- Non... non... Lâche-moi...Lâche-moi ! Ne me touche pas ! Je t'en supplie Tom ne me fais pas du mal !
James se figea instantanément et sa prise sur moi se fit légère. J'en profitai pour me retirer de ses bras d'un mouvement brusque. Mon dos rencontra le mur derrière moi, et je me laissai tomber au sol, encore en larme.
Je remontais mes jambes à ma poitrine et posai ma tête sur mes genoux. Mon corps entier tremblait de peur et mes larmes ne cessaient de sillonner mon visage. L'air autour de moi avait changé et j'avais l'impression d'être encore dans cet entrepôt avec Tom.
Me balançant d'avant en arrière dans cette position, je ne cessais de me répéter que ce n'était qu'un cauchemar.
- Ebiéreyma...
J'entendis des pas avancer et je paniquai. Je me levai brusquement et mis mes mains devant ma tête comme pour me protéger.
- Ne m'approche pas... s'il te plaît Tom... ne m'approche pas...
- Mais qu'est-ce que tu racontes ? Ebiéreyma, c'est moi James. Insista-t-il en s'approchant de moi.
Ebiéreyma, s'il te plaît... pardonne-moi, je suis désolée...je ne sais ce qui m'a pris. Ebiéreyma... Dit Tom en s'approchant de moi.
- Non ! Me mis-je à crier hystériquement. Je ne veux pas que tu t'approches ! Je ne veux plus que tu me touche ! Va-t'en. Criai-je. Va-t'en, s'il te plaît Tom, tu as eu ce que tu voulais. Chuchotais-je à la fin.
Le corps de James se figea à nouveau et une lueur indescriptible traversa son regard. Il tenta une fois de plus de se rapprocher de moi, mais une voix le stoppa dans son mouvement.
- Papa...
Il détourna son attention une seconde et j'en profitai pour courir à l'extérieur sans m'occuper des cris dans mon dos. Je n'arrivais à dissocier mon imagination du réel, je voyais à la fois James et Tom, et j'avais besoin de sortir de cet enfer pour retrouver mes idées.
J'empruntai l'ascenseur et priai pour que les parois de l'engin se renferme avant que James ou Tom ne me rattrape. Le Ciel exauça mes prières et je me terrai au fond de l'ascenseur pour pleurer à nouveau cette blessure que je croyais guérie.
Il y a des blessures qu'on ne peut guérir et des douleurs qu'on ne peut oublier...
*
Enfermée dans ma chambre depuis trois jours maintenant, j'avais répondu à aucun des milliers appels de James, n'y encore ouvert la porte à chacun de ses coups. Et même si je ne doutais pas qu'il aurait pu défoncer cette porte s'il l'avait voulu, je le remerciais de ne pas l'avoir fait.
Je ne lui en voulais pas d'avoir réveillée cette douleur en moi, j'avais juste besoin d'être seule, seule dans mon coin à me reconstruire à mon rythme...
Alors que les premiers rayons du soleil entrèrent dans ma chambre, j'entendis sonner à la porte. Habituée aux tentatives de James chaque matin avant qu'il ne parte au travail et chaque soir quand il en revenait, je fermai les yeux, prête à me faire bercer par la sonnerie, sachant que je ne lui ouvrirai par la porte et qu'il n'abandonnera pas avant une demi-heure.
Mais quand après une sonnerie, je n'entendis plus rien. Je me levai du lit, surprise. Avait-il déjà abandonné ? N'étais-ce pas lui à la porte ? Et pourtant, c'était son heure. Il était sept heures et demi du matin, et depuis trois jours maintenant c'était à cette heure que ma porte commençait à chanter.
Poussée par la curiosité, je sortis de ma chambre, les sourcils froncés. J'arrivai devant ma porte d'entrée et inspectai les alentours grâce au judas. Je ne vis personne et cela me fit de la peine.
M'avait-il déjà oublié ? Me demandai-je tristement. Car même si, cela pouvait paraître pour du harcèlement, j'aimais quand il me bombardait d'appel et qu'il frappait chaque matin et chaque soir à ma porte des longues minutes sans abandonner.
Mais alors que j'ouvrai la porte pour mieux inspecter les alentours, mon pied cogna un panier et un petit couinement se fit entendre. Je baissai les yeux sur le panier et fronçai les sourcils avant de m'abaisser pour voir ce qui pouvait s'y trouver.
J'écarquillai les yeux, surprise et charmée à la fois. Un chiot... un magnifique chiot blanc au museau châtain...
Un moteur gronda férocement et je relavai le visage. Je croisai le regard de James et son clin d'œil avant que sa voiture ne s'en aille dans le silence du matin.
Une larme se cala sous mes yeux et sans me poser davantage de questions, j'entrai l'animal dans ma maison. Je le sortis de son panier et le portai comme un enfant jusqu'au salon.
Je ne cessais de lui caresser les poils, le regard illuminé. J'avais toujours voulu d'un chien et aujourd'hui, James venait de réaliser ce rêve. Je ne cessai de sourire devant cette petite boule de poils...
Comment allais-je l'appeler ? Me demandai-je en caressant son museau. Quand soudain il ouvrit grands c'est yeux noirs et les posai sur moi. Je souris plus grand et échappai un petit rire, avant de lui dire.
- Jamie... Je vais t'appeler Jamie...
*
Jamie avait su me faire tout oublier. Doté d'une énergie surprenante, il m'avait faire courir dans toute la maison en emportant avec lui chacun de mes effets. Lui courir après m'avait libéré et nous avons terminé dans le jardin à rouler dans le gazon.
- Je vois que vous entendez déjà bien !
La voix me releva immédiatement du sol et je reculai d'un bond quand l'imposante carrure de James m'apparut. En mode attaque, Jamie sentit ma surprise et se mit à aboyer d'un son aigüe. James esquissa un sourire en coin, le regard moqueur contre mon minuscule petit chiot.
N'étant pas préparé à le revoir de sitôt, je baissai le regard face à lui
- Qu'est-ce que tu fais là James ? Lui demandai-je timidement.
- Il faut qu'on parle Ebiéreyma. Me répondit-il d'un ton neutre.
Mon rythme cardiaque s'accéléra et je serai plus fort mon chiot contre moi.
- Mais avant, il faut que tu manges... tu as perdu autant de kilo en si peu de temps, que ce m'est douloureux de te voir ainsi. Dit-il d'une émotion étrange dans la voix. Suis-moi. Ajouta-t-il avant d'emboiter le pas à l'intérieur de la maison.
Sans retorquer, je le suivis à l'intérieur de la maison, car il n'avait pas tort. C'est à peine si j'avais touché un repas durant ces trois jours de solitude et j'avais pas mal perdu de poids.
Une fois en cuisine, je n'étais pas prête à poser Jamie au sol, je le tenais encore dans les bras comme un bouclé contre James. Mais à peine, ce dernier avait posé un bol de croquettes au sol que Jamie avait sauté de mes bras pour aller se régaler.
Quel traite !
- Comment l'as-tu nommé ? Me questionna James.
- Ja... Jamie. Avouai-je honteuse.
- Jamie. Jamie. Se répéta-t-il à lui. Pourquoi ?
- Ses pupilles sont aussi sombres que les tiennes. Lui répondis-je.
Il esquissa un faible sourire en coin et se contenta de hocher faiblement la tête. Il fit sorti d'un sac des plats déjà prêts et en servir deux assiettes avant de m'inviter à m'asseoir en face de lui sur la table à manger.
La bonne odeur du plat, ne me fit réfléchir plus qu'il en fallait et je vins m'asseoir en face de lui. Sans l'attendre, j'attaquai mon plat aussi affamé que le semblait être Jamie devant son bol de croquettes.
- Patricia n'a pas cessé à demander à te voir, ces derniers jours. M'informa James.
Je relevai la tête de mon assiette et son regard emprisonna le mien dans les profondeurs des émotions qui le traversait.
- Tu lui manques beaucoup... et à moi aussi. M'avoua-t-il sincèrement.
Mes yeux s'écarquillèrent de surprise et ma bouche restait ouverte devant cet aveu inattendu. Je lui avais manqué...
- Mange. M'ordonna-t-il avant de s'attaquer à son tour à son assiette.
J'étirai un faible sourire et nous déjeunâmes ensemble dans un silence apaisant. Mais à peine avais-je avaler ma dernière bouchée de pancakes que l'air c'était faite plus lourde dans la pièce.
- Bien. Maintenant nous pouvons parler.