La Force de t'aimer

By EmieFrancie

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1932, Paris. Dans une atmosphère d'euphorie, de plaisirs et d'inégalités sociales, les rues de Paris sont ma... More

Chapitre 1 : Paris, 1932.
Chapitre 2 : Choisir son avenir
Chapitre 3 : coup du sort ou coup de cœur ?
Chapitre 4 : froufrou, paillette et Cancan
Chapitre 5 : Une main tendue
Chapitre 6 : jeunesse déçue
Chapitre 7 : La magie de Noël
Chapitre 8 : liberté enchaîner
Chapitre 9 : volonté de bien faire
Chapitre 10 : Le pouvoir
Chapitre 11 : toi et seulement toi
Chapitre 12 : toute vérité n'est pas bonne à savoir
Chapitre 13 : non-dit et désaccord
Chapitre 14 : Espérance
Chapitre 15 : Rébellion
Chapitre 16 : secret de famille
Chapitre 17 : Jusqu'à ce que la mort nous sépare
Chapitre 18 : A la recherche de la vérité
Chapitre 19 : La lumière dans ses yeux
Chapitre 20 : prendre son envole
Chapitre 21 : Le déclin
Chapitre 22 : Ce ne sera plus jamais comme avant
Chapitre 23 : une bataille perdue d'avance
Chapitre 24 : Mon cœur n'a pas cessé de crier ton nom
Chapitre 25 : « A tous les français... »
Chapitre 26 : Voir l'humain en l'autre
Chapitre 27 : Le conflit vu par les femmes
Chapitre 28 : trouver la force de continuer
Chapitre 29 : Gardien
Chapitre 30 : l'espoir de la passion
Chapitre 31 : Accepter d'écouter
Chapitre 32 : les fantômes du passé
Chapitre 33 : complot
Chapitre 34 : survivre pour les siens
Chapitre 35 : sentiment Rebelle
Chapitre 36 : souffrance, rébellion et répression
Chapitre 37 : contre nature
Chapitre 38 : un temps précieux
Chapitre 39 : Je crois en toi !
Chapitre 40 : Je déteste t'aimer
Chapitre 41 : retour en enfance
Chapitre 42: « Anything can happen if you let it »
Chapitre 43: femmes de caractères
Chapitre 44: le vrai amour n'a pas de limites, pas de mort
Chapitre 45: une page qui se tourne
Chapitre 46: Nos yeux avaient promit de se revoir
Chapitre 47: Libération et réalisation
Chapitre 48: Accomplissement
Chapitre 49: un cœur qui aime ne perd pas espoir
Chapitre 50: je vois et je me souviens
Epilogue: 5 ans plus tard
REMERCIEMENT

Bonus: Comment Jakob Noelson est devenu Jack Frost ?

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By EmieFrancie

Pour ce bonus, j'ai ajouté en lien la chanson « Marie » de Johnny Hallyday. Un hommage pour la disparition de ce monument de la chanson française avec cette chanson qui convient parfaitement avec ce que j'ai écrit ci-dessous.

Mai 1940. 

Le silence. C'était la seule chose qu'il entendit, remplie par quelques brouillades de vent. Sa tête lui faisait mal. Ses oreilles bourdonnaient. Où était-il ? Des odeurs nauséabondes lui parvinrent. Un mélange de boue, de sang séché et de chair décomposée. Jakob retint un haut de cœur tout en tentant d'ouvrir les yeux. Ses prunelles s'écarquillèrent à la vue de son propre sang. Paniquer, il voulut se redresser, mais sa tête lui lança. Il tenta de la maintenir entre ses paumes ensanglantées. Puis, entre ses doigts, il distingua des restes humains éparpillés autour de lui. Jakob eut un mouvement de recul, en se déplaçant sur les fesses.

Tout lui revint. La guerre, les combats, Christophe et leur tentative de fuite. Puis, ce fut le troue noir. Il ignorait ce qui a bien pu se passer. Cependant, le voici là, au même endroit, parmi les victimes des bombardements. Il leva les yeux au ciel. La pleine lune éclairée ce triste massacre, auquel, curieusement, il a été épargné. Pourquoi ? Il n'en avait aucune idée. Ses prunelles glacées se tournèrent vers un arbre calciné et mourant par les attaques des armées. Il se cramponna au tronc afin de tenter de se redresser.

Ses jambes lui faisaient mal. Il avait la sensation de ne plus sentir ses membres inférieurs. Pourtant, il réussit à se maintenir à peu près debout. Jakob eut à peine le temps de reprendre son souffle, que le bruit d'une arme à feu qu'on enclenche le fit sursauter. Il se retourna lentement dans la direction du son.

Il reconnut les tenus de l'armée allemande des deux hommes face à lui. L'un tenait une arme et l'autre semblait donner les ordres. C'était ce que comprit Jakob en jetant un coup d'œil sur ses médailles. Ils le tenaient en joue. Il déglutit en l'attente de leur réaction. Le gradé, malgré sa moustache et son âge avancé, ne semblait pas sourcilier le moins du monde. Il se contenta de le fixer de haut en bas avant d'agir.

- Attendez ! Ce petit pourrait servir à quelque chose. Déclara-t-il avec un accent bien prononcé.

- Warum ? rétorqua l'autre, déçu.

- Cela ne te regarde pas. Faites-le prisonnier. Et je m'en occuperai personnellement.

- Ja, Sir Weselton.

Sans qu'il comprenne la raison, Jakob fut tiré jusqu'aux véhicules ennemis. Sans la moindre douceur, il fut jeté en prison avec pour seul confort, un lit de paille, une légère couverture et un pot en guise de toilette. Il pouvait encore sentir les odeurs de ses prédécesseurs; ainsi, que les couinements des rats. Peu de lumière parvint jusqu'à lui. Jakob fixa les grilles se refermer sur lui en se demandant si finalement, il n'aurait pas fallu mourir plutôt que d'arriver ici. Puis, il sortit la photo de sous sa veste. Il fixa le visage souriant d'Elizabeth. Non, il ne devait pas mourir. Il devra tout faire pour sortir d'ici. Et c'est elle qui lui donnera la force.

Janvier 1941.

Malgré lui, Jakob s'était habitué à sa détention. Il ignorait le temps qu'il s'était écoulé. Quelques semaines ? Quelques mois ? Quelques années ? Il n'avait plus la notion du temps, plongé dans le noir et la saleté. Le son des talons des bottes allemandes résonnait depuis le couloir, reliant les cellules entre elles. Jakob resta impassible, s'attendant à recevoir son maigre déjeuner comme chaque jour.

Cependant, le bruit d'une clé qu'on remue dans la serrure de sa grille lui fit lever les yeux. Le vieil homme qui était responsable de sa détention lui faisait face de l'autre côté des barreaux. Jakob fronça les sourcils, sans comprendre. Il cria des ordres dans sa langue maternelle. Puis, sans qu'il ne pût donner un sens à ce qui lui arrive, deux hommes viennent le tirer de sa cellule. Il le maintenait en place alors qu'il croisa le regard de Weselton.

- J'avais dit que j'avais d'autres projets pour vous.

Sans attendre de réponse, il fit signe à ses hommes pour leur indiquer ce qu'il désire. Jakob n'avait plus la force de se débattre. L'islandais était sous-alimenté et les cicatrices dues à ses blessures durant le combat, sont très difficiles à guérir. Il n'avait pas vu de médecin. Mais son front chaud et les sueurs qui le traversent ne firent aucun doute. Une fièvre montait en lui, signe d'une éventuelle infection. Jakob serra les dents alors qu'on le jeta à nouveau dans l'une des camionnettes allemandes. Privé de lumière, il s'assit en boule dans un coin en essayant de s'assoupir quelques minutes.

Jakob sursauta au bruit que firent les Allemands en ouvrant les pans de la bâche qui recouvre l'arrière du véhicule. Il eut à peine le temps de s'habituer aux rayons du soleil qu'il entra dans un nouveau bâtiment. Les cris de douleur remplissaient les quatre mures de la bâtisse. Ces derniers étaient blancs, tachés de gris et de rouge. Jakob ne préférait pas savoir d'où ces tâches provenaient.

Sur son chemin, il croisa différents hommes en blouse blanche qui ne lui disait rien qui vaille. Par l'entrebâillement de certaines portes, il pouvait voir la folie de certains hommes, femmes et enfants l'emportaient sur leurs raisons. Ils n'avaient plus que la peau sur les os et leurs visages renvoyés toute la douleur qu'ils ont dû subir. Puis, il distinguait dans certaines pièces des objets relevant plus de la torture que du savoir-faire médical.

L'islandais dégluti. Lors de sa détention, il avait entendu certains voisins à sa cellule parler de ce genre d'endroit. Il s'agissait d'hôpitaux Nazi où le personnel était non qualifié pour pratiquer la médecine. Ils choisissaient leurs victimes de façon arbitraire, ne leur laissant ni information, ni consentement, ni possibilité de retrait. Les bruits de couloir racontaient même certaines expériences sur les corps de ces pauvres malheureux. Jakob frissonna malgré lui.

Il allait être un nom parmi tant d'autres sur leurs tableaux des cobayes ? Pour une science barbare ? Il n'eut pas le temps de se révolter face à ces injustices et ces crimes. Les deux SS qui le traîner sur le sol terminait leur chemin vers une pièce où s'aligne plusieurs lits médicaux contre les murs. Ils étaient séparés par des tables de chevet en bois. Un couloir permettait « aux médecins » de passer entre les pieds des lits. Il ne put terminer son observation qu'on le jeta sans ménagement sur l'un des lits libres.

L'odeur des produits et désinfectants lui fit froncer le nez. Il tenta de s'asseoir contre la tête de lit en se recroquevillant contre lui-même. Ses prunelles apeurées fixèrent Weselton, le responsable de sa présence ici. Ce dernier serra la main d'un des médecins. Il avait la peau pâle et des cheveux noirs coiffés vers l'arrière. L'homme en blouse blanche se tourna vers lui en un sourire en coin terrifiant. Ses prunelles étaient d'un marron clair virant presque sur le jaune.

Le médecin s'avança vers lui. En le voyant de plus près, il distingua l'étiquette sur sa poche sur la poitrine gauche. Il put y lire le nom de « Pitch Black ». En voyant son nouveau patient émettre un mouvement de recul, son sourire s'élargit. Il prit le visage de Jakob entre ses longs doigts pour le forcer à le regarder. L'islandais dégluti par le dégoût de ce contact. Le médecin le relâcha brusquement après sa légère inspection.

- Oh un Islandais ! Un expatrié en France. Déclara-t-il en l'examinant de la tête au pied, il poursuit en souriant mesquinement. Bienvenu au Camp Dachau !

Sans qu'il ne puisse rétorquer quoi que se soit, d'autres hommes le forcèrent à étaler son bras droit face à eux. Il vit l'un d'entre eux s'amener avec un fer à chaud qu'il déposa sans aucune douceur sur sa peau à vif. Jakob ne put retenir un hurlement de douleur face à la brûlure. Dès qu'ils le relâchèrent. Il recroquevillait son bras contre lui.

Les Allemands le laissèrent seul, entourés des autres « patients » mal en point. Lorsque sa peau lui fit moins mal, il y jeta un coup d'œil curieux. Des chiffres y étaient tatoués : 7452. Jakob retenu ses larmes au coin de ses yeux. Il n'était plus Jakob Noelson. Il n'était plus qu'une succession de chiffres, une victime parmi tant d'autres.

Octobre 1942.

Depuis son arrivée, Jakob n'a fait que de subir des essais d'expérience sur son alimentation. Il a dû manger des choses écœurantes à petite dose. Parfois pas du tout. Son corps s'affaiblissait par manque d'énergie. Il ne put se débattre alors qu'on lui injecter une substance à base d'oxydant et d'autres produits dont il ignorait la provenance. On ne lui donnait aucune explication. On l'avait revêtu d'un uniforme à rayures gris et blanc, lui prenant son uniforme où se trouve la photo d'Elizabeth et sa famille.

Puis, plus tard, des médecins le traînaient jusqu'à une pièce en retrait. Il distingua un grand baquet d'eau. il était un suffisamment grand pour y introduire une personne. Jakob déglutit en croissant le regard mesquin du médecin « Pitch Black ». Ce dernier n'était jamais loin lorsqu'il se faisait torturer. L'islandais était convaincu qu'il prenait du plaisir à le voir souffrir. L'ancien soldat français stoppa toute contemplation lorsque les hommes qui le traînent le jetèrent dans l'eau.

Elle était glacée, à la limite de ce qu'un corps humain peut tolérer. Jakob hurla alors qu'il le maintenait sous l'eau. Il crut avoir une extinction de voix. Cependant, lorsqu'il était ramené à la surface, on ne l'entendit pas. Il était bien trop occupé à reprendre de l'air. Ses poumons étaient en feu malgré le froid. Sa peau était encore plus pâle qu'à l'accoutumer. Ses lèvres prirent une couleur violâtre et grelottaient face à l'hypothermie.

Après plusieurs plongeons, les médecins le sortirent et le reconduisirent à son lit. L'islandais grelottait toujours. Il attendit que les Allemands sortent de la pièce, afin de se glisser sous sa fine couverture. Jakob prit sa tête dans ses mains en se balançant légèrement d'avant en arrière.

Il ne comprenait pas pourquoi il était là. Pourquoi lui faisait-on tout ça ? Où était-il ? En tirant sur ses cheveux, certains se déposèrent sur sa paume. Ce fut à ce moment précis qu'il réalisa qu'ils étaient blancs. L'islandais s'allongea en position fœtale en essayant de calmer son trouble. Lors de son sommeil troublé, un seul nom se répéta dans sa tête, prononcé par une voix féminine et enjouée, comme si elle l'appelait : « Jack ».

Mai 1943.

Jack avait perdu la notion du temps. À force d'être plongé dans l'eau glacée, le froid semble avoir gelé certaines parties de son corps. Il tentait de se débattre de plus en plus, ne se souvenant plus du nom de ce médecin à qui il doit toute sa douleur. Cependant, le visage de son tortionnaire le hantait, jour et nuit. Sa mémoire lui faisait faut bon. Il en avait conscience, sans parvenir à réellement mettre de l'ordre dans ses pensées. Des Flashes lui parvenaient de temps en temps. Son corps était de plus en plus amaigri à cause de son alimentation peu recommandée. Durant le peu de temps de repos qu'on lui accordait, il essayait de dormir en faisant abstraction des cris des autres patients. Son sommeil était agité, tordant son corps dans ses cauchemars. Malgré lui, le nom d'Elsa franchit la barrière de ses lèvres.

Décembre 1943.

Sans qu'il ne comprenne pourquoi, il n'était plus envoyé pour leurs expériences dans l'eau glacée. Avait-il trouvé tout ce qu'ils cherchaient ? Où avaient-ils atteint leurs nombres de victimes ? Jack n'arrivait pas à le savoir. Cependant, il ne pouvait cacher son soulagement. Il profita de ses mois de répits afin de réfléchir. Il avait la sensation d'avoir été quelqu'un avant tout cela. Mais il n'arrivait pas à trouver de quoi, il s'agissait. Quel métier faisait-il ? Était-il riche ? Était-il pauvre ? Avait-il eu des enfants ? Une femme ?

À l'évocation d'une femme, le nom d'Elsa lui apparaissait. Il était persuadé que c'était sa voix qu'il entendait l'appeler dans ses rêves. Au moins, cela lui permettait de se souvenir de son prénom. Mais qui était-il vraiment ? Avait-il toujours vécu ici, parmi ces brutes ? Depuis combien de temps était-il ici ? Sa crise identitaire et son manque de réponse lui faisaient tourner la tête. Ses prunelles perdaient peu à peu de leur couleur. L'espoir ? Il ne savait plus ce que c'était. Il avait la conviction qu'il ne sortira jamais d'ici. Ou pas vivant.

Février 1944.

Alors qu'il reprend quelque peu de l'énergie, Jack fut à nouveau tiret jusqu'à une salle dite « chirurgicale ». Cependant, ce qui se déroulait à l'intérieur n'avait rien des procédures médicales. Cette salle était surnommée « salle des tortures » par les patients. Jack fut allongé sur une plaque en fer, retenu par les chevilles et les poignets pour éviter tout mouvement. Ses prunelles exprimaient la peur, alors qu'il distinguait les outils sur une table à côté. Il avait la sensation d'être un rat de laboratoire. Puis, il aperçut le visage de son tortionnaire. Il déglutit, n'ayant pas le choix que de le laisser approcher. Sans prendre soin d'endormir son patient ou d'enfiler des gants, il empoigna ses premiers ustensiles.

Les hurlements de Jack envahirent la pièce, et celles à côté. Le médecin l'ouvrit sans ménagement, ravivant ses cicatrices encore douloureuses par moment. Jack ne se souvint pas comment il les a eus. Mais la douleur était trop vive pour qu'il s'en soucie. Son corps était de plus en plus difficile à supporter. Il aurait aimé qu'on l'achève, qu'on le laisse en paix. Cependant, le nom d'Elsa l'empêchait de se laisser aller à la mort sans trop savoir pourquoi.

Novembre 1944.

Jack entre ouvrit péniblement les yeux. L'agitation autour de lui l'avait sorti de son sommeil troublé. Son corps était de plus en plus douloureux, à chacun de ses mouvements. Sous ses yeux, il vit les nazis courir dans tous les sens. Weselton beuglait des ordres dans sa langue maternelle aux SS qu'il dirigeait. Puis, le docteur Pitch Black s'approcha de lui juste sous les yeux déroutés de Jack. L'homme en blouse blanche fronçait les sourcils, plongé dans l'incompréhension.

- Que se passe-t-il ?

- J'ai reçu un message de mes supérieurs. Les Américains approchent du camp.

- QUOI ? Il faut rétorquait au plus vite. Ils ne doivent pas arriver à destination.

- Ne vous inquiétez pas. Des mesures ont été prises. L'État-major allemand donne l'ordre par représailles de tuer tous les prisonniers. Ils n'oseront pas approcher par peur pour la vie de ces fous.

Jakob déglutit à ses mots, craignant pour sa vie. Allait-il mourir ? Avait-il lutté pour sa survie jusqu'ici, pour rien ?

Mars 1945.

Des sons inhabituels firent ouvrir les yeux de Jack. Les fenêtres de la pièce renvoyaient les quelques rayons lumineux de la lune. Elle était pleine, surplombant la bâtisse. La pièce était calme, trop calme. Jack comprit que la nuit était bien trop avancée. La folie des patients les empêchait de croire à une éventuelle évasion.

Alors, ils les laissaient sans trop de surveillance, dormant sur leurs deux oreilles. L'Islandais dégluti en distinguant une ombre dans la pièce. Jack n'avait pas ni la force de crier ni de bouger. Son énergie était au plus bas. L'intrus le comprit et grimaça face à l'état des corps des patients dans les lits médicaux. L'inconnu s'approcha de Jack qui le fixer, tout tremblant. Il devait commencer par quelqu'un. Il se glissa en silence à ses côtés. Timidement, il déposa une main sur son bras.

- Ne vous inquiétez pas. Je ne suis pas là pour vous faire du mal.

- Qui êtes-vous ? Trembla-t-il.

- Oskar Müller. Je suis un politicien communiste, membre du comité de résistance du camp. Je suis là pour vous libérer, ainsi que quelques autres prisonniers. Mais vous devez garder le silence. Nous devons sortir d'ici en cachette par-derrière le bâtiment. Cela ne sera pas facile. Vous êtes prêt à me suivre ?

- Je ferai tout pour sortir d'ici. S'enthousiasma le patient.

- Très bien. Nous allons rejoindre un groupe de la Croix-Rouge internationale qui est avec les soldats américains. Je vous promets que là-bas, ils sauront prendre soin de vous. Vous avez un nom ?

- Je crois que c'est... Jack. Bafouilla-t-il.

- Enchanté Jack.

L'islandais prit la main que lui tendit le soldat. Il le suivit en se tenant le ventre, tout comme quelques autres prisonniers. Le chemin se fit sans trop d'encombres. La voie était dégagée et la lune éclaire leurs pas. Malgré qu'ils passent les murs de barbelés, Jack et les autres prisonniers restèrent sur le qui-vive. Ils continuèrent leur marche qui dura plusieurs heures avant de distinguer les tentes du camp des Américains. Une femme arriva à leur hauteur. Jack reconnut l'insigne sur son uniforme en forme d'aigle. Leur guide la salua du signe militaire.

- Colonel Moana.

- Monsieur Müller. On m'a prévenue de votre arrivée.

- Voici les quelques prisonniers que j'ai réussi à libérer. Ils sont en piteux états. Ils leur frauderaient beaucoup de soin, de patience et d'attention.

- Nous ferons le nécessaire. Je vous en fais la promesse.

- J'aimerais aussi vous communiquer l'endroit exact du camp, ainsi que ce que j'ai pu voir. Il y a urgence à intervenir.

- J'en ai conscience. Nous allons nous entretenir dans ma tente. Et je vais vous aider à conduire les prisonniers à celle de la croix rouge.

Jack se laissa guider sans émettre la moindre protestation. Lui et les autres furent dirigés entre les mains des médecins et infirmiers de la croix rouge. Jack ne se souvenait pas d'avoir été aussi bien traité. Il eut le droit à ce qui lui semblait un vrai festin de roi. Ses cicatrices furent traitées et il put se reposer dans son lit de fortune.

Pour ce qui lui parut comme la première fois de sa vie, il se sentait en sécurité. Il allait enfin pouvoir récupérer.

Septembre 1945.

Le 29 avril 1945, la 45e division d'infanterie de la septième Armée américaine avait libéré le camp. Elle en confia la direction à Pat 0'Leary et à son Comité pour l'organisation interne du camp, tant pour assurer la discipline interne que pour garantir un ravitaillement équitable. Jack et les autres prisonniers furent rapatriés à l'hôpital psychiatrique de Trèves. Sans qu'il sue pourquoi, l'islandais vit les visages s'adoucir, reprendre des couleurs et s'égayer d'un sourire.

Il comprit bien plus tard qu'il n'avait été qu'une victime d'une guerre atroce où le nombre de victimes civiles a battu tous les records. Ceci dans l'espoir de satisfaire la folie d'un homme croyant en une race surpassant les autres. Mais tout cela était fini. En ce 2 septembre 1945, Jack pouvait espérer reprendre sa vie en main malgré la marque indélébile sur son bras, se résumant à quatre chiffres.

L'islandais leva les yeux en sentant quelqu'un approcher. Il restait méfiant, surtout des hommes en blouse blanche. Mais les yeux grands et bleus qui le scrutaient ne lui inspirer que de la compassion. L'homme s'assit au bord de son lit comme pour paraître moins imposant.

- Bonjour Jack.

- Bonjour. Murmura-t-il.

- Tu es français ?

- Je le suppose. C'est la seule langue que je comprends.

- Très bien. Je suis le docteur Cheshire. Et je vais m'occuper de toi afin de faire en sorte que tu retrouves la mémoire. Expliqua-t-il, il poursuit en un sourire timide. Tu connais ton nom de famille ?

- Je pense que je dois en avoir un. Mais je ne le connais plus. Cracha-t-il en frappant son front contre sa paume.

- Ce n'est rien. Le rassura-t-il, il poursuit en un sourire réconfortant. Nous allons t'en trouver un autre. Je peux t'examiner ?

Jack leva les épaules d'un air indifférent. Cela faisait plusieurs fois qu'il avait été occulté sous toutes les coutures. Son corps avait repris son poids normal et des couleurs moins cadavériques. Cependant, le médecin ne put s'empêcher de remarquer la couleur étrange de ses cheveux.

- Tes cheveux sont blancs. Je suppose que ce ne sont pas leurs couleurs naturelles.

- Sûrement.

- Cela me rappelle la neige en hiver. Tu ne trouves pas ?

- Je ne sais pas ce que c'est la neige.

- C'est froid et blanc. Sa tombe du ciel comme la pluie, mais quand les températures sont en dessous de 0 °C. C'est souvent accompagné par du gel. Expliqua-t-il, il poursuit tout en réfléchissant. Du gel... Gel en anglais c'est Frost. Jack Frost. Ça sonne bien. Qu'en penses-tu ?

- Pourquoi pas.

- Alors c'est décidé. Ton nom sera Frost. Jack Frost.

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