Le prince charmant existe!(Il...

By AnnaTriss

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Moi, c'est Robyn, jeune mère célibataire au langage fleuri, maladroite et tatouée. Politiquement incorrecte e... More

Prologue
Chapitre 1 : "Une bordée de jurons digne d'une matrone italienne."
Chapitre 2 : "Superficielle comme un pet de poule."
Chapitre 3 :"Je suis pas du matin, fichez-moi la paix jusqu'à ce soir."
Chapitre 4 :"C'est où la Toscanie ?"
Chapitre 6 : "T'écorcher pour garder ta peau tatouée en trophée."
Chapitre 7 :"Sa flexibilité m'a scié."
Chapitre 8 :"Plonge ta grosse courgette dure dans mon petit kiwi juteux."
Edition
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Deuxième tome
Foire aux questions
Publication tome 2 sur Wattpad + petit extrait ( no spoiler )
Edition à venir !
Dates sortie numérique
New cover
Ouverture précommandes + date de sortie du broché
Jour de sortie et trailer officiel de LPCE
PROMO FLASH 1.49 euros
Promo flash 1.49 euros pour LPCE
*** Sortie poche de Le prince charmant existe !***
Cover reveal LPCE et AFM chez Hugo New Romance

Chapitre 5 :"Tu as envie de me tuer, n'est-ce pas ? Prends un ticket, ducon."

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By AnnaTriss



Valentin


Je n'arrive pas à dormir.

Mon mauvais pressentiment au sujet de Robyn ne s'est pas estompé au cours de la journée. Au contraire, il s'est intensifié jusqu'à atteindre son point culminant cette nuit. Je suis plus que jamais sur les nerfs. J'ai beau essayer de me raisonner, mon instinct m'alerte d'un danger. Je sens le sang qui pulse dans mes veines et les muscles de mon dos sont contractés à l'extrême.

J'ai songé à prendre deux somnifères pour m'assommer. Je les avais disposés au creux de ma paume droite. Ma main gauche était serrée autour d'un verre d'eau. Alors que je regardais fixement les comprimés, des souvenirs douloureux ont refait surface.

Une boîte de médicaments vide, renversée sur un tapis à côté d'une main féminine inerte. D'immenses yeux topaze encadrés de cils noirs voilés par la mort qui me hantent depuis des années.

Dans une pulsion rageuse et irrépressible, j'ai balancé mon verre contre le mur le plus proche de toutes mes forces. Il s'est fracassé en mille morceaux à l'impact et des éclats translucides se sont éparpillés sur le parquet.

Après avoir recouvré mon calme, j'éponge l'eau par terre et j'essuie le mur avant de ramasser les fragments de verre coupants avec une pelle et une balayette. Je les jette à la poubelle, égaré dans mes sombres réflexions.

Nerveux, je vérifie l'heure sur l'écran de mon portable.

Trois heures et demi du matin.

L'heure à laquelle je me suis réveillé en sursaut hier après mon cauchemar.

J'ouvre à moitié le volet de la fenêtre de ma cuisine, conscient que mon geste est grotesque. Robyn et sa fille doivent dormir à poings fermés derrière leurs volets fermés et...

Le volet de leur salon est ouvert.

La lumière est allumée.

Mon pressentiment s'avère fondé : Robyn n'est pas seule.

Elle brandit farouchement un couteau de cuisine en direction d'un homme.

Nom de... Cette nana est-elle folle dingue, téméraire ou inconsciente ?

Raide comme un piquet, je jure entre mes dents en m'accrochant au rebord de ma fenêtre.

Cazzo ! Parfois, j'aimerais vraiment me tromper.

Val, ne déconne pas, tu la connais à peine cette fille ! Ce ne sont pas tes putains d'affaires, désapprouverait mon cousin.

Si je prenais le risque de griller ma couverture en réglant son compte à ce type...

Tu ne vas rien faire du tout ! hurle la voix hargneuse de Giacomo dans ma caboche. Chacun sa merde. Reste en-dehors de ça !

Des grands yeux bleus de femme dansent devant ma vue, accusateurs.

Je ferme les miens pour balayer la culpabilité de mon esprit.

La culpabilité est inconciliable avec mon métier.

Je ne suis pas un putain de héros.

Je suis un putain d'assassin.

Mon index s'approche du bouton qui commande la fermeture de mon volet électrique.

***

Robyn

– Ne t'approche pas, Lucas ! je braille d'une voix blanche.

Mon ex-mari ne semble pas impressionné le moins du monde par mon couteau.

Il vacille légèrement sur ses jambes et empeste l'alcool comme la dernière fois où il a porté la main sur moi, un an après la naissance d'Anya. 

A la suite de son procès, il a été condamné à cinq ans de prison ferme et deux autres avec sursis pour violences conjugales aggravées et répétées. Il était censé sortir dans quatre mois, sauf qu'apparemment cet enfant de salaud a été relâché plus tôt que prévu ! Mais pourquoi personne ne m'a prévenue ? Mon avocate aurait dû m'en informer !

Avec un rictus aviné presque joyeux, Lucas me détaille sous tous les angles en émettant un sifflement lubrique. Je constate que lors de son incarcération, il a perdu quelques kilos. Son teint est plus pâle et ses cheveux bruns sont bien plus courts, mais à part ça, il est toujours le même.

– Rob, tu as vachement maigri ! Rousse et tatouée, ça te va bien. Putain, tu es devenue super bonne, ma chérie ! Tu es encore plus belle que sur les photos qu'on m'a montré.

Je me hérisse. Des photos ?

Il m'a espionnée ?

Bien sûr qu'il t'a espionnée, me souffle une de mes voix intérieures. Il a dû faire des pieds et des mains auprès de son foutu réseau de camés pour obtenir ta nouvelle adresse.

– Je ne suis pas ta chérie, espèce de connard ! Fiche le camp de chez moi, tu n'as pas le droit de t'approcher de nous !

Un rire jaillit de la gorge de Lucas.

– Eh bien, que d'agressivité, ma puce ! Ton injonction d'éloignement n'était valable qu'avant mon procès. J'ai été libéré plus tôt pour bonne conduite, Rob. Tu n'es pas heureuse de me revoir ? Moi, je le suis. Vous m'avez tellement manqué, toutes les deux !

Je suis à la fois épouvantée et désemparée par cette nouvelle. La procédure pénale édictée par le juge aux affaires familiales est obsolète ! Pour notre sécurité, Lucas avait reçu une interdiction formelle de s'approcher de nous et de me contacter. Sauf qu'aujourd'hui, cinq ans après, il a purgé sa peine. Pour obtenir une nouvelle ordonnance de protection contre lui, il faudrait que je porte encore plainte contre lui. La surveillance et l'effraction sont des motifs légitimes, non ?

– Tu n'as pas de bracelet électronique ? je chuchote. D'assignation à résidence ?

Il secoue la tête, l'expression subitement endurcie.

Mon estomac se révulse et un goût de bile s'attarde sur ma langue.

– J'ai des comptes à rendre à mon agent de probation, Rob. C'est bien suffisant. J'ai payé mes erreurs. J'ai changé en prison. Accorde-moi une seconde chance, ma chérie. Pardonne-moi.

Son regard s'est adouci, sa voix est devenue sucrée. Il passe d'une humeur à l'autre en un éclair. Je le reconnais bien là. Un pervers narcissique et bipolaire dans toute sa noire splendeur.

L'ancienne Robyn se serait laissée avoir par sa prétendue contrition et aurait accepté son offre.

Une paire de gifles sur les joues ? Il s'excusait en me couvrant le visage de baisers.

Un coup de poing dans l'abdomen ? Il me ramenait un bouquet de roses le lendemain.

Un viol conjugal en pleine nuit ? Il m'offrait un bijou en or avec son argent sale.

Pendant des années, j'ai enduré tout ça en silence.

J'ai camouflé les traces de coups avec du fond de teint, j'ai souri quand mes parents inquiets me demandaient comment j'allais, j'ai cru tous les mensonges qui sortaient de la bouche de l'homme que j'aimais depuis mes quinze ans. Je me suis enfermée dans mon rôle de victime sans me plaindre à quiconque, persuadée que j'avais mérité mon sort et que je ne valais rien. J'ai subi au quotidien les brutalités, les menaces, les humiliations et les injures de Lucas jusqu'au point de non-retour.

Jusqu'à ce qu'il s'en prenne à ma petite fille âgée d'un an.

Plus jamais.

Ce fut le déclic qui m'a amenée à quitter cet enfoiré, à le traîner en justice et à divorcer. J'ai eu gain de cause grâce à la ténacité de mon avocate, assortie aux certificats médicaux, aux photos de mes blessures et au témoignage de Nina présentés durant le procès de Lucas. Le verdict du juge, cinq ans de prison ferme, m'a semblé injuste et léger sur le coup étant donné tout ce qu'il m'avait infligée avant et pendant notre mariage... 

Si je n'avais eu l'amour d'Anya, de mes parents et de Nina, ma vie aurait été brisée et je n'aurais jamais pu me reconstruire.

– Tu n'as pas changé, Lucas ! Je le vois dans ton regard. Et même si c'était le cas, même si tu t'en voulais à mort pour ce que tu nous as fait, je ne retournerai jamais avec toi, c'est clair ? Va-t-en maintenant, sinon je hurle.

Mon obstination déplaît à mon ex-mari qui fronce les sourcils. Il esquisse un pas en avant. Je recule en levant mon arme improvisée. Mon portable est hors de portée...

– Allons, Rob, ne sois pas stupide ! m'avertit-il d'un ton sec. Repose ce couteau, je ne te ferai aucun mal. Tu as besoin de temps pour réfléchir et revenir à la raison ? OK, prends-le, digère mon retour. Mais laisse-moi voir ma fille. Ne m'enlève pas ça. Je suis son père, putain !

– Tu as perdu le droit d'être son père le jour où tu as levé la main sur elle, je dis, glaciale. Elle n'est plus ta fille.

Il exhale un soupir irrité.

– Ce n'était qu'une petite claque de rien du tout, Rob. Tu en fais toujours des tonnes, comme ta pétasse de mère !

"Une petite claque de rien du tout" qui lui a fendu la lèvre jusqu'au sang.

"Une petite claque de rien du tout" après l'avoir secouée dans tous les sens et balancée par terre parce que ses pleurs de bébé agaçaient Lucas.

Son crâne fragile aurait pu se fracturer sur le sol dans sa chute.

Les secousses auraient pu engendrer des séquelles cérébrales graves et irréversibles.

Anya et moi sommes des rescapées.

– Dégage, je peste haineusement. Dégage de notre vie !

– Maman ? C'est qui ?

Cette petite voix ensommeillée qui s'élève dans mon dos me paralyse. Le regard colérique de Lucas se rive par-dessus mon épaule et se ternit.

– Anya..., souffle-t-il avec émotion.

– Qui êtes-vous ? Pourquoi vous criez après ma maman ?

Lucas se décompose en réalisant qu'elle ne se souvient pas de lui.

Mais qu'est-ce qu'il croyait, au juste ? Que j'aurais gardé des photos de lui pour les montrer à Anya ? Que j'aurais enjolivé la vérité sordide auprès d'elle ? Elle connait seulement son nom, pas son visage. Je lui ai expliqué avec des mots simples que son père nous avait fait du mal à toutes les deux et qu'il était en prison pour ça. L'année dernière, ma fille m'a timidement demandé si elle pouvait lui envoyer une lettre et un dessin au centre pénitencier. Je me suis mise à sangloter. Elle m'a pressée dans ses petits bras en me disant "ca va aller, maman. Ca va aller."

Je comprends sa requête, pourtant... Elle voit les gentils papas de ses copines à l'école et ne saisit pas trop pourquoi je la défends de communiquer avec le sien.

Elle ne sait pas qu'il l'a frappée, qu'il m'a tabassée et violée pendant des années.

Elle ne sait pas qu'il se droguait et se soulait tous les jours.

Elle ne sait pas qu'il vendait de la cocaïne à des prostituées et braquait des vieilles dames aux distributeurs de banque en leur collant un flingue sur la nuque.

– Anya, c'est moi, papa, dit Lucas d'une voix fêlée.

Comme dans un cauchemar, je me retourne vers ma fille. Elle secoue la tête en dévisageant mon ex-mari avec animosité. Quant à moi, je suis tendue comme un ressort.

– C'est faux ! Mon papa est en prison !

– Je suis sorti en avance, Anya, je ne...

– Ta gueule, Lucas, tu ne lui parles pas ! Anya, retourne dans ta chambre. Tout de suite !

– Mais maman...

– TOUT DE SUITE !

Elle tressaille et me regarde avec des yeux embués de larmes.

Ma résistance faiblit. Je suis à deux doigts de fondre en larmes, moi aussi. Je crève de trouille.

– Tu es si jolie, Anya, dit Lucas avec une douceur qui m'horripile. Tu es le portrait craché de ta mère. Tu m'as manqué, tu sais ? Je pensais à toi tout le temps en prison, j'avais hâte de te revoir. Tu as tellement grandi ! ( Il tend une main vers elle. ) Viens me faire un bisou et un câlin, ma puce.

– Non, Anya ! N'avance pas ! je coasse.

Précaution inutile : voyant dans quel état je suis, ma fille ne bouge pas d'un millimètre.

Lucas se renfrogne. Ses yeux gris enflammés font des allers-et-retours entre elle et moi.

– Ta mère a dû te raconter plein de conneries sur moi, je parie ! Rob, j'en ai ras-le-bol, putain. J'ai assez perdu de temps loin de vous. Vous êtes ma famille ! Toi, tu es ma femme et toi, tu es ma fille. Viens me voir, Anya. Obéis maintenant ou je me fâche, petite conne !

Cette menace et cette insulte me font réagir.

Je fais volte-face et me rue vers ma fille avec l'intention de l'entraîner avec moi pour fuir.

Mais Lucas s'élance à ma poursuite en grondant et m'attrape par une poignée de cheveux. Il me tire en arrière d'un geste puissant qui m'arrache un cri de douleur.

– MAMAN ! m'appelle Anya, horrifiée, avant d'éclater en sanglots.

J'abats mon couteau à l'aveuglette vers mon agresseur, mais il intercepte mon poignet et me le tord sans pitié jusqu'à ce que je lâche mon arme. Je parviens à me dégager en lui bourrant les tibias de coups de pied. Il s'efforce de me maîtriser, mais je ne me laisse pas faire : je lui griffe la joue, je le gifle, je le repousse en tambourinant son torse avec mes poings, pareille à une tigresse aux abois.

– Arrête, Rob ! Arrête ça ! tonne-t-il en me broyant les épaules sous sa poigne.

Je tente de lui flanquer un énorme coup de genou dans les parties, mais mon ivrogne d'ex se révèle plus rapide que moi. Son poing s'écrase dans ma figure si violemment que je valse contre le mur. Je m'écroule sur le sol, sonnée par son coup. Mes oreilles bourdonnent. A travers ma vision brouillée, je distingue ma fille qui coure vers moi. Sa voix terrorisée me démolit.

– Maman ! Maman ! Qu'est-ce que tu lui as fait ? Tu n'es pas mon papa ! Je te déteste !

– Non..., je souffle en voyant Lucas agripper Anya par la taille et la soulever de terre.

– Tu ne me laisses pas le choix, Robyn ! tempête mon ex en ignorant les pleurs ma fille qui se débat vainement sous son bras. Ca aurait pu se passer autrement si tu n'avais pas été aussi butée !

Ma vie est en train de s'effondrer sous mes yeux.

Jurant dans sa barbe, Lucas se dirige vers la porte en emmenant de force ma fille.

Il va me la voler. Il va l'emporter dieu seul sait où.

Et je ne la reverrai plus jamais.

Je n'y survivrai pas.

La douleur qui irradie tous mes nerfs est abominable, mais je commence tant bien que mal à me relever en m'appuyant contre le mur.

– Maman ! Au secours ! Aide-moi ! m'implore Anya.

– Je t'en prie, Lucas ! je gémis faiblement. Ne me la prends pas ! Je ferai tout ce que tu veux !

Mon ex-mari stoppe net à un mètre de la porte entrouverte.

Je cligne des paupières. Il ne l'avait pas fermée ?

– Tout ce que je veux ? répète-t-il en me lançant un regard glaçant par-dessus son épaule.

Ce regard empli de perversité et de malfaisance m'est douloureusement familier. Mais je hoche la tête, la mort dans l'âme. Je suis prête à tout pour elle.

Un sourire de salaud étire les lèvres de Lucas. Ses yeux sont remplis de sombres promesses.

Puis, j'entends le déclic d'un cran de sûreté qu'on retire.

Le sourire de mon ex se fige.

L'extrémité d'un revolver semi-automatique est posée sur sa tempe.

Mon voisin italien, Valentin Laurent, le tient en joue avec une arme à feu.

***

Valentin

S'il y a une catégorie de types qui m'insupporte plus que les autres, ce sont les blaireaux dans son genre qui maltraitent leurs femmes et leurs gosses.

Robyn possède beaucoup plus de couilles que son ex, d'après ce que j'ai vu.

– Putain, mais t'es qui, toi ! aboie l'homme que je menace avec mon arme.

– Tu es un vrai futé, toi. Si tu avais un peu de jugeote, tu ne te demanderais pas qui je suis. Tu te demanderais plutôt ce que je pourrais te faire si tu ne relâches pas la gosse dans les dix prochaines secondes, figlio da puttana*, je réponds avec un calme polaire.

– Tu ne sais pas à qui tu te frottes, enfoiré ! J'ai des potes qui ne font pas dans la dentelle. Si tu ne te casses pas d'ici, on va te défoncer tellement la gueule avant de te buter que ta propre mère ne te reconnaîtra pas à la morgue !

Je me marre à ses dépens. Il ne sait pas à qui il se frotte. Ses amis non plus.

– Ma mère est morte, coglione*, mais la tienne t'a mal éduqué. Je lui en ferai la remarque la prochaine fois que je la baiserai sur le bureau de ton père.

Mon sarcasme décuple sa fureur. Cette racaille pue le whisky bon marché : l'alcool le rend plus audacieux et plus imprévisible. Je ne peux pas faire n'importe quoi, je risquerais de blesser l'enfant. Je pèse mes options. Je n'ai jamais été très doué pour la diplomatie et la patience n'est pas ma vertu première. Si Anya n'avait pas été aussi proche de lui, je lui aurais foutu la pire raclée de sa misérable existence et je lui aurais plongé la tête dans la cuvette des WC histoire de le faire décuver à ma manière.

J'exerce une pression plus forte sur sa tempe avec mon flingue.

– Assez ri, je dis d'un ton impérieux. Lâche la petite. Elle n'a aucune envie de venir avec toi.

– C'est ma putain de fille ! Mêle-toi de ton cul, enculé d'espagnol !

– Il est italien, pas espagnol ! crie Anya en martelant la jambe de son père de coups de poing.

Je l'aime bien, cette gamine. 

Lui, par contre, il m'exaspère de plus en plus.

Je jette un bref coup d'œil à Robyn qui se cache la bouche derrière sa main tremblante.

Ma voisine est effarée de me voir ici avec une arme à feu et, naturellement, terrifiée pour sa fille. Son ex l'a bien amochée : un mince filet de sang s'écoule de sa pommette éclatée. La vision de sa blessure me met encore plus en rogne contre ce sale type.

Je vous ai dit que je n'étais ni diplomate ni patient ?

Lucas n'a pas le temps de voir mon attaque tant le mouvement de mon bras est vif. La crosse impitoyable de mon flingue explose le nez de mon adversaire. Un craquement d'os lugubre se répercute dans le salon tandis qu'un mugissement de souffrance déchire le larynx du connard. Sans lui accorder une demi-seconde de répit, je profite de sa faiblesse pour lui déboîter l'épaule d'un coup de poing d'une précision brutale. 

Comme je l'espérais, Lucas lâche la petite fille que je rattrape avant qu'elle s'étale sur le sol. J'attire Anya contre moi d'un bras et rejoins sa mère au pas de course pour la lui confier. Robyn étreint vigoureusement son enfant, sa main derrière sa tête, en lui prodiguant des mots de réconfort à l'oreille. 

Nous échangeons un regard avant que je pivote vers Lucas qui presse sa paume contre son nez ensanglanté, plié en deux de douleur.

De quoi se plaint-il ? Il est en vie.

Faisant rempart de mon corps à ma voisine et à sa fille, je pointe à nouveau le canon de mon revolver en direction de la tête de l'intrus.

– Dernière chance, abruti. Barre-toi.

Hésitant, il me regarde avec un mélange confus de haine, de rage et de peur.

Tu as envie de me tuer, n'est-ce pas ? Prends un ticket, ducon.

– Ce n'est pas terminé, Rob ! dit-il d'une voix nasale en nous poignardant du regard.

– Va te faire foutre, Lucas ! feule la jeune femme derrière moi.

– Ne reviens pas les faire chier, coglione*, je renchéris avec une douceur glaciale. Je ne serai pas aussi indulgent avec toi la prochaine fois.

Lucas expulse un crachat de sang par terre en guise de provocation et se tire en courant.

Sur le qui-vive, je lui emboîte le pas pour aller contrôler le couloir. Puisqu'il a bel et bien pris ses jambes à son cou, je referme la porte, mon flingue au poing. Je reste planté là un instant au cas peu probable où il serait assez stupido* pour rebrousser chemin.

De sa propre initiative, Robyn se poste devant la fenêtre de sa cuisine. Elle épie le parking en caressant tendrement les cheveux de sa fille qui a enfoui son visage dans son épaule. Les bras de la gamine sont attachés autour de son cou et ses jambes lui ceignent la taille.

Un soupir de soulagement gonfle la poitrine de la jeune femme. Elle se détend – un peu.

– Il monte dans sa voiture, en trombe. ( Un silence. ) Il démarre. Il part...

Je remets le cran de sûreté de mon revolver et le glisse sous mon tee-shirt, à l'arrière de mon pantalon. La mâchoire serrée, j'examine la blessure de ma voisine.

– Vous devriez aller à l'hôpital, mademoiselle Lewis.

– Ce n'est qu'une égratignure, réfute-t-elle fièrement en essuyant les gouttes de sang sur sa joue d'un revers de main.

– On ne sait jamais si...

– Je n'ai pas besoin d'aller à l'hôpital, je vous dis ! Il m'a fait bien pire par le passé.

Une tête de mule.

Une tête de mule foutrement courageuse et sexy dans sa nuisette, cela dit.

– Et la petite, ça va ?

– La petite n'a rien ! affirme Anya en reniflant.

Bene,* je dis en chopant le portable de Robyn sur la table.

Je le déverrouille d'un geste du pouce.

– Hé, ne vous gênez pas ! De quel droit fouinez-vous ? m'interpelle-t-elle, indignée.

– Je ne fouine pas, mademoiselle Lewis. Je rentre mon numéro dans votre portable pour que vous m'appeliez si votre crétin d'ex décidait de revenir vous chercher des noises. Je vous conseille de conserver toujours votre appareil mobile chargé sur vous, d'investir dans des verrous plus sécurisés pour votre porte et d'acheter une arme plus adaptée que ceci, je conclus en agitant son smartphone vers le couteau de cuisine émoussé qui gît à terre.

– Bombe lacrymogène ou bombe au poivre ?

– Couteau à cran d'arrêt, plutôt. Dans un premier temps.

– Et dans un deuxième temps, monsieur Laurent ? dit-elle avec une insolence teintée d'ironie.

– Compte-tenu de votre situation, obtenez votre permis de port d'arme le plus tôt possible, entraînez-vous à tirer en salle et procurez-vous une arme à feu. ( Je pose ma main sur la poignée de la porte. A présent que le danger est écarté – du moins pour cette nuit – je ne veux pas m'attarder auprès d'elles et tisser le moindre lien. ) Dernière chose, mademoiselle Lewis... si vous décidiez d'appeler les flics, je vous saurais gré de ne pas leur parler de moi.

Dans mon dos, Robyn ne répond pas.

Tenaillé par le sentiment amer que je viens de faire et de dire une grosse connerie, je rentre dans mon appartement.








Figlio da puttana : fils de pute

Coglione : couillon

Stupido : idiot

Bene : bien

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