- Parce que j'aime un autre homme... parce je suis tombée amoureuse de James.
- Quel James ? James... James Parker ? Me demanda-t-elle surprise.
Moi-même surprise des paroles qui venaient de sortir de ma bouche, je me contentai d'hocher lentement la tête, perdue dans mon esprit.
Pourquoi avais-je dit cela ? Ce n'était pas vrai... ça ne pouvait être vrai... Je n'aimais pas James. Je ne pouvais l'aimer, pas maintenant... Commençai-je à paniquer toute seule intérieurement.
Cependant, même en essayant de me mentir, je ne pouvais mentir à mon cœur... je l'aimais et c'était indéniable. Et même si l'aimer était effrayant, c'était pour lui que mon cœur était tombé et pour aucun autre avant lui...
Pourquoi ? Comment ? Quand ? Étaient les questions auxquelles mon cœur refusait de répondre.
- Reyma ! M'appela Béa en faisant des gestes de la main devant mon regard.
Je sortis de mon esprit, chamboulée par la vérité que venait de m'avouer mon cœur. Je plongeai mon regard effrayé dans celui inquiet de Béa. J'étais effrayé par la suite des événements, qu'allait-il se passer maintenant que j'étais tombée amoureuse de James ?
*
Seule avec Bea dans l'habitacle de l'ascenseur, je me triturai les doigts, nerveuse, à mesure que l'engin s'élevait dans le building du Hamilton Luxury Cars. Nous avions longuement parlé Bea et moi, et nous étions arrivées à la conclusion qu'il fallait que j'aie une discussion sérieuse avec John pour qu'il arrête de se faire des films. Il fallait que je sois sincère avec ce dernier...
En ce qui concerne James, nous ne nous étions pas attardées sur ce sujet. Je ne savais comment avouer à Bea, le petit défi qui existait entre ce dernier et moi. Je m'étais juste contenter de lui avouer que j'avais peur de mes sentiments à l'égard de James, car il était tout sauf un homme qui semblait prêt à aimer...
Et même si elle était très romantique et me conseillait de lui avouer mon amour pour lui, je préférais garder ce secret pour moi...
Un bip sonore se fit entendre et mon cœur se terra dans ma poitrine dans un battement sourd. Nous y étions, au treizième étage du building. Bea sortit de l'ascenseur tandis que moi je restai immobile.
- Allez Reyma ! Plus de courage ! Plutôt tu lui diras la vérité et mieux ça sera pour vous deux. Me conseilla-t-elle.
J'inspirai profondément et sortit de l'ascenseur. Elle me sourit pour m'encourager et nous nous dirigions ensemble au bureau de John Carter. Mais à mesure que j'avançais, je baissais le visage, embarrassée, devant les regards malicieux et remplis de sous-entendus des employés de ce dernier.
Je t'assure Reyma, John ne cesse de parler de toi à longueur de journée...
La honte !
Une fois arrivées au couloir qui menait au bureau de John, Bea me lança un regard qui se voulait encourageant avant de me laisser seule et de se dirigea du côté opposé pour rejoindre son bureau à elle.
Lentement, je me dirigeai vers l'unique porte de ce côté du couloir qui était celle du bureau de John. Légèrement entrouverte, des brides de conversations me parvenaient. Il était occupé, peut-être même en réunion...
Mais alors que je décidai de faire demi-tour et de revenir plus tard, je reconnus la voix de l'homme qui faisait à présent battre mon cœur, prononcé mon nom.
- Ebiéreyma est à moi... Je ne te le répéterai pas Carter, éloigne-toi d'elle. Gronda-t-il d'un timbre de voix effrayant que je ne lui connaissais pas encore.
J'écarquillai les yeux, surprise. James... James était là dans ce bureau... Avec John... Et ils étaient en train de parler de moi...
Piquée à vif dans ma curiosité, un combat intérieur se menait entre ma conscience et cette dernière pour décider si je devais rester ou m'en aller.
Ce n'est pas bien d'écouter aux portes, jeune fille ! Me gronda ma conscience.
Oui, peut-être... Mais ils sont en train de parler d'elle. Rétorqua ma curiosité.
- Si tu crois que je vais abandonner si facilement, tu te trompes Parker... Reyma n'appartient à personne et encore moins à toi... Pour cela, il faudrait qu'elle t'aime et nous savons tous les deux que tu n'es pas facile à aimer...
- Elle m'aimera. Entendis-je James rétorquer fermement.
Alors que je me rapprochai de la porte pour entendre davantage, j'entendis ma conscience soupirer, Ta curiosité te perdra...
- Et tu crois que c'est aussi facile ? S'exclama John. Le cœur d'une femme se gagne par les petites attentions et non d'un claquement des doigts.
- Trêve de bavardage Carter, ce n'est pas toi qui m'apprendra comment séduire une femme, nous ne jouons pas dans la cour... Je suis venu personnellement te mettre en garde, ne t'approche plus d'Ebiéreyma. Tonna-t-il d'une voix grave.
- Je n'ai pas peur de toi Parker. Répliqua John d'une voix assurée.
- Eh bien, tu devrais ! N'oublie pas que j'ai assez d'influence pour faire de ta vie un enfer... à commencer par te faire virer de cette entreprise. Le menaça James.
Mes yeux s'écarquillèrent et mon cœur rata un battement. James n'oserait pas ?
- Tu ne peux pas faire cela ? S'exclama John tout aussi surpris que moi.
- Tu n'as pas idée de ce dont je suis capable de faire pour défendre ce qui m'appartient. Répondit James d'un ton froid.
Et dans le silence qui suivit sa réponse, des pas se firent entendre. Je compris que James était sur le point de sortir et dans un mouvement instinctif, je quittai la porte et ouvrir la première que je trouvai avant de m'y enfermer. Plongée dans l'obscurité, je ne devinai que par l'odeur du renfermé que je devais être dans un magasin. Je restai enfermée quelques minutes et quand plus aucun bruit ne se fit entendre à l'extérieur, je me décidai finalement de sortir.
Bouleversée par ce que je venais d'entendre, j'avais besoin d'être seule pour digérer cette information. J'empruntai l'ascenseur du treizième étage, mais au lieu de monter au dernier étage, je descendis au parking souterrain, prendre ma voiture et rentrer chez moi.
*
Affalée dans mon canapé, devant une comédie dramatique, la phrase de James ne cessait de tambouriner dans mon esprit.
Tu n'as pas idée de ce dont je suis capable de faire pour défendre ce qui m'appartient...
Il l'avait dit avec une telle froideur que l'on ne pouvait douter de sa parole. Et cela me faisait culpabiliser, je ne voulais pas que John ait des problèmes par ma faute. D'autant plus que je ne pouvais lui donner ce qu'il attendait de moi, de l'amour...
Je soupirai pour chasser toutes ces idées qui commençaient à me donner une migraine pas possible. Il fallait que j'arrête de penser et que je commence à agir. J'empoignai mon téléphone portable et composai le numéro de John avant de lancer l'appel.
A la deuxième sonnerie, ce dernier décrocha l'appel :
- Reyma ? S'assura-t-il.
- Bonsoir John. Comment vas-tu ? Lui demandai-je pour engager la conversation.
- Je vais bien. Mais, toi comment vas-tu ? J'ai appris que tu ne te sentais pas bien, tu vas mieux ? Me demanda-t-il une once d'inquiétude dans la voix.
Je souris, touchée par son attention. J'avais justifié mon absence de cet après-midi en prétextant un malaise, et même si je me doutais que James ne m'avait pas cru. J'aurai aimé qu'il m'appelle ne serait-ce que pour me gronder de ne pas être là...
Mais au lieu de cela, monsieur c'était contenter de répondre un simple « Ok » à mon message qui contenait les causes mensongères de mon absence.
- Oui, je vais mieux. Je dirai que ce n'était qu'un simple malaise dû à la fatigue, je me suis reposée et maintenant, je vais mieux. Le rassurai-je.
Soulagé, je l'entendis soupirer.
- Tant mieux ! S'exclama-t-il.
- En fait... Je t'appelais pour t'inviter à diner ce soir.
Il eut un silence et je crus qu'il m'avait raccroché au nez.
- John ?
- Euh... oui. Désolé ! Je serai enchanté de dîner avec toi. Me dit-il.
J'étirai un sourire crispé, ayant qu'il était en ce moment même en train de se faire des films.
- John. Je n'aimerai pas te décevoir, mais... je n'aimerai pas que tu t'imagines quoique ce soit... je...
- Ne t'inquiète pas Reyma, j'ai compris le message mais je n'en demeure pas moins heureux de passer ma soirée avec toi. Je choisis le restaurant et je passe te chercher ? Me demanda-t-il.
- Oui, pourquoi pas ! M'exclamai-je.
- Disons huit heures du soir, dans environ une heure et demi. Cela te convient-il ?
- Oui, dans une heure et demi. Confirmai-je.
Et après quelques formules de politesses, nous raccrochions chacun notre côté. J'appelai du fixe la sécurité de la cité et leur informai qu'un certain John Carter passerait me chercher dans moins de deux heures. Ils notèrent l'information et je montai finalement à l'étage me préparer pour mon dîner.
Plus tôt l'on réglait les problèmes, mieux c'était.