Combat d'amour - Tome 1 [ 201...

By Loraline_Bradern

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Octobre 1066 Les troupes normandes du Conquérant déferlent sur l'Angleterre. Gautier de Fougères, fidèle chev... More

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Publication éditoriale
Condition de la femme en 1066
Tome 2
Note
Combat d'Amour tome 1 - Couverture officielle
Version brochée du tome 1
Souvenirs, souvenirs
Ce n'est qu'un au revoir
Précommandes ouvertes pour la France !
Dédicace
Prologue (version éditée)
1. Le siège (version éditée)
2. Premier combat (version éditée)
3. Reddition (version éditée)
4. Convalescence (version éditée)
5. Observation (version éditée)
6. Passages secrets (version éditée)
7. Une rencontre percutante (version éditée)
8. Nouvelles (version éditée)
10. Une bonne nouvelle (version éditée)
Nouveauté !
Cover Reveal Tome 2
Cover Reveal Tome 3
Cover reveal Tome 4
Réédition

9. Une partie de cache-cache (version éditée)

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By Loraline_Bradern


Les envoyés du duc de Normandie partirent le lendemain matin et la vie reprit son cours pour les habitants de la forteresse. Alinor tournait comme un animal en cage dans sa chambre, elle n'en pouvait plus de rester enfermée. Pour tromper son ennui, elle brodait ou lisait, mais son inaction physique lui pesait. Elle dépensait son trop-plein d'énergie à reproduire les assauts et parades des chevaliers normands, qu'elle continuait d'épier depuis sa fenêtre. Ne pouvant plus supporter sa réclusion forcée, elle décida d'aller fureter dans l'enceinte du château pour glaner des informations.

Elle ressortit sa robe brune informe, attacha ses cheveux et les recouvrit d'un foulard, mit un tablier taché, jeta un vieux châle en lainage sur ses épaules, puis sortit de son refuge. La jeune fille descendit jusqu'à la cuisine, sans croiser âme qui vive. Jetant un coup d'œil à la salle commune, elle vit que celle-ci était vide pour une fois. Elle s'avança jusqu'à la grande porte et constata que la cour était quasiment déserte. Seuls les serviteurs du donjon allaient et venaient en vaquant à leurs tâches quotidiennes. À l'exception de quelques gardes en faction sur le chemin de ronde, tous les soldats ennemis étaient à l'entraînement dans les deux champs clos à l'extérieur de la forteresse. Alinor ne se sentit plus de joie. C'était l'occasion ou jamais de se rendre à l'écurie pour passer un moment avec Tornade, sa jument.

Elle se hâta de rejoindre le bâtiment adossé aux remparts et chercha la stalle de sa monture. Celle-ci reconnut son odeur et se mit à hennir doucement. Alinor entra dans le box, posa son front contre le cou de l'animal et caressa avec tendresse la tête soyeuse de la bête. Lord Dunstan avait offert cette jument à sa fille pour ses seize ans, alors qu'elle n'était encore qu'une toute jeune pouliche. Alinor l'avait élevée, dressée elle-même, et elles s'étaient apprivoisées l'une l'autre au point de devenir complices. Son père et son frère s'étaient souvent émerveillés de voir le tableau qu'elles formaient toutes les deux quand elles étaient au grand galop, la jeune fille couchée sur l'encolure de la bête, ses longues mèches cuivrées mêlées au pelage immaculé de sa jument. Lors de ces courses folles, elles semblaient aussi fières et indomptables l'une que l'autre. Après avoir passé un petit moment à cajoler Tornade, Alinor sortit de l'écurie et traversa la haute-cour pour regagner le donjon.

Pendant ce temps, Gautier de Fougères s'entraînait au maniement de l'arc dans un des champs clos. Après une dernière volée de flèches, satisfait de ses troupes, il ordonna à ses guerriers de rentrer se reposer. Les hommes étaient fourbus, mais contents d'eux et plaisantaient en récupérant leurs équipements avant de prendre le chemin de la forteresse.

Alors que les chevaliers franchissaient la palissade entre la basse-cour et la haute-cour, une silhouette au pas énergique attira l'attention du baron normand. Il saisit avec brusquerie le coude de son cousin et s'arrêta :

— Thibaud, elle est là !

— Qui ?

Gautier tendit le bras et montra la jeune Saxonne du doigt.

— La fille ! Regarde ! Elle sort des écuries.

— Tu es sûr que c'est la souillon de l'autre jour ?

— Oh oui ! Je reconnais sa démarche.

— Que veux-tu que l'on fasse ?

— Je veux en avoir le cœur net, savoir qui elle est ! Il faut l'attraper !

Aussitôt les deux hommes s'élancèrent à travers la cour sous les regards éberlués des soldats et des serviteurs.

Alinor entendit des exclamations étonnées et un bruit de course derrière elle. Elle tourna la tête pour voir ce qu'il se passait, juste au moment où Gautier rugissait :

— Toi, la fille, arrête-toi !

Pétrifiée de peur, elle vit les deux chevaliers se précipiter vers elle. Elle resta tétanisée un court instant et n'eut que le temps de lever le bras pour cacher le bas de son visage en guise de protection, quand les deux Normands fondirent sur elle. Alors qu'ils étaient à environ cinq pas, elle croisa le regard coléreux du guerrier brun et sentit un frisson lui parcourir l'échine. Elle était en danger, vite il fallait fuir ! Aussitôt, elle se retourna, remonta sa robe à pleines mains et se mit à courir vers l'entrée du donjon. Gautier, plus rapide, réussit à toucher son épaule. Pour lui échapper, Alinor se défit d'une secousse de son châle et l'abandonna derrière elle. Elle reprit sa course éperdue, monta les marches, puis s'engouffra dans la grande salle, les deux chevaliers à quelques enjambées derrière elle.

La jeune fille connaissait parfaitement les lieux, un avantage qu'elle mit à profit. Elle se précipita dans la tour nord, puis grimpa quatre à quatre l'escalier très étroit. Les deux hommes, larges d'épaules et beaucoup plus lourds qu'elle, se cognèrent aux murs et eurent plus de mal à gravir le colimaçon. Alinor put prendre un peu d'avance sur eux, de sorte que, lorsqu'ils débouchèrent dans le couloir du premier étage, ils ne virent qu'un bout de sa jupe alors qu'elle se ruait dans la tour sud. Arrivés au bout du corridor, ils furent incapables de savoir si elle était montée ou descendue. Ils décidèrent donc de se séparer pour fouiller les étages.

Pendant ce temps, au deuxième niveau, Alinor pénétrait dans la chambre de son frère, celle occupée par le baron normand. Avec diligence, elle fit jouer le mécanisme du passage secret et s'y réfugia. Une fois le panneau refermé, elle s'adossa à la cloison, puis se laissa glisser contre la paroi. Elle resta un long moment dans cette position, le temps de se remettre de sa peur, de reprendre une respiration à peu près normale. Au bout de quelques minutes, elle entendit la porte s'ouvrir à la volée dans la pièce à côté et reconnut la voix coléreuse.

— Par le sang du Christ ! Où cette fille est-elle passée ? Elle s'est volatilisée !

— Gautier, calme-toi ! On finira bien par mettre la main dessus.

— En tout cas, ne viens pas me dire qu'elle n'a rien à cacher ! C'est la deuxième fois qu'elle s'enfuit devant nous !

— Tu as raison, elle nous dissimule quelque chose et de toute évidence, elle ne désire pas qu'on l'identifie. Tu l'as presque attrapée dans la cour, tu sais à quoi elle ressemble maintenant. On n'a qu'à convoquer toutes les femmes de la forteresse et du village pour la retrouver.

L'oreille collée contre le panneau, Alinor essayait de suivre la discussion des deux hommes.

— Nenni, Thibaud. Ça ne servira à rien, je n'ai pas vu ses traits !

— Comment ça ? Mais elle était en face de toi, non ?

— Je n'ai aperçu que ses yeux ! Le bas de son visage était caché par son bras !

— Quels sont les détails dont tu te souviens, qui pourraient nous aider à la reconnaître ?

— Tout ce que je peux te dire c'est qu'elle est jeune. Tu as remarqué la vitesse à laquelle elle courait ? Et son agilité ?

Le chevalier secoua la tête en pinçant les lèvres. Son cousin plissa les paupières en le regardant.

— Je connais cette mimique... À quoi songes-tu, Gautier ?

— Si je n'étais pas certain que ce soit une femme...

— Continue !

— On pourrait penser qu'on a poursuivi un jeune garçon déguisé.

— C'est vrai que je n'ai jamais rencontré quelqu'un d'aussi agile ! Et la célérité avec laquelle elle a escaladé les marches alors qu'elle avait une jupe... Sans compter la manière dont elle t'a esquivé !

— Tu peux le dire ! C'est une véritable anguille !

— Elle est du genre insaisissable.

— Pas sûr ! Elle a quand même quelque chose d'unique. Je ne l'ai peut-être pas attrapée cette fois-ci, et je n'ai pas vu suffisamment son visage pour pouvoir l'identifier, mais par contre je ne suis pas près d'oublier son regard !

— Comment cela ?

— Je ne peux pas l'expliquer, Thibaud. J'ai vu dans ses yeux qu'elle avait peur de moi, mais...

— Mais ?

— Il y avait quelque chose d'autre...

— Quoi ?

— Je ne peux pas te dire quoi, je ne suis pas capable de mettre en mots ce que j'ai ressenti. Ça m'a fait comme un choc. Oui, c'est ça... J'ai eu l'impression de recevoir un coup de poing !

— Que te rappelles-tu d'autre ?

— Elle a les yeux d'une couleur particulière, entre bleu et... presque violet, en fait !

Il haussa les épaules et continua :

— Mais rien ne sert de palabrer sur cette fille. Maintenant j'en suis sûr, elle cache quelque chose. Il faut savoir ce qu'elle manigance. Nous devons nous méfier.

— Tu crois qu'elle a des complices ?

— Je l'ignore. Mais elle doit travailler pour quelqu'un. Il faut découvrir pour qui !

— Je vais dire aux hommes d'ouvrir l'œil.

— Oui, et il serait bon d'interroger discrètement les serviteurs.

— Gautier, penses-tu que la dame de Thurston pourrait connaître notre fuyarde ?

— Je n'en sais rien, mais je lui en parlerai ce soir au repas.

Alinor n'avait pas pu entendre la fin de la conversation, mais elle avait compris que les Normands n'hésiteraient pas à se saisir d'elle à la première occasion. Il était hors de question de prendre un tel risque de nouveau. Il s'en était fallu de peu. Elle l'avait échappé belle une nouvelle fois ! La jeune femme regagna sa chambre d'un pas lent en maudissant le baron de Fougères.

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