- On arrive bientôt ? Demandai-je lasse.
- Tu m'as posé cette question, il y a moins de cinq minutes et je t'ai dit qu'on y sera dans vingt minutes, alors si tu fais le calcul, il reste quinze minutes de trajet. Répondit James sur un ton moqueur.
Je levai les yeux vers lui et le foudroyai du regard.
- Où est-ce que l'on va ? Lui demandai-je.
- Celle-là aussi tu me l'as déjà posé il y a deux minutes environ et la réponse reste la même, c'est une surprise.
Je soufflai désespérée puis m'affaissai davantage dans mon siège.
- C'est quoi ta couleur préférée ? Fis-je pour entamer une discussion pour passer le temps.
James me jeta un regard méfiant tandis que moi, je regardais le paysage à travers la fenêtre d'un regard las.
- Le noir.
Je souris face à sa réponse, le noir, évident ! Comme la couleur de ses cheveux, de ses yeux ou encore de celle de la plupart de ses vêtements.
- Et ton sport préféré ? Lui posai-je.
- Le basket, le tien ? Me demanda-t-il.
- Aussi le basket.
- Tu sais en jouer ?
J'écarquillai les yeux et fit mine d'être vexée.
- Bien sûr que je sais en jouer, c'est même Jason qui me l'a appris.
- Je serai alors enchanté de tester tes capacités au basket un de ces jours. M'informa-t-il un sourire arrogant aux lèvres.
- Pas question, ce ne sera pas équitable, tu es beaucoup trop grand et trop musclé pour moi. Lui dis-je.
Il ricana et je me rassis correctement dans mon siège.
- Si tu veux je mettrai un panier à ta taille et je te promets d'y aller doucement.
- Toujours pas intéressée. Fis-je en croissant les bras sur ma poitrine.
- Et si je te dis que je répondrai à n'importe laquelle de tes questions, si tu me gagnes en un contre un.
Je relevai un sourcil, intéressée.
- Et si c'est toi qui gagne ?
- J'aimerai juste un baiser de ta part. Dit-il en étirant un sourire malicieux aux lèvres.
Je détournai la tête vers la vitre pour échapper à son regard, gênée.
- Euh...
Ne sachant quoi répondre, James se mit à ricaner faiblement, se moquant ainsi de moi.
- Des fois tu as vraiment le comportement d'une vierge avec cette pointe d'innocence dans ton regard et de timidité dans tes gestes et tes mots à chaque fois que je fais allusion au sexe. Fit-il en me jetant un regard en coin pour analyser ma réaction
J'étirai un sourire gênée. Que devais-je lui répondre ? Lui dire que j'avais perdu ma virginité dans un viol et que je n'avais connu aucun autre homme que mon violeur et que même si je n'étais plus vierge, je n'y connaissais rien au sexe ?
Je ne répondis rien et il me jeta plusieurs coups d'œil.
- Combien d'amants as-tu eu ? Me demanda-t-il.
Si j'avais quelques choses en bouche, je l'aurais surement avalé de travers ou même recracher tant la question de James me choqua. Comment peut-il me demander cela ? Je n'aime pas le chemin que prends cette discussion !
- Ça ne se fait pas de poser ce genre de question et encore moins de les poser à une femme ! M'exclamai-je outrée.
Il éclata d'un rire grave avant de se reprendre.
- Excuse-moi si je t'ai vexée, je posais cette question par simple curiosité et non pour t'offenser. M'avoua-t-il.
Il se reconcentra sur la route et le silence s'installa dans l'habitacle.
- Je n'ai connu qu'un seul homme dans ma vie. Répondis-je finalement à sa question.
- Tu l'as aimé ? Me demanda-t-il.
- Oui... Enfin, je crois. Répondis-je ne sachant plus si les sentiments que je ressentais pour Tom auparavant était vraiment de l'amour, le vrai amour.
Je n'avais rien pour comparer, mon cœur n'a encore battu aussi fort pour un autre homme qu'il battait pour lui et mon esprit n'a encore autant été envahi par un autre qu'il ait été envahi par lui et même si James arrivait à faire vibrer quelques fois mon cœur briser, il n'avait encore réussi ces espoirs.
Ma mère me répétait souvent que le vrai amour ne se perd jamais, ne s'oublie jamais et ne meurt jamais, qu'il pardonne tout car il est le plus puissant de tous les sentiments. Et pourtant, je n'étais parvenue à pardonner Tom malgré le fait qu'il m'ait présenté ses excuses, agenouillé et en larmes.
- L'aimes-tu encore ?
- Non. Je le hais. Me surpris-je à répondre.
- Que s'est-il passé ? Osa me demander James prudent.
- Il m'a trahi.
Je soufflai sentant mon cœur se décharger d'un poids. Je n'avais avoué à personne ni même à moi-même que je haïssais Tom pour ce qu'il m'avait fait car si j'avais feint accepter ces excuses, il y a quatre ans de cela, c'était parce que mon père m'avait mis en tête que je ne devais punir l'amour de toute une vie pour un petit écart de sa part.
L'amour de toute une vie... Tom était-il réellement l'amour de ma vie ? Arriverai-je à le pardonner un de ces jours et à l'aimer de nouveau ?
Ma mère disait qu'un cœur ne tombe amoureux qu'une seule fois... parce qu'il n'existe qu'un seul vrai amour...
Autrement dit, si James arrive à te faire tomber amoureuse de lui, cela signifiera que tu n'étais pas amoureuse de ce Tom et qu'il n'est pas l'amour de ta vie, fit ma tête pensive. Et s'il n'ait pas l'amour de ta vie, tu peux le haïr comme bon te semble et le jeter aux enfers sans remords, ajouta-t-elle.
Ne sachant où elle voulait en venir, je me perdis dans mes pensées.
Ton père utilise tes doutes sur tes sentiments pour Tom pour s'enrichir, alors si te jeter dans les bras de James te permettra de prendre la décision de ta vie, l'esprit beaucoup plus clair alors j'ai hâte que ce Parker réussisse son pari. M'avoua ma tête.
J'étirai un sourire triste comprenant à présent où ma tête voulait en venir... elle n'avait jamais été d'accord avec la décision que j'ai prise avant de venir ici et si James pouvait me faire changer d'avis, elle s'alliait à lui tout comme mon cœur était prêt à faire pour se reconstruire.
C'était bien la première fois que ma tête et mon cœur allaient dans la même direction !
Je tournai ma tête vers James qui me regardait inquiet, surement à cause de mon silence et mon air triste après ma dernière réplique. Je lui esquissai un sourire et il fronça les sourcils, surement surpris ton mon acte. Il faut avouer que je ne lui sourire pas pour rien habituellement, mais ça, ce sont les conséquences des deux traîtres, mon cœur et ma tête...
- Et toi combien d'amantes as-tu eu jusque-là ? Lui demandai-je pour ré-entamer la discussion.
- Plusieurs... M'avoua-t-il.
- Avais-tu des sentiments pour l'une d'entre elles ?
- Non. Je n'ai jamais eu de longues relations, c'était juste des maîtresses pour un soir ou pour plusieurs nuits, jamais aucuns sentiments, aucun mots doux ou encore de sorties entres amoureux. C'était juste du sexe avec elles.
Je restai abasourdie. Je le savais froid mais pas jusqu'à ce point.
- Alors tu n'as jamais eu ne serait-ce qu'un béguin pour une copine de classe ou encore une amie d'enfance ? M'exclamai-je surprise.
Il étira un triste sourire et perdit son regard sur la route.
- J'ai aimé une fille à en mourir quand j'étais plus jeune, nous étions dans le même quartier, inséparables. Elle était ma meilleure amie, ma confidente et mon âme-sœur, j'étais prêt à tout pour elle. Il ricana faiblement puis reprit : Qu'est-ce que je n'ai pas fait pour elle ? On n'a jamais couché ensemble, elle et moi. Elle était vierge et je voulais la préserver jusqu'à notre mariage. Dit-il en riant amèrement.
- Elle s'appelait Adriana ? Fis-je.
Il me regarda puis étira un sourire au coin des lèvres.
- Nous sommes arrivés. Dit-il.
Je tournai ma tête pour quitter son regard et regardai devant moi. Je tombai sur une piste à perte de vue avec plusieurs panneaux publicitaires de marques de voiture de part et d'autre de la route. Je fronçai les sourcils ne sachant où nous étions, ni ce que nous faisions ici.
- Où sommes-nous ? Demandai-je.
- Au Watkins Glen International couramment appelé The Glen. Me répondit-il.
Je levai un sourcil lui faisant comprendre, que j'étais encore perdu dans ma tête.
- C'est un circuit automobile connu au niveau international pour avoir accueilli bons nombres de courses de voitures. Ajouta-t-il.
- Qu'est-ce que l'on fait là James ? Lui demandai-je paniquée qu'il m'annonce qu'il doit participer à l'une de ses courses aujourd'hui.
Il étira un large sourire puis sortit de la voiture et je le suivis à l'extérieur.
- Je t'ai dit que j'avais une surprise pour toi, n'est-ce pas ? Me demanda-t-il une fois que j'arrivai à sa hauteur.
Il se tourna vers moi et j'hochai la tête. Il prit ma main droite de sa main gauche et y déposa ses clefs de voiture à l'intérieur. Perdue, je fronçai davantage les sourcils.
- Qu'est-ce que cela signifie ? Tu m'offres ta voiture ? Lui demandai-je complètement à l'ouest.
Il sembla réfléchir et j'allai encore plus à l'ouest, complètement perdue.
- Elle te plaît ma voiture ? Me demanda-t-il au bout d'un moment de réflexion.
- Là n'est pas la question, pourquoi me donnes-tu tes clefs, que veux-tu dire que j'en fasse ?
- Réponds-moi d'abord ! Fit-il.
Je levai les yeux au ciel au bord d'une crise d'hystérique. Je soufflai pour me clamer et tentai d'être patiente.
- Les voitures de sport ne sont pas à mes goûts habituellement, mais j'aime bien le design de la tienne.
Il étira un sourire fier et je roulai des yeux, les hommes et leurs voitures !
- Réponds-moi maintenant, qu'est-ce que ta voiture à avoir avec ma soi-disant surprise ?
- Je te l'offre. Répondit-il le regard encrée dans le mien.
- Tu es sérieux ? Je ne vais jamais la conduire, tu sais très bien qu'elle est beaucoup trop rapide pour moi. De plus, je croyais qu'elle avait été faite spécialement pour toi et qu'elle était unique.
Il rit faiblement se moquant de ma crise de panique.
- Enfin, je te l'offre si tu réussis mon pari. Ajouta-t-il.
- Sois plus clair s'il te plaît, je commence à avoir une migraine avec tes énigmes impossibles. Lui dis-je d'un ton agacé.
J'allai m'adosser à sa voiture et lui vint se tenir debout juste en face de moi à quelques mètres de mon corps, son regard à présent sérieux dans le mien.
- Au départ, la surprise que je te réservais, c'était de t'autoriser à conduire ma voiture, quelques heures.
- Oh quelle surprise incroyable ! Fis-je sur un ton sarcastique.
Vexé, il s'avança dangereusement vers moi, le visage fermé.
- Personne ne touche à ma voiture, personne, pas même le mécanicien.
Je voulus pouffer de rire mais me retins quand je vis que son regard était sévère. Il était sincère. Alors pourquoi voulait-il que je conduise sa voiture ? Pourquoi moi...
- Je ne peux pas conduire ta voiture James, même si c'est un grand honneur... dis-je en lui faisant la courbette dans mon esprit. Et tu sais pourquoi. Terminai-je.
- C'est pour remédier à cela que nous sommes ici aujourd'hui. M'informa-t-il. Je veux que tu surmontes ta peur de la vitesse, alors tu vas conduire ma voiture à une vitesse folle sur tout le circuit pendant une heure entière.
Effrayée, paniquée, je me tins la tête et la secouai de gauche à droite.
- Non... non...
Il se rapprocha davantage de moi puis me tint le menton pour me forcer à le regarder.
- Eh... regarde-moi, laissez la peur nous dominer, c'est être faible. Me dit-il d'une voix douce.
- J'ai peur. Lui avouai-je le regard effrayé.
Il s'approcha encore plus près de moi jusqu'à coller son front au mien accélérant de milles battements par minutes, le rythme cardiaque de mon cœur. Ses lèvres frôlant les miennes, il me chuchota le regard accroché au mien :
- Laisse-moi être ton unique peur, ta seule faiblesse et ta plus grande force...
Je fermai les yeux pour peser chacun de ses mots.
- ... Laisse-moi t'aider à surmonter une à une chacune de tes peurs... à détruire un à un les démons de ton passé...
Je rouvris les yeux et mon regard se perdit dans le sien d'une ambition et d'une sincérité sans faille.
- Laisse-moi te rendre plus forte.