Sonate Pour Deux

By Yamik0_83

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Un pianiste bourré de talent et légèrement depressif ; un étudiant borné et terriblement affectueux. Deux per... More

Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 24
Chapitre 25

Chapitre 26

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By Yamik0_83

Le retour à la maison avait été reposant, Levi avait ouvert son cœur devant la tombe de Farlan, lui demandant mille fois pardon pour les visites qu'il n'avait pas faites.

La nuit s'annonçait paisible pour une fois, et malgré les températures basses et le vent qui n'en finissait plus de souffler, il dormit étrangement bien. Son esprit s'était allégé d'un poids qu'il trenait depuis beaucoup trop d'années.

Il n'avait pas rêvé, il s'était seulement reposé. Levi avait dormi comme un bébé. Et pour une fois, il était réellement en forme. Dimanche étant le seul jour de la semaine où il n'avait pas d'élève, et il en profita pour reprendre sa routine.

Tout d'abord il s'assit devant son instrument et frappa les gammes d'échauffement. Ses doigts engourdis par le sommeil se réveillèrent avec son esprit qui se concentrait sur les notes. Il trouva ensuite une ancienne partition à lui, restée sous le piano. Le souvenir de sa rédaction lui pinça le cœur, c'était l'un des très rares morceaux où chantonnait un air heureux ; les zéphyrs du mois d'avril, qui faisaient s'envoler les fleurs pâles des cerisiers, lui avaient inspiré cet air doux et chaud, agréable à l'oreille, comme l'étaient ces vents d'est. Ses pieds se positionnèrent sur les pédales et ses yeux parcoururent la partition. Après une relecture rapide, ses fins doigts commencèrent à glisser sur les touches blanches du clavier, en rythme avec un métronome imaginaire que le Pianiste faisait battre dans sa tête. Ses mains se souvinrent petit à petit de la musique tant de fois retravaillée et bientôt ses yeux se fermaient pour se concentrer uniquement sur la mélodie du morceau. Une fois la longue partition finie, il se leva et partit en direction de son placard à balais, afin de continuer tranquillement sa routine, passant la maison au peigne fin.

Le chat fit son apparition en début d'après-midi, alors que Levi finissait sa vaisselle du midi. Effronté de chat qui se ramène seulement pour vider la moitié de sa gamelle sur le sol lustré le matin même et en manger l'autre moitié. Levi poussa un soupir d'exaspération, pourquoi avait-il adopté cette créature du diable ? Personne n'était d'accord pour le l'adopter par hasard ? La petite, grosse, boule de poil vint se frotter doucement contre sa cheville, miaulant tendrement. L'homme sourit et secoua la tête. Pourquoi devait-il être si mignon et pourtant si pénible ?

La nuit tomba rapidement ce soir là, en effet l'hiver prenait calmement la place de l'automne, et les nuages de pluie recouvraient bientôt entièrement le ciel noir. Il était dix-huit heure et le souvenir de sa promesse faite à Farlan la veille le fit se jeter sur son téléphone. Levi fit défiler ses anciens appels, se souvenant que l'adolescent l'avait appelé deux semaines plus tôt. Retrouver son numéro serait du gâteau, il n'avait pas eu beaucoup de coup de fil depuis. Seulement, il se surprit à découvrir un nombre incalculable de numéro sans propriétaire, des numéros qu'il n'avait pas ajouté à son carnet d'adresse. La tache serait donc moins facile que prévue...

Il essaya donc tous les numéros qui l'avaient appelé mercredi. L'homme appuya sur le plus ancien, et tomba directement sur la messagerie d'une mère d'un de ses élèves. Il sauta le second, reconnaissant une pub et cliqua sur le troisième. La sonnerie se déclencha pendant plusieurs secondes, et enfin quelqu'un décrocha.

" Allô ? Ackerman-sensei ? Vous voulez quelque chose ? la voix d'Eren retentit dans le téléphone
- Eren ? Oui je... "

Le Pianiste ne savais plus quoi dire. Comment aborder le sujet ? Il n'allait pas tout simplement lui lâcher qu'il l'aimait, comme s'il lui jetait un mouchoir à la figure. Non, il devait réfléchir à un sujet de discussion...

" Comment tu- Non, non... tu as entendu parlé du concert de Noël ?
- Oui bien sûr ! J'ai écouté la diffusion en direct à la radio le week-end dernier. Je m'ennuyais et je suis tombé sur la station qui diffusait l'avant première du concert. C'était magnifique ! Je vous ai entendu jouer Ackerman-sensei, c'était vraiment... Vraiment touchant. "

Pendant plusieurs minutes Levi ne pu ouvrir la bouche, Eren débitait les mots à une vitesse hallucinante, racontant dans les moindre détails ses" aventures hospitalières" et les longues journées qu'il avait passées à tourner en rond et puis comment il était tombé sur le concert. Il lui dit qu'il avait été surpris de savoir Levi à Tokyo, mais heureux de l'entendre à nouveau jouer ces notes enivrantes.

" D'ailleurs Ackerman-sensei... Je me souviens que vous avez fait le final. Et pour le discours de fermeture vous avez dit que... Que vous aviez écrit le morceau pour quelqu'un, en pensant à une personne en particulier... Eren laissa une pause, réfléchissant consciencieusement ses mots. Cette personne a beaucoup de chance. Vraiment beaucoup. Je suis content que vous vous soyez trouver quelqu'un de si précieux. "

C'était le moment... Il en avait l'opportunité, Levi devait lui dire maintenant. L'angoisse et le stress prirent possession de lui, il transpirait. Nerveux mais prêt, il déglutit et se lança.

" En vérité Eren, ce morceau... Il est pour toi. Je l'ai écrit en pensant à toi... Je sais que ça doit te surprendre, que ce n'est pas moral, pas normal... Mais...
- Mais pourquoi ? le coupa d'une petite voix l'adolescent, le souffle court
- Parce que... " le Pianiste avala difficilement, Eren devait savoir. La boule de stress qui s'était formée dans sa gorge ne passait pas, l'empêchait de parler, de respirer, de déglutir.

Il ne se passa plus rien, Eren attendait patient et anxieux, et seuls résonnaient en fond les "bip" réguliers des machines de sa chambre ainsi que leur deux respirations rapides, Levi était affolé.

" Eren...
- Oui ? fit faiblement la voix du jeune garçon, sa respiration devenait haletante "

Quelques autres longues secondes s'écoulèrent, le temps s'étendant à l'infini. Levi prit une profonde inspiration et lâcha dans un souffle.

"  Excuse moi pour ce que je vais te dire, mais j'ai besoin que tu le saches. J'ai pensé à toi et ces notes me sont venues. Tout simplement parce que... Je t'aime Eren."

À cet instant tout s'arrêta, pour Eren comme pour Levi. Le temps s'était-il figé ? Le vent s'était-il arrêté de souffler ? La plus avait-elle cessé de tomber ? Mais les bruits des machines en fond qui s'agitèrent, augmentant leur rythme incessant, devenant plus bruyantes, leur prouvèrent le contraire. Un hoquet de surprise traversa les lèvres d'Eren tandis que Levi restait muet comme une tombe, se rongeant les sangs.

" - M.....-ci "

Une longue et assourdissante sirène perça à travers la pièce jusque dans l'oreille de Levi à l'autre bout du combiné. Ses oreilles sifflèrent, ses tympans vrillés par le bruit trop fort et trop aiguë du bruit perçant. Il finit par ne plus rien entendre, éloignant le téléphone pour protéger son ouïe sensible.

" Eren... Eren...?! sa voix et ses mains tremblaient. Plus il prononçait le prénom du garçon, plus les idées noires s'accumulaient dans le fond de sa tête. "

Il n'avait pas compris les paroles faibles d'Eren, était-ce un "merci" ou un "moi aussi" ? Et ce son strident qui lui avait transpercé les tympans, que signifiait-il ? Tout cela rajoutait de l'inquiétude au stress et à l'incompréhension qui l'assaillaient déjà. Un bruit de froissement se fit entendre puis soudain plus aucun bruit ne sortit du portable.

" EREN ?!! un cri désespéré perça à travers le combiné "

L'appel avait été coupé, le numéro d'Eren était encore inscrit sur l'écran qui, bientôt, se mettrait en veille. Le cœur battant la chamade à la limite de l'infarctus, les membres tremblant et la respiration plus que rapide, Levi se laissa tomber sur le sol. Quelque chose de mouillé, chaud mais pourtant tellement froid, glissa sur sa joue gauche. Il tâta de l'index cette eau invisible qui coulait sur son visage pale. Quand il vit la première larme sur le bout de son doigt, ses yeux s'embuèrent et un flot de gouttes salées tombèrent sur ses genoux, chaque larme plus lourde que la précédente.

L'homme aux cheveux corbeaux perdait-il une fois de plus tout ce qu'il aimait ? Toutes les couleurs de son univers, toutes les étoiles qui couvraient son ciel s'effaçaient peu à peu, comme drainées par ses larmes. Les pires images lui sautèrent aux yeux, les plus horribles des situations lui vinrent à l'esprit comme des cauchemars. Il attrapa ses cheveux et son visage à deux mains, se secouant désespérément. La folie prenait petit à petit possession de lui alors que le temps s'écoulait à une vitesse tellement lente et pourtant tellement rapide. Il resta là, prostré, pendant combien de temps ? Il ne savait plus.

Sa seule pensée allait vers le garçon aux yeux émeraudes qui lui avait volé son cœur.

* * *

Noir, tout était devenu noir. Les néons qui éclairaient sa chambre une seconde plus tôt avaient grillé, les lampadaires dans le parc ne diffusaient plus leur paisible lumière orangé et les nombreuses machines qui contrôlaient chaque seconde de sa vie s'étaient éteintes.

Une infirmière était entrée comme une furie, attrapant son téléphone et le jetant plus loin. Elle vérifiait son pouls et sa respiration, le compressant avec ses grosses mains. Un homme l'avait suivi et s'affairait sur le moniteur d'analyses. Un remue-ménage incroyable se déroulait dans les étages. Des cris, des appels de détresse et plusieurs sons semblables à celui qui venait de sa chambre faisait vibrer tout le bâtiment.

Un médecin passa la tête par la porte grande ouverte de sa chambre et appela le technicien.

" On a besoin d'aide dans l'aile 3, un patient n'a plus son respirateur, il faut lui réparer tout de suite. Les analyses attendront. "

* * *

Il se précipitait, grillait les feux rouges et les stops. Il priait pour qu'il n'y ait pas de bouchons. Après sa crise de panique, Levi s'était repris en main, il avait appelé Carla Jäger et avait foncé vers l'hôpital. Son cœur lui faisait si mal.

Une coupure générale de courant avait touché la ville, et l'homme ne savait que trop bien qu'un hôpital sans électricité était voué à perdre la plupart de leur patient. Certes il y avait un générateur de secours mais combien de temps fallait-il pour l'allumer, pour rétablir le courant dans tous les étages ?

Il n'avait plus le sens de la vitesse ni du danger. L'estomac dans les talons, Levi n'avait plus le temps d'attendre. Il arrivait bientôt à l'hopital, le parc était plongé dans l'obscurité, seule la lune et les étoiles permettaient de voir devant soi. Les grands bâtiments qui constituaient l'hôpital étaient faiblement éclairés, des points éparses de lumières à travers les étages montraient que le courant n'était pas encore rétabli. Une ambulance arriva, sirène hurlante, et une dizaine d'aides soignants et infirmières accoururent récupérer le nouvel arrivant. Levi profita de cette agitation pour entrer dans l'hôpital par la porte de service. Il traversa les couloirs, ne sachant pas où il marchait, ne voyant presque rien malgré la lumière verte des issues de secours. Le Pianiste se perdait dans les couloirs, il ne savait pas où donner de la tête. Devait-il monter, descendre, avancer ou revenir en arrière ?

Ici, tout le monde était occupé, affairé avec ses patients, courant dans tous les sens. Des appels, des noms, des ordres étaient proférés dans tous le bâtiment. Levi ferma les yeux pour se calmer, son cœur battant beaucoup trop fort, et décida d'avancer avec le flot d'aide soignants. La lumière jaillit d'un seul coup des appliques en néon, aveuglant tout le personnel. L'hôpital avait gelé sur place le temps d'une seconde.

Levi cligna des yeux un instant et regarda autour de lui, désormais les panneaux indiquant les différentes ailes étaient lisibles. Il suivit bêtement les informations le menant vers l'accueil et une fois parvenu dans le grand hall, Levi pu retrouver son chemin. C'est alors qu'il recommença à courir, le trajet vers la chambre d'Eren toujours parfaitement en tête.

Il se fit insulter à plusieurs reprises après avoir bousculé des infirmières chargées de matériel médical, mais réussit à se frayer un chemin à travers la masse compacte du personnel soignant et de machines en tout genre, qui semblaient abandonnées là pour une quelconque raison.

Enfin, le numéro de chambre d'Eren apparut dans son champ de vision, ce qui lui fit accélérer sa course. Il ouvrit la porte à la volée, celle-ci claquant bruyamment contre le mur. Et il le vit.

Eren était là, alité, ses yeux cernés, tournés vers lui dans une expression ahurie. Levi approcha doucement, laissant tout de même une distance raisonnable entre leur corps. L'infirmière qui s'occupait de rallumer les différentes machines autour d'eux lui jeta un regard ennuyé. Mais elle n'avait pas d'importance. Elle n'existait déjà plus.

Des bruits de pas précipités se faisaient entendre dans le couloir derrière eux, une voix féminine appela désespérément " Eren ! ". Carla arrivait, plus anxieuse que jamais.

Eren sourit doucement, ses yeux se fermant en accompagnant le mouvement de ses lèvres. Il se redressa un peu dans son lit pour se pencher vers Levi. Et, attrapant la main du Painiste, qui s'était instinctivement rapproché, il répondit.

" Moi aussi. "

Fin

________________________________

Bonjour/Bonsoir à toutes et à tous ! Cette histoire est désormais terminée et j'ai été très heureuse de l'écrire (et de la réécrire) ! Vous avez été ma plus grande force pour écrire cet ouvrage, grâce vos lectures, vos votes ainsi que vos magnifiques commentaires qui me réchauffaient le coeur et m'aidaient à me corriger, à orienter l'histoire dans certaines voies. J'espère vous avoir surpris avec cette fin. Merci infiniment pour tout ! Je vous embrasse fort ! ♥\(^ω^\)

Je reçois et lis toujours vos commentaires même si je n'y répond pas. Merci beaucoup pour tous vos ressentis et compliments !

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