L'Alchimiste - Une Ombre dans...

By Akavenn

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Dans un monde régi par la loi du plus fort et gouverné par un roi sans pitié, les gens du bas-peuple sont per... More

Prologue
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5 (partie 1)
Chapitre 5 (partie 2)
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15 (partie 1)
Chapitre 15 (partie 2)
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18 (partie 1)

Chapitre 18 (partie 2)

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By Akavenn

Mostès marchait à pas de loup dans les escaliers, essayant de faire le moins de bruit possible. Il avait quitté Luzo quelques minutes auparavant puisque leurs chemins se séparaient, mais ils s'étaient donné rendez-vous à l'entrée des escaliers dès qu'ils avaient terminé ce que chacun avait à faire.

Bien qu'obnubilé par son objectif qui était de retrouver sa sœur, Mostès ne pouvait s'empêcher de se poser des questions sur Luzo et sur ce qui l'avait poussé à tuer cette jeune noble, si ce n'étaient ses problèmes psychologiques.

Le jeune homme arriva bientôt en bas des escaliers. Son attention se focalisa alors de nouveau sur sa mission, et il oublia tout le reste. Devant lui se tenaient quatre gardes ; avant même qu'ils n'aient pu réagir, il les exécuta sans pitié. Il retrouvait agréablement son agilité et ses habitudes d'Ombre. Il avança dans un couloir sombre qui déboucha finalement sur les cachots. Il resta dissimulé derrière un mur, à l'abri des regards. Ici, les soldats se faisaient nombreux, et Mostès avait besoin de quelques secondes pour décider comment il allait procéder.

Il opta finalement pour une méthode qu'il connaissait bien : se déplacer à pas de loup, lentement, et tuer chaque garde un par un. Cette technique était souvent efficace au début, jusqu'à ce que les autres se rendent compte des meurtres. Il aviserait à ce moment-là.

Il se faufila dans la salle des cachots tout en restant dans l'ombre, se fondant dans celle-ci avec sa cape grise. Mais Mostès se rendit vite compte que son plan ne fonctionnerait pas dans une salle aussi éclairée et où les gardes étaient aussi nombreux.

Discrètement, il enclencha le petit engrenage sur chacune de ses chaussures pour faire sortir les pics sur le devant de ses pieds. Il serait beaucoup plus efficace ainsi lorsqu'il donnerait des coups de pieds. Sans plus attendre, il dégaina son épée et s'avança au milieu de la salle. Il avait au moins l'avantage de la surprise.

Il eut le temps de tuer cinq gardes avant que les autres ne l'assaillent. La danse macabre commença alors, sombre et sans pitié, une ombre noire ne laissant derrière elle que des cadavres. Mostès était agile, mais il fut bientôt submergé. Il savait ce qu'il avait à faire ; il prit possession de son pouvoir et, en se concentrant, il le projeta tout autour de lui. Immédiatement, les soldats fuirent par dizaines, tandis d'autres restaient tétanisés de peur, incapables de bouger.

Dans ce vacarme, Mostès tua les derniers soldats qu'il trouvait sur son chemin et se dirigea vers les cellules. Certaines étaient mieux fermées que d'autres, probablement là où se trouvaient les prisonniers les plus dangereux pour la famille Caly. En tant qu'ancien membre de la Confrérie des Ombres, Mostès n'eut aucun mal à forcer l'une des petites serrures. Dedans, au centre, se tenait un silhouette mince et féminine, sur le qui-vive.

Le cœur de Mostès s'accéléra. Il s'avança de quelques pas, dans l'espoir de discerner des traits familiers sur son visage. Il n'en fut rien. La jeune femme arborait une expression dure et tirée, bien loin du visage fin et doux de sa sœur Issia. Un peu déçu, Mostès ne se laissa pas abattre et s'approcha de l'inconnue, son épée la menaçant.

– Connais-tu une prisonnière du nom d'Issia ?

La concernée émit un ricanement.

– Je suis la seule femme dans ces cachots, répondit-elle avec dédain. Aucune autre ne survivrait ici.

Mostès sentait son sang battre dans ses tempes. Serait-il possible qu'il soit venu trop tard, et qu'Issia soit morte au cours de ces quatre dernières années ? En entendant des cris de soldats dans le couloir, le jeune homme la pressa :

– Depuis combien de temps es-tu ici ?

La jeune femme tenta de jeter un coup d'œil à l'extérieur de la cellule, mais Mostès l'en dissuada.

– Réponds-moi et je te laisserai sortir, lança le jeune homme, intraitable. 

– Je moisis ici depuis bientôt six ans, et j'attends une occasion comme celle-ci depuis le premier jour.

Les épaules de Mostès retombèrent brusquement alors que la pression le quittait ; cela faisait quatre années que sa sœur et lui s'étaient quittés. Si la jeune femme disait vrai, Issia n'avait jamais été conduite ici.

– Je peux te faire confiance ? s'enquit Mostès.

Elle acquiesça avant d'ajouter :

– Je pense que nous n'avons aucune raison d'être l'un contre l'autre.

Mostès hocha la tête en guise d'approbation. Après une brève hésitation, il lança un couteau à la jeune femme.

– Bonne chance.

– À toi aussi, lui répondit-elle.

Mostès tourna les talons. Désormais, il avait la confirmation que sa sœur ne se trouvait pas dans ce palais, et il ne comptait pas s'éterniser entre ces murs. En sortant de la cellule, il se trouva nez à nez avec des soldats déboulant en trombe. Sans réfléchir, il asséna deux coups secs d'épées qui en tuèrent un et il exécuta les deux autres plus proches. Il déploya ensuite son pouvoir, qui eut un effet immédiat. Le passage dégagé, il monta quatre à quatre les longs escaliers. Régulièrement, il se retrouva face à des soldats, mais il n'eut aucune pitié.

Parvenu en haut, à l'étage où Luzo et lui s'étaient séparés, il prit quelques secondes pour se repérer. Son cœur battait à vive allure, autant à cause de la montée fatigante des escaliers que de l'angoisse qui montait en lui. L'estomac noué, il décida de prendre le couloir de gauche pour tenter de retrouver Luzo dans les dédales du palais. Si Mostès avait des pouvoirs qui lui permettait de se sortir de nombreuses situations, Luzo, lui, semblait plus vulnérable, malgré sa grande aisance au combat. Que le jeune blond soit encore en vie lui paraissait presque être un miracle.

Entendant des bruits de pas et des cliquetis de fer, Mostès se rabattit dans un couloir parallèle et tenta de calmer son souffle. La horde de soldats passa sans arrêter, trop pressée pour le remarquer. Jetant un coup d'œil discret dans le couloir pour vérifier qu'il n'y avait personne, Mostès se remit en marche silencieusement, désireux de retrouver Luzo au plus vite.

Ce serait mentir que de dire que l'idée d'abandonner son camarade dans le château n'avait pas traverser l'esprit de Mostès, mais il se résigna très vite ; Danney ne le lui pardonnerait jamais, et Luzo était un atout pour la suite de leur périple, il le préssentait. Mais encore fallait-il pouvoir sortir de ce maudit palais.

Après avoir arpenté le palais en tuant quelques soldats pendant ce qui lui semblait être des heures, Mostès arriva devant une imposante porte. Il n'était jamais entré dans un château, mais cela avait tout l'air d'être l'entrée de la salle du trône. Elle n'était étrangement pas gardée ; les soldats devaient être mobilisés autre part. Après une courte réfléxion, le jeune homme se dit que la salle du trône devait présenter une sortie de secours en cas d'attaque du château, pour pouvoir évacuer le Seigneur.

Sans attendre plus longtemps, il poussa l'imposante porte et pénétra à l'intérieur. Une silhouette était debout au milieu de la pièce dans la semi-pénombre, et Mostès n'eut aucun mal à reconnaître le corps déguingandé de Luzo. Le jeune homme referma les lourds battants de la porte et s'avança au centre.

– Luzo ! chuchota Mostès le plus fort qu'il le pouvait.

Le concerné se retourna lentement. Lorsqu'ils furent face à face, Mostès ne parvint pas à déchiffrer l'expression affichée sur le visage du blond. Au moment où il voulut l'interroger, des cliquetis de fer se firent entendre aux quatre coins de la salle et avant qu'il n'ait pu comprendre ce qui lui arrivait, ils se retrouvèrent encerclés. Des soldats se tenaient tout autour d'eux, leurs arcs bandés, prêts à décocher une volée de flèches sur lui.

– Tu es de leur côté ? demanda Mostès d'un ton calme alors qu'il bouillonnait intérieurement.

– Mais tu me prends pour qui ? rétorqua Luzo sur la défensive. Ils m'ont utilisé comme appât afin de te piéger aussi.

– Continue de me prendre pour un idiot, siffla Mostès en cherchant discrètement autour de lui une issue.

– Très bien. Je vais te le prouver.

Luzo s'avança alors souplement en direction des soldats.

– Reste où tu es ou j'ordonne à mes hommes de tirer ! vociféra le chef des gardes.

Ignorant l'avertissement, Luzo continua de marcher. Soudain, une flèche siffla et passa à quelques centimètres de Luzo qui l'esquiva agilement. Sans prévenir, une seconde flèche fut décochée et celle-ci parvint à écorcher son mollet. Il grimaça mais n'arrêta pas sa progression. Atterré, Mostès était contraint de réfléchir à toute allure. Était-ce une ruse qui visait à lui faire croire que Luzo n'était pas de mèche avec l'ennemi ou était-ce une réelle démonstration de courage et de loyauté de la part du jeune blond ?

– Luzo ! Arrête-toi ! s'exclama soudain Mostès.

Il arrêta instantanément sa marche et lança avec un petit rire :

– J'ai cru que tu ne me croirais pas et que j'allais finir écorché vif.

Mostès ignora sa remarque, se demandant encore si Luzo n'était pas un traître. Il avait finalement décidé de suivre les paroles de Danney qui lui rappelaient que Luzo n'était pas contre eux. La jeune femme voyait souvent juste en ce qui concernait les contacts humains.

Cependant, les deux compagnons étaient toujours piégés au centre des dizaines de soldats, à la portée de leurs flèches. Mostès sentait en lui une pression insoutenable.

– Si tu as un plan, je suis preneur, chuchota Luzo.

– Est-ce que j'ai l'air d'avoir un plan ? C'est à cause de toi si on est dans ce merdier !

Mostès avait répliqué un peu plus fort que ce qu'il ne l'aurait voulu, ce qui ne manqua pas d'attirer l'attention du chef de la garde.

– Posez toutes vos armes à terre et avancez-vous calmement ! hurla-t-il. Je n'hésiterai pas à donner l'ordre de vous abattre !

– Oh que si, tu hésiteras, le contredit Luzo avec un sourire dévoilant ses grandes dents blanches. Je suis prêt à parier que ton maître t'a demandé de nous ramener vivants.

– Tais-toi ! lancèrent simultanément Mostès et le chef.

Si Mostès n'avait pas été été à deux doigts de la crise de panique, peut-être aurait-il trouvé cette coïncidence amusante. Alors qu'il s'appliquait à poser une à une ses armes à terre, sa respiration devint de plus en plus saccadée. Il n'avait jamais été terrorisé à ce point ; c'était comme si un sentiment nouveau grandissait en lui.

Alors que le jeune homme laissait tomber sa dernière dague sur le sol carrelé, d'autres bruits se firent entendre dans la salle. Il leva les yeux, son cœur propulsant violemment le sang dans ses tempes.

Devant lui, les soldats lâchaient petit à petit leurs arcs et dégainaient leurs épées. Dans l'incompréhension, Mostès ramassa à la hâte ses armes, se préparant à un combat au corps à corps. Ce qu'il vit alors lui glaça le sang. Les uns après les autres, les soldats brandissaient leurs épées et les enfonçaient dans leurs poitrines. Certains s'empalaient sur leurs armes, d'autres se tranchaient la gorge. Un véritable bain de sang avait lieu sous les yeux ébahis des quelques survivants. Le chef bégayait des ordres inutiles jusqu'à ce qu'à son tour, il s'enfonce son épée dans le ventre.

La grande salle se retrouva plongée dans un silence irréel et inquiétant. Ce fut un éclat de rire de Luzo qui vint le briser.

– Quelle surprise ! s'esclaffa-t-il. Je m'attendais à tout sauf à ça !

– Arrête de rire et ramasse plutôt tes affaires, le réprimanda Mostès. Nous n'avons plus rien à faire ici, il vaut mieux partir.

– C'est toi qui a fait cela ? insista Luzo. Tu sais, avec tes pouvoirs d'Alchimiste...

Mostès ne répondit pas. Il bataillait avec un poignard pour le faire glisser dans son fourreau. Ses doigts tremblaient et son esprit était comme embrumé. Une fois équipés, ils se dirigèrent vers une petite porte au fond de la salle. Elle donnait sur l'extérieur, sur les remparts du château, tout en haut de la forteresse. Aucun garde ne se trouvait dans les environs ; ils avaient tous dû être mobilisés pour la capture des deux intrus.

Mostès et Luzo se faufilèrent dehors. Soudain, ils entendirent au-dessous d'eux des cris de soldats.

– Il faut sauter, déclara Luzo en commençant à enjamber les créneaux.

– Je... quoi ? balbutia Mostès. Mais tu es complètement fou !

– On descend un peu contre le mur, et on se laisse ensuite tomber dans l'eau du fossé qui se trouve au pied du château. C'est notre seule solution.

– On ne survivra jamais à une telle chute.

– Si, fais-moi confiance.

– Tu m'en demandes un peu trop, répliqua Mostès. Et puis, tu parles comme si tu avais déjà fait un truc pareil.

– Eh bien c'est la cas. Bon, on ne va pas passer la nuit à discuter ici, on va se faire repérer.

Sur ces mots, Luzo débuta sa descente, accroché aux pierres de la façade. Mostès pesta contre le monde entier avant de lui aussi se positionner au-dessus du vide. Il se concentra pour diminuer le tremblement de ses mains et il glissa petit à petit le long de la paroi, réduisant l'espace entre le sol encore lointain et lui.

Luzo lui fit un signe de tête et chuchota :

– Tu es prêt ? On va sauter en même temps pour ne faire qu'un seul bruit. Prépare-toi à courir après. Et surtout, fais attention : je ne pense pas que le fossé rempli d'eau ne soit très profond, il faudra amortir ta chute avec tes genoux.

Puis il ajouta :

– Ne t'avise pas de te casser une jambe, le moment serait mal choisi.

Mostès maudit tous les dieux qu'il connaissait et auxquels il ne croyait d'ailleurs pas. Cette expédition se transformait en mission suicide, bien plus qu'il ne l'aurait pensé. Il hocha la tête pour acquiescer, peu convaincu.

- Trois... Deux... Un... Maintenant !

Sans réfléchir, Mostès décrocha ses mains de la façade et se laissa tomber. La chute était vertigineuse mais elle fut étrangement rapide. Mostès eut à peine le temps de sentir son cœur remonter dans sa gorge qu'il percuta l'eau et, tout de suite après, le sol vaseux. Le choc avait été brutal ; heureusement que l'eau avait quelque peu amorti la chute. Les articulations douloureuses, il sortit rapidement du fossé trouble et chercha Luzo du regard.

- Dépêche-toi, fit une voix derrière lui.

Mostès fit volte-face et découvrit son camarade près des arbres. Agacé que celui-ci l'ait fait sursauter, il ne dit cependant pas un mot et le suivit dans la nuit, tout en vérifiant que le remède pour Danney était toujours dans sa poche.

      Pendant quelques secondes, des flèches fusèrent autour d'eux, puis les cris provenant du château s'évanouirent petit à petit parmi la pénombre de la forêt, laissant place à un silence presque reposant. Mostès put à nouveau respirer plus calmement et un poids immense quittait ses épaules. Il n'était pas mort.

      Mais un autre fardeau persistait, plus lourd et plus pesant que tous les autres. Il n'avait toujours pas retrouvé sa sœur.

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