Des ailes dans le dos 2 - Rec...

By rebel_free

45.5K 4.3K 521

/!\ ATTENTION ! Ceci est un tome 2 ! /!\ C'est donc la suite de DAD - Mort... c'est pourquoi nous vous consei... More

Avant-propos
Prologue
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 24
Chapitre 25
Chapitre 26
Chapitre 27
Chapitre 28
Chapitre 30

Chapitre 29

1.1K 100 10
By rebel_free

Pardon pour ce long d'attente sans fin ! Mais voilà, les vacances de Noël sont propices à la reprise de l'écriture, donc voilà un nouveau chapitre de  DAD2, avec toutes nos excuses pour vous avoir fait poireauter aussi longtemps. Les circonstances actuelles ne nous permettent pas d'écrire, donc DAD est publié de manière très aléatoire mais surtout faible, néanmoins, appréciez ce chapitre, nous espérons qu'il vous plaira ! Joyeux Noël à tous :)


C'est avec surprise que, alors que j'avance dans le couloir pour aller voir Sofia, je découvre Emilie en grande discussion avec Locas. Elle a mis la cellule en sourdine, ce qui me fait sourire. Cette fille est machiavélique, si Locas se laisse prendre, il est fichu. Je détourne le regard et mon sourire se fane. Deux gardes surveillent la cellule dans laquelle cette connasse est en train de poireauter. Je la fixe avec haine, heureuse du fait qu'elle ne puisse pas me voir. Je ne peux plus me permettre aucun signe de faiblesse, il est temps que je me blinde et que je devienne une vraie reine. Les deux gardes s'inclinent face à moi, et je demande à entrer. Derrière le miroir sans teint, j'observe chacune des mimiques de la prisonnière pendant que les gardes déverrouillent la porte. Elle relève la tête, et je remercie mes sens si aiguisés de me laisser voir l'ombre de sourire qui se dessine brièvement sur ses lèvres. Je ne lui laisse aucune chance, mes sens développés à leur maximum, rien ne m'échappera. Et son pouvoir de persuasion me glissera dessus. La porte s'ouvre et son regard noir, au propre comme au figuré, m'attrape sans ménagement. Je suffoque presque, assommée par la force de son pouvoir. Il coule autour de moi comme une liqueur qui m'enrobe, mais n'a rien de discret. Est-ce que je vois la véritable couleur de ses yeux parce que je suis capable d'y résister ou parce qu'elle n'a pas voulu me tromper là-dessus ? Car de toute façon, la mascarade est inutile.

- Bonjour, dis-je d'une voix posée et solide, voulant ainsi lui prouver combien il est vain de m'écraser de son pouvoir.

Si le ton de ma voix laisse supposer que je ne suis nullement affectée, je sens néanmoins mon souffle court qui me frustre, comme si mes poumons étaient pressés et je ne pouvais inspirer à fond. Je hais cette femme du plus profond de mon âme. Je l'observe attentivement, voulant prêter attention à chacun des détails qui me permettent de ne pas succomber à la tentation de me laisser convaincre. Ses yeux noirs, la marque de ses ailes, visible sous ce que je devine être du maquillage qui s'estompe. Voyant que je ne suis pas réceptive, elle accentue encore son pouvoir et je sens mes genoux faiblir. En prenant une aussi rapide que grande inspiration, je repousse son emprise physique et me concentre sur la part de mental qui est de très loin la plus dangereuse.

- Bonjour Thana, murmure-t-elle.

Sa voix me fout un coup au ventre tant son pouvoir passe par elle. Je croise les mains dans mon dos et enfonce mes ongles dans mes paumes, la douleur me rendant la maîtrise de moi-même. Je m'assois en face d'elle, me mettant intentionnellement dans une position inconfortable. Car je sais maintenant comment faire pour être puissante et maîtresse de la situation, je sais comment je marche. A la douleur. Mes chevilles tordues sous mes jambes et écrasées contre le sol, je peux commencer l'interrogatoire.

- Vous appelez-vous réellement Sofia ?

Elle écarquille les yeux, visiblement surprise par ma première question, et par la manière abrupte que j'adopte. Puis un mince sourire s'étale sur son visage. Je veux lui montrer qu'elle n'a nullement le dessus, et déplie les doigts, les tendant discrètement vers son visage. Le vent, petit garçon rieur et malicieux, m'obéit et vient entourer son cou, petit à petit. Il faut encore quelques secondes à la jeune femme pour sentir l'oppression qui s'accentue sur son cou. Ses yeux s'écarquillent et une lueur de rage vient les illuminer. Elle comprend qu'elle pourrait bien avoir une adversaire à sa taille en face d'elle. Je me retiens de serrer les dents de colère. La situation m'aurait amusée, j'aurais pris plaisir à me sentir supérieure, ce sourire insolent que j'arbore habituellement m'aurait démangé les lèvres. Mais je ne suis que colère, l'insolence n'a rien à faire ici.

- Tu as changé, Thana... tu n'étais qu'une jeune fille heureuse et à la découverte d'un monde nouveau, et te voilà dure et ...

- Taisez-vous, je me contrefous de vos avis sur moi. Vous n'êtes qu'un insecte que j'écraserai dès que le peu d'utilité que vous avez me servira. Vous répondez à mes questions, et c'est tout. Quel est votre vrai nom ?

Un léger sourire mesquin commence à s'étirer sur ses lèvres, mais je ne suis pas d'humeur. J'entre dans sa tête avec force, et projette ma colère contre les parois de son esprit avec toute la violence dont je suis capable. Sa bulle intérieure se colore de rouge et commence à se déchirer, signe de douleur et de colère. Je plante les griffes de ma rage, balaie l'ordre instauré dans son esprit, laisse toute la place à ma fureur et déploie un plein carnage. Lorsque je ressors et reviens à la réalité, je la dévisage froidement, cliniquement, et remarque les vestiges de la souffrance sur son visage en sueur. Je suis à vrai dire assez fière de voir que malgré mon intrusion en elle, je n'ai pas été sous son emprise. Peut-être est-ce la force avec laquelle j'ai ravagé sa paix intérieure qui l'a empêchée d'assoir son pouvoir sur moi... je n'en sais rien, et je m'en fous. Ce qui compte, c'est ce qu'elle va me dire. J'appelle le vent et fait pression sur elle, voulant lui faire ressentir cette puissance qui lui écrase les poumons. Ses yeux me lancent des éclairs rageurs, mais elle comprend que je ne suis pas là pour jouer, et que je ne laisse aucune place à quoi que ce soit d'autre que les informations dont j'ai besoin.

- Si tu crois que je vais tout te révéler aussi facilement, espèce de petite peste supérieure, tu te mets le doigt dans l'œil.

Je lève les yeux au ciel. On croirait entendre Locas. Et à bien réfléchir, je ne sais pas lequel des deux je hais le plus... Je retiens un soupir d'exaspération et entre brutalement dans son esprit. Elle ne veut pas coopérer ? Soit. Je fouille dans ses souvenirs en faisant le plus de tapage possible, mes coups se répercutant en écho dans son esprit en souffrance. Son nom ? . Qui est-elle ? Je remonte le temps, fouille ses souvenirs, évite soigneusement tous ceux avec mon père, et arrive chez les démons. Je garde un œil sur son être physique, voulant éviter qu'elle ne m'agresse pendant que je suis perdue dans ses souvenirs. J'arrive au château, une immense bâtisse dont la splendeur égale celle du palais de mon père. Je croise une jeune femme aux traits sévères et fermés, qui hoche la tête. Je vois des ribambelles de gens à qui je donne des ordres, je vois des entraînements, des armes, des plans, des réunions. Je n'entends rien, malheureusement, l'emprise de Sof... Elena étant encore trop forte sur moi pour que je puisse avoir un accès complet à son esprit. Je peine à respirer, son pouvoir m'obstruant la gorge et les bronches. Concentre-toi ! Je dois deviner ce qu'elle était. Espionne évidemment. Mais à quel rang ? Quelle est son importance ? Je la vois discuter avec beaucoup de monde, mais je n'ai malheureusement aucun nom et grade à associer à ces visages. Soudain, alors que je remonte à toute vitesse dans son passé, je marque un arrêt. Sulfer. Un tremblement de terre vient me chahuter et je comprends que le souvenir est d'importance capitale, pour que la jeune femme mette autant d'effort à vouloir me le cacher. Je puise dans mes réserves et déploie mon esprit et ma capacité télépathique pour percevoir ce qu'il se dit. Le jeune homme vacille sous mes yeux, je plisse les miens et use de plus de ma force. L'image se stabilise et je perçois faiblement leurs paroles.

Je reviens en urgence, suffoquant sous la poignée de fer d'Elena qui me comprime la gorge. Ses yeux brûlent d'une rage meurtrière mais avant que j'aie pu faire un geste, un garde entre comme une tornade dans la cellule et la projette contre le miroir d'en face. Je prends une énorme respiration, sentant avec délice l'air passer dans mes poumons, et je sens ma poitrine se soulever rapidement. Le garde se tourne vers moi avec un regard alarmé et grave.

- Votre Altesse, sortez de cette cellule s'il vous plaît.

Je vois sa peur et sors sans demander mon reste, sentant encore les doigts de Sofia/Elena profondément enfoncés dans ma trachée. Je tousse à en cracher mes poumons, à quatre pattes sur le sol, et j'entends la porte se fermer derrière moi, avant qu'une main ne se pose sur mon épaule. J'entends le souffle du garde, je sens sa peur, son inquiétude, son soulagement, son excitation, j'entends le sang dans ses veines, la pompe de son cœur, je respire son odeur charnelle, corporelle, un mélange de pin, de noisette et de musc. Je l'entends avaler sa salive, ouvrir la bouche et actionner les infimes muscles de la langue avant qu'il ne prenne la parole.

- Est-ce que tout va bien Votre Altesse ?

Je me relève en reprenant mon masque impassible et en réfrénant une quinte de toux.

- Oui, ça va, merci. Merci de votre intervention, je vous dois une fière chandelle. Au vu de la dangerosité de la prisonnière, personne n'est autorisé à aller la voir excepté moi. Et je veux être tenue au courant de toutes les personnes qui en feront la demande.

Il s'incline avec déférence.

- Bien, Votre Altesse.

- Quel est votre nom, monsieur ?

Il me regarde avec étonnement.

- Monsieur Chael.

Je hoche la tête et le quitte, remonte les escaliers, bouillonnante de rage. Au moins, j'ai eu les informations que je voulais. Je toque au bureau de mon père en me massant la gorge encore endolorie.

- Oui ?

J'entre.

- Ah, entre ma jolie. Que se passe-t-il ?

- Je viens d'aller voir Sofia, j'ai eu quelques informations. A qui est-ce que je les donne ?

Il écarquille les yeux, me laissant voir l'éclair de douleur aussitôt suivie d'une incommensurable rage qui traverse son regard.

- Dis-moi tout.

- Elle s'appelle Elena Martel. Elle était la chef des espions, donc on peut probablement lui soutirer pas mal de trucs. J'ai pas eu le temps de recueillir trop de trucs, parce que son pouvoir de persuasion est tellement puissant qu'elle me fait barrage. Mais si tu arrives à me donner une équipe de soldats au pouvoir de persuasion, je serai en pleine possession de mes moyens et je tirerai d'elle tout ce qui nous sera utile.

J'essaie d'être à la fois froide mais humaine, car je sais que malgré sa colère et le sentiment de trahison, une part de lui l'aime encore. Alors m'entendre parler de maltraitance ne me faciliterai aucunement la tâche. Il reste un moment silencieux, puis hoche la tête.

- Merci Thana. Je te trouve ça, tiens-toi prête à tous moments. Je veux en finir avec ça le plus vite possible, donc considère que tu as jusqu'à ton départ pour tirer d'elle le plus d'informations possible.

- OK. Tu me tiens au courant.

- Oui. Merci encore Thana.

Son regard empreint de douleur et de tristesse me transperce. Il replonge la tête dans le travail, et je maudis mon incapacité à faire ces quelques pas qui nous séparent pour aller lui faire un câlin.

- Au fait, tu pourras donner une prime au soldat Chael s'il te plaît ?

Il relève les yeux, interloqué.

- Si tu veux, mais pourquoi ?

Je réfléchis une fraction de secondes à ma réponse.

- Il m'a aidé, avec Sofia.

- D'accord.

Je quitte le bureau et ce n'est qu'une fois dehors que je prends conscience de la tension dans tout le haut de mon corps. Je secoue la tête et essaie de détendre mes épaules avant d'inspirer à fond. Mon père est un condensé de tension... Et soudain, je décide d'aller voir Axel. J'appelle Lach, qui m'emmène aussitôt. J'ai le temps d'apercevoir sa mine préoccupée avant qu'elle ne reparte. Il faudra aussi que je m'occupe d'elle. Je me déshabille, me transforme, et bondis à travers les arbres. Je retrouve avec une délectation sans borne la terre humide et la fraicheur sombre de la Forêt.

Mélio vient perturber ma course, me ramenant à l'état humain alors que je laissais l'animal s'emparer de moi.

« Où es-tu ? »

« Je vais chez Axel. »

Je sens son grognement de frustration et de jalousie, qui ne fait que m'agacer. Je ne suis déjà pas de bonne humeur, alors si je ne peux même plus compter sur mon lié pour me remonter le moral...

« Pfff, visiblement tu comptes plus sur Axel que sur moi pour te faire oublier tes idées noires » marmonne-t-il avec rancœur.

« Bon écoute ça suffit maintenant Mélio ! J'aime beaucoup Axel, tout comme j'aime beaucoup Lachlyn ! Alors explique-moi pourquoi le fait que j'aille le voir lui te pose problème alors que ce n'est pas le cas avec elle ! »

Je l'entends ronchonner.

« Je sais pas... non mais j'en sais rien, mais tu sembles donner toute ton importance à Axel alors que c'était pas le cas avec Lach ! »

« C'est un énorme mensonge ça Mélio ! Je donnais de mon temps à Axel, c'est vrai, parce qu'il était la seule personne capable de panser les plaies béantes qui me faisaient beaucoup trop souffrir quand je suis sortie de prison ! Mais maintenant, ne va pas me dire que je lui donne tout mon temps ! Il a de l'importance pour moi, seulement tu ne peux pas le supporter parce que tu ne le connais pas, tu n'as pas d'emprise sur notre relation, tu es tout simplement jaloux parce que je suis en train de construire quelque chose sans toi, seulement je ne fais pas partie d'un seul groupe, le groupe des anges ! J'ai le droit de m'échapper, de construire autre chose à côté, ça ne veut pas dire que je vous aime moins, pas du tout. Tu le sais très bien, je t'aime et je t'aimerai toujours autant, Tenebris et toi êtes les deux êtres qui me sont le plus cher et le plus important au monde, seulement j'ai envie de quelque chose avec Axel aussi, d'accord ? Enfin c'est quoi cette insupportable manie de cloisonner sans cesse les gens ?! Je ne vous appartiens pas, bon sang ! »

« Oui je suis jaloux, et tu ne devrais pas m'en vouloir pour ça, parce que vu le temps qu'on passe ensemble en ce moment, j'ai bien le droit d'être jaloux ! »

« Ce n'est pas une raison pour te comporter de manière odieuse comme ça ! Tu peux me le dire calmement, me demander de passer plus de temps avec toi, au lieu de prendre Axel en grippe et de ronchonner à chaque fois que je vais le voir ! Tu es juste énervé de voir que c'est lui qui a grandement participé à ma guérison, c'est partiellement grâce à lui que je suis comme ça aujourd'hui, et pas une loque qui se traîne de son canapé à son lit et de son lit à son canapé ! »

J'ai touché un point sensible, je sais. Mais il m'a poussé hors de mes gonds, j'en ai marre de sentir sa mauvaise humeur et cette tension qui persiste entre nous depuis que je suis sortie de mon cachot. Sa voix grave résonne dans mon esprit.

« Si tu devais choisir entre lui et moi, qui choisirais-tu ? »

« Non mais tu n'as vraiment rien compris ma parole ! » rugis-je. « Il n'a jamais été question de choisir, Mélio ! Va te faire foutre ! »

Son incompréhension me blesse encore plus que sa jalousie, que je pourrais à la limite trouver mignonne, compte tenu du fait qu'elle prouve son amour pour moi. Mais ça... je bloque mon esprit et reviens à la réalité, découvrant les ravages que j'ai infligés à la nature autour de moi. J'accélère la cadence jusqu'à la maison d'Axel, et arrive, essoufflée, en face de chez lui. Je gratte à la porte, et c'est son visage agréablement surpris qui m'ouvre. Voir son sourire et son calme m'apaise aussitôt, et j'entre après avoir enfilé les vêtements qu'il me prête.

- Thana, je suis content de te voir, dit-il en souriant.

- Moi aussi. Je te dérange ?

- Pas du tout, j'étais en train de terminer une table, tu vois.

Je suis du regard sa main et vois la magnifique table en bois qu'il est manifestement en train de fignoler. Je m'assois naturellement dans le canapé pendant qu'il retourne à son ouvrage.

- Tu as l'air en bien meilleure forme, dit-il d'un ton enjoué.

- Pourtant, tu n'as aucune idée de ce qui secoue le royaume... marmonné-je.

Ses yeux noirs transpercent les miens.

- Je voulais dire par rapport à la première fois où tu es venue ici. Tu es redevenue vivante, ça fait plaisir à voir.

Je me sens rougir, et étonnamment, cela ne me dérange nullement. A vrai dire, je suis heureuse de quitter mon masque pour quelques heures, surtout maintenant que j'ai revêtu celui de reine et que je vais être amenée à le porter tous les jours.

- Oui, réponds-je simplement.

- Parle-moi de toi.

- Encore ?! laissé-je échapper.

Il éclate de rire, ce qui me fait sourire.

- Oui encore, répond-il simplement, en me jetant un coup d'œil taquin.

- Qu'est-ce que tu veux savoir ?

- Tout ce que tu ne m'as pas dit ! Car je te signale que tu es restée très discrète, madame la mystérieuse.

C'est vrai. Je n'ai répondu qu'à très peu de ses questions...

- Je pense que tu sais le principal, dis-je en souriant.

Je me lève pour aller me faire un chocolat chaud. Je suis surprise de découvrir que j'ai froid. J'ouvre les placards et trouve mon bonheur.

« Tu en veux un ? »

Je sursaute quand je l'entends lâcher ses outils et se cogner la tête contre le pied de sa table.

- C'ét... c'était toi ? balbutie-t-il en se tournant vers moi, les yeux écarquillés.

Je suis partagée entre la gêne et l'amusement. Puis j'éclate de rire.

-Oui c'était moi. Excuse-moi, j'ai pas réfléchi.

- Comment ça se fait que tu puisses parler par pensée même sans être sous forme lupine ?!

- Ce n'est pas lié au fait que je suis un loup-garou. Comme tu le sais, je suis avant tout un ange, et j'ai plusieurs pouvoirs, dont celui de la télépathie. C'est comme ça que je peux parler par esprit... donc, est-ce que tu veux un chocolat chaud ?

- Oui s'il te plaît... tu as plusieurs pouvoirs ? Je croyais que les anges n'en avaient qu'un seul ?

- C'est le cas dans la majorité des cas. Mais visiblement il y a des exceptions, et j'ai quatre pouvoirs. Je suis télépathe, je contrôle les éléments, je s...

Je m'arrête dans mon élan, réalisant que je vais lui révéler des informations capitales sur les anges. Et si ce n'était pas suffisant, je suis la formation de celui ou celle qui a tué son père... Qu'est-ce que je fais maintenant ? Je lui jette un coup d'œil hésitant, jaugeur, et il a remarqué mon silence brusque. Il hausse les sourcils, interloqué. Il faut que je choisisse maintenant ce que je dois faire. La grande question maintenant c'est, est-ce que je choisis de lui faire confiance ? Le silence s'éternise et, étonnamment, ce sont Tenebris mais surtout, plus étrange encore, Mélio qui m'apportent la réponse.

« Thana il faut que tu saches qui il est pour toi. Tu ne fais qu'avancer pour reculer derrière, mais c'est encore une tactique de défense et de fuite. Arrête de fuir et accepte de te confronter à ce que tu ressens. » commence Tenebris.

« Il est indéniablement celui qui t'as aidé à te reconstruire, il t'a invité à aller au resto et tu as accepté... tu vas souvent chez lui. Qu'est-il pour toi, que veux-tu faire de cette relation qui objectivement est déjà là ? Lui aussi a le droit de savoir. » termine Mélio.

Je reste silencieuse. Je sens le flux d'énergie de Mélio, ses ondes positives, apaisées. Sa jalousie semble s'être envolée, que lui a dit Tenebris ? Quoique ce soit, ils ont tous les deux raisons.

- Tout va bien ? me demande Axel, interloqué par mon silence qui s'allonge.

- Oui, pardon. Je disais que je peux aussi me transformer, et que je suis la formation d'Invisible.

Je respire un grand coup et avoue, consciente du risque que je prends. Mais il ne dit rien, ce qui ne m'étonne pas vraiment. Son regard s'agite des diverses émotions qui le traversent, mais ce sont enfin des yeux doux et apaisés qui se posent sur moi.

- Alors tu as la formation d'Invisible...

- Oui. D'ailleurs, il faut que je te prévienne maintenant, je dois bientôt partir en mission. Comme tu le sais probablement, je suis l'espion du royaume, donc je suis envoyée à Budapest pour trois semaines. Je pars la semaine prochaine.

- Budapest ? Mais...

- Oui, je sais ce que j'y trouverai là-bas. Mais ça va être amusant ! Ca va me sortir un peu.

Il me dévisage, puis éclate de rire.

- Il faut vraiment que tu sois envoyée dans l'Enfer même, dans le repaire des démons par excellence, pour que « ça te sorte » ?

Je souris. Il se lève, rompt la distance entre nous et me prend dans ses bras. Je reste figée, ahurie. Puis il recule la tête et me regarde droit dans les yeux.

- Promets-moi de prendre soin de toi, dit-il avec un sourire.

***

- Thana, suis-moi, ordonne Mentor quand j'entre dans le gymnase, suite à son appel.

Je suis étonnée de voir à quel point son ton, qu'il soit sec ou affectueux, m'est à présent égal. Il a perdu toute influence autoritaire sur moi, il n'est plus qu'un mentor qui doit me donner des missions, ne peut plus me martyriser ou se jouer de moi. Je le suis hors de l'immense gymnase qui s'est abreuvé de mes larmes et ma sueur, et il m'entraîne au château. Nous descendons aux cachots, mais nous les dépassons pour aller plus encore en profondeur, dans les entrailles du palais. Un frisson m'immobilise, tandis que les souvenirs de la chaleur de ma prison m'assaillent. Je me fige à mi-chemin, incapable d'aller plus loin.

« Thana, calme-toi, ça va aller. Fais confiance à Mentor, il n'est plus là pour te faire du mal » me calme Tenebris de sa voix suave et grave.

Mais je ne peux pas, je sens les images qui déferlent derrière ma barrière mentale, mon mur de protection. Mentor s'arrête, se tourne vers moi, lève son regard sur mon corps tétanisé.

- Thana, tout va bien ? demande-t-il d'une voix... égale.

Exempte de méchanceté. Mais à quel point puis-je lui faire confiance ?

« Tu sais que tu peux lui faire confiance, désormais. Il veut t'aider, saisir la mesure de ce que tu as subi. »

- Thana ? insiste Mentor d'une voix plus douce, plus interrogative.

- Rien, donnez-moi un instant.

Je ferme les yeux. Je n'ai pas peur. C'est derrière moi, ça n'arrivera plus. J'ouvre les yeux, et le suis. Nous continuons à descendre, jusqu'à nous arrêter devant une immense porte en bois, un véritable portail à double battants. Brillamment sculptées, les deux portes nous dominent de toute leur hauteur, révélant la profondeur souterraine du château. Que recèle ce palais comme trésor merveilleux ?

Un grondement si terrible qu'il secoue la porte me fait immédiatement modifier mon jugement. Quels monstres ce palais recèle-t-il, caché dans ses profondeurs ? Mentor se retourne vers moi.

- Avant d'entrer dans cette pièce, commence-t-il d'une voix forte afin de couvrir le tremblement qui s'intensifie peu à peu, tu dois savoir ce qu'elle renferme. Quelques années avant ta naissance, ta mère a réussi à subtiliser l'arme ancestrale des démons, l'épée du premier roi des démons. D'abord furieuse dans les premiers temps de sa captivité, elle a finit par devenir silencieuse au fil des ans. Seulement je t'amène ici parce qu'elle a recommencé à s'agiter à ton retour à Donaria. Et je voudrais vérifier une hypothèse que j'ai formulé à ton égard, et qui est primordiale. Donc tu vas entrer dans cette pièce, et prendre l'épée.

- Quelle est cette hypothèse ?

- Permets-moi de la garder secrète, pour l'instant. Je te la révélerai en temps et en heure.

Je retiens un ronchonnement. J'obtiendrai ce que je veux, coûte que coûte. Il sort un trousseau de clef et insère une clef aussi grosse que sa main dans l'immense serrure. De nombreux cliquetis résonnent derrière la porte, et il la pousse. La pièce est plongée dans l'obscurité, mais je retiens un éclat de rire en voyant une épée qui semble vieille comme le monde retenue dans les airs par des chaînes qui descendent du plafond et du sol, et tentent tant bien que mal de l'immobiliser. Quel besoin d'immobiliser une épée ?! Mais celle-ci s'agite de nouveau, et le tremblement qui s'entendait depuis l'extérieure de la salle se transforme en vacarme phénoménale. L'épée semble animée d'une âme qui s'agite, se révolte contre ses chaînes. J'échange un regard avec Mentor, et je remarque que celui-ci me regarde avec des yeux qui brillent. Je ne dis rien, et m'avance vers le danger ambulant que représente cette arme. Je tends le bras en l'air pour l'attraper, et mes doigts effleurent le pommeau. Ma paume attrape pleinement l'arme au même moment.

La douleur qui me submerge est sans nom, comme un si un torrent d'électricité me traversait. J'arque mon dos, transpercée par la souffrance, et j'entends un vacarme de hurlements qui résonnent dans ma tête, comme si des siècles de morts entraient en moi, sauvegardés par cette arme et déversés dans mon esprit ouvert à sa puissance.





Continue Reading

You'll Also Like

55.3K 280 9
Partager lima diota doundou si katanté
8.2K 72 10
Salut moi c'est khadafi mais on me surnomme l'apiculteur je vais vous raconter mes aventures avec des femmes mûres que l'on appelle « DRIANKE » chez...
57.2K 4K 61
Léandros Alastair , Alpha suprême de la meute d'arcadys est un loup-garou froid et effrayant qui voue une haine féroce envers la gente féminine. Lor...
2.1K 12 4
c une histoire érotique d'une femme qui raconte ses liaisons avec le mari de son meilleur ami