RÉPUTATION (TOMES 1&2)

Af -QueenSelena-

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Bloom n'avait qu'une seule consigne à suivre pour mener une vie paisible dans son nouveau lycée : ne jamais... Mere

BANDE-ANNONCE
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TOME 2 VERSION PAPIER

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Le lendemain, je suis tirée de mon profond sommeil par des rayons lumineux qui filtrent au travers des volets. Je grogne en tâtant la table de nuit avant de mettre la main sur la télécommande. J'appuie sur un bouton au hasard et retiens un cri lorsque les volets s'ouvrent brusquement.

— Punaise ! Non ! Ce n'est pas ce que je voulais ! Râlé-je, la voix rauque, à moitié endormie.

J'ouvre un œil avant de le refermer aussitôt. J'agis comme un vulgaire vampire qui se prend un rayon de soleil mais la lumière matinale et moi ne faisons pas très bon ménage. Je roule jusqu'à l'autre côté du lit à eau et attrape mon cellulaire posé sur la seconde table de chevet. Je suis saisie d'un sursaut de panique en voyant l'heure.

L'écran affiche neuf heures quarante-six et j'ai rendez-vous pour mon entretien d'embauche à dix heures trente. En sachant qu'il me reste encore à trouver l'emplacement exact du bar, ce qui ne sera pas une tâche facile, surtout à Las Vegas où l'on trouve des bars à chaque coin de rue.

En un bond, me voilà hors du lit. Je file dans la salle de bain pour une prendre une douche en cinq minutes chrono. Je sèche rapidement mes cheveux. Je n'ai pas le temps de me faire un brushing comme je l'avais prévu. C'est embêtant. Tant pis, je décide de laisser mes cheveux au naturel. Ce n'est pas si désagréable à regarder, après tout.

Je cours ensuite dans le dressing où sont suspendus les vêtements que j'ai rangé la veille et saisie la tenue que j'ai soigneusement préparée et disposée en vue de l'entretien d'embauche de ce matin. Entretien auquel je risque très certainement d'être en retard si je ne dépêche pas plus que ça  !

J'enfile un chemisier blanc et une jupe crayon noire dont la longueur moyenne m'arrive jusqu'aux genoux. C'est classe et simple. Mais j'ai un doute quant au fait qu'il s'agisse d'une tenue adaptée pour se rendre dans un bar de Las Vegas. On dirait que je sors tout droit d'un bureau de Manhattan. Je chasse cette idée d'un geste de la main. Peu importe. De toute façon, je n'ai plus le temps pour me changer et même si je l'avais, je ne saurais pas quoi mettre à la place.

Mes cheveux ondulés tombent en cascade le long de mes épaules jusqu'à ma chute de reins. Je trace un trait d'eye-liner et applique un peu de rouge à lèvre couleur écarlate. Contrairement à la plupart des filles, je n'ai pas le privilège de pouvoir porter n'importe quel rouge à lèvres. La plupart ne vont pas avec ma chevelure auburn.

Enfin, je lisse le haut de ma jupe, attrape mon sac à main et sors de la chambre. Je sautille dans tous les sens pour réussir à enfiler ma paire d'escarpins en descendant les escaliers. Arrivée en bas, j'ai les joues toutes rougies par l'effort. Je prie pour ne croiser personne, mon état pourrait prêter à confusion.

Malheureusement, avec la malchance qui me colle aux basques, à peine ai-je mis un pied dans la cuisine qu'Alya fait son apparition devant moi.

— Bonjour Mademoiselle London ! Me salue-t-elle. Vous avez passé une bonne nuit ?

— Un peu courte mais oui, ça va.

Après m'être prélassée durant une éternité dans le jacuzzi, j'ai passé la moitié de la nuit à défaire ma valise et à ranger mon dressing. Je n'ai pas emmené beaucoup de vêtements, certes, mais tout devait être parfaitement plié. Chaque détail compte. Je sais ce que vous vous dîtes : j'ai des tendances maniaques. Effectivement. Mais pour ma défense, j'ai eu pour figure maternelle la femme la plus perfectionniste qui n'ait jamais existé.

— Votre père n'est pas là.

— Où est-il ?

— Il avait une importante réunion. Il est parti tôt ce matin.

Prévisible.

— Certaines choses ne changeront jamais.

— Si je peux me permettre, vous semblez très stressée mademoiselle.

Je porte ma main à mon front. Une fine pellicule de sueur s'y est formée.

— J'ai rendez-vous pour un job d'été au E.D's World.

— Le E.D's World ? S'étonne-t-elle.

— Oui. C'est un bar.

Quelque chose semble la chiffonner au vu de son front plissé. Mais n'en dit rien. A la place, elle affiche son plus beau sourire et me demande :

— Que voulez-vous que je vous prépare pour le petit-déjeuner ? Du bacon ? Des œufs ? Des pancakes ?

— Pas aujourd'hui, Alya. Je suis pressée et... Je jette une œillade à ma montre : très en retard. Il est déjà dix heures quinze.

Je me serre un verre de jus d'orange que je vide d'une traite.

— Comme vous voudrez. Mais dîtes-moi, vous avez fait beaucoup d'effort physique, non ? Dit-elle avec un rictus en coin en fixant mes pommettes rougies par ma course contre la montre.

Mes joues se colorent davantage.

— Ce... ce n'est pas ce que vous croyez, bredouillé-je.

— Oh mais vous faîtes ce que vous voulez de votre temps libre mademoiselle.

Le ton de sa voix est teinté de sous-entendus.

— Il faut que je file. Je suis à la bourre. Bonne journée Alya !

Je tourne les talons et accoure jusqu'à la porte d'entrée, honteuse et gênée de ce qu'elle peut bien penser à présent. Je ne pourrai plus jamais la regarder dans les yeux ! Je regarderai le sol. C'est ça. Le sol. Celui de cette maison n'est pas mal après tout...

Décidément, ça n'a pas l'air d'être ma journée !

Le deuxième chauffeur de mon père, Andrew, un jeune homme ayant à peine la vingtaine m'attend devant le portail de la propriété. Je lui indique le nom et l'adresse du bar dans lequel je dois me rendre de toute urgence, et il se met immédiatement en route en direction du Strip Sud.

Gabriel dispose de deux chauffeurs personnels. Le premier le conduit quotidiennement jusqu'au siège de London Entreprise. Quant au second, il y fait appel pour les sorties locales sur Las Vegas. Pour les voyages d'affaire, il se déplace en jet privé. Andrew est le chauffeur que mon père a envoyé pour venir me chercher hier soir à l'aéroport.

Nous sillonnons les rues pleines de touristes, surtout à cette période de l'année. Nous mettons une vingtaine de minutes avant d'arriver sur place. Je sors précipitamment de la Aston Martin, si bien que j'en oublie presque de remercier Andrew.

Sur la façade, le nom du bar, « E.D's World » est inscrit en lettres néon capitales avec un slogan accrocheur en dessous :

« Be careful... It's getting bad inside ».

Je prends une profonde inspiration pour me donner du courage et pousse la porte du bar.


Insolite.


C'est le premier adjectif qui me vient à l'esprit en découvrant l'intérieur. Je survole du regard le comptoir autour duquel sont disposés les verres à cocktails et les tabourets en cuir, la boule à facettes suspendue au plafond et m'attarde plus longuement sur les banquettes argentées situées plus à l'écart dans un coin discret, sous une lumière tamisée. Je devine aisément qu'elles sont destinées à ceux qui souhaitent passer inaperçus.

Le bar est désert à l'heure actuelle.

— Il y a quelqu'un ?

J'attends quelques minutes. Aucune réponse.

Mes escarpins claquent sur le sol. J'avance vers le comptoir et jette un œil par-dessus dans l'espoir de trouver quelqu'un accroupie en train de défaire des caisses de bière. Mais il n'y a rien de plus que des torchons et une serpillière destinés à nettoyer le comptoir après le passage des clients.

— Ouhou ? Il n'y a personne ?

« C'est vraiment désert, ici » pensé-je. Lorsque tout à coup, une étrange présence se manifeste dans mon dos. Je fais brusquement volte-face et tombe nez-à-nez avec un homme apparu de nulle part qui m'observe, la tête penchée sur le côté. Je sursaute en mettant une distance de deux mètres entre nous, la main posée sur mon cœur en tachycardie.

— Oh mon Dieu ! Vous... vous m'avez fait peur !

C'était carrément flippant !

L'inconnu à la chevelure dorée me détaille de la tête aux pieds. Sous son regard de chasseur, j'ai la sensation de n'être qu'un bout de gibier. Je me racle la gorge avec fermeté pour l'arracher à sa contemplation. J'ai du mal à discerner si ce que je perçois chez lui est de l'admiration ou bien l'impression de voir un fantôme.

C'est très étrange...

Lorsqu'il se décide enfin à me regarder droit dans les yeux, c'est pour dire :

— Je me présente, je suis Monsieur Duncan.  Et vous devez être Mademoiselle London.

Je reste sans voix face à la sublime couleur de ses prunelles. Il possède des orbes azur, d'un bleu tellement clair qu'il frôle la transparence. En temps normal, je l'aurais complimenté sur ce cadeau que lui a fait dame-nature, mais je me dois de rester professionnelle.

J'acquiesce en serrant la poignée de main qu'il me tend.

— C'est bien moi.

— Je vous attendais. Suivez-moi.

Nous empruntons des escaliers en colimaçon qui nous mènent au premier étage du bar. Ici, la décoration est plus chic que celle du rez-de-chaussée qui est dans les tons de la simplicité, et représente bien le goût de Las Vegas pour le luxe et les jeux. Mes yeux passent d'un détail à l'autre. La machine à sous, le billard, la fontaine jaillissante, l'aquarium géant, la table de poker, la barre de pole-dance, les néons... Je ne peux m'empêcher d'être émerveillée face à toutes ces couleurs et ces étincelles débordants de partout comme une enfant devant un magasin de bonbons. 

C'est juste renversant. Presque féerique- si on fait abstraction de la barre de pole-dance. Jusqu'à preuve du contraire, personne n'a jamais vu la fée clochette faire une chorégraphie lascive en sous-vêtements en tenant sa baguette magique dans une main.

Mon futur employeur nous conduit jusqu'à son bureau où contre toute attente, une jeune femme en petite robe rouge assise sur son fauteuil l'attend patiemment. A peine est-il apparu que la grande blonde décolorée s'assoit sur ses genoux, se cramponne à lui et scelle ses lèvres aux siennes pour un baiser langoureux.

Le temps d'un instant, c'est comme si je n'existais plus. Ils semblent avoir complètement oublié ma présence. La pudeur, en ont-ils déjà entendu parler ? Apparemment pas puisqu'il commence à passer sa main sous sa robe.

C'en est trop !

Je me racle la gorge pour leur rappeler qu'ils ne sont pas seuls dans la pièce. Pour rien au monde je ne voudrais assister à leur accouplement !

Il la repousse et m'adresse un regard qui en dit long sur son état.

— Angela. Laisse-nous seuls.

La dénommée Angela rechigne, mécontente, et l'attrape à nouveau par la nuque pour l'embrasser.

— Mmmh. Bébé. J'ai pas envie.

Il sait comment s'y prendre avec elle puisque lorsqu'il lui murmure quelque chose à l'oreille, c'est le regard farouchement pétillant qu'elle se lève pour quitter la pièce. Elle en profite pour s'offrir en spectacle et exhiber ses longues jambes interminables tout en trémoussant son derrière. Monsieur Duncan ne manque pas de lui claquer le fessier et elle s'éclipse en gloussant comme une dinde.

Je me retiens fortement de lever les yeux au ciel. Voilà le parfait archétype de la blonde décolorée, sans cervelle, à la silhouette vertigineuse digne d'une top.

— Installez-vous Mademoiselle.

Il y a une plaque dorée sur son bureau, sur laquelle est gravé son nom complet :

« Ezra Duncan ».

Je prends place sur la chaise, mon sac sur les genoux. Je plonge ma main à l'intérieur pour saisir le CV que j'ai passé des heures entières à soigneusement préparer et le lui tends. Il survole la première page.

— Bloom Givenchi London, lit-il. Dix-huit ans.

— C'est ça.

— Vous êtes pleine de tune, je suppose.

Je manque de m'étouffer avec ma salive.

— Excusez-moi ?!

— Votre nom. Il fait très bourgeois.

Je suis tellement désarçonnée que j'en perds mes mots. Je ne sais pas quoi répondre. J'ai conscience que mon nom complet fait très « gosse de riche ». Du moins, c'est ce que pensent la plupart des gens. Mais personne n'avait jamais osé le dire à voix haute... jusqu'à aujourd'hui.

Après avoir feuilleté les deux premières pages, il pose mon CV sur le coin de son bureau, d'une manière qui signifie clairement qu'il n'y reviendra pas.

— Combien de fois êtes-vous sortie en boite ?

Je ne cache pas que je trouve cette question totalement déplacée. Et d'ailleurs, cela doit se lire sur mon visage. Mais j'y réponds tout de même :

— Je ne suis jamais allée en boîte de nuit.

Menteuse.

— Bien, enchaîne-t-il, avez-vous déjà consommé de l'alcool ?

— Non. J'ai moins de vingt-et-un ans.

Nouveau mensonge. Pour ma défense, les employeurs recherchent toujours des employés modèles et responsables. En règle générale. Mais puisque nous sommes dans la ville du pêché, il est possible que ce soit tout l'inverse...

— Avez-vous un petit-ami ?

— Tout ceci est d'ordre privé. Qu'est-ce que toutes ces questions ont à voir avec l'emploi saisonnier de serveuse ?

— Répondez. M'ordonne-t-il inflexiblement.

Je me retiens de lui rire au nez. Pour qui se prend-il à me donner des ordres ? A ce que je sache, il n'est pas encore mon employeur.

— Non. Je n'en ai pas.

— D'accord. C'est simple. Je ne vous prends pas.

— Quoi ? Comment ça, vous ne me prenez pas ?

— Je ne vous engage pas. Je ne vois pas comment je peux faire plus clair.

— Vous ne m'engagez pas ? Répété-je, troublée. Juste... juste comme ça ? Sur un coup de tête ? Vous n'avez même pas pris la peine de jeter un œil à l'entièreté de mon CV.

Il pose ses coudes sur le bureau et joint ses mains devant son visage, me laissant à la merci de ses cristaux perçants.

— Je t'explique poupée, les serveuses que nous avons ici sont très ouvertes d'esprit et aiment s'amuser. Toi, dès que je t'ai vu dans ta longue jupe de bonne sœur, j'ai directement su que tu ne ferais pas l'affaire. Sérieusement, regarde-toi ! On dirait que tu sors tout droit d'une église.

Alors comme ça, le vouvoiement est passé à la trappe. J'ai l'impression que c'est une tendance dans cette ville.

— Donc si je comprends bien, vous me refusez ce job parce que je suis trop habillée ?

— Trop coincée.

— Mais-

— Non.

J'inspire profondément pour garder mon sang-froid. Ne pas s'énerver. Ne pas s'énerver. Ne pas lui casser la gueule.

Mais c'en est trop !

— Ça alors ! Je n'en reviens pas ! M'indigné-je. Vous me fermez la porte au nez parce que j'ai eu la décence de me vêtir correctement et parce que je respecte la loi de ce pays ? Qu'est-ce que j'aurais dû faire, au juste ? Venir en mini-short ? Là, vous m'auriez embauchée sur le champ ! Enfin, pas vous à proprement parlé mais plutôt l'engin que vous avez entre les jambes, pesté-je en le désignant du bout de mon index manucuré.

Monsieur Duncan me regarde, surpris. C'est en voyant son air colérique et ses pupilles dilatées que je prends conscience de mon erreur. Mais il est déjà trop tard. Je n'aurais peut-être pas dû hausser le ton sur mon potentiel futur-employeur, en fin de compte.

Punaise, Bloom ! Quelle gaffe ! Ma mère me dit toujours que mon tempérament colérique me conduira à ma perte un de ces jours.

— Je n'aurais pas dû m'emporter. Je suis vraiment désolée, m'excusé-je doucement. Mais vous devez bien avoir un petit job à me proposer ? S'il vous plaît, comprenez-moi. J'en ai vraiment besoin. Je suis prête à prendre n'importe quoi !

Il se pince l'arête du nez, visiblement très agacé :

— Ce que tu vas surtout prendre, c'est la porte !

— Mais-

— Non. Me coupe-t-il sèchement, une fois de plus.

Je me lève d'un coup. Il semblerait que j'ai toqué à la mauvaise porte. Ce n'est pas ce type aux perles bleu lagon qui va m'embaucher. Il n'en a même jamais eu l'intention si j'en crois le premier regard dédaigneux qu'il a posé sur moi.

— Je vous souhaite une très mauvaise journée, Monsieur Duncan ! Craché-je impétueusement avant de sortir de la pièce sans manquer de faire claquer la porte.

Je quitte les lieux en furie.

Mes illusions et mes rêves de petite fille viennent de s'envoler en fumée. Qu'est-ce qui ne tourne pas rond ici, à Las Vegas ? Il faut être une catin pour réussir à trouver un simple job saisonnier ? Alors ne parlons pas d'un emploi fixe !

De retour à la maison, je cours m'enfermer dans ma chambre. Mais c'est sans compter sur mon père qui m'intercepte dans le hall :

— Bloom ! Viens donc dans le salon. J'ai quelqu'un à te présenter.

Tiens, il est là ?

— Qu'est-ce qui se passe ? Tu ne devrais pas plutôt être au travail à cette heure-ci ? C'est inhabituel de te voir rentrer de si bonne heure.

J'essaye de ne pas montrer que je suis à bout de nerfs.

Lorsque je franchis le pas de la porte du salon, c'est pour y découvrir mon père assis en compagnie d'un jeune homme fluet.

— Bloom ! Je te présente Cody. C'est notre jardinier.

— Enchantée Cody ! M'écrié-je, comptant passer en coup de vent. Bon, excusez-moi mais je dois-

— Bloom, me coupe mon père en sirotant une flûte de champagne, que dirais-tu d'aller faire une petite balade en compagnie de Cody ?

Le dénommé Cody se lève et me sourit de toutes ses dents. Je ne le connais pas. Mais malgré ça, je ne sais pas ce qui me pousse à accepter... ses dreadlocks ou bien le salut amical qu'il m'adresse.

— Pourquoi pas, après tout... réponds-je en lui retournant son sourire. Je n'ai rien à perdre.

— Super ! S'enthousiasme l'invité de Gabriel.

Une fois à l'extérieur, il enjambe la selle de son vélo et se serre à l'avant pour me laisser de la place à l'arrière. Aussitôt, je regrette les carrés de chocolat dont j'ai abusé et qui sont venus se loger dans mon fessier.

— Désolée. J'ai un vélo dans le garage mais il date de l'anniversaire de mes sept ans. Inutile de te dire que je ne rentre plus vraiment dedans, ris-je.

— Alors ça me donne une bonne raison de t'en offrir hein, dit-il en m'adressant un clin d'œil avant de commencer à pédaler.

Je m'accroche à lui et enroule mes bras autour de sa taille.

— Où est-ce qu'on va ?

— Tu as déjà visité Las Vegas ?

Je bouge la tête de gauche à droite avant de me rappeler qu'il ne peut pas me voir.

— Je n'en ai pas encore eu l'occasion cette année. Je suis arrivée hier soir.

— On devrait faire un tour sur le Strip un de ces jours.

— Le Strip est blindé d'hôtels au décor kitsch et de casinos clinquants !

— Mais pas que. La nuit, l'ambiance est mortelle. Tu vas aimer.

Cody nous conduit jusqu'à un parc empli d'herbe et de verdure. Les endroits naturels comme celui-ci sont plutôt rares à Las Vegas, où les buildings et les gratte-ciel ont trouvé refuge au détriment de la végétation. J'ignore où nous sommes, mais c'est vraiment rafraîchissant comme endroit !

— Au fait, commencé-je tandis que nous descendons de la bicyclette, comment connais-tu mon père ?

— Disons que j'habite dans un endroit loin des quartiers huppés. J'ai croisé Monsieur London alors que j'accrochais des affiches pour trouver du boulot un peu partout. Il a eu la bonté de m'engager en tant que jardinier. Je tonds votre pelouse, je sculpte vos buissons et j'arrache les herbes mortes par-ci par-là... Grâce à mon revenu, je peux aider ma famille.

— Eh bah dis donc, c'est très chevaleresque de ta part !

Et je le pense sincèrement, c'est admirable. Au moins, il y en a un qui a eu la chance de ne pas tomber sur un employeur au comportement digne d'un connard.

Nous nous installons sur l'herbe sous un arbre, non loin des toboggans pour enfants et des balançoires. Je pose ma tête contre le tronc et soupire d'aise. Je suis bien, là. Cody s'assoit à côté de moi.

— J'aime bien tes cheveux.

Il détourne le regard en rougissant.

— Merci, lâche-t-il timidement. On ne me le dit pas souvent.

Habituellement, je ne suis pas une adepte des dreadlocks mais là, je dois admettre que sur Cody ça a un rendu différent.

Nous passons les heures suivantes à papoter de tout et de rien. Je ne vois pas le temps défiler. Il me raconte sa vie, évoque la maladie de sa petite sœur et me parle des lieux insolites à absolument visiter durant les deux prochains mois. Tout bien réfléchi, je crois que je vais peut-être passer l'été à faire du tourisme si je ne trouve pas de travail.

— Tu vas faire ta rentrée ici, à Las Vegas, n'est-ce pas ? Me demande-t-il avec une lueur d'espoir.

— Oui. Je vais à Anderson Hall.

Sa bouche s'arrondit en forme de « O ».

— Sérieusement ?! Mais moi aussi ! S'exclame-t-il, euphorique à souhait et les yeux pétillants de bonheur.

Il pensait sûrement que la fille du richissime Gabriel London allait fréquenter une école privée, et ça aurait été le cas si j'étais du genre à obéir aux moindres souhaits de mon père.

— C'est génial ! J'aurai au moins une connaissance là-bas.

— Tout le monde apprécie Monsieur London. Tu n'as qu'à dire que tu es sa fille et hop, tu te feras des tonnes d'amis !

— Je ne veux pas me faire des tonnes d'amis. J'espère juste passer une année scolaire tranquille et paisible. C'est tout ce que je demande.

— C'est plutôt facile. Tant que tu te tiens éloignée des diables.

— Les diables ? Répété-je.

— Ce sont les frères Duncan. Des types ultras louches.

Je ris.

— Des mecs bizarres il y en a partout, Cody.

— Oui mais pas des mecs comme eux.

Je pourrais lui demander ce qu'il insinue par-là, mais voilà le hic : je n'en ai que faire. Après tout, pourquoi je m'intéresserais à de simples rumeurs de quartier ? Cela ne me regarde pas. Les potins infondés, très peu pour moi. Pour l'avoir expérimenté, je sais exactement où cela peut mener.

Après avoir jeté une œillade à ma montre, je décide de changer de sujet :

— Écoute Cody, c'était vraiment sympa cette petite balade à vélo mais je dois rentrer, m'excusé-je. Il faut que je sois à la maison pour vingt et une heure.

— Quoi ? Monsieur London est l'homme le plus cool que je connaisse. Il ne peut pas avoir imposé un couvre-feu à sa fille !

— Ce n'est pas d'un couvre-feu dont il s'agit. C'est bien pire, soufflé-je. C'est un dîner familial. Je vais faire la connaissance de ma future belle-mère et de ma future demi-sœur.

Cody écarquille les yeux, n'en revenant pas, puis m'adresse une petite tape dans le dos.

— Ça craint un max ! Courage !

— Eh ! T'es censé me rassurer !

Nous embarquons à bord de sa bicyclette et Cody me raccompagne jusqu'à chez moi. Le soleil est en train de se coucher. Ses rayons orangés nous éblouissent tandis que nous roulons sur le trottoir. Je le remercie pour cette agréable sortie avant de filer dans ma chambre.

Une heure plus tard, l'horloge affiche vingt heures cinquante-neuf. Je suis fin prête. Et pile poil dans les temps lorsqu'on sonne à la porte. Avant de descendre, je vérifie une dernière fois ma tenue. Maman m'a toujours dit que la première impression est celle dont on se souvient le plus longtemps, parfois même pour toujours. C'est étrange. Je pensais qu'en m'éloignant d'Abigaelle j'apprendrais un peu plus à penser par moi-même. Pourtant, ses conseils et ses maximes ne cessent de me revenir en mémoire depuis mon départ.

Ce soir, je porte une merveilleuse robe rose pâle qui épouse mon tour de taille à la perfection et sublime mes hanches. Le tout combiné à un délicat collier ras-de-cou surmonté d'un étincelant diamant. La pierre brille de mille feux.

Première impression, me-voici !

J'entends des bouts de phrase entrecoupés de rires provenant du rez-de-chaussée. Je retiens mon souffle et me dépêche de rejoindre mon père à l'entrée.

En m'apercevant arriver au loin, il me hèle en faisant de grands gestes avec ses bras.

— Bloom ! Sois polie et viens saluer ta belle-mère !

Super...

J'ai attendu ce moment toute la journée. La soirée promet d'être mémorable !


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Hello guys!

Comment allez-vous?

J'espère éclairer un petit peu votre dimanche en cette veille de la rentrée avec un nouveau chapitre. On y découvre de nouveaux personnages, à vous d'essayer de deviner quel sera le rôle de chacun ;)

Je viens d'apprendre que le prochain album de Taylor Swift (bb TayTay ) qui sortira le 10 novembre prochain s'appelle aussi "Reputation" (à l'américaine :')) ! Pour une coïncidence, c'en est une! Je suis super pressée de l'écouter. Elle va tout déchirer, comme d'hab! #QueenTayTay

Le prochain chapitre promet d'être vibrant (lol non, pas dans ce sens là... je vous vois venir petites tordues d'esprit!). J'ai hâte de vous le poster!

N'oubliez pas de me laisser vos avis et vos ressentis

Bisous !

Fortsæt med at læse

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