Aurore Callahan T.1 [Sous co...

By NyxAmbroise

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Jeune sorcière clairvoyante recherche désespérément son âme, qu'importe les moyens mis en œuvre pour la retro... More

Prologue
Première magie : Nuits blanches et noirs esprits.
Troisième magie : Quand penser devient problématique.

Deuxième magie : Touche-moi si tu peux !

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By NyxAmbroise

 Où que tu sois, je te retrouverai. Où que tu ailles, je t'accompagnerai. Même dans la mort, ton aura m'attire comme une étoile scintillant dans les ténèbres.

Sorcier Bran

Une seule idée prit le pas dans mon esprit : il fallait que je sorte d'ici. Cela me réveillerait définitivement. Pourquoi ne pas courir un peu pour me défouler ? Même si le flux de magie circulant dans l'horloge-pentacle du salon indiquait environ trois heures du matin, je pouvais être encore assez dangereuse pour me défendre. Voilà ce que criait le couteau papillon que je portais toujours à la taille. L'air frais de la nuit me revigorerait et m'emplirait de vitalité après quelques sprints. Ce besoin d'évacuer la tension qui s'était accumulée en moi à la vue de cet esprit si près de mon corps demeurait bien trop impérieux pour être ignoré.

Soudain, dans le miroir, une ombre passa derrière moi. Un léger souffle se promena sur ma nuque... Un frisson malsain dévala mon échine. Quand une personne normale aurait sursauté, crié, ou même balancé sa brosse à cheveux à travers la glace, je n'eus qu'un froncement de sourcil.

Si un esprit était encore assez suicidaire pour traîner dans le coin, je ne pouvais plus grand chose pour lui.

Je me retournai lentement, sondant le couloir qui menait au salon : rien. La fatigue me jouait des tours, certainement. Revenant dans la salle de bain, j'examinai mon reflet : mon teint livide gageait d'une nouvelle nuit difficile. Je pris le temps de retirer une des mèches qui me passait devant les yeux, pour la glisser derrière mon oreille. Le miroir ne m'offrait pas une vision très flatteuse de moi-même. Mes cheveux mi-longs, d'un blond doré, semblaient s'être électrisés au contact de l'être vaporeux... je les coiffai rapidement en une queue-de-cheval. Pendant que je m'affairai à dompter ma crinière habituellement lisse et docile, mes yeux d'un bleu-vert passe-partout, rougis et cernés par la fatigue semblaient m'épier de manière dérangeante.

Mon regard originel me manquait.

Du reste, j'étais satisfaite des traits de mon visage, l'ensemble se révélait tout de même harmonieux. Une onde de lassitude me traversa. Malgré les années, j'avais toujours un peu de mal à accepter cette nouvelle apparence. Et d'ailleurs, le charme que l'on m'avait vendu reproduisait très bien les signes de fatigue, à mon grand regret.

Je me dis soudain que l'existence d'un zombie ne devait pas être tant éloignée de ce que je vivais. Cependant, malgré la magie omniprésente dans nos vies, les zombies restaient un mythe qui ne faisait rêver personne d'ailleurs. Les sorciers ne pouvaient toujours pas repousser les limites de la mort, et les plus grands de notre monde vivaient cette finalité inéluctable comme un échec. Au point que la mort en devenait presque quelque chose de tabou...

Mourir, signifiait perdre sa magie, notre clan en était dépossédée également, une autre personne devait remplacer cette puissance manquante. Mais plus les générations passaient, et plus les grands sorciers se faisaient rares. Parfois, par peur que tous les regards ne se braquent sur eux, de puissants sorciers ou sorcières, les asarlaí, comme on pouvait également les appeler, se cachaient dans l'ombre... Je faisais partie de ceux-là, même si contrairement à la plupart d'entre eux, cela ne traduisait pas un manque de confiance en moi.

Mon regard erra encore quelques instants sur le reflet que me renvoyait le miroir. J'avais choisi une apparence qui faisait un peu plus jeune que mon âge, et réduit ma taille d'une dizaine de centimètres pour atteindre le mètre soixante-cinq. Cette silhouette que j'arborais, demeurait moins élancée qu'elle ne l'était naturellement. Par contre, ma poitrine devenue beaucoup plus plantureuse n'avait pas été choisie au hasard. Quoi de mieux pour accaparer l'attention de ces messieurs sur cette dernière, plutôt que sur la femme que j'incarnais ? Triste constat, amère réalité.

Cependant, je restais loin du stéréotype de la bimbo blonde avec laquelle on assommait la gente féminine... Non, mes hanches se trouvaient être bien en chair, et je savais, non pas par l'expérience, mais plutôt par l'observation, que cela attirait davantage les hommes qu'une baguette longiligne que l'on pourrait briser en deux par mégarde. Aussi, mon visage possédait ces traits qui marquaient l'innocence accompagné d'air un peu candide. Parlant le moins possible, j'espérais que cela me donnait l'air d'être une personne introvertie et timide.

Pourtant, fausse apparence ou non, mal avisé celui qui me cherchait des noises, je ne pouvais m'empêcher de répliquer. C'était un fait : l'absence d'âme n'avait jamais atténué la colère, seule émotion que je pouvais presque toucher du doigt tant elle restait palpable dans mon être.

Je me détournai de mon reflet pour rompre mes divagations, la fatigue n'aidait pas à garder mes pensées cohérentes, surtout quand un esprit s'invitait à la partie. L'analyse était l'un des maîtres mots qui me caractérisait, je le faisais pour tout, et tout le temps... pas étonnant que mon cerveau ait envie de dormir !

La pommade maintenant dispensée généreusement sur ma peau brûlée, je cessai cette foutue introspection, enfin prête à me fondre dans la nuit fraîche. Dans cette région, elles le restaient souvent et il arrivait que la ville soit baignée d'une brume du plus bel effet. J'enfilai à la hâte un pantalon cargo noir qui me laisserait assez de liberté de mouvement et restai en débardeur d'un rouge sombre. Je pris les clefs de l'appartement et sortis.

Je vivais dans une grande agglomération : HoleSpirit, la plus étendue que j'avais pu trouver localisée entre Galway et Castlebar, en Irlande du sud. Lorsque fuir avait été la seule chose possible pour mon avenir, cet endroit, offrant des paysages naturels d'une rare beauté et situé à proximité de l'océan, avait été un refuge apaisant. Être un point insignifiant dans cette ville immense voilà exactement ce à quoi j'aspirais.

Je ne faisais pas partie de celles qui aimaient se faire remarquer, bien au contraire, la prudence était mère de sûreté et sans doute de pleins d'autres choses. Ici, il y avait toujours de la vie, un peu moins dans le quartier tranquille où je vivais. Situé en périphérie du centre-ville, il possédait l'avantage de surplomber un espace naturel de plusieurs hectares. Ce dernier, composé de bosquets puis d'un prolongement dans une forêt, possédait une partie moins sauvage, sillonnée de chemins en graviers blanc. Parfois, ces sentiers menaient à des fontaines ainsi qu'à des statues en marbre datant probablement de l'époque classique.

Une vaste roseraie se situait à quelques minutes de l'entrée de ce domaine ouvert à toute heure. J'aimais observer les roses s'épanouir quand les beaux jours revenaient. Leurs couleurs chaleureuses et uniques, me soufflaient qu'il ne fallait jamais cesser de se battre, même quand le vent faisait ployer les tiges ou s'envoler les pétales et qu'il fallait se défendre, en brandissant ses épines lorsqu'une personne un peu trop curieuse ou mal intentionnée voulait cueillir notre fleur gorgée de vie. Ces roses représentaient une force d'esprit, mêlée à une beauté et à un parfum capiteux qui me rappelaient que la nature constituait une chose merveilleuse, et que si elle m'avait donné la vie, c'était sûrement pour une bonne raison...

Après avoir couru de nombreuses foulées salvatrices, l'air frais qui s'engouffra dans mes poumons calma enfin mon anxiété sous-jacente. Mes cheveux de la couleur des blés valsaient au rythme de ma course, je me sentis libre, aussi libre en tout cas qu'une personne en fuite pouvait l'être. Bientôt, je m'enfonçai dans les chemins sinueux vers cette forêt immense, tout en restant à la lisière de celle-ci, pour ne pas perdre de vue l'espace dégagé du domaine qui se trouvait sur ma droite.

J'empruntai un chemin parcouru déjà des centaines de fois, toujours lors de ces nuits où lutter contre le sommeil représentait une question de survie. Dormir signifiait, pour moi en tout cas, laisser la porte de mon corps ouverte à toutes sortes d'âmes en peine qui seraient ravies de me le prendre.

De le posséder.

Il m'était impossible de me laisser aller au sommeil, car dans cet état second, sans âme, et sans mobiliser activement le peu de magie à laquelle j'avais encore accès, ma conscience glissait dans une sorte d'entre-deux, les sorciers appelaient cet endroit le Sidhe, laissant mon enveloppe charnelle vide à la merci de tous...

A ce moment-là, les esprits qui faisaient partis de ma vie quotidienne semblaient plus que des ectoplasmes curieux, mécontents ou désespérés. Je me trouvais sur le même plan astral qu'eux, sans âme pour me relier à celui des êtres vivants. Je basculais alors dans cet entre-deux où les revenants devenaient solides et particulièrement menaçants. Et là, fragilisée au plus haut point, dans cet état de petite mort, n'importe quel esprit malfaisant pouvait se glisser dans mon corps pour y devenir le seul capitaine à bord. Me faisant perdre toute prise sur ce corps que, je devais quand même l'avouer, j'affectionnais bien !

Dénuée d'âme, j'étais la parfaite représentation de la coquille vide ! Et bizarrement l'autre monde regorgeait d'esprits malfaisants qui seraient fiers d'avoir une belle coquille pour faire je ne sais quoi avec...

Un élan de rage me fit intensifier le rythme lorsque la pensée suivante troubla ma conscience : un putain d'esprit m'avait effleuré le bras pour piquer ma place !

Parfois, il m'arrivait d'imaginer ma vie telle qu'elle aurait pu l'être, enchaînée et captive dans un clan qui ne me respectait guère, et qui encore pire, me craignait comme la peste. Pour vivre heureux, vivons cachés, je n'ai jamais pu démentir le sens de cet adage qui me collait à la peau...

J'avais un peu trop forcé sur le rythme, prise dans mes pensées, et je posai mes mains sur mes genoux afin de reprendre un souffle qui commençait à se faire saccadé.

J'aspirais à une vie plus simple, où l'on ne me jugerait pas pour ce que j'étais, mais où l'on m'accepterait malgré le danger que je représentais... Est-ce qu'une personne pourrait changer cela un jour ?

Cependant, l'espoir ne faisait plus partie des sentiments que je pouvais encore éprouver... alors je survivais, ombre grise dans un monde de lumière, destin incertain susceptible de basculer à chaque instant.

Mes pas me menèrent sur un banc où je pris place pour profiter de cette nuit où l'on pouvait admirer un ciel clouté d'étoiles cristallines. C'est alors que quelque chose m'alarma dans cette nature calme, et c'était bien ça le problème ! Malgré l'heure tardive, ce bois regorgeait habituellement de vie ou de quelques bruits d'oiseaux ou d'animaux nocturnes, mais ce soir, le silence régnait, presque absolu.

Je me concentrai sur l'espace qui m'entourait, et envoyai une faible dose de magie sonder les environs. Rien de particulier. Il fallait croire que la paranoïa allait être un nouveau trait de caractère d'ici peu. Je me détendis :

— Quelle nuit... interminable comme je les aime, soufflai-je, non sans une pointe d'ironie, tandis qu'une légère brise vint s'immiscer dans ma chevelure.

C'est à cet instant qu'une présence derrière moi se fit sentir :

— N'aie pas peur...

— Belle tactique d'approche à cinq heures du matin dans les bois ! répliquai-je en ricanant.

La voix possédait des intonations douces et chaudes, agréables, je ne pouvais le nier. L'homme s'approcha de moi un peu plus, je détestais être en position de faiblesse alors que je demeurais assisse sur ce banc.

— Ne te retourne pas tout de suite, j'ai besoin de te parler d'abord... Aurore...

Un gémissement s'échappa d'entre mes lèvres, personne ne m'avait plus appelée comme ça depuis six ans, pas depuis que j'avais changé de nom... et de tout ce qui m'avait caractérisée jusqu'alors.

— Il doit y avoir une erreur, je me prénomme Aileen !

— Nous savons très bien tous les deux que non, je t'assure, je n'ai pas de temps à perdre à percer tes défenses...

— J'ai l'impression qu'on se connait bien dites-moi... soufflai-je avec cynisme.

Tout en moi me hurlait de me retourner ou mieux de me lever et de courir le plus rapidement possible. Ce qui, avec mon état de fatigue, signifiait pas plus vite qu'un chaton qui vient d'appendre à tenir sur ses pattes. Je continuai :

— Je ne me retourne pas, si vous n'avancez plus !

— Faisons ainsi.

Je soupirai malgré moi, l'air était pesant désormais et l'absence de bruit me mortifiait. Il devait être un sorcier du clan Drustan, ceux qui pouvaient parler à la nature et faire obéir les animaux, et même les plantes...

L'homme ne fit plus aucun bruit, j'eus du mal à discerner s'il se trouvait encore là. Il semblait lui aussi redouter quelque chose, décidément la situation devenait intrigante. Conjugué au fait qu'il faisait nuit noire, cela ressemblait à un rendez-vous macabre.

— Je ne te veux pas de mal, malgré ce que tu sembles penser, j'ai simplement besoin d'aide.

— Qui n'a pas besoin d'aide ici ? grinçai-je entre mes dents.

— Il m'est arrivé une chose, et j'ai attendu tout ce temps pour pouvoir t'en parler, mais tu vis tes dons comme une malédiction et je n'ai jamais pu t'approcher...

Mon cerveau n'arrivait pas décrypter ce charabia, était-ce quelqu'un que je connaissais ? Et si c'était le cas, je me préparai déjà à fuir, car cela voulait dire que dans cette ville mon identité était compromise. Une telle chose ne devait pas arriver.

Mon instinct de survie venait de s'enclencher, et de m'intimer des ordres stupides et contradictoires comme « tue-le et échappe toi ! », « utilise ta magie même si cela va te faire souffrir le martyr ». Bref, que des solutions très sympathiques ! Le sorcier ne broncha pas, il attendait sagement mes réponses, sans me brusquer, un bon point pour lui.

— En même temps, si vous savez qui je suis, vous savez aussi qu'il n'y a pas beaucoup d'autres possibilités que de vivre ces dons comme une malédiction...

— Tout le monde ne pense pas de la même façon que les sorciers d'Astoria ! siffla l'homme avec hargne, ce qui fit jouer un sourire sur mes lèvres.

— Bonne nouvelle, vous ne faites pas partie de leur coven, et à quel clan appartenez-vous si je peux me permettre ?

— Il est inutile de perdre davantage de temps ! Il faut que tu me retrouves, je ne suis pas ce que tu imagines, mais tu es l'une des seule à pouvoir m'atteindre... Je sais que ça va être difficile à croire mais il faut que je te touche, pour te montrer mes souvenirs...

— Quoi ?!

C'est là où mon cerveau décida de fonctionner normalement et intelligemment. Je me retournai d'un bond, au moment où l'homme tendait la main vers moi. Voilà d'où venait cette impression étrange et voilà pourquoi le sorcier me demandait ma permission pour me toucher...

Il s'agissait d'un esprit, cela était flagrant ! Son enveloppe charnelle, constituée de volutes de fumées noires et fantomatiques, possédait ces arabesques qui m'avaient terrifiée plus petite, quand je pouvais encore ressentir de la terreur à l'état pur. Je me trouvais dans le Sidhe ! Pour la deuxième fois de la nuit, et cette fois encore, il s'agissait de la même empreinte de pouvoir que celle que j'avais ressentis deux heures à peine auparavant.

Ce dernier penchait la tête vers l'avant, trop accaparé par le fait de pouvoir me toucher. L'image de sa chevelure longue et d'un noir de jais qui retombait devant lui s'imprima dans mon esprit. Sa main s'avançait dangereusement vers mon épaule. Il fallait que je m'échappe d'ici le plus rapidement possible !

Mes cordes vocales réagirent avant ma magie, et je me mis à crier instinctivement...

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