~Pdv Arden~
Sa silhouette féminine qui se découpe dans l'ombre......
Arden.......
Je me rapproche d'elle. Elle ne semble pas me voir arriver.
Ardeeeen.....
J'entends quelqu'un m'appeller : est-ce elle qui m'appelle ?
Aaaardeeeen.......
Une fois que je pense m'être suffisamment rapproché d'elle, je lève mon bras et le pose sur son épaule.
Aaaaarden.....
Elle se retourne et m'offre un immense sourire. Ses longs cheveux bouclés sont ramenés de chaque côté de ses épaules. Ses yeux noisette pétillent de joie et il brillent comme de sublimes perles.
Ardeeeeen.......
Elle porte le collier que je lui ai offert, un collier qu'elle ne semble pas quitter d'une semelle.
Ardeeeeen.......
Tout en continuant de me sourire, elle me tend sa main et je l'attrape dans la mienne.
Arden....
Une ombre passe et tout à coup, son apparence change : son visage, son corps est parcouru de vibrations. Elle se transforme et un autre visage se superpose au sien : celui-là est plus fin mais moins bronzé. Ses cheveux se raccourcissent un peu et changent de couleur : de brun ils passent à châtain. Une couleur châtaine parsemée de reflets blonds.
Ardeeeeeeen......
Ses lèvres rosissent et s'affermissent quelque peu mais son sourire lui, reste intacte. Ses yeux gardent leur si belle couleur noisette et son corps prend un peu de volume au niveau des hanches et des cuisses et son collier lui aussi change. À la place d'un "T" il se transforme en un symbole de l'infini.
Ardeeeeeen......
Je la contemple et me mords la lèvre : qui suis-je pour avoir mériter une si belle personne ?
Une seconde ombre passe.
Arden.....
Et comme la dernière fois, toute sa personne est une nouvelle fois parcourue de vibrations et elle se transforme. C'est alors que je vois les deux visages se superposer l'un à l'autre, les deux corps s'emboîter l'un dans l'autre. Les deux personnes n'en forment plus qu'une seule et unique : son visage à elle et son visage à elle aussi n'en forment plus qu'un seul. Elles forment chacune à présent la face d'une seule et même pièce.
Aaaaaaarden......
Piégées dans un seul et même corps, je les vois me sourire et ouvrir la bouche et prononcer à l'aide de leurs deux voix distinctes mais qui n'en forment maintenant qu'une seule, deux syllabes.
Deux syllabes qui forment un mot.
Un prénom. Le mien.
Aaaaaardeeeeen !......
Mon véritable prénom.
- Aaaaaardeeen ! Bordel de merde ! Réveille-toi !
J'ouvre brusquement les yeux, me redresse sur mon lit et manque de peu de faire tomber la personne qui y est assise.
- Où je suis ?! Où je me trouve ?!
- Calme-toi, calme-toi. Tout va bien. T'es à Destiny High Arden.
Une main douce se pose sur mon torse nu. Je lève les yeux et m'aperçois alors que ce n'est autre qu'Arina. Ses yeux me regardent avec gentillesse, sa main m'apaise et sa présence à mes côtés me calme et m'aident à reprendre mes esprits. Une fois que j'ai repris une respiration normale et que mon torse a cessé de se lever et de s'abaisser à un rythme effréné, Arina ose me demander :
- Ça va mieux ?
Je hoche la tête.
- T'es ici depuis combien de temps ? lui ai-je demandé à mon tour en me frottant les yeux.
- Mmmh, assez pour avoir vu tes différentes réactions avec ton sommeil agité.
- Alors c'était toi que j'avais entendu dans mon rêve ? T'essayais de me réveiller ?
Arina hoche vigoureusement la tête.
- Merci au passage pour le réveil en sursaut ! ai-je râlé.
Elle hausse les épaules.
- C'est la seule chose que j'ai trouvée pour te réveiller. À un moment... T'aurais dû te voir : t'avais arrêté de bouger, quand je t'appelais tu ne me répondais pas et on aurait même dit que tu ne respirais plus ! Pensant un moment, Arden j'te jure j'ai cru que t'étais.....
- Mort ? C'est ça ?
Elle hoche gravement la tête.
Je soupire et lui presse le bras.
- Si c'est ça alors je t'en veux pas. Et merci de m'avoir réveillé.
Elle m'offre un grand sourire.
Il en faut vraiment très peu pour contenter une fille......
- Quand même, ajoute-t-elle, il faudra que tu me dise quels genre de rêves ou de cauchemars tu peux bien faire : Arden tu avais l'air quasiment mort !
Mon rêve ?.......
Toute la question est là : est-ce que ça avait été un rêve ou un cauchemar ?
Bizarrement je dirais un peu des deux.....
J'ai fait face à.... Deux femmes.
Et sur ces deux creatures que j'ai jeté mon dévolu. Une par le passé et l'autre aujourd'hui.
L'une appartient au passé et l'autre au présent. Les pendentifs des deux colliers ont chacun une signification différentes mais de la même manière, ils témoignent l'amour que j'éprouve pour les deux.
Ou que j'ai éprouvé......
Mon passé et mon présent doivent être..... Séparés. Ils ne devraient pas pouvoir se rejoindre et fusionner comme elles l'ont fait dans mon songe. Mon passé et ce que je vis maintenant doivent pouvoir être enfermés dans deux espaces temps différents.
La dernière chose que je voudrais ce serait que mon passé me rattrape.....
Même si ça a été fugace, même si ce n'est simplement qu'un putain de mauvais rêve, comment est-ce que je dois le comprendre ? Est-ce qu'il y a un message que je suis censé interpréter derrière tout ça ?
- Arden ! Hé ho !
Je tourne la tête vers Arina.
- Tu disais quelque chose ?
Elle soupire et répète :
- Ton rêve. Tu veux en parler ?
- Hm, tu crois que j'suis du genre à me confier ?
Arina roule des yeux.
- Dis-le au moins à quelqu'un ici. Nico par exemple.
Je braque soudainement toute mon attention sur elle.
- Tu veux que je me confie à cet espèce de junkie depravé ? ai-je demandé sérieusement.
Elle hausse les épaules.
- Ok, peut-être que Nico n'est pas la personne la mieux adaptée, concède-t-elle, mais tu peux te confier à quelqu'un d'autre : à Alexys, à la prof.... Même à moi si tu veux.
Je ricane, l'air mauvais.
- Je suis pas du genre à me confier et tu le sais bien. ai-je répété.
Je repousse ensuite ma couverture et descend de mon lit.
- Et puis si un jour l'envie me prenait de le faire, tu ne serais pas du tout la première personne à qui je penserais.
Arina fronce les sourcils et se mord la lèvre.
Parfait !......
Maintenant qu'elle est vexée, dans moins de cinq secondes, elle me dira qu'elle souhaite quitter ma chambre et elle me laissera enfin seul.
- Bon ! Puisqu'on ne peut plus être sympa et gentil avec toi parce que tu t'évertues à toujours rejeter l'aide des autres, dit-elle en se levant de mon lit, je crois que je vais te laisser.
Je hoche la tête et lui indique poliment la porte avec un sourire satisfait scotché sur ma face. Elle le prend tellement mal qu'elle me tape sur le torse en passant devant moi et en partant, elle claque la porte derrière elle.
Enfin seul !.......
Je soupire et baisse les yeux sur mon torse rougi.
Super ! Elle n'y est pas allée de main morte......
Ce n'est pas que ça me fait mal, mais ça, picote quand même. Je me dirige vers mon armoire et ouvre les battants.
Les chambres que nous avons à notre disposition ne sont pas aussi grandes que celles que nous avons à la Cité des Démons mais c'est plutôt correct. Encore une fois, je partage ma chambre mais pas seulement avec un mais deux mecs. Tout d'abord cet espèce de connard de Nico qui a insisté pour qu'on soit colocs alors que je ne peux tout simplement pas le blairer et un autre gars que je ne connais pas encore et qui se fait assez discret. D'ailleurs, il est assis sur son lit et regarde dans ma direction. Je le regarde à mon tour et aucun de nous ne détourne la tête.
Finalement, c'est moi qui le fais en premier. Je reporte mon attention sur mon armoire ouverte pour prendre des vêtements. J'opte pour un ensemble de jogging noir. Tout à coup, la porte s'ouvre à la volée et laisse entrer Nico.
Oh par pitié.......
Je ne sais pas ce que j'ai aujourd'hui mais, le karma semble visiblement avoir envie de tester mes nerfs. Et le pire c'est que nous ne sommes qu'en début de journée.
Après "Arina casse-tête" voilà "Nico casse-couille"......
Il porte toujours sur lui une espèce de chemise hawaïenne et un jean noir. Ses cheveux sont complètement en bataille et vu la démarche qu'il affiche, je doute qu'il soit complètement clean.
- Ardeeeen !
Il s'approche de moi et passe un bras autour de mes épaules.
- Ça va ?
Deux secondes.
Il ne m'a fallu que deux secondes pour de une, sentir son haleine et de deux, identifier l'odeur qu'elle dégage.
Je hoche la tête et dans le même temps, bloque ma respiration nasale. Hors de question que je sente encore une fois son haleine de junkie dans mon nez : il empeste.
- T'as dormi où la nuit dernière ? Je crois pas t'avoir entendu rentrer dans la chambre et quand je me suis réveillé t'étais pas là.
Nico hausse les épaules avec nonchalance.
- Nous étions un petit groupe de cinq, six personnes et nous nous sommes posées dans les jardins.
- Dans les jardins ? Tu te fous de moi ? Vous vous êtes camés avec de la coke dans les jardins au vu et au su des deux gardiens de l'École ?
Nico éclate de rire. Je ne sais pas quel est le pire : entendre son rire de mec défoncé ou le bruit que produit son rire de mec défoncé.
- Mais c'est qu'il en a là-dedans ! s'exclame-t-il en rapprochant son haleine immonde de mon visage.
Il tapote ensuite ma tempe à l'aide de son index et poursuit :
- Fort heureusement, il y a des gens qui réfléchissent comme toi Arden : on s'est caché dans un coin entre les jardins et les terrains de tennis.
Je fronce les sourcils.
- Les terrains de tennis ? C'est un terrain complètement boisé donc à découvert comment avez-vous fait pour vous cacher ?
Nico me tapote l'épaule.
- Ah, Arden. soupire-t-il. La magie, la magie. À quoi nous servirait-elle sinon ?
Voyant sans doute que je n'arrive pas à le suivre, je n'ai même pas envie de faire des efforts pour le comprendre d'ailleurs, Nico ajoute :
- Le pouvoir de camouflage d'Arina nous est très utile. Tu verras ce petit coin est parfait pour expérimenter la came de Tilda. Tu devrais venir un de ces quatre.
Tiens tiens.......
- Arina était avec vous ? ai-je répété.
- Oui. me répond Nico en hochant la tête. Mais elle est finalement partie au petit matin.
- Me dis pas que toi ou tes potes complètement barges lui avaient donné de la came, Nico.
Il part ensuite dans un grand éclat de rire.
- Sinon quoi ? m'interrompt-il en souriant. Qu'est-ce que tu comptes faire ? Me l'interdire ? Me poser un ultimatum ? Me menacer avec tes jolies petites flammes ?
Je lève les yeux au ciel.
Mais pourquoi est-ce que je suis en train de perdre mon temps avec un attardé pareil ?.......
- Je compte pas te menacer imbécile. ai-je répondu.
- Dans ce cas, qu'est-ce ça peut bien te faire qu'Arina se défonce ou pas ? Ce n'est pas comme si vous étiez les meilleurs amis du monde tous les deux !
- J'ai juste pas envie que t'empoisonnes une autre personne ici Nico ! Ta petite clique de dix personnes ne te suffit pas ?
Nico sourit en me tapotant l'épaule.
- Non Arden non : quand on construit un empire, on a toujours envie qu'il s'étende. La soif du pouvoir tu connais ?
Je lève les yeux au ciel et il ajoute :
- Et pour ton information, Arina n'a rien touché du tout : elle a juste traîné avec nous c'est tout.
- Et c'est censé me rassurer ça ? lui ai-je demandé franchement.
Nico sourit puis hausse les épaules.
Il est vraiment idiot......
Comme si m'enquiquiner ne lui avait pas amplement suffi, Nico braque son attention dans le fond de la pièce, là où se trouve l'autre mec. Comme je l'ai dit, depuis que nous sommes revenus à Destiny High, il se fait assez discret et je ne crois pas l'avoir entendu parler une seule fois.
- Hé toi ! s'exclame Nico. Ouais c'est à toi que je parle.
L'interessé lève la tête.
- Qu'est-ce que tu fous ici ? Depuis qu'on est arrivé tu ne l'as même pas ouvert une seule fois.
Le mec à qu'il s'adresse ne répond pas.
- C'est quoi ton trip ? Tu fumes ? Tu bois ?
Aucune réponse.
- Tu te cames ? Tu baises peut-être ? rigole-t-il. Honnêtement pour la dernière option j'en suis pas sûr vu ta tête !
Cet imbécile éclate de rire et il est le seul à le faire.
- Dis-moi t'as déjà trempé le biscuit ? continue-t-il face au mutisme de l'autre mec. Tu t'es déjà éclaté ? Est-ce que t'as déjà parlé même ?
- Putain ça suffit avec tes questions Nico. suis-je intervenu sans même savoir pourquoi. T'es lourd là.
- Bah quoi ? s'étonne-t-il en se retournant vers moi. J'essaye de construire une discussion entre nous c'est tout.
- Tu vois clairement qu'il a pas envie de te répondre lâche l'affaire. Il se fout de ta présence.
Et comme pour rejoindre ce que je viens de dire, le jeune homme reporte son attention sur le carnet qu'il tient à la main et ne semble plus s'occuper de notre présence. Il s'est à nouveau enfermé dans sa bulle.
- Tu veux pas parler ? demande à nouveau Nico.
Le mec lève les yeux vers lui, le regarde trois secondes puis reporte à nouveau son attention sur son carnet.
- Qu'est-ce que t'écris là ? Fais voir !
Nico s'empare aussitôt du carnet et lit à voix haute ce qu'il voit :
- Alors, "1240ème jour : septième jour depuis le retour à Destiny High. Rien n'a changé : on ne m'a toujours pas remarqué et on ne se préoccupe toujours pas de moi et j'apprécie. Il y a juste cet imbécile de clown en chemise hawaïenne qui s'efforce à me faire parler. Pourquoi ne pourrait-il pas me laisser en paix et faire comme son ami ? Lui, le grand garçon aux cheveux châtain, ma présence lui est complètement égal et ça me convient ! Même en enfer, les abrutis existent toujours ?"
Les yeux de Nico quittent lentement le carnet pour se braquer sur le mec.
- Tu te fous de moi j'espère ?
Le mec en question ne répond rien mais j'ai l'impression qu'un léger sourire flotte sur ses lèvres.
Serait-il en train de le provoquer ?......
Nico détourne les yeux et poursuit sa lecture :
- "Comme on nous l'a rabâché depuis pas mal de temps déjà, des pouvours nous sont apparus. Le pouvoir le plus répandu reste la maîtrise du Pouvoir du Feu. Quant au mien.... Je le considère comme un cadeau empoisonné. Je ne sais même pas le contrôler et je ne sais même pas si j'en serais capable un jour. Je ne peux même pas me permettre de l'utiliser et de fanfaronner avec comme le font tous les autres : premièrement, je trouve ça inutile. Se vanter avec ses pouvoirs et puis quoi ? Ça ne fait que les abrutir et les rendre cons. Ils n'ont qu'à prendre exemple sur Superman tiens : il ne s'amuse pas à faire muse-muse avec ses pouvoirs lui ! Deuxièmement, j'ignore encore la portée de mon pouvoir mais je sais que je suis capable de blesser les gens qui sont autour de moi. Gravement."
Nico marque une pause et s'exclame :
- Oh alors comme ça on se serait trouvé des pouvoirs ? Et c'est quoi ? Un truc qui te permettrait d'être un peu moins.... Bizarre ?
Il regarde une nouvelle fois le carnet et poursuit :
- Qu'est-ce que tu veux dire par "cadeau empoisonné" ?
Le mec ne lui adresse aucune réponse et Nico semble perdre patience.
- Oh ! Je te parle ! Arrête de faire ton intéressant espèce de merde et réponds-moi !
Toujours aucune réponse.
Nico carre la mâchoire et tourne furieusement les pages du carnet. Il arrête son regard sur l'une d'entre elles et lit ce qui y écrit :
- "1236ème jour : troisième jour depuis le retour à Destiny High. Aucun mot n'a été échangé entre mes colocataires et moi. Arden et Nico sont leurs prénoms. Pour commencer, le premier a un prénom bizarre mais à comprendre comme" original", "peu commun". Il a des cheveux châtains et des yeux verts. En tout cas, son regard n'a de cesse de charmer les filles qu'il regarde et en particulier la fille aux cheveux noirs qui vient tout le temps ici. On pourrait presque croire que cette chambre est la sienne : elle passe le plus clair de son temps et une partie de ses nuits entre ces quatre murs. J'ai l'impression qu'elle trouve n'importe quel prétexte pour débarquer ici et voir Arden. Ils semblent être amis mais il est clair qu'elle est plus attachée à lui que lui ne l'est à elle. Ça crève les yeux mais bien évidemment cette cruche ne semble pas s'en apercevoir. Arden lui, à l'air bien conscient des effets que provoquent ses moindres faits et gestes sur la gent féminine. S'en amuse-t-il ? Je pense que oui. Est-il en train de s'amuser avec cette pauvre cruche ? Bizarrement, je pense que non. Je ne sais pas ce qui s'est passé entre eux mais ils sont liés d'une manière ou d'une autre. C'est bizarre mais avec elle, Arden pratique l'art du "je-m'en-foutisme" : il se fiche de sa présence mais essaye de rester un tant soit peu respectueux envers elle. Enfin bon : le degré de respect varie avec les jours. Nous ne nous sommes pas encore parlés mais, disons que son caractère pourrait s'accorder avec le mien".
Nico lève les yeux du carnet et tourne la tête vers moi :
- Tiens mais regarde-moi ça Arden ! T'as un admirateur secret !
Je n'esquisse aucun geste de réponse et le contente de regarder le mec du carnet.
Il est flippant......
Flippant mais intelligent, et perspicace. Il a réussi à cerner mon comportement et celui d'Arina en moins d'une semaine. Tout ça par observation et déductions.
Intéressant........
Le mec en question m'adresse un rapide coup d'œil mais il reporte rapidement son attention sur Nico qui reprend :
- Alors c'est ça ton trip ? Tu admires Arden ? T'es encore plus toqué que ce que je pensais ! Voyons voir ce que t'as écrit d'autre.....
Nico se râcle exagérément la gorge et poursuit :
- "Ensuite il y a l'autre. Il est brun et a des yeux aussi noirs que doit l'être son âme. Elle a dû être salie autant par les drogues qu'il s'enfile à tout bout de champ que par son attitude perverse. Il est fourbe et il le sait. Il s'en amuse en plus. Il se la joue sans arrêt avec les centaines de chemise hawaïenne qu'ils portent tous les jours. Il se croit puissant, invincible mais il n'est rien d'autre qu'un pathétique imbécile qui, comme tous les autres connards idiots et pathétiques, veut s'élever au-dessus des autres. Mais il oublie bien vite que comparé aux autres justement, lui n'est rien. Il est aussi insignifiant qu'un cafard même s'il essaye de nous prouver le contraire à nous et surtout à lui-même en s'agitant et en faisant beaucoup de bruit comme il le fait. Ce genre de personnalité masculine est tellement prévisible."
Nico achève la lecture et ses yeux quittent lentement le carnet pour se poser sur le jeune homme. Un sourire satisfait est scotché sur son visage et moi, je dois me retenir d'éclater de rire.
Tout ce que le mec a marqué dans son carnet est éclatant de vérité......
Qu'est-ce qu'il avait dit dans son carnet déjà ? Que lui et moi on s'entendait bien c'est ça ?
Permets-moi de te dire que je pense la même chose........
Je tourne légèrement la tête pour guetter la réaction de Nico qui elle, ne se fait pas attendre : il laisse tomber le carnet au sol et en moins d'une seconde, il parcourt la distance qui le sépare du mec et à présent, il est face à lui l'empoignant par le col de son tee-shirt et il le menace.
J'ai strictement rien vu !.......
Il..... Nico s'est comme volatilisé pendant une seconde !
Ça a été si rapide. Trop rapide pour que ça n'ait pas été de la magie.....
Ce qui voudrait dire que Nico vient de se découvrir un pouvoir ? Là sous mes yeux ?
- Si j'ai bien compris, ça t'amuse de te foutre de ma gueule derrière mon dos, hein ? Tu te crois intouchable derrière ton petit carnet c'est ça ? Tu préfères rester la sous-merde que tu es plutôt qu'utiliser tes couilles et venir me dire tout ça en face ?! Alors vas-y je t'attends ! Vas-y dis-moi ce que tu penses de ton coloc Nico !
Il ne reçoit aucune réponse. Le mec qu'il menace ne daigne pas lui répondre et il ne tente pas non plus ouvrir la bouche pour le faire.
Alors soit ce mec est vraiment bizarre, soit il aime vraiment jouer à la provoc'.......
Ou peut-être qu'il est muet tout simplement.
Ça reste une possibilité après tout.....
J'avoue que ce serait étonnant de savoir qu'un résidant de Destiny High est muet. Mais en même temps, ça ne l'est pas tout à fait non plus : la population humaine est peuplée de gens parfaitement intégres mais aussi de gens qui vivent avec des membres, des organes en moins, des gens vivant avec des handicaps. Nous savons qu'ils sont parmi nous puisqu'ils vivent avec nous mais nous avons parfois tendance à ne pas faire attention à eux.
La voix de Nico teintée d'un fort sentiment de colère me sort de mes pensées :
- Réponds-moi petit con !
Il resserre sa prise autour du col du garçon alors que ce dernier est toujours autant muré dans son silence.
Tout à coup, je remarque qu'une des veines présente sur la tempe droite de Nico et qui assez visible compte tenu de son état colérique, se met..... À changer de couleur. Elle prend une teinte violacée presque noire.
Qu'est-ce que c'est que truc ?!.......
Cette veine colorée qui semble palpiter à une cadence assez rapide, commence à se propager sur le visage de Nico mais seulement sur son côté droit. La veine continue de s'étendre tout le long de son cou, passe par sa jugulaire et arrive jusqu'à son bras droit.
Putain elle a l'air de circuler dans son corps librement !.......
Comme si elle était mue d'une volonté qui lui est propre ! Cette veine qui s'est étendue sur toute la partie droite de son corps, semble circuler à travers le réseau sanguins de Nico : elle semble atteindre les vaisseaux sanguins et s'étend en plusieurs branches sur la peau de Nico comme les branches le ferait avec un arbre qui pousse.
Cet espèce de "veine vivante" pourrait être une soudaine apparition de ses pouvoirs.......
Je n'ai même pas le temps de réfléchir là-dessus : la soudaine vivacité que Nico vient d'acquérir m'a clairement empêché de voir nettement ce qu'il a fait à ce pauvre gars qu'il tient en tenaille. Je n'ai rien vu certes, mais j'ai tout entendu. Et s'il semblerait qu'il lui ait donné deux putains de gifles,si j'en crois les deux bruits sourds qui viennent de résonner dans la pièce et la joue droite rougie du gars.
Bien sûr, je m'étais pas attendu à ce que le mec fonde en larmes, mais je m'étais pas non plus attendu à l'expression inverse : au lieu de grimacer de douleur ou de lire la peur dans ses yeux, le mec affiche une expression plutôt séreine et mieux, encore : un léger sourire étire ses lèvres.
Alors là !.......
Ce mec-là n'est pas le premier à tenir tête à Nico et il ne sera sans doute pas le dernier, mais c'est bien l'un des tous premiers que je vois à avoir joué son rôle de "provocateur" jusqu'au bout.
Pour oser faire ça devant les mecs comme Nico il faut avoir une sacrée confiance en soi.....
Et savoir porter ses couilles aussi.
Et être un petit con aussi.......
Je souris intérieurement.
C'est vrai que ça compte ça aussi......
- Alors tu ne veux toujours pas l'ouvrir hien ?! Tu t'es amusé à me descendre et à m'insulter dans ton carnet ? Eh bien moi je vais m'amuser à te refaire le portait espèce de merde !
Nico lève alors son bras droit et arme son poing. L'espèce de veine noire qui entoure son membre levé atteint son poing fermé et forme, sur ses phalanges serrés, une bonne dizaine de "spores noires" qui grouillent les unes sur les autres.
Putain mais qu'est-ce que c'est ce truc ?!.......
Ni une ni deux, je décide d'intervenir et de l'empêcher d'abattre son poing contre la figure de l'autre mec.
Putain on dirait de la gangrène son truc !.......
Je mettrais ma main à couper que ce doit bien être la première fois qu'il use de son pouvoir et pourtant, il donne l'impression de savoir drôlement bien s'en servir !
Je pose ma main sur le bras levé de Nico et tout de suite, je ressens une forte chaleur sur ma main qui est en contact direct avec son bras parcouru de cette veine. C'est une chaleur quasi brûlante.
- Arrête. Mec, arrête.
Nico me lance un regard.
- Ne fais pas ça. l'ai-je averti.
- Ne t'en mêle pas Martins. gronde-t-il entre ses dents.
D'un rapide coup d'œil, je remarque que ma main est littéralement en train de fumer.
Il va cramer ma main comme une brochette !.......
On dirait une scène de torture d'un thriller moderne comme Saw.
Je soupire et lui répond :
- Dommage pour toi mais c'est un peu tard pour me demander ça : maintenant que je m'en suis mêlé, tu ne toucheras plus un seul de ses cheveux.
Nico rigole, amer.
- Tu me menaces c'est ça ? Tu oses me menacer ?! s'écrie-t-il. Tu oses prendre son parti ?!
- Je suis en train de prendre le parti de personne : je t'empêche juste de faire une sale connerie.
Le regard rempli de colère de mon coloc scrute mes yeux.
- Pose ton bras Nico et relâche-le. Maintenant.
Mon ton sans appel ainsi que mon regard dur ont dû faire de l'effet puisqu'il relâche la tension dans son bras et le baisse. La sensation de chaleur sur son bras et sur ma main disparaît aussitôt et ce, à mon plus grand plaisir. Je ne sais pas encore combien de temps j'aurai pu tenir : j'ai vraiment eu l'impression d'avoir la main posée sur une plaque chauffée à son maximum. Je tourne la paume de ma main vers moi et remarque qu'elle est devenue rouge écrevisse.
Bon au moins des cloques ne sont pas apparues.......
C'est déjà ça. Je reporte mon attention sur Nico. La veine violacée-noire n'a pas disparu et les espèces de spores présentes sur ses phalanges non plus. Comme s'il s'était senti observé, Nico se retourne et me regarde.
Je ne cille pas d'un pouce et soutiens son regard froid. Il est toujours autant en colère mais il la contient.
Ou au moins il essaye.......
Finalement, Nico détourne la tête et envoie son poing drainée de cette veine noire droit dans le mur en face de lui. Le mur se déforme alors en un immense trou d'environ quinze centimètres de diamètre à l'endroit même de l'impact.
Sa réaction ne m'étonne même pas : à sa place j'aurai sans doute fait pareil. Par contre, l'espèce de mini-cratère qu'il vient de créer dans le mur ne fait que confirmer l'idée que je m'étais faite sur lui depuis quelques minutes déjà : l'espèce de junkie depravé qui me sert de coloc s'est bien découvert un pouvoir. Le trou qu'il vient de former est bien trop large et bien trop profond pour qu'il ait pu faire cela uniquement avec sa force brute.
Exactement comme pour moi il y a quelques mois.......
Son poing a littéralement explosé toutes les couches du mur : son mini-cratére doit facilement faire un peu plus de dix centimètres de profondeur. Mais ce qui est étonnant, c'est ce qui arrive par la suite : à peine une minute après avoir créé le trou dans le mur, ce dernier se met à..... Pourrir.
Une couleur violacée presque noire, la même que la veine de Nico, apparaît à l'endroit de l'impact et, rapidement, elle se met à gagner du terrain en remontant comme le ferait le phénomène de capillarité avec un liquide. Une fois que le mur est gagné par cette tâche, il se met à se défriter et à perdre sa couleur originelle et même à certains endroits, le plâtre du mur se met à tomber en copeaux, complètement décrépi.
Putain.......
Mes yeux quittent le mur et se braque sur Nico. Un immense sourire de satisfaction apparaît sur son visage. Il éclate de rire et se tourne vers moi. Il s'approche et réduit l'écart entre nous. Il me regarde droit et lâche en ricanant :
- Il semblerait que je ne sois plus un novice.
Il lève son bras droit pour l'admirer quelques secondes et poursuit :
- À présent, tu n'es plus le seul à pouvoir menacer tes semblables Arden.
Il sourit et s'en va. Avant, il passe à côté de moi et pose sa main droite sur mon épaule. Ce contact n'a pas duré très longtemps, deux secondes à peine, mais à l'instant où sa main gangrenée par cette noirceur à touché mon épaule, j'ai ressenti une vive douleur accompagnée d'une chaleur très intense. J'ai serré les dents pour ne rien laisser paraître et puis Nico a retiré sa main et il s'en est allé.
J'ai attendu cinq secondes après son départ pour retirer mon tee-shirt et regarder ce qu'il y a sur mon épaule douleureuse.
C'est une petite tâche. Des petits bouts de tissu de mon tee-shirt sont accrochées autour, preuve que la douleur que j'avais ressentir avait bel et bien été une brûlure. La tâche en question ne doit pas être aussi large qu'une balle de ping-pong. À cet endroit, ma peau est rougie et un peu..... Violacée aussi, comme si j'avais eu un bleu auparavant. En y regardant de plus près, je remarque qu'au centre de cette tâche justement, se trouve une sorte de..... Cicatrice. Elle n'est pas très grande et a la forme d'un "N". Cet espèce de lettre, inscrite dans ma peau a la même couleur que la veine qui était apparue sur le corps de Nico. D'ailleurs, un bout de ma peau a également pris la même couleur, de même pour les vaisseaux sanguins qui circulent à cet endroit : ils ont également pris cette couleur violacée-noire. Je les vois ressortir sur ma peau.
Oh l'enfoiré.......
Déjà que son espèce de marque à deux balles n'est déjà pas très esthétique, il faut aussi qu'elle me fasse un mal de chien !
Je serre les dents et remets mon tee-shirt et en évitant soigneusement de frôler la zone douloureuse.
Soudain un bruit attire mon attention. Je tourne la tête et remarque que c'est le mec bizarre de tour à l'heure. Il tapote une page du carnet qu'il semble avoir récupéré avec un stylo. Je me rapproche pour savoir ce qu'il cherche et il me met la page sous le nez.
"Est-ce que ça va ?"
J'arque un sourcil et me retient de rire : je me suis réveillé en sursaut, un putain de cauchemar incompréhensible a gâché ma nuit, Arina est venue m'emmerder, Nico est lui venu pour me casser les couilles et en guise d'au revoir, il m'a laissé un sympathique petit souvenir.
Honnêtement est-ce que j'ai l'air de péter la forme là ?.......
Je hausse les épaules en guise de réponse.
Le mec se dépêche d'écrire un autre truc sur sa page et me la fait voir.
"Tu as l'air complètement saoulé."
Je rigole.
- Saoulé, n'est pas vraiment le bon mot mais c'est bien l'idée ouais.
Je me passe une main dans mes cheveux indisciplinés et dis :
- Je vais chercher de la glace. J'en ai besoin pour mon épaule et toi aussi.
Il me regarde et j'ajoute :
- Pour ta joue. ai-je dit en la lui montrant. Même si tu le montres je suis sûr que t'as l'impression d'avoir un four sur ta joue.
Il écrit encore quelque chose et cette fois-ci, je me penche pour lire :
"Tu penses bien !"
Je souris et sors de la chambre. Je ne sais pas trop vers qui m'adresser en vrai : je pourrais aller à l'infirmerie mais elle se trouve à l'annexe. Et puis connaissant Donna et sa faculté à jacter un peu trop souvent, elle risque de me poser des tonnes de questions ou pire de le faire remonter chez les responsables des Démons.
Est-ce que j'ai peur ?
Pas le moins du monde. La seule chose que je veux éviter, c'est les ragots que les gens vont raconter. Maintenant qu'il s'est découvert un pouvoir, Nico va fanfaronner avec oui, mais s'il est un tant soit peu intelligent, il omettra le fait qu'il m'a blessé volontairement. Moi, je n'ai jamais blessé personne avec mon Pouvoir du Feu : je m'en suis juste servi en tant que moyen de pression, de chantage et pour menacer les gens. Rien de plus.
Le petit speech d'Alexys d'il y a cinq jours lui a permis d'être très clair là-dessus : "Dès que vous assisterez à l'apparition d'un ou de vos pouvoirs, venez jusqu'à moi pour m'en informer et pur que l'on puisse vous enregistrer et savoir le nombre exact de personnes aptes ou non. Dernière chose, je vous interdis formellement de faire usage de vos pouvoirs sur les autres : n'essayez même pas de la faire. Vous n'êtes pas entraînés : vous ne savez pas encore les capacités que vous avez à votre disposition et vous savez encore moins la portée de vos pouvoirs. Je ne vais pas vous citer la réplique de Spiderman, mais vous êtes assez grands pour savoir que c'est une grande responsabilité. Alors prouvez-le que vous êtes responsables. Plus, une force manque de contrôle et plus elle aura de liberté d'être dévastatrice. Vous ne savez pas encore comment vos différents organismes vont réagir à vos différents pouvoirs alors ne tentez rien. Je sais que chez nous c'est assez contradictoire mais je ne plaisante pas : ne faites pas cela. Si je reçois des retours sur une personne qui aurait tente quoi que ce soit, je l'explose et il ira faire un long séjour de remise à pied dans la Dæmon's House je peux vous le garantir. N'utilisez pas vos pouvoirs tant que vous ne vous êtes pas entraînés avec et ne le faîtes pas sur quelqu'un. Compris ?"
À ce moment-là, je ne me rappelle pas avoir vu Alexys aussi sérieux et aussi catégorique. Je crois qu'avec son petit discours, il en a fait flippé plus d'un !
La Dæmon's House comme son nom l'indique est exclusivement réservée aux Démons. C'est un endroit où les Démons peuvent se rendre pour se documenter sur la magie des Démons, demander la création d'accessoires ou d'artefacts magiques pouvant nous servir et tout un tas d'autres trucs si je me rappelle bien ce qu'avait répondu Alexys lorsqu'on lui avait posé la question. Juste à côté se trouve l'espace infirmerie pour les Anges et les Démons.
Bref, tout ça pour dire que Nico ne dira rien et moi non plus. Pourquoi parce que je ne suis pas une balance et puis je préfère cent fois mieux me venger moi-même comme un grand : je n'ai besoin de l'aide de personne.
Mes pas m'ont mené sans que je m'en aperçoive, jusqu'au réfectoire. Je regarde par la porte vitrée s'il y a quelqu'un et décide de rentrer. Après tout, si je ne peux pas me rendre à l'infirmerie de Donna, pourquoi ne pas tenter le réfectoire ?
Un peu plus de dix minutes après mon départ, je reviens dans ma chambre avec dans ma main, deux paquets frais. Je lance le paquet que je tiens dans ma main droite à l'autre mec. Il l'attrape et le retourne pour voir ce que c'est. Son air blasé me fait hausser les épaules.
- Bah quoi ? J'ai demandé de la glace au réfectoire et ils en avaient pas. Ils n'avaient que ça c'est pas de ma faute.
Il me montre du doigt le paquet qu'il tient à la main en affichant toujours son air blasé : c'est un sachet d'haricots verts surgelés.
- Bah quoi ? Le principal c'est que ce soit frais non ? ai-je dit en haussant les épaules.
Je retire mon tee-shirt et pose sur mon épaule rougie le paquet de petit pois surgelés que j'ai pris.
C'est quand même incroyable qu'ils n'aient pas de glace......
La glace c'est juste de l'eau congelée alors c'est facile de s'en procurer non ? Là-bas ils possèdent d'immenses congélateurs pour stocker la nourriture : ils auraient très bien pu se procurer un bloc de glace là-dedans au lieu de me refiler ces sachets de légumes.
Ou encore mieux ils auraient pu utiliser la magie. Pouvoir manipuler l'eau ça devrait être un pouvoir élémentaire non ?.......
J'appuie un peu plus sur ma brûlure et soupire.
Le pire, c'est que je les ai quand même pressés en leur disant l'urgence de la situation et y a un mec qui a quand même trouver le temps de vanter les mérites de ces légumes surgelés.
"Ils ont été cultivés sur nos terres, à Destiny. Qualité supérieure" m'a-t-il dit avec fierté.
Mais qu'est ce qu'on s'en branle de la manière dont ils ont été cultivés et encore plus de leur qualité ducon.......
Le froid endormit un peu la douleur de la brûlure mais pas ma rage.
Cet enfoiré de Nico va m'entendre......
Je lance un regard de l'autre côté de la pièce là où se trouve l'autre mec. Il a posé le sachet congelé contre sa joue endolorie et a le regard rivé sur son carnet.
Je l'observe. Il n'a pas l'air très grand et pas très baraqué non plus, si ce n'est pour dire, complètement chétif. Il a la peau hâlée, a des cheveux noirs et des yeux marrons.
Quand on le regarde, on remarque tout de suite que c'est encore un ado : son visage semble avoir conservé ses airs d'enfant. Il n'est pas très imposant physiquement mais mentalement, il semble avoir un sacré caractère.
En réalité, je ne sais même pas pourquoi je l'ai fait ; pourquoi je l'ai aidé. Certes Nico l'aurait complètement assommé avec son poing mais j'aurai pu le laisser faire. J'aurai pu ne pas "m'en mêler" comme l'avait suggéré l'espèce d'enfoiré parce que, justement, ça ne me regarde pas du tout que ce mec sache parler ou non. Et puis pour être honnête, je m'en fous pas mal de lui et de ce qu'il peut penser sur moi. C'est juste que.... Nico s'en est pris à quelqu'un de potentiellement plus faible que lui et pourtant, sans même rentrer dans le jeu de Nico, il a réussi à le remettre à sa place et ça, ça force le respect.
Le mec lève la tête et nos deux regards finissent par se croiser. Il écrit quelque chose qu'il me montre aussitôt :
"Merci. Pour la poche de glace et pour Nico aussi"
Je hausse les épaules.
- Tu n'as pas à me remercier : c'est rien du tout.
Il se dépêche d'écrire une réponse.
"Mais tu aurais pu choisir de ne pas intervenir."
Il écrit une autre phrase à côté :
"Ça se voit à ton air soucieux que tu réfléchis à cette éventualité. Tu réfléchis au "pourquoi est-ce que tu m'as aidé".
Je hausse les sourcils et regarde le mec devant moi, complétement bluffé.
J'ai trouvé plus perspicace que moi........
- C'est pas faux. ai-je dit en me grattant la tête. Nico n'avait pas à te menacer comme ça. C'est un espèce de coq sur patte qui adore se pavaner alors évidemment quand il trouve sur son chemin quelqu'un qui ne va pas dans son sens, il le démonte.
"C'est pour cela que je te remercie. Tu n'as pas l'air du genre à te préoccuper de ce qu'il se passe autour de toi mais aujourd'hui tu l'as fait pour moi. Merci."
Je hausse une nouvelle fois les épaules en esquissant un petit sourire.
- Je t'ai déjà dit que tu n'avais pas besoin de me remercier. ai-je répété.
Il hoche la tête et plus aucun mot n'est échangé entre nous.
C'est finalement moi qui brise le silence au bout de quelques minutes en lui disant :
- T'as quand du cran d'avoir continuer à le provoquer. T'es quand même assez intelligent pour avoir deviner ce qu'il allait te faire mais t'as continué le jeu de la provocation. T'es con mais du t'as du cran.
Il sourit et rédige rapidement sa réponse :
"Ce genre de gars ne me fait pas peur. J'ai déjà eu affaire à eux quand j'étais sur Terre alors un" Nico" de plus ou un de moins ça ne change rien".
- Tu vivais où sur Terre ?
"En Inde".
Il écrit encore.
"Mon père était diplomate : il passait le plus clair de son temps à l'étranger."
- Et ta mère ? lui ai-je demandé.
"Elle ne travaillait pas. Le salaire élevé de mon père lui permettait de ne pas le faire. Elle s'occupait de nous."
- Elle n'a jamais travaillé de sa vie ?
"Si bien sûr quand elle était plus jeune pour aider sa famille. Ma mère vient d'une famille modeste et mon père d'une famille riche. Ma mère a réussi à faire des études plutôt réservées à des familles aisées. C'est comme ça qu'elle a rencontré mon père".
Je hoche la tête alors qu'il continue d'écrire :
"Ma mère a toujours aimé être autonome et quand elle a su qu'elle ne le serait plus quand elle s'est mariée avec mon père, ça l'a rendue triste."
- Elle a déjà essayé de parler avec ton père ?
Le garçon m'affiche un air blasé et me montre son carnet.
"Évidemment. Mais je pense que nous savons tous les deux la réponse qu'il lui a donné."
Je hoche encore une fois la tête et il me montre ensuite la page suivante :
"Pour ma mère, pouvoir travailler sans le consentiment d'une personne et encore moins de celle d'un homme, est une forme de liberté. Et en lui interdisant cela, mon père l'a en quelque sorte brisée."
Il écrit encore puis me montre :
"Pourtant, elle n'avait pas à se plaindre : nous vivions bien et elle avait des aises qu'elle n'avait pas eu quand elle était plus jeune. À chaque fois qu'elle souhaitait lui en parler, mon père adorait la rabaisser et se moquer d'elle et des ses origines modestes. Il adorait lui dire : et tu voudrais travailler dans quoi ? Le textile ? Toi être médecin ? Tu finiras couturière comme toutes les autres et ce n'est pas avec ce misérable salaire que tu feras vivre les enfants. Occupe-toi de tenir la maison c'est mieux."
- Et la famille de ta mère qu'est-ce qu'ils en disaient ? ai-je demandé.
Il prends le temps d'écrire sa réponse puis me la montre :
"Ils comprenaient le désir de liberté de ma mère mais ils ne l'ont pas aidée. Mon père, toute sa famille bourrée de fric et toute sa fortune sont bien trop imposants. Que pouvaient-ils faire face à tout cela ? Ils ont essayé de raisonner ma mère en lui disant que travailler pour une femme pouvait être dangereux, que la cadence pouvait être éprouvante et tout un tas d'autres conneries.... D'un autre côté, ils étaient bien trop heureux de savoir leur fille casée avec un type comme mon père. Pour la famille de mon père, ma mère était limite une roturière."
- On dirait la famille royale ton truc ! ai-je rigolé.
Il sourit et je lui demande encore :
- T'habitais où en Inde ?
"À Jodhpur. C'est une grande ville au centre-ouest de l'Inde. Je te montrerais un jour sur une carte."
- D'accord et, t'avais des frères et sœurs ?
Il hoche vigoureusement la tête et posé son carnet sur son lit et me montre sept doigts avec ses mains.
- Sept ?! C'est une sacrée grande famille que tu avais !
Il rigole et hausse les épaules.
"J'ai des demi-frères et des demi-sœurs. Mon père s'est remarié trois fois. Ma mère est, je l'espère encore, sa troisième et dernière femme."
Je hoche la tête alors qu'il me montre une phrase. Je me penche un peu pour la lire :
"Et toi alors ?"
- Je suis fils unique.
"Tu n'as jamais eu envie d'avoir un petit frère ou une petite sœur ?"
Je hausse les épaules.
- Quand j'étais plus petit, peut-être : je ne peux pas te répondre parce que je m'en souviens pas moi-même.
Il hoche la tête et rédige une autre phrase :
"Tu n'as pas encore retrouvé toute ta mémoire c'est ça ?"
J'esquisse un sourire en coin.
- Il semblerait que non en effet. Et toi ?
Il écrit rapidement puis me montre :
"Moi non plus. Mais je pense avoir recouvré la moitié de ma mémoire si ce n'est plus. Mais je n'aime pas trop les flashbacks que j'ai en ce moment : ce sont des souvenirs douleureux que je préférerais oublier à tout jamais"
- Ah ! Alors on est deux dans ce cas.
Il hoche la tête.
"Je sais. Toi, il se manifeste sous forme de cauchemars."
Je me gratte la tête.
- Ouais. Au passage, désolé si je te réveille avec ça.
Il secoue la tête.
"Aucun problème. Je ne dors pas beaucoup. Je préfère écrire."
Je souris. C'est vraiment étrange : il y a encore quelques heures, pouvoir parler avec lui m'aurait paru bizarre voir carrément impossible mais maintenant, je me rends compte qu'avoir pensé ça, a été complètement con de ma part : il a de la conversation et en plus, il n'est pas ennuyeux du tout.
La faculté des hommes à rejeter ceux qu'ils jugent "bizarre" tout ça parce qu'ils ne rentrent pas dans des espèces de normes stupides imposées, est vraiment fascinante........
Il me montre à nouveau son carnet et je lis à voix haute sa question :
-"Est-ce que je peux te poser une question ?"
Je hoche la tête et tout sourire, il evrit rapidement sa demande :
"Tu répètes sans arrêt dans tes rêves que "Arden n'est pas ton vrai prénom" et tu sembles t'adresser à quelqu'un."
Je soupire et le devance dans la suite de sa question :
- T'aimerais savoir quel est mon vrai prénom c'est ça ?
Il hoche vivement la tête.
"Et aussi pourquoi avoir choisi de porter celui-ci si ce n'est pas le tien ?"
J'éclate de rire.
Il y a encore quelques mois, ce genre de question indiscrète m'aurait fait péter un câble et je n'aurais pas hésité une seule seconde à être violent et à le remettre à sa place.
Mais pas aujourd'hui.....
J'ai mûri.
Ça me fait bizarre de le reconnaître mais en l'espace de quelques mois, j'ai changé. Mon sale caractère n'est pas parti mais j'ai appris à le tempérer. Un minimum du moins.
- Désolé, mais c'est pas aujourd'hui que je répondrais à tes questions.
Il hoche la tête et me montre son carnet, comme s'il avait déjà écrit ce qu'il compte me dire là maintenant.
Il a anticipé ma réponse.......
"Tu n'es pas du genre à te confier : tu l'as tellement répété à l'autre fille que je pense avoir saisi le truc."
Je souris et acquiesce.
- C'est ça.
"Mais tu penses que tu seras prêt à le faire un jour ?"
Je hausse les épaules.
- C'est possible. Parfois, se confier auprès d'une personne peut être bénéfique. Parfois, il faut apprendre à lâcher prise et arrêter de porter tous les problèmes de la Terre sur ses épaules.
En disant cela, je ne peux m'empêcher de penser à Muzy. C'est moi qui lui avait donnée ce conseil et pourtant, je ne l'applique pas pour moi-même.
Je suis pitoyable.......
Je pousse un profond soupire et lève la tête vers lui.
- Je pourrais te poser une question ? lui ai-je à mon tour demandé.
Il hoche vivement la tête et arrange convenablement le stylo qu'il tient à la main pour pouvoir me répondre. Ce geste me fait sourire et je lui dis :
- T'es vraiment muet ? Ou c'est pour te donner un petit style et t'entourer de mystères ? Et est-ce ton pouvoir est aussi "dangeureux" que tu le dis ?
Il esquisse un petit sourire et rédige rapidement sa réponse. Il tourne son carnet vers moi pour que je puisse la lire.
"Joker. Désolé mais pour moi aussi, ce n'est pas aujourd'hui que je répondrais à tes questions."
Je hoche la tête, le comprenant et parfaitement : on semble être sur la même longueur d'onde et ça, c'est plutôt cool.
- Alors ? Comment tu t'appelles ?
Il tourne quelques pages et me montre un mot écrit tout en haut de l'une d'entre elles.
" Naveen."
Je lui tends mon poing fermé. Au début," Naveen" semble un peu hésitant, mais il reproduit le même geste avec sa main et il tape son poing contre le mien timidement.
- Enchanté Naveen. Moi c'est Arden, mais je pense que tu le sais déjà. ai-je dit avec un grand sourire.
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Commentaire de l'auteure :
Hey hey hey!
JE M'EXCUSE POUR LE RETARD DU CHAPITRE !!!
Il m'a vraiment pris beaucoup plus de temps que prévu mais je suis quand même contente de l'avoir écrit.
Ce qui est cool, c'est qu'on fait une petite "pause" dans l'histoire : après tout vous ne savez pas toujours pas qui est l'adversaire de Muza pour sa première Mission Angélique hehé. Ça ajoute un peu de suspens et en plus, on voit l'évolution des aventures d'Arden chez les Démons.
Alors ce chapitre ?
Arden ?
Son drôle de rêve/cauchemar ?
Qui étaient les deux jeunes femmes ?
Nico ?
L'apparition de son pouvoir ?
Naveen ? (c'est mon petit protégé lui alors pas touche xD)
Son fort caractère et son possible handicap ?
Que pensez-vous de cette nouveauté à Destiny ?
La bienveillance d'Arden envers Naveen ?
La bonne entente qui semble s'installer entre eux ?
N'hésitez pas à voter et à commenter.
Bisous, bisous tout le monde !
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