui donnait sur l'arrière du bâtiment. La jeune femme tenait toujours le casse-tête avec lequel elle l'avait frappée par surprise. Si elle l'avait touchée au crâne, Belle aurait pu dire adieu à ce monde, aucun doute là-dessus. En-dehors de son arme sauvage, l'assaillante n'était guère intimidante : de petite taille et d'une carrure étroite, elle arborait des cheveux bruns et courts, des sourcils épais et de grands yeux animés d'une lueur sournoise. Belle n'aurait même pas su dire si elle la connaissait. Avec ses tatouages, sa peau métisse et son air mauvais, elle ressemblait à tous les autres tels qu'ils habitaient la mémoire de la shérif adjointe. Cette dernière eut envie de le lui dire, mais le simple fait de respirer lui causait une douleur intense dans les côtes.


— Ça va, Wildcat ? se moqua Kiz en la voyant se redresser avec mille précautions. Laisse-moi te présenter Wolverene, ma nouvelle soeur. Vous devriez ne pas du tout vous entendre.

— Sympa, le hochet, parvint à grincer Belle entre ses dents.

— N'est-ce pas ? se réjouit l'intéressée avec une joie carnassière évidente.

— C'est elle qui a été chercher le gosse la dernière fois, je suis sûre qu'il sera ravi de la revoir.

— Il faut qu'on s'y mette, Spider, reprit Wolverene de sa voix railleuse.

— Je sais.


Kiz attrapa la shérif adjointe sous le coude et la tira pour la remettre debout ; Belle vit trouble à nouveau l'espace de quelques secondes. Elle sentit que sa soeur la poussait violemment contre le comptoir, mais elle ne fut pas capable de résister.


— C'est agréable ? grinça Kiz. Sale garce.


Belle cligna des yeux plusieurs fois ; Kiz fit le tour pour se retrouver face à elle. Plusieurs des coups de la shérif adjointe l'avaient atteinte au visage : du sang s'écoulait de son nez fin et des contusions marquaient ses pommettes et son menton. Belle enregistra mécaniquement ces informations, mais il était difficile de se concentrer sur autre chose que la douleur qui lui transperçait la cage thoracique au moindre mouvement.


— Wolverene est un peu colérique mais comme tu peux le constater, c'est une amie fidèle à avoir à ses côtés. Et la valeur de la loyauté est d'autant plus inestimable quand on t'a connue toi.

— Va te faire foutre, parvint à haleter Belle entre deux vagues de nausée.


Kiz se pencha sur le comptoir et lui attrapa la main avec une tendresse inattendue.


— Ça fait mal ? Je pense que oui, reprit-elle sans se formaliser de l'absence de réponse. C'est pas fini, malheureusement. Respire profondément, ce n'est qu'un mauvais moment à passer. Tu ne me diras pas où sont les armes, n'est-ce pas ?

— Non, éructa Belle.

— Je pensais bien. Alors tu n'es plus qu'un obstacle que je dois pousser du chemin.


La machette émit un chuintement sinistre lorsque la jeune femme l'extirpa de son fourreau de fortune. Belle ne pouvait pas se redresser suffisamment pour l'attaquer. Sa main libre balaya frénétiquement la surface du comptoir et se referma sur un stylo ; sans hésiter, elle le planta de toutes ses forces dans le bras qui la tenait. Son adversaire eut un sursaut de surprise et de douleur qui desserra son emprise un instant. La shérif adjointe essaya de se dégager, mais c'était sans compter sur Wolverene : le casse-tête la frappa à la cuisse, la forçant à s'affaisser sur un genou.


— La garce a encore de la combativité en réserve.

— Bien sûr qu'elle en a. Tiens-la, s'impatienta Kiz.


Wolverene s'exécuta, bloquant le bras gauche de Belle dans son dos. Kiz se frotta le poignet à l'endroit où le stylo avait percé un petit trou dans la chair. Ses yeux tombèrent sur le bracelet en cuir tressé qui lui ornait l'autre main. Elle secoua la tête et reprit la main droite de Belle, observant le bijou de fortune parfaitement identique qui se trouvait là.


— Qu'est-ce que je me raconte, murmura-t-elle comme pour elle-même. Je ne vais pas tuer ma soeur. Et certainement pas comme ça.

— Papa Nightmare a dit qu'on devait l'éliminer, insista Wolverene d'une voix tendue.

— Papa Nightmare ne veut pas la tuer non plus. C'est l'une de ses enfants, après tout. Toute famille a son petit rebelle. Mais il veut s'assurer qu'elle ne se mettra pas sur notre route, et moi aussi.


La jeune femme resserra sa prise sur la main de Belle.


— Et puis, pourquoi la tuer ? Si elle ne peut pas se battre, elle a déjà perdu. Tu es toujours droitière, Wildcat, n'est-ce pas ?



*



— Belle ?


Devlin dut attendre d'être à quelques pas du corps pour l'identifier dans la pénombre. Il lui semblait bien en tout cas qu'il s'agissait de la shérif adjointe ; la jeune femme était recroquevillée au sol, peut-être inanimée. Au moment où il s'accroupit à côté d'elle, le corps parut traversé par un long frisson. Il voulut la basculer sur le dos, mais quelque chose dans sa posture l'en dissuada ; il se contenta de dégager son visage pour tenter de comprendre ce qui se passait. Les yeux translucides de la jeune femme papillonnèrent lorsqu'il enleva les mèches de cheveux qui les recouvraient.


— Belle, répéta-t-il, à présent certain de son identité, tu m'entends ?


Elle ne lui répondit pas immédiatement, comme si elle ne parvenait pas à desserrer sa mâchoire blanchie aux jointures. Devlin tâtonna pour essayer de trouver son pouls. Ce fut à cet instant qu'il réalisa enfin un détail suffisamment important pour être remarqué plus tôt.

La main droite de Belle, posée au sol, n'était plus rattachée à son poignet.


Le marshal eut un mouvement de recul horrifié, mais il s'extirpa bien vite de sa stupeur.


— J'appelle une ambulance, annonça-t-il en sortant son téléphone.

— Attends, parvint enfin à haleter la shérif adjointe, au prix de ce qui semblait être un effort considérable.


Il lui fit signe de ménager ses efforts. Rien de ce qu'elle pourrait dire ne le convaincrait de repousser cet appel.

Pendant qu'il expliquait la situation à l'opérateur avec une clarté professionnelle, il se surprit à constater qu'il y avait relativement peu de sang. Une fois qu'on lui eut promis une ambulance, il prit mieux le temps d'observer la blessure à la lueur de son écran de téléphone. Elle avait ostensiblement été causée par un objet tranchant animé d'une intention claire. La coupure était presque nette, de ce qu'il en distinguait. Ça restait un spectacle dérangeant. Suivant les consignes qu'on lui avait données, il surréleva le bras amputé et garda un mouchoir en tissu comprimé sur le moignon. La jeune femme ne broncha pas en termes de douleurs, mais elle restait agitée.


— Devlin, l'appela-t-elle d'un ton pressant ; sa main gauche se crispa sur la chemise du marshal.

— Depuis combien de temps tu es comme ça ?

— Devlin, il y a plus urgent.


On aurait dit que la présence de son ami la réveillait petit à petit de l'engourdissement que le choc avait dû lui causer.


— Ça m'étonnerait. Belle, est-ce que tu as d'autres blessures ?

— Ils vont s'en prendre aux gens ! Ils sont en train...


Devlin ne prit pas la peine de demander qui étaient « ils ». C'était la chose la plus claire de cette nouvelle péripétie. Il prit doucement la main encore valide de la jeune femme, mais elle la retira d'un geste brusque.


— Ils s'en prennent à Kay, et au Kid. Et ils vont tuer Charlie, parvint-elle à haleter sur un rythme chaotique. Il faut que tu y ailles, tout de suite !

— Belle, rétorqua-t-il calmement, je ne te laisse pas seule ici tant que l'ambulance n'est pas arrivée.

— On a pas le temps ! lui cria-t-elle.

— Du calme.

— Mais non, idiot !


Il ne broncha pas, se contentant de pianoter sur son téléphone parmi les numéros enregistrés. Le motel avait le sien, il espérait simplement qu'Abigail décrocherait à cette heure.

Ce qu'elle fit.


— Allô, aboya-t-elle.

— Chut, intima le marshal à Belle qui lui donnait à présent des coups sur le bras. Bonsoir, c'est Devlin Padgett.

— Marshal, vous avez vu l'heure ?!

— Je suis vraiment désolé, mais je vous promets que je ne me serais pas permis s'il n'y avait pas urgence. Abigail, j'ai besoin que vous contactiez la police, des individus très dangereux sont en ville. Ils ont déjà commis une agression et ils ne vont pas s'arrêter là.

— Mais... heu, qu'est-ce que vous me chantez ?

— Je suis très sérieux. Et ils sont en route pour votre motel, s'ils n'y sont pas déjà. Est-ce que vous avez quelque chose pour vous défendre ?


Elle le prit étonnamment bien.


— J'ai un fusil à canon scié.

— J'espère que vous n'aurez pas à vous en servir. Il faut que vous préveniez Kay et Charlie, ce sont eux les cibles.

— Kay et Charlie, répéta-t-elle.

— Oui. Dites-leur de se mettre en sécurité au plus vite, hors du motel serait le mieux. Si vous savez où est la maison du shérif, vous devriez y aller tous ensemble. Sortez tout le monde du motel tant que vous y êtes. Vous ne voulez pas que quiconque croise leur chemin, encore moins votre nièce.

— Moira n'est pas encore rentrée.

— Ah bon ? Où est-elle ?

— Toujours chez les Prideaux, je suppose.


Oh non.


— Ok, gardez votre calme, mais la maison des Prideaux est une cible aussi.

— Comment ça ?


Son ton brusque détonnait avec la réaction somme toute très mesurée qu'elle avait eue à l'écoute de ses instructions.


— Ce sont les mêmes personnes qui ont kidnappé l'enfant et ils ont bien l'intention de recommencer. Je n'ai pas de moyen de contacter ni votre nièce ni les Prideaux...

— Je m'occupe de l'appeler, trancha vivement Abigail.

— Merci. Je compte sur vous pour prévenir tout le monde au plus vite, alors. Je pourrai vous rejoindre d'ici une quinzaine de minutes -

— Ne perdons pas plus de temps, le coupa son interlocutrice en raccrochant dans la foulée.


Devlin en resta encore surpris quelques secondes. Au moins, puisqu'il y avait besoin d'efficacité dans ce genre de situation, il avait visiblement frappé à la bonne porte.


— Il faut que t'ailles les aider, gémit Belle en le voyant ranger son téléphone et s'asseoir près d'elle.

— J'irai quand tu seras en route pour les urgences. Abigail est en train de prévenir tout le monde en attendant.

— Ils peuvent pas se prendre en main, aucun d'entre eux. Ils ont besoin de nous.

— Belle... tu ne peux pas les aider plus pour l'instant. Tu es gravement blessée, tu dois penser à toi.

— Mais on s'en fout de ça ! explosa-t-elle avant de fondre en larmes.


Les sanglots parurent accentuer la douleur dans ses côtes puisqu'elle se crispa presque aussitôt ; Devlin lui caressa délicatement les cheveux. Il enleva la chemise en jean légère qu'il avait toujours sur les épaules et l'étala doucement sur le corps frissonnant de la jeune femme.


— Moi je m'en fous pas, murmura-t-il. Et je reste là, c'est tout. Mais je te promets que j'irai aider comme je peux dès que tu seras dans l'ambulance, d'accord ?

— Et si c'est trop tard ?

— Ceux qui t'ont fait ça...

— Kiz.


Il marqua une pause troublée avant de pousser un soupir inaudible.


— Depuis combien de temps elle est en route, tu le sais ?


La jeune femme secoua faiblement la tête.


— Pas si longtemps, peut-être ? tenta-t-elle. Elle est partie de la station juste après... Elle est à pied, je pense.


Devlin regarda pensivement la station, remarquant pour la première fois les traces sombres qui émaillaient régulièrement le chemin jusqu'au porche de cette dernière. Entre le moment où il avait entendu le hurlement et son arrivée, Belle avait trouvé le moyen de se traîner sur cette distance, sûrement dans une tentative désespérée de prévenir quelqu'un.

Sans lâcher le bras mutilé de la jeune femme, Devlin porta un regard inquiet vers les rues désertes qui les entouraient, éclaboussées par la clarté de la lune mais ponctuées de poches de ténèbres. Il ne dit rien du fond de sa pensée, mais il espérait que l'ambulance ne tarderait pas.






OUI BONJOUR CA VA TOUT LE MONDE ?

Non mais vous saviez qu'une main allait voler un jour, ne me dites pas le contraire... So, au fait, this is Kiz. On dit bonjour à Kiz.

Désolée pour le très long délai de publication, c'était mon délai d'écriture. Le NaNo n'a malheureusement pas fait beaucoup progresser la situation, puisque vous venez de lire... la moitié de ce que j'ai écrit en novembre. Voilà voilà, un franc succès que cette édition 2018. Pour être honnête je bloque complètement, et pas que dans cette histoire, dans l'écriture en général. Je sais pas trop où j'en suis et j'espère toujours que ça passera, mais ça fait des mois que je galère donc je ne sais plus bien.

Bref, je pense avoir du mal à maintenir les publications tous les 15 jours on l'aura compris. On va être tous obligés d'attendre de voir ^^

SINON si à un moment d'attente les boloss de Bridgeville vous manquent trop, y a ma super copine Loria_nO qui écrit un Christmas Challenge dans lequel ces persos, les siens et ceux de notre autre super copine Tiphs_ sont à Poudlard et servent à rien (surtout les mecs). C'est fun et c'est une petite dose d'amour tous les jours, pour ceux qui veulent.

See you je sais pas quand (et si vous avez déjà eu une crise de l'écriture de plusieurs mois je veux bien que vous me disiez comment vous l'avez vécu et ce que vous avez fait, on sait jamais)

Continue Reading

You'll Also Like

1.6K 122 18
Bill est ton copain depuis que vous avez 16 ans malheureusement 2 ans après votre officialisation, bill est décédé dans un terrible accident de voitu...
Pris au piège By Axel_prt28

Mystery / Thriller

491 102 5
Vous allez à présent vous plonger dans une histoire palpitante remplie de suspense, de rebondissements et d'action ! Mathias, un jeune adolescent en...
1.3K 367 47
Qu'ont Hitler, Staline et Trump en commun ? Ils souffrent de perversion narcissique. Un trouble de personnalité bien décortiqué par la psychiatrie fr...
1.4K 40 41
Avoir conscience de l'autre. Drôle de concept pour Sybille qui se satisfaisait jusque-là, d'elle-même et de la routine de sa vie. Jusqu'à ce jour, où...