Chapitre 4 : La halte routière
— Qu'est-ce que tu fais ici ?
Le jeune homme blond se retourna soudainement.
— Je pisse, répondit-il sèchement. Et je pourrais très bien te retourner la question !
— Je fais une pause à cette halte routière et je suis venu te saluer quand je t'ai vu.
— Et tu avais besoin de me suivre jusque dans les toilettes pour ça ?!
— Je n'aurai pas manqué de voir la longueur de ta queue pour rien au monde!
Un frisson parcourut le corps de Jimmy.
— Sale voyeur, grinça-t-il.
Kyle suivit l'agent du FBI du regard alors que celui-ci remontait la fermeture éclair de son pantalon et se dirigeait vers les lavabos pour se laver les mains.
— Soyons sérieux, tu suis Len, pas vrai, l'accusa Kyle.
Harvard se figea d'un coup.
— Je... Ce n'est pas vrai !
— Alors c'est un heureux hasard si Len c'est aussi arrêté ici?
— Il est ici ? Oh, je ne savais pas...
— Ne joue pas à l'innocent avec moi, Blondie, l'avertit Kyle en apparaissant derrière lui.
Le mafioso posa ses grandes mains sur les épaules de Jimmy, les compressant doucement. L'agent ne bougeait plus, fixant leur reflet dans le miroir sale. Il semblait fasciner par la présence de Kyle plus grand que lui dans son dos et par ses doigts qui serraient sa peau jusqu'à y laisser des marques rougeâtres qui disparaîtraient dans les prochaines minutes.
— Lâche-moi !
— Pas avant que tu aies avoué.
Jimmy écrasa le pied de Kyle et se détacha habilement de son étreinte. Aussitôt, Kyle riposta. Il attrapa le blond par le bras, le fit se retourner et le plaqua brusquement contre le mur, lui tenant les poignets au-dessus de la tête d'une seule main. Jimmy tenta de se défaire de la prise de son agresseur sans succès. À bout de force, il siffla bruyamment, puis carrant la mâchoire et bandant ses muscles, il fixa Kyle droit dans les yeux.
— Je pourrais vous faire arrêter pour entrave à la justice!
— Non, pas ici, gamin, tu n'as pas juridiction en Angleterre.
Il offrit un large sourire à Harvard :
— Je me fiche bien de la police. Tu l'oublies peut-être? Je suis un mafieux. Ce n'est pas toi qui va me faire tomber, Blondie.
Comme pour appuyer ses paroles, la lumière faible de la toilette grésilla, comme si elle était sur le point de s'éteindre. Kyle serra les dents, la fureur se lisant sur ses traits.
— Hey! Qu'est-ce que tu fous ?!
Kyle venait de glisser sa main libre sous sa chemise, caressant doucement son torse jusqu'à atteindre son téton gauche. Le mafieux se demandait quelle expression aurait l'agent quand il le toucherait.
— Je mets des méthodes en œuvre pour que tu avoues.
— C'est pas... pas du jeu, ça ! Je n'ai rien à avouer !
Kyle continua de sourire. Il fit vibrer le téton entre ses doigts, puis le pinça doucement. Il sentit que le garçon s'était empêché de gémir. En le regardant, il pouvait voir que Jimmy se mordait la lèvre, les yeux écarquillés.
— Et tu crois que de te la jouer p'tit enquêteur indépendant à la Sherlock Holmes pour suivre une personne qui a été innocentée jusqu'en Angleterre c'est du jeu peut-être ? Je pourrais porter plainte pour harcèlement ou violation de la vie privée, suggéra-t-il langoureusement à l'oreille de Jimmy.
Il croqua le doux lobe entre ses dents, le tiraillant un peu durant un moment jusqu'à ce qu'il réussisse à faire échapper une respiration bruyante à Jimmy suivit d'un court gémissement. Satisfait, il recula un peu sa tête.
— Tu ne le feras pas !
— Pourquoi ça ?
— Parce que... parce que... Bon, OK, j'avoue : J'ai suivi Len ici ! Satisfait ? demanda-t-il en grimaçant désagréablement.
— Très satisfait. Pourquoi suis-tu Len ?
— Quoi?
— Tu as très bien entendu. Pourquoi ?
Kyle déglutit, mais ne dit rien. Devant son silence, Kyle lâcha son mamelon qui commençait tout juste à s'ériger et fit doucement descendre sa main vers le bas, suivant la ligne de fins poils blonds qui disparaissaient sous sa ceinture. Détachant la boucle de métal, il plongea sa main dans le pantalon et vint tirer sur l'élastique du boxer noir. Couleur qui contrastait merveilleusement bien avec la peau blanche et les poils pâles du jeune homme.
Kyle passa une langue avide sur ses lèvres, savourant chacune des expressions qui traversaient la belle gueule de Jimmy. De la surprise, à la peur en passant par le dégoût. Tout y était et tout se lisait dans les deux lacs bleus qui lui servaient d'yeux comme dans un livre ouvert.
Il joua avec la seule frontière qui le séparait de la virilité de Jimmy pendant encore un moment, puis il se fatigua et, devant le mutisme de l'agent, il fit pénétrer sa main dans le sous-vêtement. Jimmy se figea. Sa respiration se coupa le temps d'une demi-seconde environ.
— Je le suis parce que je sais qu'il est BlackPen ! S'exclama-t-il soudainement. Tu as eu ce que tu voulais, maintenant, lâche-moi!
Kyle retira aussitôt sa main, une lueur de déception dans le regard. Il aurait aimé pouvoir jouer avec l'agent plus longuement.
— Tu sais qu'il est BlackPen? releva-t-il. Tu as des preuves?
Kyle plissa dangereusement les yeux.
— J'en suis persuadé! affirma le blond avec aplomb. Je n'ai pas encore de preuves qui puissent tenir devant un jury, mais ça ne saurait tarder.
Le mafioso se mordit la lèvre.
— Quelle impétuosité! Len est venu ici pour récupérer l'héritage que Jayce lui a légué. Si tu étais moins stupide, tu le saurais. Il est aussi triste que toi et moi, peut-être même plus. Cesse de l'embêter avec tes enfantillages à la Sherlock Holmes. C'est pathétique.
Il libéra Jimmy et se recula de quelques pas. Le blond frotta vigoureusement ses poignets qui comportaient des marques rougâtres, fixant Kyle avec une expression indescriptible. Au bout d'un moment, un regain de colère sembla le prendre.
— Et, toi, je suppose que tu as une explication des plus logiques à fournir sur la raison de ta venue en Angleterre en même temps que moi et Len ?!
Des pas se firent entendre, l'ampoule eut un soubresaut, une voix s'éleva.
— Y'a un problème ?
Les deux hommes se tournèrent vers le nouveau venu. Ils se figèrent d'un seul coup.
— Ah tiens, Len, quand on parle du loup! Ricana Kyle.
— Qu'est-ce que vous foutez ici ? Tous les deux ? Demanda le Japonais.
Son ton était accusateur, menaçant. Soudainement, Jimmy eut vraiment peur que le mafioso révèle tout de ses certitudes quant à la culpabilité de Len au principal intéressé.
— J'aide une certaine personne à foutre la merde dans la vie d'une autre, répondit Kyle, calmement. Quand cette personne m'a appelé, c'est fou, j'ai pas pu résister !
Au regard que lui lança le mafioso, Len comprit toute suite que Jayce était celui qu'allait aider Kyle et que lui-même était celui qui allait voir sa vie voler en éclats. Ça allait être le bordel dans son petit quotidien tranquille.
Heureusement, Jimmy ne sembla pas comprendre la même chose que lui dans les paroles du jeune homme. Peut-être pensait-il que Kyle s'amusait à ficher sa jeune carrière policière en l'air? Pfff... Fallait vraiment qu'il cesse de croire qu'il était le centre de l'attention. Kyle passa près d'eux et sortit des toilettes, tapant sur l'épaule de Len au passage et lui glissant à l'oreille :
— En vérité, je dois m'assurer que tu arrives à destination.
Eh oui, parce que si Len n'était pas assez intelligent pour trouver les destinations auxquelles il devait se rendre avec les indices fournis par Jayce, ils allaient avoir des petits conflits d'horaire.
Len plissa les yeux. Kyle était en contact avec Jayce, c'était certain! Il fut tenté de lui poser un millier de questions, mais il ne pouvait pas, pas devant Jimmy. C'était d'ailleurs sûrement parce qu'il ne pouvait pas l'interroger que Kyle avait choisi ce moment en particulier pour lui lâcher sa bombe. Putain. Foutu Jimmy. Gagné soudainement par une colère noire envers ce flic blond qui n'avait pourtant rien fait pour la mérité si ce n'était que respirer et être là au putain de mauvais moment, il lui demanda sèchement :
— Et, toi, tu fous quoi ici ?
Jimmy n'allait pas avouer qu'il le traquait en le soupçonnant d'une série de meurtres, quand même! Le blondinet déglutit, il réfléchit vite.
— Je suis Kyle.
— Pourquoi est-ce que tu le suis?
Merde, Jimmy avait une fichue impression de déjà vue.
— Parce que je suis en mission. Aux bureaux, on le soupçonne d'être à l'origine d'un gros trafic de drogues et narcotiques entre le Royaume-Unis et l'Amérique du Nord.
Len grogna. Avec les antécédents de Kyle et dans quoi tout ce que ce type était trempé, ce n'était même pas surprenant.
— Et tu penses réussir à le faire tomber ?
— Moi tout seul? Nah (Jimmy grimaça), je dois juste commencer à monter un dossier. Ensuite, on pourra le traîner en cours, le mettre devant un jury...
— Un jury qu'il paiera d'un pot-de-vin sous la table, t'es au courant?
— On le sait tous, mais c'est le job.
Len hocha simplement la tête. Grâce à Jayce et Kyle, il était parfaitement au courant du genre de pauvre job inutile que les gars comme Jimmy devait remplir. Faire tomber un narco-trafiquant plein aux as et avec des taupes à sa solde dans les ordres de la justice, c'était tout simplement impossible. Mais bon, l'optimisme des gars comme Jimmy, c'était beau à voir.
Len n'avait même pas à s'inquiéter que son vieil ami soit pincé, ce ne serait pas le cas. Aucun stress. Zen. Il grogna, puis tourna les talons. Il ne voulait avoir rien à faire avec Kyle. Jayce l'attendait.
Len retrouva son véhicule et s'y enferma. Il frappa le volant de sa voiture de location avec rage. Il appuya sur l'accélérateur tout aussi violemment.