Il sort alors je le suis. Pendant qu'on marche dans cette rue pavée vieille de plusieurs centenaires, je le regarde. Rien à foutre du reste. Il vient de me dire, en gros, que j'ai une chance avec lui. Dans mes rêves, ouais.
Je ricane, agacé par moi-même et par ce môme. Depuis quand je suis comme ça sur une personne ? On passe devant une espèce de resto et mon ventre crie famine.
- eh wait ! Lui lance-je en m'approchant de l'enseigne.
- quoi ? Souffle-t-il en se retournant.
- j'ai la dalle.
- j'ai pas de fric.
- j'en ai donc j'rentre.
- c'est ça, bon app. Me lance-t-il avec un regard noir.
- non mais... Tu rentres aussi, j'te paie un truc.
Il me regarde comme si j'étais un débile. Ça fait combien de fois aujourd'hui ? Puis finalement il me dépasse en me foutant au coup d'épaule et rentre dans le resto. Je souffle, exaspéré. Quel caractère de merde bordel.
En rentrant je le cherche du regard, puis le trouve assis dos au mur du fond. Je viens m'asseoir en face de lui. Nos pieds se touchent et je retire les miens frénétiquement, me mettant en tailleur. Il a sa tête dans sa main gauche et il tape des doigts sur la table. Un serveur vient nous voir et il cache rapidement son visage de son masque et de sa capuche. J'avais oublié que j'étais avec Ténia. On sait jamais qui peut le reconnaître.
- je vous sers quoi ? Fait le gars, pas très aimable.
- un truc pas cher.
- comme quoi ? Me dit-il.
- vous avez du riz ? Ça fera l'affaire. Avec de l'eau.
- du riz nature ? S'étonne-t-il.
Je réfléchis rapidement. C'est vrai que c'est pas bon mais économie s'impose.
- deux assiettes, une riz nature, une avec du curry.
- c'est OK. Fait-il en repartant.
Ténia retire son masque. Le haut de son visage caché par la capuche, mon regard est forcément sur ses belles lèvres à ce crétin.
- t'aime le curry ? Demande-je.
- ouais.
- cool.
Wow. Quelle discussion.
- pourquoi tu te caches ? Rajoute-je.
- t'es sérieux ? Grogne-t-il en arrêtant de tapoter contre la table.
- y'a que les soldats que tu dois craindre, non ?
- mon portrait est sur plusieurs pages Internet sur les massacres que j'ai fait... Il peut toujours y avoir un gars qui me plante parce que ça lui plaît pas...
- tu veux pas éviter mon regard, aussi ? Lance-je.
Il relève la tête et plante ses yeux dans les miens, le regard perçant.
- prends pas la confiance Kim, tu m'intimides pas, on est d'accord ?
Déstabilisé je lui réponds d'un geste de tête positif. Il passe sa main dans sa frange brune et recommence à taper contre la table de ses doigts fins.
Après une demi-heure de blanc, d'ailleurs faut arrêter de se foutre de ma gueule pour cuir du riz faut dix minutes, le serveur dépose les deux bols sur la table avec deux cuillères. Puis deux verres et une carafe d'eau.
- voilà.
- merci... Marmonne-je.
Puis il repart. Ce mec ne sait vraiment pas faire son boulot. Ou alors il m'a reconnu et m'apprécie pas trop, c'est possible aussi. Je pousse le bol au curry vers Jungkook jusqu'à ce qu'il apparaisse dans son champ de vision.
- merci. Chuchote-t-il.
Puis il commence à manger alors je fais de même. C'est vrai que le riz nature c'est pas top. Mais dois-je rappeler qu'on est en guerre ? On va pas commencer à faire les difficiles alors que t'en a qui bouffent des chiens et des rats dans les tranchées.
- c'est bon ? Demande-je doucement.
- ouais. Me parle pas comme si j'étais un débile.
- j'te parle pas comme si t'étais un débile !
- alors ça fait juste bizarre que tu t'adresses à moi sans insulte.
- mais ta gueule et bouffe bordel de merde ! M'indigne-je.
Il ricane, ce qui me fait rire aussitôt. Je rajoute en reprenant un air blasé.
- en vrai ça m'fait bizarre quand j'te vois manger.
Il relève sa tête, s'arrêtant de mâcher.
- toi aussi.
- ah ouais, pourquoi ?
- légende vivante. On oublie souvent qu'elle est vivante.
J'acquiesce en silence.
Une demi-heure plus tard on part de c'te café de merde après avoir payé quinze ronds. Je le suis dans la rue.
- on va où ?
- ta gueule et marche.
- réponds putain !
- dormir !
- mais j'ai pas sommeil ! Réplique-je, indigné.
- t'avais qu'à pas dormir pendant dix heures.
- mais je pouvais pas faire autrement.
Il répond pas. Je souffle. Il est sérieux à nous faire traverser le village ? Il fait nuit et j'en ai marre de marcher. En vrai j'ai trop envie de m'asseoir et qu'on joue ensemble. Je sais pas moi, au bras de fer chinois. Juste qu'on se pose merde !
- on va faire quoi...
- dormir ! Lance-t-il.
- mais merde JE vais faire quoi !
- TA GUEULE !
- non.
- Putain Taehyung t'es lourd.
- Ouaip. Sinon le prochain plan c'est quoi ?
- j'en sais rien. Je me retire une semaine.
- intéressant. Lance-je.
- quoi intéressant ?
- laisse tomber.
- t'es qu'un connard.
- j'assume. J'assume tout ! Sauf un truc.
- et c'est quoi ? Demande-t-il en ralentissant le pas.
- de pas savoir charger un flingue avec les bonnes balles !
Il s'arrête et me regarde. J'sais pas c'qu'il pense à ce moment-là. Mais je soutiens son regard. Je le soutiens bien correctement pour pas balader mes yeux ailleurs.
- on est arrivé. Murmure-t-il.
Il lâche mon regard et s'engouffre dans une petite maison campagnarde, poussant la porte en bois. Je le suis.
Je me retrouve dans une petite pièce tapissée de bois, les meubles en bois aussi. Il fait très sombre. Je pousse un cri de surprise en me faisant écraser contre le sol. Malgré la pénombre j'arrive à voir que c'est Jungkook qui est à califourchon sur moi. Il vient attraper le col de mon sweat et le secoue, faisant taper ma tête contre le parquet.
- bâtard qu'est-c'que tu fais ! Grogne-je.
- toi de un tu la fermes. De deux tu bouges pas. Et de trois tu m'écoutes.
- désolé mais je peux pas faire tout ça c'est trop deman-
Je me prends une torgnole monumentale faisant frapper violemment ma tête contre le sol. Je porte mes mains à ma figure.
- mais t'es cinglé ma parole !
- celle-là c'est pour le baiser !
- j'étais pas dans mon état normal !
- ta gueule. Lance-t-il froidement.
- mais-
Aller hop ! Une deuxième ! Sauf que là c'est mon doigt cassé qui prend. Je le secoue frénétiquement dans l'air la bouche ouverte.
- ah putain de merde ça lance... Me plains-je.
Il attrape les doigts de ma main blessée et les ramène vers lui.
- ça, c'est pour le deuxième baiser. Chuchote-il. Maintenant c'est pour la lame dans mon sweat, bâtard.
Il tord mes doigts et les serre comme un malade.
- AH BORDEL ! Jure-je pour étouffer un cri. Arrête salaud !
- c'est cassé. Constate-il en attrapant mon poignet.
- ouais merci j'avais pas remarqué. Grogne-je ironiquement.
- j'aime bien te faire chier. Rajoute-il en hochant la tête.
- ah bon ? Ricane-je avec ironie.
Je me relève sur mon bras droit avant de glisser. J'avais oublié que j'avais l'épaule en purée. Je souffle.
- aller arrête tes conneries et laisse moi tranquille.
Il ricane.
- pas encore.
Il arme son bras et me refout une grosse baffe, rouvrant la plaie sur ma pommette. Je laisse une plainte franchir mes lèvres. J'ai pas réussi à l'étouffer ce cri là. Mais c'est qu'il a de la force ce petit con et il n'y va pas de main morte.
- ça, c'est pour le deuxième couteau.
Il se relève de moi, je bouge pas. Je suis trop sonné. Je me contente de le suivre des yeux. Il sort trois secondes de la pièce puis rentre de nouveau. Il s'agenouille à côté de moi et m'agrippe le bas du visage, tournant ma tête vers l'opposé. Il vient nettoyer ma pommette éclatée avec un tissu mouillé.
- je t'ai pas loupé. Chuchote-t-il.
Je réponds pas. Bien trop perturbé par ses doigts sur ma mâchoire, mes joues et mes lèvres. Ce putain de gamin bipolaire ! Il vient de me frapper et je lui pardonne déjà. Cherchez l'erreur.
- t'es un grand malade... Souffle-je, mes lèvres effleurant ses doigts.
- j'te renvoie le compliment. Lance-t-il avant d'appuyer sous mon œil.
- aïeuh.
- tu vas avoir un bleu. Dit-il en me lâchant.
- ça t'arrive de dire des choses un peu moins évidentes ?
- tu veux que j'dise quoi d'autre ?
- bonne nuit mon petit cœur, ça te dit rien ?
- oublie, OK ? Souffle-t-il en se relevant.
- oublie ? Oublie ?! T'es qu'un enfoiré. Je t'ai dit tout à l'heure que tu me plaisais et tu me dis d'oublier que tu m'as appelé MON petit cœur ? Tu m'expliques comment je suis censé faire !
Il me regarde sans rien faire, je n'arrive pas à savoir ce qu'il pense.
- Taehyung. Ça m'a échappé c'est tout, maintenant tu oublies ce que j'ai dit. Je pensais pas que tu t'en souviendrais.
- ça t'a échappé ? Répéte-je en me relevant à mon tour.
On fait presque la même taille. Mais avec mes semelles je suis un peu plus grand que lui. Je rajoute avec cynisme, sortant mon flingue que je fais tourner entre mes mains.
- oh ça t'a échappé... Et moi la balle CF elle m'a échappé aussi tiens, tu peux l'oublier peut-être ?
- je suis fatigué. Répondit-il doucement, le regard perdu sur le pistolet que j'agite entre mes mains.
Le ton qu'il a employé m'empêche de répliquer. Je range mon arme en silence puis je pose ma main sur son épaule lui faisant violemment remonter son regard dans mes yeux.
- on se fait confiance ? Demande-je incertain.
▸ Jungkook aime bien donner des claques (: c'est pas nouveau c'est bien connu ! Surtout des claques au cul mdr il a une addiction avec ça nom de Zeus. 👋🏻