"C'est hors de question!!"
"Levi! Calme toi!"
"Me calmer?! Comment tu veux que je me calme?! Elle est si proche, et vous me dites qu'on doit repartir?! Laisser tomber?!" il frappa dans le mur de la rue désèrte
Hanji soupira.
"On dit pas de laisser tomber mais... juste d'aller en parler à Erwin, et qu'on prenne une décision réfléchie."
"Y a pas à réfléchir. On y va."
"Elle t'a pourtant bien dit que c'était dangereux! Si elle, ta propre petite amie, a estimé que tu ne devrais pas y aller, c'est pour une bonne raison!"
"Mais je m'en branle! Cette petite brêle de Ed là je le démonte comme une commode."
Hanji soupira de frustration. Quand Levi était énervé, impossible de le faire changer d'avis sur quoique ce soit.
Leur argument dura bien quelques minutes, et pendant ce temps le quatuor restait silencieux, dans leurs pensées.
"Repartez, vous, moi je reste ici je vais le buter et récupérer [t/p]."
"Je t'ai déjà dit non."
"J'ai pas besoin de ton approba-"
"Excusez moi."
Lukas s'était levé en sortant de son silence, l'air plus qu'agaçé. C'était une expression rare chez lui, et les deux supérieurs se turent.
"Je vous écoute depuis tout a l'heure et, sauf votre respect Caporal, je ne peux m'empêcher de vous trouver plus qu'égoïste."
Les trois autres cadets s'étaient tournés vers lui et semblaient tout aussi surpris que Hanji et Levi.
Ce dernier ne disait rien, écoutant le jeune homme.
"Vous pensez que vous êtes le seul à vouloir la sauver plus que tout, le seul à être si énervé?" il serra les poings, "[t/p] est celle qui nous a sauvé de notre vie de criminels, elle nous a offert une maison et une famille sans rien attendre en retour, alors oui tout ça nous dévaste, et c'est pour ça que je ne peux plus rester ici à écouter vos disputes de maternelles pendant que l'horloge tourne." son regard défiait celui de Levi, "Et concernant votre dispute, si vous voulez vraiment la sauver, écoutez là et arrêtez de faire vos caprices d'enfant. Si elle a jugé important de risquer beaucoup pour vous prévenir vous, Caporal, d'un grand danger vis à vis de notre venue, alors il serait préférable de l'écouter si on ne veut pas se faire buter, ou si on ne veut pas la tuer elle, par accident. Ressaisissez-vous, merde."
Sur ces mots ayant laissé tout le monde béat, il quitta la rue pour rejoindre l'allée principale.
Lukas était quelqu'un qui n'exprimait pas souvent ses pensées et ses opinions, il préférait rester dans l'ombre à observer. Aujourd'hui cependant, il avait craqué et avait déballé tout ce qu'il avait sur le coeur.
"Levi..." murmura Hanji, "Il a raison."
Le noiraud était encore sonné.
"Tch... Je sais..." il murmura un juron, "le gamin a raison, faites comme vous voulez."
Hanji souria.
"Ça t'a demandé un gros chassé dans ton ego pour dire ça, pas vrai?"
"La ferme."
* * *
"Je vais pas te le redemander dix fois, pourquoi t'es partie?!" lui hurla Ed
"Et je t'ai déjà répondu dix fois que la foule nous a séparé! C'était pas volontaire!"
Le blond l'avait plaqué contre la porte de la chambre où il l'avait de nouveau emmené. Il avait les yeux exorbités et la rage se lisait dans chaque trait de son visage.
"Mais bien sûr, tu penses que je vais vraiment croire à tes mensonges?!"
Il la claqua violemment, la faisant tomber au sol.
Cette fois c'était au tour de [t/p] d'être en colère. Elle se releva rageusement.
"Je te previens-"
Elle le coupa en le claquant à son tour, mais peut-être plus fort. Cependant, lui, ne fit que reculer de quelques pas, se tenant la joue avec stupeur. Sa lèvre s'était fendue sous cette lacération, et il essuya une perle de sang en coulant.
Les yeux bleus du jeune homme s'ancrèrent dans ceux de sa prisonnière. Ils étaient pleins de mépris et de haine.
Il l'attrapa violemment par la gorge, la soulevant contre le mur de sa poigne.
[t/p] se débattit du mieux qu'elle put, battant des jambes, les mains essayant d'éloigner celles d'Ed de sa trachée.
"Refais ça... encore une seule fois..." ses mots chuchotés tremblaient sous la rage, "et j'extermine et le Bataillon tout entier, et toi avec."
Il la relâcha subitement
Elle s'écrasa une nouvelle fois contre le plancher sombre, toussant en quête d'air.
"J'ai eu pitié de toi, je t'ai autorisé à sortir malgré mes précédentes interdictions, et c'est comme ça que tu me remercie?"
Lui prenant le bras, il la traîna jusqu'au pied du lit, avant de sortir une corde de sa veste. Il la ligota aux barreaux de celui-ci sans qu'elle ne puisse réagir, avant de se relever.
"Cependant grâce à toi, je sais que le Bataillon est en ville."
Il la toisa, avant de saisir la poignée de porte.
"Demain, ton chère Ackerman ne sera plus qu'un souvenir."
Les larmes lui montèrent aux yeux.
-Pourquoi...?
La voix suppliante de [t/p] le fit se stopper. Il reporta son attention sur elle.
"Pourquoi tu fais tout ça? elle se tenait la gorge, adossée au lit, "Pourquoi moi? Pourquoi m'enfermer ici? Pourquoi vouloir tuer touts ceux que j'aime?!"
Il sourit, puis s'accroupît, un regard bien plus tendre dans ses yeux.
Il caressa le haut de son crâne.
"Parce que sans toi, ma vie n'a aucun sens."
Ils releva avant de quitter la pièce.
Le son d'un verrou, puis le silence.
* * *
La nuit était enfin tombée, ils avaient décidé de dormir en ville dans une petite taverne, et de repartir pour le QG le lendemain aux premières lueurs du jour.
Levi ne dormait cependant pas, dans sa chambre, il ne cessait d'affûter son Opinel encore et encore.
La lune répandait sa lumière bleue sur le parquet, se reflétant dans les iris acier du locataire insomniaque.
Son esprit était en totale contradiction avec lui-même. Il avait accepté d'écouter Lukas et Hanji, et de revenir prévenir Erwin. Mais c'était plus fort que lui, son esprit lui criait d'aller la chercher sur-le-champs.
Son instinct lui criait que [t/p] était en danger, et qu'il n'y avait pas une minute à perdre. Une intuition persistante le laissait prévoir un lendemain dangereux.
Son pied tapait répetivement le sol, et ses phalanges blanchissaient sous la force de sa poigne.
C'était insoutenable, un supplice cérébral : décevoir son équipe et sauver sa bien-aimée d'un possible danger imminent, ou écouter Hanji et Lukas et retourner voir Erwin en la laissant peut-être mourir?
À cette interrogation, la réponse fut évidente.
Il reposa brutalement son aiguiseur sur le matelas, repliant et rangeant son couteau dans sa poche de veste. Se saisissant d'un fusil et de son capuchon, il sortit silencieusement de la taverne, et prit la direction de la maison où [t/p] était retenue.
* * *
Elle en avait eu marre de se débattre, le sang qui avait coulé de sa joue fendue par la claque avait coagulé, mais les liens la maintenant au lit eux n'avaient pas faiblit.
Elle avait faim, soif, et son corps lui faisait mal, ses bras attachés ne répondaient plus.
De maintes fois elle avait essayé de se libérer, tirant sur les liens ou essayant de les sectionner avec ses dents, en vain. Finalement, elle avait abandonné.
Cela faisait maintenant plusieurs heures qu'elle était comme tel, et de temps en temps, Ed venait vérifier qu'elle était toujours bien attachée. Une fois, [t/p] avait mordu sa main quand celle-ci avait essayé de la toucher, ce qui lui valut plusieurs coups de pieds dans les côtes.
Maintenant, elle était sans force. Elle avait déjà vidé toutes les larmes de son corps en se répétant en boucle les mots de Ed.
"Demain, ton chère Ackerman ne sera plus qu'un souvenir."
Après tous ces efforts, après toute cette douleur, après toutes les concessions qu'elle avait dû faire, tout allait s'arrêter.
Cela ne pouvait pas se finir de la sorte. Pas après tout cela.
Et pourtant, c'était la triste vérité.
Par sa faute, Levi Ackerman allait mourir.
.
.
.
La fenêtre de la chambre trembla. Le léger bruit attira les yeux de [t/p], et ceux-ci faillirent sortir de leurs orbites quand ils aperçurent là, au rebord de cette fenêtre, une silhouette.
Une silhouette masculine encapuchonnée qu'elle put reconnaître entre mille malgré l'obscurité.
Sa gorge s'assècha lorsqu'il crocheta le verrou de la fenêtre, et ses yeux s'humidifièrent lorsque le premier pied fut posé dans l'enceinte de la chambre.
Il s'approcha rapidement à pas de loup, et enfin elle put discerner ses magnifiques traits.
Une larme finit par s'échapper, finissant sa course sur le sol.
"L... Levi..."
Il lui caressa la joue, et sous la faible clareté, on pouvait voir la douleur se lire dans ses iris.
"Shh..." il essuya une autre larme de son pouce, "C'est fini, on rentre à la maison."