Over The Bars (Sous Contrat D...

By LindseyTu

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Sur son vélo, Nell parcourt les avenues de New-York comme elle mène sa vie : à toute vitesse. Libre et fronde... More

Chapitre 1 - Nell
Chapitre 2 - Nell
Chapitre 3 - Nell (1ère partie)
Chapitre 3 - Nell (2nde partie)
Chapitre 4 - Mac
Chapitre 5 - Nell (1ère partie)
Chapitre 5 - Nell (2nde partie)
Chapitre 6 - Nell (1ère partie)
Chapitre 6 - Nell (2nde partie)
Chapitre 7 - Nell
Chapitre 8 - Nell (1ere partie)
Chapitre 8 - Nell (2ème partie)
Chapitre 9 - Nell (1ère partie)
Chapitre 9 - Nell (2nde partie)
Chapitre 10 - Mac (1ère partie)
Chapitre 10 - Nell (2nde partie)
Chapitre 11 - Nell (1ère partie)
Chapitre 11 - Nell (2ème partie)
Chapitre 12 - Nell (1ère partie)
Chapitre 12 - Nell (2ème partie)
Chapitre 13 - Nell (1ère partie)
Chapitre 13 - Nell (2ème partie)
Chapitre 14 - Mac (1ère partie)
Chapitre 14 - Mac (2ème partie)
Chapitre 15 - Nell (1ère partie)
Ceci n'est pas un chapitre...
Chapitre 15 - Nell (2ème partie)
***News***
*Instant pub*
Plus d'excuse !
Good News !

Chapitre 16 - Nell

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By LindseyTu

Nell, 16 ans, Hartfalls

Je n'ai pas besoin de réfléchir très longtemps. Il suffit de dérouler ma vie dans l'ordre chronologique et d'en piocher des épisodes marquants, ici et là. D'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours eu conscience que ma famille était hors norme. Difficile de ne pas le réaliser quand vous commencez à côtoyer les autres et que vous découvrez que votre mère est totalement à côté de la plaque.

Quant à mon père...

- Très bien, débuté-je d'un ton faussement léger. Alors... Je devais m'appeler Nelcie Ann Carolyn, en honneur de mon arrière-grand-mère maternelle. Mais mon père était si peu concerné par ma naissance qu'à l'état-civil, il n'a pas été capable de se souvenir d'autre chose que de la première syllabe...Nell... D'ailleurs il s'est barré aussitôt, sans même me laisser son nom... Je porte celui de ma mère.

Mac encaisse le coup. Je suis forte à ce jeu-là. Imbattable même. Je sens déjà le vent de la victoire caresser mon visage. Cela ne me réjouit pas plus que ça.

Perdue dans mon amer triomphe, je me laisse surprendre par la voix rauque de Mac.

- Il parait, commence-t-il, que quand j'ai commencé à parler, mes premiers mots ont été en espagnol. Forcément, vu que j'étais plus souvent avec Rosa, la nourrice mexicaine, qu'avec mes propres parents. Ma mère l'a virée aussitôt.

Ok... Lui aussi a l'air d'avoir des réserves inépuisables d'anecdotes familiales douteuses. La bataille s'annonce plus rude que je ne le croyais et ce constat crée une sensation bizarre au creux de mon estomac. C'est ça mon seul point en commun avec Macsen James ? Une famille tordue ?

- Pas mal... Mais ça peut servir d'être bilingue... Je mène toujours au score...

Mac lâche un petit rire, mais ne proteste pas.

- Quand j'avais 4 ou 5 ans, Luke et moi avons été invités à l'anniversaire d'un copain de Luke. Je me souviens, il y avait des ballons partout, je trouvais ça trop génial.

Mes lèvres s'étirent en un sourire mélancolique. C'était génial. Enfin jusqu'à ce que ça vire au mauvais téléfilm sur une mère indigne.

- Forcément, dans l'après-midi, les parents sont venus récupérer leurs enfants... Jusqu'à ce qu'il ne reste plus que Luke et moi. Ma mère s'est pointée vers 23h00, alors que les parents du copain de Luke étaient au bord de la crise de nerfs. Je crois qu'elle n'a même pas compris pourquoi tout le monde lui est tombé dessus quand elle est arrivée. Luke et moi n'avons jamais été réinvités à aucune fête après ça.

Comment Mac digère-t-il cette anecdote ? Aucune idée, car il embraye aussitôt.

- Quand j'étais gamin, j'avais une trouille bleue de l'eau. Mon père m'a jeté dans la piscine sous prétexte qu'il n'y avait que ce moyen pour vaincre ma peur....

Je fais la moue. Mouais. La moitié des enfants de ce pays qui ont pris des cours de natation ont vécu ça. Un plongeon dans l'eau, une perche pour vous éloigner du bord et un maître-nageur qui vous braille dessus, voilà une méthode efficace pour apprendre à surnager.

- Il était tellement persuadé que je jouais la comédie qu'il m'a littéralement laissé couler, enchaîne Mac d'une voix inexpressive. Je me suis noyé. Ce sont les secouristes qui m'ont réanimé.

Purée. Je bats des cils, gagnée par un malaise diffus. Macsen James vient de me raconter la fois où il est mort. Pas banal pour un premier rendez-vous. Sans trop réfléchir, j'enchaîne :

- Je devais avoir environ 10 ans, ma mère a ramené son petit copain à la maison, un type pas clair qui passait son temps à s'enfiler des bières, à lui tourner autour et à nous filer des coups de pieds quand on traînait trop dans ses jambes. Avec Luke, dans nos têtes de gosses, on a mis au point tout un plan pour le faire partir. On a versé une boite de laxatifs dans son café arrosé de whisky et il a fini à l'hôpital. En fait, on a failli le tuer...

- Bordel !

- Il s'en est sorti, hein..., m'empressé-je de préciser. Mais quand les médecins ont vu les résultats d'analyse, ils ont appelé la police... Heureusement, le type était tellement bourré que la police a finalement conclu à un accident. Mais ma mère a compris que c'était nous. Et du coup, elle n'a plus jamais ramené personne à la maison. À la place, elle a commencé à disparaitre des semaines entières...

Bon. Là, je viens de lui avouer que j'ai failli être élue plus jeune meurtrière de l'Etat. Ça va être difficile à battre, quand même.

J'attends avec une appréhension fébrile la réplique de Mac. Mes doigts tripotent encore et encore l'anneau de mon nez, jusqu'à la brûlure, et je chope entre mes dents celui de ma lèvre.

Si seulement on pouvait me déclarer vainqueur et mettre fin à ce défi stupide. Mais ça n'arrivera pas, bien sûr. Question de fierté. Lui et moi sommes bien dotés de ce côté-là.

Mac semble hésiter, prend une grande inspiration comme s'il allait sauter du grand plongeoir. Puis il le relâche bruyamment avant de jeter les mots qui se précipitent sur ses lèvres, au point que j'ai du mal à le suivre.

- Quand j'ai eu 13 ans, mon père s'est lancé dans la campagne pour la réélection du Gouverneur LeBlanc..., commence-t-il d'une voix heurtée.

Le Gouverneur LeBlanc. Républicain pur jus. Le genre de type qui veut que tout ce qui ne rentre pas dans le moule finisse au bagne, avec uniforme orange et boulet au pied. Un soir d'insomnie j'ai vu à la télé l'histoire d'un pauvre gars qui a pris perpet' pour avoir volé une part de pizza, à cause de l'application des three strikes laws.*

Tout à fait le mec à être meilleur pote avec Farrell James.

- Il a arpenté tout l'état, fait des discours, récolté des fonds, continue Mac. Bien sûr, il nous a traînés ma mère et moi, dans toutes ces manifestations. On était toujours là, en fond. Tu sais, la parfaite famille américaine.

Oh oui, je vois très bien. Je les imagine : Farrell James, cravaté derrière son micro, Madame et Macsen en arrière-plan, muets et beaux comme des plantes vertes.

- Sauf qu'un soir où il devait prononcer un discours devant des centaines de partisans de LeBlanc, je m'ennuyais tellement que j'ai trouvé refuge dans une des chambres de l'hôtel loué pour l'occasion. J'avais emporté un livre. Robinson Crusoé. Et là... je me suis retrouvé avec Robinson et Vendredi sur l'île déserte, page après page, chapitre après chapitre. Tu vois ce que je veux dire ? Et je n'ai pas vu le temps passer...

Inconsciemment je me crispe, redoutant les prochains mots. Je ne sens pas la suite, vu ce que je sais du caractère de papa James et de l'importance qu'il accorde aux apparences.

- Mon père a fini par me retrouver, après son discours. Je ne m'étais même pas aperçu que plusieurs heures avaient passé. Mais quand il est rentré dans la chambre... J'ai quitté fissa mon île déserte pour atterrir en plein dans la réalité... J'avais jamais vu mon père comme ça, tellement en colère. Une rage si froide que...Que...Il m'a pris par l'épaule, tu sais, juste là...

Je sursaute en sentant les doigts de Mac courir rapidement à la jonction de mon épaule, avant de disparaître aussi tout aussi vite. Ma peau se met à picoter là où il vient de me toucher.

- Et il a serré ... Si ma mère ne s'était pas interposée, je crois que... C'est la seule fois où il a été violent, mais crois-moi, je ne l'oublierai jamais. Parce qu'au-delà de la douleur, il y a eu le reste....

Pire qu'un père qui vous broie l'épaule parce qu'à 13 ans, vous préférez l'imagination à la politique ? Mon sang se glace dans mes veines.

- Il y a eu le reste, répète doucement Mac. Le lendemain, mon père s'est appliqué, avec la même hargne qu'il met dans tout ce qu'il fait, à faire disparaître tous les livres de la baraque. Tous. Et plus aucun livre n'a jamais franchi les portes de la maison James.

Sa voix se casse et ses mots s'éteignent dans sa gorge alors que la mienne se serre jusqu'à me faire mal. Une tristesse incoercible étreint ma poitrine. Je ne peux m'empêcher de me tourner vers Mac, scrutant l'obscurité qui fond ses traits en un masque sombre indéchiffrable.

Au diable ma fierté. Je suis capable de la laisser de côté, pour lui.

- Mac... Je... Arrêtons ce jeu débile... Je... Je ne voulais pas faire remonter de mauvais souvenirs à la surface...

Le silence répond à mes excuses. Un silence écrasant qui nourrit la bataille qui fait rage dans mon cœur.

J'ai envie de me lever et de fuir très loin de tout ce que j'ai déclenché avec mon défi à la con. De faire comme si je n'avais rien vu, ni entendu. Comme si je ne voyais pas les traces brillantes sur les joues de Mac, comme si je n'entendais pas les larmes dans sa voix.

Je ne peux pas supporter plus de chagrin. Je ne peux pas porter le mien, celui de Luke et celui de Mac. C'est trop lourd. Je vais finir étouffée par tout ce poids qui oppresse ma cage thoracique.

Pourtant, j'ai aussi envie de caresser le dos de Mac en un geste apaisant comme il l'a fait pour moi tout à l'heure. J'ai envie de rester là des heures, blottie contre lui, à absorber sa peine, à croire à cette impression trompeuse que lorsqu'il partage son propre fardeau avec moi, il prend aussi un peu du mien.

Je me tourne vers lui à l'instant où je l'entends murmurer mon nom.

- Nell...

Doucement, tout doucement. Comme une supplique, une prière.

Il se penche vers moi, sa chaleur m'enveloppe. Je ne recule pas. Et avant que je n'aie le temps de réagir, ses lèvres se posent sur les miennes.

Je ne le repousse pas. Je ne le gifle pas. Je ne joue pas les outragées.

Oh, non...

Car à l'instant où nos peaux se touchent, mon cerveau disjoncte. Une étincelle m'embrase et mes barrières s'effondrent en moins d'une seconde, consumées par les flammes allumées par Macsen James. Les sensations inédites s'engouffrent dans les brèches, affluent, saturent mes neurones d'émotions inconnues et troublantes.

La maladresse, l'empressement, la tendresse, tout cela déferle et me submerge.

Les lèvres de Mac sont incroyablement douces et chaudes, mais elles se pressent sur les miennes avec une urgence exigeante qui m'effraie un peu. Mes yeux se ferment, pour absorber les frissons intenses qui naissent au creux de mon ventre et s'épanouissent dans tout mon corps.

Je ne sais pas quoi faire, je ne sais pas comment m'y prendre. Instinctivement, j'entrouvre les lèvres lorsque les mains de Mac encadrent mon visage.

Aussitôt, sa langue vient taquiner la mienne, et le désir explose, brûlant, intolérable.

Mes doigts enserrent les poignets de Mac, autant pour le repousser que pour le retenir, nos langues dansent un ballet langoureux. Je me laisse guider, totalement novice en ce domaine. De toute façon, je ne contrôle rien. Mais rien du tout. En fait, j'ai l'impression d'être piégée au cœur d'une tempête qui me bouscule.

Le souffle de Mac se mêle au mien et j'encaisse un grand coup dans l'estomac.

Je ne savais pas qu'on pouvait ressentir un truc pareil, cette sensation qui court dans mes veines et embrase mon ventre. C'est trop et pourtant j'en veux plus. Cela me panique et m'attire, ce désir brut, irrépressible, qui naît du contact de la peau de Mac contre la mienne.

Mais alors que je commence tout juste à réaliser ce qui m'arrive, soudain, tout prend fin. Brusquement, de la même façon que cela avait commencé. Comme il l'a créé, Mac met fin à ce baiser. Il me rejette aussi brutalement qu'il m'a embrassée.

- Je te ramène chez toi. Je vais prendre nos affaires, attends-moi là.

Mac est déjà debout, comme si rien ne s'était passé. Comme s'il préférait croire que ce baiser n'avait pas existé. Sa voix a retrouvé sa tonalité habituelle, elle ne tremble pas. Alors que chez moi, tout frissonne et s'agite.

Le bruissement d'air de la porte de la cabane qui se referme me gifle le visage.

Doucement, je porte une main à mes lèvres gonflées.

Je pourrais croire moi aussi que j'ai rêvé, que j'ai fantasmé, mais je sais que tout cela était bien réel. Je viens de vivre mon premier baiser. Avec Macsen James. Et il gardera à jamais ce goût de chocolat, de cacahuètes... et de larmes.

****

*three strikes laws : la loi des trois coups. Disposition légale en vigueur aux Etats-Unis selon laquelle un prévenu condamné pour la troisième fois pour un crime ou un délit, même mineur, encourt une condamnation à la prison à perpétuité.

***

Je ne pouvais pas vous laisser sans vous avoir fait vivre, avec Nell, ce premier baiser...

Merci infiniment pour tous vos com, vos petites étoiles et votre soutien.

On se retrouve bientôt, avec Nell et Mac !

Bonne lecture,

Lind

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