Chapitre 5 :"Tu as envie de me tuer, n'est-ce pas ? Prends un ticket, ducon."

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Valentin


Je n'arrive pas à dormir.

Mon mauvais pressentiment au sujet de Robyn ne s'est pas estompé au cours de la journée. Au contraire, il s'est intensifié jusqu'à atteindre son point culminant cette nuit. Je suis plus que jamais sur les nerfs. J'ai beau essayer de me raisonner, mon instinct m'alerte d'un danger. Je sens le sang qui pulse dans mes veines et les muscles de mon dos sont contractés à l'extrême.

J'ai songé à prendre deux somnifères pour m'assommer. Je les avais disposés au creux de ma paume droite. Ma main gauche était serrée autour d'un verre d'eau. Alors que je regardais fixement les comprimés, des souvenirs douloureux ont refait surface.

Une boîte de médicaments vide, renversée sur un tapis à côté d'une main féminine inerte. D'immenses yeux topaze encadrés de cils noirs voilés par la mort qui me hantent depuis des années.

Dans une pulsion rageuse et irrépressible, j'ai balancé mon verre contre le mur le plus proche de toutes mes forces. Il s'est fracassé en mille morceaux à l'impact et des éclats translucides se sont éparpillés sur le parquet.

Après avoir recouvré mon calme, j'éponge l'eau par terre et j'essuie le mur avant de ramasser les fragments de verre coupants avec une pelle et une balayette. Je les jette à la poubelle, égaré dans mes sombres réflexions.

Nerveux, je vérifie l'heure sur l'écran de mon portable.

Trois heures et demi du matin.

L'heure à laquelle je me suis réveillé en sursaut hier après mon cauchemar.

J'ouvre à moitié le volet de la fenêtre de ma cuisine, conscient que mon geste est grotesque. Robyn et sa fille doivent dormir à poings fermés derrière leurs volets fermés et...

Le volet de leur salon est ouvert.

La lumière est allumée.

Mon pressentiment s'avère fondé : Robyn n'est pas seule.

Elle brandit farouchement un couteau de cuisine en direction d'un homme.

Nom de... Cette nana est-elle folle dingue, téméraire ou inconsciente ?

Raide comme un piquet, je jure entre mes dents en m'accrochant au rebord de ma fenêtre.

Cazzo ! Parfois, j'aimerais vraiment me tromper.

Val, ne déconne pas, tu la connais à peine cette fille ! Ce ne sont pas tes putains d'affaires, désapprouverait mon cousin.

Si je prenais le risque de griller ma couverture en réglant son compte à ce type...

Tu ne vas rien faire du tout ! hurle la voix hargneuse de Giacomo dans ma caboche. Chacun sa merde. Reste en-dehors de ça !

Des grands yeux bleus de femme dansent devant ma vue, accusateurs.

Je ferme les miens pour balayer la culpabilité de mon esprit.

La culpabilité est inconciliable avec mon métier.

Je ne suis pas un putain de héros.

Le prince charmant existe!(Il est italien et tueur à gages) *Publié chez BI*Où les histoires vivent. Découvrez maintenant