Après notre arrivage et l'atterrissage du reste du groupe, on courut dans la chambre où se trouvait Marin. A en voir sa tête... tout allait bien.
-Comment peux-tu être aussi serein après avoir été attaqué par les Forces du Mal ? le gronda Ondine, sitôt rentrée dans la chambre.
-Mais...
-Y'a pas de "mais" ! Et remonte-moi cette couverture, tu vas attraper froid. Penche-toi un peu, voilà. Tu peux parler maintenant, conclut-elle avec son plus beau sourire.
-Heu... vous voulez que je vous dise quoi ?
-Oh mais tu peux me tutoyer comme je le fais avec toi !
-Je parlais à vous tous...
-Ah... pardon.
On rigolait de la précipitation d'Ondine, qui était d'un naturel plus calme et sage. Yale s'arrêta soudainement pour lui demander ce qu'il s'était réellement passé.
-Ah ! Eh bien, j'étais en train de travailler, c'est-à-dire, veiller sur les animaux marins de la contrée de l'Eau quand un vortex s'est ouvert à trois-quatre mètres de moi et des monstres de catégories II sont sortis de là. Ils m'ont ensuite attaqué lorsque je m'apprêtais à leur lancer une attaque.
-C'était quel genre de monstre ? demandai-je.
-C'était des ombres... Ils sont réputés pour...
-... être rapides et discrets au combat. Ils font partis de la catégorie II car ils sont à l'aise autant au combat à distance qu'au combat rapproché. Ils portent bien leur nom "ombres" car en une seule seconde, ils peuvent parcourir une bonne dizaine de mètres et se retrouver droit devant nous pour nous aspirer l'esprit et prendre possession de notre corps...
-Mais c'est dégoûtant ! Iris, tu lis ces horreurs ?
-Au moins, elle s'instruit, Céleste ! reprocha Geas, l'air de rien.
-Bah moi, j'ai lu aussi un livre mais pas avec des méchants ! se défendit-elle.
-Et c'était quoi ?
-... c'était sur les animaux de ce monde. Mais c'est toujours mieux que rien !
On rigolait à présent à cause de Céleste. Elle ne perds jamais un instant pour se faire remarquer !
-Est-ce qu'il y avait une autre sorte ou ce n'était que des ombres ? s'intéressa Maeldan.
-Oui oui, ce n'était que des ombres. Tu veux ma mort ou quoi ? plaisanta-t-il.
-NON !! Enfin, je veux dire... non, hé hé !
-Ondine, calme-toi ! Il est là, devant toi, et il est sain et sauf. D'ailleurs, comment tu fais pour paraître en forme comme ça ?
-Les médecins m'ont administré de très bons remèdes. C'est vrai que comparé au monde des humains, j'aurais été dans de beaux draps !
-C'est-à-dire ?
-Bah... je pense qu'on aurait dû carrément m'enlever la...
-Oh ça va ! Fait nous pas les détails non plus...
-Et pourquoi pas ? Si tu y tiens tant, Céleste, je peux te montrer ma blessure.
-Nan nan, ça va aller, merci.
-C'est une toute petite, allez...
-Je te dis que non ! Rooh...
-Moi j'veux la voir, souffla Ondine.
On se retournait vers elle, surpris. Marin lui demanda "T'es sûr ?" à quoi elle acquiesça immédiatement. Il repoussa donc les draps pour lui montrer sa jambe droite : on voyait une entaille longue de sept centimètres sur deux centimètres de largeur. Comme il fallait s'y attendre, Ondine s'évanouit dans la seconde qui suivait. Marin s'en voulait tellement qu'il sortit du lit pour aller la voir. Il ne tenait pas parfaitement debout alors Maeldan l'aida à se redresser et à bien se pencher.
-Le lit est assez grand pour deux personnes, fit Geas, l'air de rien et qui n'avait pas bougé d'un poil.
Céleste remit en place les draps que Marin avait carrément éjecté en voulant retenir Ondine. Maeldan aidait Marin à se recoucher et Yale et moi portait Ondine jusqu'à côté de lui.
-Décidément, elle nous aurait tout fait faire !
-Bien vu, frangin ! acquiesça Yale.
Nous riions pendant un certain temps jusqu'à ce que Ondine ouvre un oeil, puis deux.
-AAH ! Mais qu'est-ce que tu fais là ? Et on est où, d'abord ? Oh pire, on s'en fout.
Et elle se rendormit. Fou rire général ! Ondine avait beaucoup changé. En fait, j'avais remarqué qu'on avait tous changé par rapport à nos débuts en ce monde : Maeldan était devenu plus ouvert et était finalement très gentil, Yale parlait un peu plus et semblait plus cool, Céleste était toujours aussi drôle et un tantinet protectrice et pour finir, Ondine était moins timide et plus extravertie. Moi aussi j'avais changé... en prenant cette aventure à coeur, je protégeais mes amis comme si ils étaient mes propres enfants. J'essayais par tous les moyens de les aider et de pouvoir leur apporter quoi que ce soit. Avant, je n'étais qu'une simple copine qui souriait tout le temps et qui apportait du réconfort si besoin mais j'avais pris mon rôle de protectrice très à coeur. Oui, j'avais beaucoup changé...