Aurore Callahan T.1 [Sous co...

By NyxAmbroise

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Jeune sorcière clairvoyante recherche désespérément son âme, qu'importe les moyens mis en œuvre pour la retro... More

Prologue
Deuxième magie : Touche-moi si tu peux !
Troisième magie : Quand penser devient problématique.

Première magie : Nuits blanches et noirs esprits.

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By NyxAmbroise

« Ce n'est pas la chair qui est le réel, c'est l'âme. La chair est cendre, l'âme est flamme. »

Victor Hugo

Je me réveillai en sursaut lorsqu'un esprit m'effleura le bras...

Un cri mourut dans ma gorge. La chair de poule me gagna. Dénuée de mon sang-froid légendaire, je me serai sûrement mise à fuir le plus loin possible de l'endroit où je me trouvais.

Disparais ! Ne t'avise jamais de revenir ici ! tonnai-je d'une voix pourtant glacée.

L'onde de magie qui accompagna mes paroles sembla démultiplier ces dernières. Les échos de mon ordre rebondirent dans le lieu en saturant de pouvoir chaque recoin de la pièce. L'effet fut effet immédiat : l'ombre sinistre s'évapora en laissant dans son sillage des volutes enténébrées.

Tout autour de moi, étincelant dans la pénombre de la chambre, l'air s'était mis à scintiller. Depuis quelques longues secondes probablement, un enchantement de feu parcourait mon corps et léchait ma peau de porcelaine, non sans une certaine douleur. Après un claquement de doigts, le sort s'évanouit dans un léger crissement distinctif.

En général, on se réveillait dans son lit. En général, quand on faisait un cauchemar, il suffisait d'allumer la lumière, de se persuader que tout allait bien, on buvait un peu d'eau et on pouvait se recoucher paisiblement.

Que ne donnerais-je pas pour le simple plaisir de m'allonger dans des draps frais... Qu'il serait doux de pouvoir m'abandonner au sommeil en attendant que ce dernier vienne me border de rêves psychédéliques, reléguant au second plan mes tourments, avec la certitude que la nuit m'apporterait une sérénité et une certaine insouciance quant à la prochaine journée à affronter... Seulement, je ne dormais pas.

C'était une chose impossible pour moi, non pas à cause d'une maladie chronique ou de je ne sais quelle phobie farfelue que la science moderne venait de révéler, mais parce que si jamais, par la Déesse, cela devait m'arriver, si je m'abandonnais au sommeil rien que pour quelques heures, ou même quelques minutes... Les conséquences demeureraient désastreuses. Aucun retour en arrière ne serait plus possible après cela. Parfois, dans les mauvais jours, je me disais que pour que tout s'arrête, il me restait une action pour le moins très ordinaire à tout un chacun : m'allonger sur un lit et me laisser glisser dans les bras de Morphée.

Je l'ai échappée belle... songeai-je dans un soupir, en mettant de côté l'effroyable pensée qui venait de me traverser.

Sur le qui-vive, je tentai de déterminer l'heure qu'il était. Nous étions sans doute au cœur de la nuit, je le devinais rien qu'à la pesanteur moite qui m'accablait lors de ces moments-là. Même si les esprits ne se situaient plus dans la pièce, je ressentais leur présence dehors... Et durant la nuit, rien n'était plus désagréable que de percevoir leurs émanations funestes et délétères tournoyer dans les rues de la ville à la recherche d'une pauvre âme à tourmenter, la mienne la plupart du temps. Cette pensée, bien plus ironique qu'elle ne le semblait, m'arracha un sourire.

Je me relevai d'un bond, ne désirant pas flancher une nouvelle fois.

— Je ne me laisserai pas faire... répétai-je tel un mantra.

En face de moi, trois bougies disposées sur une commode à tiroir s'étaient éteintes. Même constat pour celles, derrière moi, posées au-dessus d'une étagère en acier noir où je rangeais soigneusement mes ouvrages traitant de magie. Les chandelles colorées, dont les flammes avaient été soufflées par l'apparition de l'esprit, ne dispensaient plus dans la pièce que cette odeur particulière de cire fumante ainsi que des arabesques de fumées blanches et bleuâtres.

— Il aurait au moins pu me laisser de la lumière, nous ne sommes pas tous des nyctalopes, ici ! maugréai-je à qui voulait bien l'entendre.

Heureusement, à ma gauche, sur le mur en face de la porte, une large fenêtre laissait filtrer les rayons lunaires qui baignaient l'espace de lueurs mystiques. J'adorais la lune, cette perle diaphane naviguant dans cet océan d'améthyste et qui, tel un phare dans la nuit, guidait les funambules sur la corde instable du sommeil. Je ne me sentais plus seule lorsque ses rayons glacés, apaisants, m'enveloppaient de cette aura bleutée. Brisant le charme de l'instant, la lumière crue des phares d'une voiture vint dévaler les murs blancs dans une course folle, puis disparut de la pièce, emportant avec elle le bruit d'un moteur rugissant dans le cœur de la nuit.

Tout en dégourdissant mes membres éprouvés, j'analysai le sol d'un œil aguerri. Au centre de la chambre, à la place du mobilier qui lui donnait habituellement son nom, se trouvaient des sceaux de mon cru. Je les avais dessinés à la main, sur le vieux parquet en bois naturel. Même si je venais de rompre le sort, les enchevêtrements de symboles continuaient à scintiller d'une lumière bleutée ou orangée selon les runes. Ils constituaient un enchantement élaboré me permettant de me ressourcer.

Grace à ces sceaux ou sigil, je me connectais aux différentes énergies élémentaires, permettant de me décharger de la fatigue. Je rentrais alors dans une méditation, parfois même une espèce de transe qui reposait mon esprit tandis que ma magie restait en alerte. Cette dernière me liait à ce plan grâce à ce sort. Mais quand la fatigue était trop dure à évacuer, que mes heures de travail dans le bar le plus en vue de la ville avaient été intenses, il arrivait, rarement heureusement, que je m'assoupisse réellement, et là c'était le drame...

C'est à ce moment-là qu'une autre partie du sortilège intervenait. Ce dernier m'envoyait des ondes de feu, la plupart du temps, puisque j'avais plus facilement accès à cette magie élémentaire et devait me réveiller en brûlant légèrement mon corps. Impressionnant, mais efficace contre n'importe quel type de sommeil. C'était une alarme anti danger à la pointe de la magie !

Vu l'état de mes bras, de mes mains arborant cette couleur rouge écrevisse du plus bel effet, le sort devait agir depuis une minute déjà. Je soupirai profondément face à ce constat. Malheureusement pour moi, même si je venais d'un clan qui prônait l'art de la guérison, cette magie m'était inaccessible désormais. Il faudrait que je me soigne comme tout le monde : avec des herbes et une crème maison contre les brûlures mineures que j'avais préparée, il y a quelques temps déjà.

Je sondai ma "chambre" et fus soulagée de constater qu'aucun esprit ne subsistait dans le coin. Je me mis alors à déambuler pour retrouver les ingrédients dont j'avais besoin pour me soigner. La plupart du temps, pour ne pas dire chaque seconde de ma sombre vie, ma magie attirait les âmes errantes. Mais ce sort servait aussi de répulsif quand j'étais éveillée. Autant vous dire que mon appartement représentait un sanctuaire pour moi. Sauf que, la preuve en était, l'un de ces esprits semblait plus tenace que les autres !

Mon appartement tenant plutôt du studio que de la villa, et disposant entre mes mains de tout ce dont j'avais besoin pour soigner ma chair à vif, le chemin menant à la salle de bain fut bref.

J'appliquai rapidement le baume agrémenté de feuilles d'hamamélis du japon et de fleurs de millepertuis séchées, non sans quelques grimaces, afin de mettre un terme à cette douleur lancinante. La vague de fraicheur ne mit que quelques secondes à se manifester. Il fallait désormais que j'attende sagement que la magie contenue dans la mixture fasse effet et résorbe les morsures du feu.

Prenant appui au-dessus du lavabo, je tentai de reprendre mes esprits et arrêtai mon regard sur le large miroir qui me faisait face. Mon visage demeurait intact, pas de brûlures, cette nuit n'était pas si terrible que ça ! Un faible sourire, factice cependant, se dessina sur mes lèvres minces. Je me forçai à hausser le coin de ma bouche pour analyser ma capacité à feindre la joie, ça allait. La fatigue rendait l'exercice un peu plus difficile, transformant les essais en moues contrites. De toute façon, je n'aimais pas sourire et je n'avais guère de raisons de le faire. Mais pourquoi, alors que j'étais à peine dans la fleur de l'âge, semblais-je déjà gagnée par une dépression mélancolique ?

Non, je n'avais pas perdu mon chat, mon portefeuille ou même mes clés d'appartement ces derniers jours... Ce genre de "problèmes" possédait toujours une solution, rien d'insurmontable au demeurant. Enfin, sauf quand le chat se retrouvait victime d'un malheureux accident. Il fallait admettre qu'à ce moment, le problème ne pouvait plus être résolu. Il se résolvait de lui-même.

Non, ma perte était bien plus... importante ! Ses conséquences, d'ailleurs, demeuraient aussi complexes qu'indicibles. Quoiqu'à la réflexion, je pouvais dire que j'avais bel et bien perdu des clefs... les clefs éthériques qui me permettaient d'accéder à ma magie, à mon Éther.

Cette clef sacrée, on naissait et l'on mourait avec. Elle nous appartenait que nous soyons bons ou mauvais. C'était l'essence de notre être, l'intangible éternel qui demeurait quand tout autour ne devenait que poussière... Parfois, il nous manquait un morceau de cette clef et nous la retrouvions dans un autre être pour n'en former plus qu'une seule.

A la vérité, on m'avait subtilisé cette clef, quand déchirer la soie qui la protégeait du monde ne semblait plus suffisant.

J'étais dénuée d'âme.

On me l'avait arrachée, purement et...simplement.

Et dans ce monde de magie où j'évoluais, une âme était fichtrement importante. Ce n'était pas qu'un concept lié à une quelconque religion ou philosophie. Au contraire, grâce à elle une personne pouvait puiser dans son Éther, l'essence même de sa magie. Pas d'âme, pas de magie ! Enfin, normalement. Il semblait que l'anormalité caractérisait ma vie de bien des manières.

Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme, n'est-ce pas ? J'espérais donc que ce n'était qu'une passade, même si cette dernière durait depuis huit ans désormais, et du haut de mes vingt-quatre ans, ce foutu temps commençait à se faire long.

Maintenant que je retrouvai mes esprits, mes pensées vagabondèrent sur l'âme errante qui m'avait effleurée. Il était rare que l'un de ces ectoplasmes ait le temps de s'approcher si près de moi. Mais la fatigue me paraissait de plus en plus dure à maintenir à distance ces derniers temps et je devais avouer que ce n'était pas la première fois que je captais sa signature ésotérique... Le même phénomène était survenu le mois précédent.

— Cela signifie-t-il qu'il s'agit de l'âme d'un sorcier puissant ? Ou est-ce que ma magie commencerait à décliner ? demandai-je à mon double qui ne pouvait certainement pas me répondre. Après tout, ce ne serait pas une surprise...

C'était d'ailleurs bien la seule chose sur laquelle tous les clans se mettaient d'accord, la magie s'évanouissait peu à peu de notre monde sans que personne ne comprenne bien pourquoi.

Cela représentait une aubaine pour certains clans, considérés depuis des générations comme mineurs. Ces derniers, bienheureux de constater que leur magie restait intacte, alors que celle d'autres clans, plutôt majeurs, déclinait comme neige au soleil. Seulement, ce déséquilibre pour la communauté des sorciers avait créé quelques effets secondaires... Tous les clans cherchaient à dominer et avoir de l'influence sur les autres, et la course devenait rude pour montrer, à qui mieux mieux, possédait le plus de sorciers prometteurs.

Heureusement pour moi, je me fichais royalement de cette guerre des clans qui s'initiait de manière insidieuse. Malheureusement pour eux, une seule chose m'importait encore : retrouver mon âme et une vie normale, aussi normale qu'une vie pouvait l'être pour une personne comme moi.

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